Navigation – Plan du site

AccueilNuméros127-3Du chanvre à l’argent : l’âge d’o...

Du chanvre à l’argent : l’âge d’or toilier à Vitré (1550-1600)

From hemp to silver: the golden age of canvas in Vitré (1550-1600)
Gwénolé Le Goué-Sinquin
p. 49-60

Résumés

Au cours du xvie siècle, les négociants de Vitré fondent l’essor économique de leur ville sur l’exportation des toiles, d’abord principalement vers les marchés nord-européens, puis espagnols à la fin des guerres d’Italie. Utilisées comme emballage ou comme toiles à voile, les canevas (toiles de chanvre) dont les Vitréens ont le monopole, sont appréciées dans le monde du transport maritime. En 1579, le marchand et procureur syndic Jacques Le Faucheur intervient à leur sujet auprès du comte de Laval Guy XIX. Sa requête vise à obtenir une nouvelle réglementation pour améliorer leur production et le contrôle de l’activité des tisserands. Émis au nom de la communauté négociante, ce document propose un regard inédit sur les enjeux commerciaux vitréens et sur les rapports avec le pôle productif. Le développement du commerce d’Espagne atteint son apogée en 1586 grâce à l’extension de la zone d’approvisionnement en toiles. Les bénéfices sont réinvestis dans les finances provinciales et la construction ou l’ornementation d’édifices particuliers.

Haut de page

Entrées d’index

Chronologie :

XVIe siècle

Noms de lieux :

Vitré
Haut de page

Texte intégral

  • 1 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 1 F 1529 : Requête au comte de Laval, par Jacques Le Faucheur, procu (...)

1En 1579, Jacques Le Faucheur requiert l’adoption de mesures sur le commerce des toiles. Ce négociant toilier, procureur-syndic de Vitré, observe que « la nécessité […] de tout temps a esté la pédagogie de l’industrie1 ». Il élève ainsi au rang de principe économique intangible l’idée que l'offre s’adapte systématiquement à la demande. L’utilisation de termes liés à l'éducation morale des enfants masque peu sa préoccupation : l’insuffisance du contrôle de la production toilière vitréenne fait peser le risque que les acheteurs des marchés nord européens recourent à de nouveaux fournisseurs. Vitré est dans la seconde moitié du xvie siècle un pôle économique majeur des marches de Bretagne, considérablement renforcé par la présence d’une cour seigneuriale autour de la famille de Laval. Cette ville, forte d’un vivier de négociants dynamiques, met à profit sa position géographique entre différents pays toiliers pour exploiter le mouvement européen d’augmentation de la demande en textiles. Lorsque Jacques Le Faucheur évoque les affaires de la ville, il note le « succès admirable » des toiles du Vitréais sur les marchés internationaux, tout en relevant plusieurs effets collatéraux liés à la qualité de la production : moindre contrôle des tisserands, moindre régularité de la confection des textiles, risque accru de concurrence étrangère. L’analyse de ce marchand souligne un des problèmes de ce négoce : les relations entre les pôles de production et ceux de la commercialisation de textiles, que les textes normatifs tentent de réguler. L’évolution rapide de ce négoce, marquée par une croissance constante des exportations, fait entrer Vitré dans un « âge d’or » de 25 ans, entre 1560 et 1586, malgré le contexte troublé des guerres de Religion. Les importantes retombées économiques de cet essor donnent aux négociants les moyens d’afficher leur prospérité par la construction ou l’ornementation d’édifices particuliers. Singulièrement, leurs marques de marchands deviennent un symbole d’appartenance à une élite.

Le canevas, toile de chanvre du Vitréais

  • 2 Pichot, Daniel, Lagier, Valérie et Allain, Gwénolé (dir.), Vitré, histoire et patrimoine d’une vil (...)
  • 3 Le terme « canevas » renvoie étymologiquement au chanvre.
  • 4 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 1 F 1529, requête de Jacques Le Faucheur.
  • 5 Cette halle, bâtie au Moyen Âge et bordée sur sa façade sud par des habitations, fut détruite par (...)

2L’activité textile est apparue au cours du Moyen Âge dans le Vitréais, peut-être dès le xiie siècle2. Les opérations de culture du chanvre puis de transformation des fibres en textile y sont effectuées essentiellement par les populations rurales. Ces dernières peuvent ainsi toucher un complément de revenus en vendant leur production aux marchands grossistes vitréens. Cette toile, écrue et résistante, est très bien adaptée aux usages du monde des transports. Utilisés comme matière d’emballage, les « canevas3 » de Vitré sont aussi très appréciés pour les voiles des navires et les toiles des ailes des moulins à vent4. Soutenue par une forte demande, la collecte des canevas a progressivement permis aux négociants de la ville de s’assurer le monopole de leur commercialisation, situation symbolisée par la présence au cœur de la ville, face à l’église Notre-Dame, de la grande halle aux toiles5.

  • 6 Paris-Jallobert, Paul, Journal Historique de Vitré ou documents et notes pour servir à l’histoire (...)
  • 7 Choleau, Jean, Métiers, « confrairies » et corporations de Vitré avant la Révolution, Vitré, Unvan (...)

3Le 10 mars 14726, 40 marchands originaires de la ville ou d’autres localités du diocèse de Rennes fondent en l’église Notre-Dame une confrérie religieuse, nommée confrérie de l’Annonciation, ou confrérie des marchands d’Outre-Mer. Cette dernière dénomination, la plus couramment usitée, tient aux activités d’import-export de ses membres. Si le principal article exporté est le canevas, on dénombre aussi parmi les confrères quelques grossistes en vin et des apothicaires7.

