Navigation – Plan du site

AccueilNuméros49Chronique des fouilles médiévales...III. – Constructions et habitats ...III. 1. – Opérations de terrainRodez (Aveyron). Palais épiscopal

Chronique des fouilles médiévales en France en 2018
III. – Constructions et habitats fortifiés
III. 1. – Opérations de terrain

Rodez (Aveyron). Palais épiscopal

Responsable d’opération : Philippe Gruat
p. 329-330

Notes de la rédaction

Organisme porteur de la fouille : Service départemental d’Archéologie de l’Aveyron

Texte intégral

1Cette opération s’est déroulée du 30 mai au 8 juin 2017. Elle fait suite à des carottages sédimentaires réalisés du 5 au 7 septembre 2016 dans la cour et le jardin du palais épiscopal, en amont d’un projet d’aménagement. Ces carottages initiaux ont permis de mesurer l’ampleur de la stratigraphie (entre 6,40 et 8,90 m de puissance). Aussi, en raison du caractère pour le moins sensible du secteur, au cœur de la cité antique et médiévale, l’impact des décaissements sur le sous-sol a été réduit le plus possible. Seuls cinq sondages mécaniques, de superficie limitée et complétés par des décapages manuels ont été réalisés.

2Le premier sondage (Tr 1) a été effectué dans le jardin, sur et à l’arrière de l’enceinte du xive s. De 6,56 m² de superficie et de 1,75 m de profondeur, il a permis d’observer la partie supérieure actuelle d’un tronçon de la courtine médiévale, en partie arasée comme l’atteste l’arrachement visible sur la face nord de la tour Corbières. Sous le parapet actuel et sous une réparation médiévale ou moderne, une partie du rempart, situé juste sous le niveau actuel du jardin, a pu être étudiée. D’environ 0,96 m de large, l’ouvrage est constitué de moellons d’orthogneiss et de rares blocs de grès, liés avec un mortier de chaux beige (Us 1008). Une datation 14C (ETH-80708) réalisée sur un charbon de bois pris dans le mortier suggère une construction comprise entre 1030 et 1155. Il pourrait s’agir de l’enceinte primitive de la Cité, dont certaines sources textuelles évoquent effectivement l’existence dès le xiie s. Côté oriental, l’ensemble est flanqué d’un massif maçonné probablement tardif.

3Le deuxième sondage (Tr 2), de 4,18 m² d’emprise et de 1,65 m de profondeur, a été mené aux abords de la tour Corbières et de l’aile nord de la fin du xviie-début xviiie s. Il s’agit d’un secteur très stratifié qui a livré plusieurs remblais : deux niveaux de circulation ou de chantier proches de la surface et plusieurs structures maçonnées. À sa base, un mur d’orientation EO d’environ 1 m de large a été mis au jour. Ce dernier a recoupé un sol de tuileau, manifestement médiéval, d’environ 6 cm d’épaisseur (citerne ?). Dans la coupe occidentale, une maçonnerie en bel appareil de grès et sa semelle sont à signaler. Très soignée, cette construction présente une bifurcation vers l’ouest. L’ensemble, qui apparaît entre 0,70 et 1,07 m de profondeur, semble entourer la tour Corbières (escalier et/ou parvis pour la porte s’ouvrant sur le côté est ?). C’est ce que peut laisser penser la datation 14C (ETH-80709) réalisée sur un charbon de bois provenant du mortier. Elle est comprise entre 1274 et 1386, donc peut-être en liaison avec la construction (ou le réaménagement), à partir du milieu du xive s., de l’enceinte (dont la tour Corbières) qui entoure le Bourg et la Cité. À noter qu’un petit caniveau est aménagé plus tardivement contre la maçonnerie, manifestement pour l’évacuation des eaux pluviales de l’aile nord du palais épiscopal.

4Le troisième sondage (Tr 3), de 6,83 m² de superficie et de près de 2 m de profondeur, a été implanté dans le jardin. Cette tranchée a révélé une stratigraphie de remblais modernes et peut-être médiévaux confirmant le fort remblaiement du secteur. Quelques tessons du Haut-Empire, manifestement en position secondaire, sont à signaler.

5Le quatrième sondage (Tr 4), de 3,60 m² seulement de surface pour 1,60 m de profondeur, correspond à une petite cour intérieure de l’aile orientale du palais épiscopal. Il a permis d’observer les aménagements de sols successifs et les réseaux récents du secteur. Sous ces derniers, une strate argileuse marron