  • 8 Frain de la Gaulayrie, Édouard, Cent ans de vie vitréenne, Vitré, Gilles, 1907, p. 243-244 : en 15 (...)
  • 9 Arthur Le Moyne de La Borderie et Édouard Frain de La Gaulayrie l’ont consulté pour leurs travaux (...)

4Cette communauté de prière a pour objet de veiller au salut de ses membres par la célébration d’un office hebdomadaire et par l’organisation de funérailles lors de leur décès. Un prévôt élu à un mandat annuel unique assure l’administration des affaires courantes. En cas de décès ou d’empêchement lors de son mandat, le prévôt peut être remplacé par sa femme, en sa qualité de consœur, ou par un confrère8. L’exportation des toiles assure l’essentiel du financement des activités de la confrérie : la cotisation annuelle individuelle est constituée d’une part fixe et d’une part variable, proportionnelle aux exportations réalisées par le négociant toilier. Les sommes sont officiellement remises au prévôt le 25 mars, jour de la fête patronale et de la foire de Vitré, puis consignées dans un registre9.

  • 10 Duval, Michel, Foires et marchés en Bretagne de l’Antiquité à la fin de l’Ancien Régime, Mayenne, (...)
  • 11 Paris-Jallobert, Paul, Journal Historique…, op. cit., p. xxxiv.
  • 12 Ibid., p. 60, note 2 ; Arch. dép. de l’Ille-et-Vilaine, 1 F 930, extraits des délibérations de la (...)

5Depuis le xve siècle, cette activité d’exportation est massivement orientée vers les villes flamandes, Bergues et Bruges, puis Anvers au xvie siècle10, qui tiennent un rôle capital de redistribution des marchandises dans l’ensemble de l’Europe. L’importance commerciale de ces lieux est telle que l’acte de fondation de la confrérie n’exprime le montant du prélèvement annuel que dans la seule monnaie flamande. Les bénéfices qui en découlent sont à ce point considérables que les objectifs initiaux de cette communauté de prière évoluent. Ainsi, moins de dix ans après sa fondation, elle est un groupement aussi professionnel que religieux, proche d’une corporation. Pour accroître et optimiser leurs affaires, les confrères mettent en commun leurs réseaux, très souvent familiaux, et leurs moyens matériels : dès 1481, une disposition soumet l’affrètement d’un navire à l’accord du prévôt et de 12 confrères. Cette situation perdure jusqu’au milieu du xvie siècle, marquée toutefois par un net ralentissement lors des conflits internationaux11. Une part des profits de leur confrérie est placée en acquérant des biens fonciers12.

Règlementation des toiles et pratiques économiques

  • 13 Bertrand de Broussillon, Arthur, La Maison de Laval (1020-1605). Les Montfort-Laval et leurs cadet (...)
  • 14 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 1 F 1529, requête de Jacques Le Faucheur.

6L’exportation des canevas, produits appréciés sur les marchés européens du xvie siècle, est stratégique pour la baronnie de Vitré. La pérennisation de leur commercialisation, sur de longues distances et en grandes quantités, requiert de la part des négociants une veille de qualité sur ce produit. Dans un contexte concurrentiel, la fidélisation de la clientèle impose de mettre à disposition des acheteurs une toile qualitativement régulière, uniforme. Les caractéristiques fondamentales du canevas vitréen évoluent très peu au cours du siècle. Une réglementation du 26 janvier 1526, émise par le comte Guy XVI de Laval, précise que leur largeur est de « trois quartiés d’aulnes13 ». Cette normalisation des pratiques en vigueur réapparaît une cinquantaine d’années plus tard, sous la plume du négociant et procureur syndic Jacques Le Faucheur : « trois quars de la grande aulne14 ».

  • 15 Paris-Jallobert, Paul, Journal Historique…, op. cit., p. xxxiii.
  • 16 Arch. dép. de l’Ille-et-Vilaine, 1 F 901, octroi de Charles ix aux habitants de Vitré, 21 janvier (...)
  • 17 Archives municipales de Saint‑Malo, CC 19 – Saint-Malo, nouvelles impositions (1592-1593), fo 262  (...)

7Le contrôle qualitatif des toiles, préalable à toute exportation, est effectué par le marchand grossiste. Ce dernier sélectionne ses produits lors de la transaction avec le producteur, en fonction des qualités qu’il attend. Les toiles sont ensuite conditionnées selon des critères tenant à la longueur des pièces : le « pacque » correspond à 750 aunes de canevas15, le fardeau à 30016 et le ballot à 20017. Apportant une protection contre les déchirures et salissures, les canevas sont utilisés lors des opérations d’emballage des marchandises destinées à l’exportation et, avant l’expédition, la marque du marchand est apposée sur l’ensemble des ballots (fig. 1).

Figure 1 – Marque de marchand sculptée sur une rampe d’escalier, 1508 (Collections du musée du château de Vitré)

Figure 1 – Marque de marchand sculptée sur une rampe d’escalier, 1508 (Collections du musée du château de Vitré)

Cliché : G. Le Goué-Sinquin (2009)

  • 18 Parmi de nombreuses occurrences : comme Jean Lescaubert en 1575 (Arch. dép. de l’Ille-et-Vilaine, (...)
  • 19 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 1 F 1529, requête de Jacques Le Faucheur.

8Suite à l’augmentation des volumes traités par les marchands grossistes et à l’élargissement considérable de leurs débouchés au xvie siècle, le recours à des commissionnaires vitréens installés dans de véritables colonies marchandes se généralise dans l’organisation des structures négociantes : nombreux sont les marchands vitréens ayant séjourné en Espagne ou qui en maîtrisent la langue18. Les marques de marchand qui facilitent l’identification des paquets lors du transport contribuent à la fidélisation des acheteurs. Elles préservent un lien direct entre le grossiste et ses clients : au sujet des toiles, Jacques Le Faucheur rapporte qu’il « s’en faissoit le negoce et distribution en telle fidélité et loyaulté que plusieurs des marchans estrangiers les achattoyent sellond [sic] leurs marques et sortes, le plus souvent sans ouv[rir] desballer ny visiter lesdits ballotz19 ». Plus qu’une estampille de distinction, la marque remplit donc un rôle de labellisation de la toile dont le négociant garantit la bonne sélection.

9Or la qualité de la confection des canevas vitréens apparaît comme un problème récurrent du début à la fin du xvie siècle et la succession de textes réglementaires ne semble pas parvenir à le résorber. La question des jeux d’influence entre les sphères productrices et celles du commerce est donc posée. Le 26 janvier 1526, le comte Guy XVI relève que :

  • 20 Bertrand de Broussillon, Arthur, La Maison de Laval…, op. cit., p. 81.

« plussieurs marchans vendeurs desdites toilles ont […] inventé par avarice et cupidité autre moyen d’abusser desdites toilles, car ilz […] font faire les lames à faire lesdites toilles plus clères au millieu que aulx deulx boutz, dont est advenu que plussieurs toilles achatté[e]s, quy senbloient à la monstre bonnes, fortes et prouffitables, et au desploier, ou millieu d’icelles, ont esté trouvé[e]s trop clères, foibles et desraisonnables, jaçoy que elles fussent achatté[e]s et poié[e]s au pris raisonnable des bonnes toilles20 ».

10Une cinquantaine d’années plus tard, Jacques Le Faucheur constate les mêmes abus :

  • 21 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 1 F 1529, requête de Jacques Le Faucheur.

« … les toillandiers se sont licenciez et acoustumez les abaisser de quatre poulces et lascher la façon du milieu et bas d’iceulx, qui est cause que la plus part ne peuvent plus servir a ce a quoy ilz soulloient estre appliquez21 ».

  • 22 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 1 F 1529, requête de Jacques Le Faucheur.
  • 23 Pelus-Kaplan, Marie-Louise, « Commerce des textiles et consommation des textiles à Lübeck aux xvie(...)
  • 24 Le Moyne de la Borderie, Arthur, Le calvinisme à Vitré, Rennes, 1851, p. 62-63.
  • 25 Lapeyre, Henri, Une famille…, op. cit., p. 518, note 140 : lettre de Julien Ruiz à Simon Ruiz, 25  (...)

11Le risque d’une perte de confiance liée aux malfaçons pèse sur le négoce de la ville. Les Vitréens redoutent que la clientèle étrangère ne réorganise brutalement ses approvisionnements. Outre l’Angleterre et les Flandres, leurs regards portent surtout « du costé d’Allemaigne » où la matière première locale est abondante et peu onéreuse : quoique les tisserands y soient spécialisés dans des produits plus lucratifs, une part de leur production s’apparente déjà aux canevas bretons22. À partir de 1583, puis davantage dans la décennie 1590, des textiles d’Europe orientale transitent régulièrement vers l’ouest dans les navires de Lübeck, via le détroit du Sund. Les toiles les plus représentées sont celles de chanvre fréquemment nommées Kanevas23. Ces problèmes récurrents, énoncés en 1579, ont certainement pris racine dans le succès des exportations vitréennes : 723 662 aunes de toiles sont exportées annuellement en 1570-1575, 1 152 890 aunes en 1575-1580, 1 345 400 aunes en 158624. L’augmentation du volume des affaires des négociants vitréens, année après année, les pousse à rechercher des lots de toiles au sein d’une vaste zone géographique, depuis la Cornouaille jusqu’au Maine. Les tisserands du Vitréais se savent donc en mesure d’écouler leurs toiles sans difficultés auprès de grossistes qui, parfois menacés par la pénurie et pour ne pas laisser une affaire à des concurrents, en viennent certainement à abaisser leur seuil d’exigence en matière de qualité. En 1577, les Vitréens doivent se déplacer jusqu’à La Ferté-Bernard (Maine) afin de compléter leurs approvisionnements avec des toiles analogues aux canevas25.

  • 26 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 1 F 1529, requête de Jacques Le Faucheur.

12Jacques Le Faucheur, initiateur d’une nouvelle réglementation du négoce toilier à Vitré, préconise aux autorités administratives et judiciaires d’adopter – à l’instar des villes de Laval et de Morlaix – une série de mesures afin de renforcer la qualité des toiles. Ses propositions préfigurent l’installation des bureaux de toiles au siècle suivant. Alors que la concentration des transactions dans la grande halle est supposée faciliter la levée des taxes et la vérification des pratiques commerciales, il apparaît que ces dernières ne sont pas suffisamment contrôlées. Au nom des marchands et bourgeois, Le Faucheur requiert l’autorisation d’installer une commission de contrôle en un lieu déterminé. Composée d’un magistrat et de quatre marchands désignés, dotés d’un « marc de visitation26 », elle devrait sélectionner officiellement les toiles répondant aux normes de vente. Cette proposition de réglementation, demeurée à l’état de projet, comporte également une interdiction des opérations d’emballage des toiles hors de Vitré afin de limiter les fraudes, ainsi que l’interdiction de la vente de toiles non marquées.

Un essor porté par les débouchés espagnols

  • 27 Casado Alonso, Hilario, « Le commerce des marchandises de Bretagne avec l’Espagne au xvie siècle » (...)

13Du xve siècle jusqu’au milieu du xvie siècle, le négoce toilier vitréen est principalement porté par les exportations vers les Flandres. Son essor dans la seconde moitié du xvie siècle est intimement lié à la fin des guerres d’Italie, ainsi qu’à la nette augmentation des échanges commerciaux européens. Lors de ces conflits, empêchés d’exporter vers les Flandres, du fait des embargos réciproques et des opérations militaires qui s’y déroulent, les Vitréens parviennent à écouler leurs canevas auprès des Castillans installés à Nantes27. En effet, ces derniers ont obtenu de la Couronne d’Espagne des licences d’exportation de toiles françaises vers la péninsule Ibérique. En 1559, le retour à la paix permet aux Vitréens de reprendre librement leurs affaires vers les Pays-Bas espagnols. Toutefois, les guerres de Religion engendrent de nouvelles difficultés pour les marchands de Vitré à partir de 1566.

  • 28 Hamilton, Earl Jefferson, El tesoro americano y la revolucion de los precios en España, 1501-1650, (...)
  • 29 Braudel, Fernand, La Méditerranée et le Monde Méditerranéen à l’époque de Philippe ii, Paris, Arma (...)
  • 30 Priotti, Jean-Philippe et Saupin, Guy (dir.), Le commerce atlantique franco‑espagnol : acteurs, né (...)
  • 31 Coornaert, Émile, Les Français et le commerce…, op. cit., tome i, p. 304, note 6.

14Ainsi, en l’espace de quelques années, les Vitréens réorientent l’essentiel de leurs affaires de l’espace flamand vers un autre débouché porteur, l’Espagne. En 1503, la Casa de Contratación est fondée à Séville et reçoit le monopole du commerce avec les Indes occidentales28. Le chargement de la Flota de Indias, à destination de l’empire hispano-américain, s’effectue dans la baie de Cadix. Les Bretons, installés à l’embouchure du Guadalquivir dans la ville de Sanlucar de Barrameda, organisent une petite colonie de commerce29. L’essentiel des transactions qui s’y déroulent vise à compléter les cargaisons des marchands andalous. L’insuffisance des capacités manufacturières espagnoles oblige ces derniers à traiter avec les négociants étrangers détenant les produits qui les intéressent, particulièrement les toiles, recherchées pour l’habillement et les fournitures navales. Les cargaisons sont vendues aux Amériques contre des métaux précieux ou des produits coloniaux afin de constituer le fret de retour vers l’Espagne. Pour stimuler ce négoce transatlantique, la Couronne espagnole introduit en 1505 une cotation différente du réal entre le Nouveau Monde (44 maravédis) et la Castille (34 maravédis)30. Les Vitréens, soutenus par les armateurs malouins, développent leurs exportations à destination des avant-ports de Séville, où certains négociants s’installent à demeure31. Ce commerce d’Espagne apparaît relativement sûr à bien des égards, car outre la fourniture d’approvisionnements aux négociants andalous, il offre la possibilité de fournir le vaste marché espagnol.

  • 32 Sur les approvisionnements vitréens, voir Lapeyre, Henri, Une famille…, op. cit. ; Priotti, Jean-P (...)
  • 33 Par exemple, en 1573 : Priotti, Jean-Philippe, Dynamiques…, op. cit., p. 68, note 221 ; Archivo Hi (...)

15Souhaitant améliorer leurs capacités exportatrices face à la concurrence, les Vitréens procèdent à la diversification de la gamme de toiles proposée à leurs clients espagnols. Au cours de la période 1560-1588, tout en maintenant leur monopole des canevas, ils multiplient les achats dans les foires de Bretagne, du Maine, voire de Normandie32. Ils y acquièrent des lots de toiles de lin ou de chanvre, de tous types et en quantités importantes, grâce à la mobilisation de leurs importantes ressources financières. Henri Lapeyre et Jean-Philippe Priotti ont établi que ces méthodes entretiennent l’inflation sur le cours des toiles dans l’Ouest de la France lors de la période 1565-158033, gênant la capacité d’approvisionnement de la compagnie de commerce des Ruiz. Affaiblie par des pertes financières sur le marché sévillan et se fournissant sur une aire géographique moindre que les Vitréens, cette compagnie nantaise n’eut d’autre choix que de se retirer de ce secteur d’activité à la fin de la décennie 1570.

  • 34 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 1 F 1529, règlement du comte Guy xix de Laval sur le blanchissage en (...)
  • 35 Bottin, Jacques, « Les toiles de l’Ouest français au début de l’époque moderne : réflexions sur la (...)

16Dans le cadre de l’élargissement de la gamme de toiles proposée à leurs clients, les Vitréens font blanchir une part de leurs textiles, leur conférant ainsi une valeur ajoutée. Jusqu’au milieu de la décennie 1570, ces opérations se déroulent dans le comté de Laval où la production de toiles de lin (« lavales ») se double d’une activité de blanchissage. Par une réglementation du 20 juillet 157734, Guy XIX de Laval attribue l’essor vitréen au monopole établi de fait sur les canevas et justifie ainsi l’interdiction faite aux blanchisseurs lavallois de travailler pour d’autres marchands que ceux du lieu. Dépossédés de l’initiative du blanchissage de leurs pièces de toile, treize négociants vitréens de premier plan adressent au comte une demande de retrait de la mesure, menaçant de procéder au blanchissage dans d’autres seigneuries. En 1578, plusieurs contrats de blanchissage portant sur des centaines de pièces sont conclus devant les notaires de la région de Louviers35.

Le court apogée vitréen (1570-1586) et l’effondrement (1588-1589)

  • 36 Sur les retours vitréens par voie de change, voir Bottin, Jacques, « Les foires de Lyon et les Ita (...)
  • 37 Priotti, Jean-Philippe et Saupin, Guy (dir.), Le commerce…, op. cit., p. 322, note 11 : C38-199, l (...)
  • 38 Spooner, Franck C., L’économie mondiale et les frappes monétaires en France (1493-1680), Paris, Ar (...)
  • 39 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 1 Ba 8, attribution des grosses fermes d’impôts de Bretagne à Guilla (...)

17Les retours à Vitré des bénéfices réalisés en Espagne se font par deux voies : la principale est la ligne maritime directe entre Sanlucar de Barrameda et Saint-Malo ; la seconde utilise, pour partie, le système des lettres de change, de Séville à Lyon. Les fonds payables à Lyon sont souvent retirés auprès des banquiers par des Rouennais ayant procuration des Vitréens36. La rentabilité du produit de la vente des toiles en Andalousie est accrue lors du retour en Bretagne, en raison de la différence de valeur de l’argent entre l’Espagne et la France où la rareté des moyens monétaires en augmente la valeur : cette dynamique est accentuée par l’expansion d’une économie bretonne productive. En 1577, les Vitréens échangent même le réal à 12 sous37. L’intense activité commerciale de la façade atlantique française avec l’Espagne apparaît dans les niveaux de frappe des hôtels des monnaies, surtout à Rennes où l’activité est forte durant la seconde moitié du xvie siècle38. Au cours des années 1570-1580, les Vitréens s’intéressent de près aux finances provinciales afin de placer une part de ces bénéfices. En 1584, Guillaume de Gennes Cordionnais remporte l’adjudication des grandes fermes d’impôts de Bretagne39 face à 17 autres riches négociants vitréens, répartis en plusieurs associations. Le marché est conclu pour une durée de neuf ans à hauteur de 136 666 écus.

  • 40 Harwich, Nikita, Histoire du chocolat, Paris, Éditions Desjonquères, 2008, p. 67. Cette cheminée e (...)

18Les retombées économiques du commerce avec l’Espagne procurent à Vitré une période de prospérité économique de 25 ans. En 1586, les exportations annuelles dépassent 1 345 400 aunes. Vitré conserve encore quelques remarquables exemples de la traduction artistique de cet apogée. Une part des bénéfices était consacrée à la construction d’édifices particuliers tel l’hôtel Ringues de la Troussannais (1575), ou à leur ornementation, souvent liée à l’affirmation du statut social du commanditaire. Les marques de marchands, initialement utilisées pour identifier la possession des toiles, sont notamment gravées sur les linteaux de portes ou sur les manteaux de cheminée, affirmant l’appartenance du commanditaire à une élite. Le langage artistique employé démontre la participation de ces négociants à la circulation des idées à l’échelle européenne. Ainsi, la riche ornementation de la cheminée monumentale de Lucas Le Royer, sculptée en 1583, fait apparaître des fruits européens associés à des épis de maïs et des cabosses de cacao. Les erreurs d’échelle dans la représentation laissent à penser que ces cabosses ont été sculptées à partir de gravures, la première cargaison de fèves de cacao n’arrivant à Séville qu’en 158540.

Figure 2 – Hôtel du Bol d’Or, xvie siècle ; 10 rue d’Embas

Figure 2 – Hôtel du Bol d’Or, xvie siècle ; 10 rue d’Embas

Cliché : G. Le Goué-Sinquin (2008)

Figure 3 – Buste d’homme aux traits félins surmontant un chapiteau à double volute, 1579 ; 7 rue de la Baudrairie

Figure 3 – Buste d’homme aux traits félins surmontant un chapiteau à double volute, 1579 ; 7 rue de la Baudrairie

Cliché : G. Le Goué-Sinquin (2008)

Figure 4 – Marque sculptée sur un manteau de cheminée ornée d’une guirlande et de poires, 1563 ; 16 rue de la Poterie

Figure 4 – Marque sculptée sur un manteau de cheminée ornée d’une guirlande et de poires, 1563 ; 16 rue de la Poterie

Cliché : G. Le Goué-Sinquin (2008)

  • 41 Hamon, Philippe, « Vitray, qui s’en alloit perdu… » (Brantôme). Le siège de Vitré et les engagemen (...)
  • 42 Le Moyne de la Borderie, Arthur, Le calvinisme à Vitré…, op. cit., p. 62-63.
  • 43 Arch. municip. de Saint-Malo, CC 18-19 - Saint-Malo, nouvelles impositions (1592-1593).
  • 44 Arch. municip. de Saint-Malo, CC 19 - Saint-Malo, nouvelles impositions (1592-1593), fo 273 vo : « (...)
  • 45 Jouon des Longrais, Frédéric, Saint-Malo au temps de la Ligue, mémoires inédits de Nicolas Frotet (...)
  • 46 Le Goué-Sinquin, Gwénolé, « De Vitré à Saint-Malo : un négoce entre terre et mer (1559-1598) », An (...)

19Deux coups d’arrêt successifs plongent la société vitréenne dans une crise durable. En 1588, l’échec de l’Invincible Armada renforce l’insécurité maritime ; en 1589, les guerres de la Ligue atteignent la Bretagne. C’est dans ce contexte que Vitré est assiégé, durant cinq mois (mars-août 1589)41. L’ensemble de la population se partage entre partisans du roi et ligueurs, et cela malgré de forts liens professionnels et matrimoniaux. Cette irruption des guerres de la Ligue dans le contexte local vitréen provoque un effondrement des exportations de la confrérie (11 400 aunes en 159142) et impose aux négociants de modifier leurs structures commerciales. Une part d’entre eux se fixe à Saint-Malo, afin de poursuivre leurs activités sans hypothéquer leur sécurité ni celle de leurs biens. Deux registres portuaires malouins43 mentionnent l’expédition de toiles par les Vitréens vers l’Espagne ou les Flandres durant ce conflit. Pour la période 1592-1593, on relève l’exportation de 14 types de textiles de lin ou de chanvre, en quantités variables : 71 000 aunes de canevas, 17 400 de pontivis, 12 000 de navalles (noyales), ou encore 6 600 de toiles de Dinan. Ces négociants perçoivent les bénéfices d’affaires réalisées dans les Flandres ou en Espagne, dont des articles luxueux44 destinés à la revente ou permettant une thésaurisation. Toutefois, le pouvoir municipal malouin est dans une situation délicate car il rejette localement l’autorité des partis ligueurs et royaux. Pour préserver son lucratif commerce, à partir d’avril 1590, il confisque les sommes d’argent provenant d’Espagne, destinées aux royaux45. Cela pousse certains négociants à s’exiler dans d’autres villes ou pays jusqu’à la fin du conflit46.

  • 47 Choleau, Jean, Métiers, « confrairies »…, op. cit., p. 282.

20En 1598, l’édit de Nantes met un terme à la guerre de la Ligue tandis que la paix de Vervins, conclue quelques mois plus tard avec les Espagnols, apporte aux Vitréens l’espoir d’une relance économique. Malgré la guerre qui se poursuit entre l’Espagne et les Anglo-Hollandais, ils parviennent à relancer leurs exportations toilières. Au début du xviie siècle, ils exportent annuellement 500 000 aunes de toiles47. Cette stabilisation des conditions économiques locales crée les conditions d’un retour à la concorde civile au sein de la société vitréenne.

21Suite à la perte du registre de la confrérie des marchands d’Outre-Mer au cours du xxe siècle, la requête de Jacques Le Faucheur (1579) est l’un des rares documents exposant le regard des négociants vitréens sur l’intégration du pôle de production locale dans leur stratégie commerciale. Il exprime l’inquiétude de ce groupe professionnel quant à la qualité des canevas sur lesquels il exerce un monopole. Les mesures préconisées restent lettre morte car, malgré leur implication dans la gestion de leur ville, ces marchands n’ont finalement qu’un poids relatif dans l’élaboration des normes de production. D’autre part, l’essor de l’activité d’exportation toilière associée à la nécessaire diversification des approvisionnements offre des débouchés à l’ensemble de la production toilière de la baronnie de Vitré. La crainte du procureur-syndic que les marchés nord européens ne retirent leur confiance dans les canevas vitréens confirme en définitive que le débouché flamand reste attractif alors même que l’essentiel des affaires vitréennes est orienté vers l’Espagne.

Haut de page

Notes

1 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 1 F 1529 : Requête au comte de Laval, par Jacques Le Faucheur, procureur-syndic, sur la réglementation de la production textile (1579).

2 Pichot, Daniel, Lagier, Valérie et Allain, Gwénolé (dir.), Vitré, histoire et patrimoine d’une ville, Paris, Somogy Éditions d’Art, 2009, p. 47.

3 Le terme « canevas » renvoie étymologiquement au chanvre.

4 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 1 F 1529, requête de Jacques Le Faucheur.

5 Cette halle, bâtie au Moyen Âge et bordée sur sa façade sud par des habitations, fut détruite par un incendie en 1886.

6 Paris-Jallobert, Paul, Journal Historique de Vitré ou documents et notes pour servir à l’histoire de cette ville (1880), Mayenne, Éditions Régionales de l’Ouest, 1995, p. xxxi-xxxiii, acte de fondation de la confrérie des marchands d’Outre‑Mer.

7 Choleau, Jean, Métiers, « confrairies » et corporations de Vitré avant la Révolution, Vitré, Unvaniez Arvor, 1950-1954, p. 199 ; Gentile, Pierre, François Martin (1575-1631), apothicaire et « Marchand d’Oultre-Mer » à Vitré, thèse sous la direction de Loïc Girre, Rennes, 1994.

8 Frain de la Gaulayrie, Édouard, Cent ans de vie vitréenne, Vitré, Gilles, 1907, p. 243-244 : en 1555 Catherine de Gennes remplace son mari René Le Moyne de Malnoë, décédé.

9 Arthur Le Moyne de La Borderie et Édouard Frain de La Gaulayrie l’ont consulté pour leurs travaux sur les négociants vitréens. Ce registre a « disparu » au milieu du xxe siècle.

10 Duval, Michel, Foires et marchés en Bretagne de l’Antiquité à la fin de l’Ancien Régime, Mayenne, Royer, « Chroniques d’Antan », 2001, p. 148 ; Coornaert, Émile, Les Français et le commerce international à Anvers (fin du xve-xvie siècle), Paris, Éditions Marcel Rivière et Cie, 1961, tome i, p. 303-304 : les exportations vitréennes vers Bergues, Bruges et Anvers sont signalées dès le règne du duc Jean V (1399-1142).

11 Paris-Jallobert, Paul, Journal Historique…, op. cit., p. xxxiv.

12 Ibid., p. 60, note 2 ; Arch. dép. de l’Ille-et-Vilaine, 1 F 930, extraits des délibérations de la communauté de ville : le 29 février 1600, les calvinistes vitréens achètent un terrain de la confrérie pour fonder leur cimetière.

13 Bertrand de Broussillon, Arthur, La Maison de Laval (1020-1605). Les Montfort-Laval et leurs cadets (1501‑1605), tome iv, Paris, Alphonse Picard et fils Éditeurs, 1902, p. 81 ; Labbé, Yvonne, « Vitré aux xve et xvie siècles », Mémoires de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Bretagne, t. 24, 1944, p. 113 : l’aune équivaut à 1 m. 347.

14 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 1 F 1529, requête de Jacques Le Faucheur.

15 Paris-Jallobert, Paul, Journal Historique…, op. cit., p. xxxiii.

16 Arch. dép. de l’Ille-et-Vilaine, 1 F 901, octroi de Charles ix aux habitants de Vitré, 21 janvier 1567.

17 Archives municipales de Saint‑Malo, CC 19 – Saint-Malo, nouvelles impositions (1592-1593), fo 262 ro.

18 Parmi de nombreuses occurrences : comme Jean Lescaubert en 1575 (Arch. dép. de l’Ille-et-Vilaine, 2 G 378 13), Jean Miaulaye y décède en 1591 (Frain de la Gaulayrie, Édouard, Mémoire généalogique, Guays, Vitré, 1884, p. 57) ; en 1572, l’ambassadeur français intervient en faveur de René de Gennes, arrêté à Saint-Sébastien (Lapeyre, Henri, Une famille de marchands nantais : les Ruiz. Contribution à l’étude du commerce entre la France et l’Espagne au temps de Philippe ii, Paris, Armand Colin, 1955, p. 386) ; Macé Malherbe, domicilié à Sanlucar, est facteur de négociants hollandais en 1569 (Coornaert, Émile, Les Français…, op. cit., p. 304, note 6).

19 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 1 F 1529, requête de Jacques Le Faucheur.

20 Bertrand de Broussillon, Arthur, La Maison de Laval…, op. cit., p. 81.

21 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 1 F 1529, requête de Jacques Le Faucheur.

22 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 1 F 1529, requête de Jacques Le Faucheur.

23 Pelus-Kaplan, Marie-Louise, « Commerce des textiles et consommation des textiles à Lübeck aux xvie et xviie siècles », dans Bottin, Jacques, Pellegrin, Nicole (dir.), « Échanges et cultures textiles dans l'Europe préindustrielle » (Actes du colloque de Rouen, 17-19 mai 1993), Université Charles-de-Gaulle-Lille iii, Revue du Nord, hors-série n° 12, 1996, p. 264-265.

24 Le Moyne de la Borderie, Arthur, Le calvinisme à Vitré, Rennes, 1851, p. 62-63.

25 Lapeyre, Henri, Une famille…, op. cit., p. 518, note 140 : lettre de Julien Ruiz à Simon Ruiz, 25 avril 1578.

26 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 1 F 1529, requête de Jacques Le Faucheur.

27 Casado Alonso, Hilario, « Le commerce des marchandises de Bretagne avec l’Espagne au xvie siècle », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, tome 107, no 2, 2000, p. 36, tableau 2.

28 Hamilton, Earl Jefferson, El tesoro americano y la revolucion de los precios en España, 1501-1650, Barcelone, Ariel, « Historia », 1983 [1934], p. 27, note 15.

29 Braudel, Fernand, La Méditerranée et le Monde Méditerranéen à l’époque de Philippe ii, Paris, Armand Colin, 1966, tome i, p. 75.

30 Priotti, Jean-Philippe et Saupin, Guy (dir.), Le commerce atlantique franco‑espagnol : acteurs, négoces et ports (xve-xviiie siècles), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2008, p. 321.

31 Coornaert, Émile, Les Français et le commerce…, op. cit., tome i, p. 304, note 6.

32 Sur les approvisionnements vitréens, voir Lapeyre, Henri, Une famille…, op. cit. ; Priotti, Jean-Philippe, Dynamiques d’une mondialisation : réseaux commerciaux, villes et États dans l’Atlantique franco‑hispano‑américain (1550‑1600), dactyl., mémoire d’habilitation, Université de Toulouse ii-Le Mirail, 2007-2008 ; Le Goué-Sinquin, Gwénolé, « Les Vitréens et l’Espagne au xvie siècle », Mémoires de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Bretagne, tome 89, 2011, p. 241-270.

33 Par exemple, en 1573 : Priotti, Jean-Philippe, Dynamiques…, op. cit., p. 68, note 221 ; Archivo Histórico Provincial de Valladolid, fonds Ruiz, C20-123, 19 mars 1573, lettre d’André Ruiz à Simon Ruiz : « Los lavales estan caros pero hay demasiados golosos para dejarlos de comprar, como los de Saint-Malo y de Vitré, porque toda la mercancia que hallan en Laval la compran, cueste lo que cueste, y aun la que esta sobre los prados a blanquear » ; note 220 : fonds Ruiz, C20-159, 24 juillet 1573, lettre de Julien Ruiz à Simon Ruiz : « Fue la [feria] mas mala que se haya visto, porque los de Vitré pusieron tal fuego por haberlas [telas] y otros Bretones, que encarecieron tanto los precios que los de la Fosa no compraron en la feria 4 fardeles » ; Lapeyre Henri, Une famille…, op. cit., p. 515, note 102.

34 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 1 F 1529, règlement du comte Guy xix de Laval sur le blanchissage en Lavallois (Laval, 20 juillet 1577).

35 Bottin, Jacques, « Les toiles de l’Ouest français au début de l’époque moderne : réflexions sur la configuration d’un espace productif », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, tome 107, no 2, 2000, p. 23. Les archives notariales sont conservées aux Archives départementales de Seine-Maritime : opérations effectuées pour le compte de Jean Bernardays (189 pièces, le 1er mars 1578, 2 E 1/524) Jean Fourmentin (160 pièces, le 14 juin 1578, 2 E 1/521), Guillaume Pépin (193 pièces, le 2 juin 1578, 2 E 1/522).

36 Sur les retours vitréens par voie de change, voir Bottin, Jacques, « Les foires de Lyon et les Italiens autour de 1600 : déclin ou reconfiguration ? », dans Lanaro, Paola (dir.), La pratica dello scambio ; Sistemi di fiere, mercanti e città in Europa (1400‑1700), Venise, Saggi Marsilio, 2003, p. 201-218.

37 Priotti, Jean-Philippe et Saupin, Guy (dir.), Le commerce…, op. cit., p. 322, note 11 : C38-199, lettre de Julien Ruiz à Simon Ruiz, 2 septembre 1577.

38 Spooner, Franck C., L’économie mondiale et les frappes monétaires en France (1493-1680), Paris, Armand Colin, 1956, p. 264. De 1551 à 1610, les hôtels des monnaies de Rennes et de Nantes ont frappé 35 % de l’argent français, soit 25 millions de livres sur un total de 70 millions.

39 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 1 Ba 8, attribution des grosses fermes d’impôts de Bretagne à Guillaume de Gennes Cordionnais pour une durée de 9 ans (1584).

40 Harwich, Nikita, Histoire du chocolat, Paris, Éditions Desjonquères, 2008, p. 67. Cette cheminée est conservée au musée du château de Vitré.

41 Hamon, Philippe, « Vitray, qui s’en alloit perdu… » (Brantôme). Le siège de Vitré et les engagements militaires en Haute-Bretagne au début des guerres de la Ligue (mars-août 1589) », Mémoires de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Bretagne, tome 87, 2009, p. 111-151.

42 Le Moyne de la Borderie, Arthur, Le calvinisme à Vitré…, op. cit., p. 62-63.

43 Arch. municip. de Saint-Malo, CC 18-19 - Saint-Malo, nouvelles impositions (1592-1593).

44 Arch. municip. de Saint-Malo, CC 19 - Saint-Malo, nouvelles impositions (1592-1593), fo 273 vo : « Un baril de fil d’or et d’argent vallant six mil reaux ».

45 Jouon des Longrais, Frédéric, Saint-Malo au temps de la Ligue, mémoires inédits de Nicolas Frotet de La Landelle, Rennes, Plihon et Hervé, 1886, p. 194.

46 Le Goué-Sinquin, Gwénolé, « De Vitré à Saint-Malo : un négoce entre terre et mer (1559-1598) », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, tome 125, numéro 3, 2018, p. 47-78.

47 Choleau, Jean, Métiers, « confrairies »…, op. cit., p. 282.

Haut de page

Table des illustrations

Titre Figure 1 – Marque de marchand sculptée sur une rampe d’escalier, 1508 (Collections du musée du château de Vitré)
Crédits Cliché : G. Le Goué-Sinquin (2009)
URL http://journals.openedition.org/abpo/docannexe/image/6266/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 340k
Titre Figure 2 – Hôtel du Bol d’Or, xvie siècle ; 10 rue d’Embas
Crédits Cliché : G. Le Goué-Sinquin (2008)
URL http://journals.openedition.org/abpo/docannexe/image/6266/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 286k
Titre Figure 3 – Buste d’homme aux traits félins surmontant un chapiteau à double volute, 1579 ; 7 rue de la Baudrairie
Crédits Cliché : G. Le Goué-Sinquin (2008)
URL http://journals.openedition.org/abpo/docannexe/image/6266/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 241k
Titre Figure 4 – Marque sculptée sur un manteau de cheminée ornée d’une guirlande et de poires, 1563 ; 16 rue de la Poterie
Crédits Cliché : G. Le Goué-Sinquin (2008)
URL http://journals.openedition.org/abpo/docannexe/image/6266/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 201k
Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Gwénolé Le Goué-Sinquin, « Du chanvre à l’argent : l’âge d’or toilier à Vitré (1550-1600) »Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 127-3 | 2020, 49-60.

Référence électronique

Gwénolé Le Goué-Sinquin, « Du chanvre à l’argent : l’âge d’or toilier à Vitré (1550-1600) »Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest [En ligne], 127-3 | 2020, mis en ligne le 04 janvier 2023, consulté le 16 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/abpo/6266 ; DOI : https://doi.org/10.4000/abpo.6266

Haut de page

Auteur

Gwénolé Le Goué-Sinquin

Adjoint administratif, lycée Émile Peytavin (Mende)

Articles du même auteur

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search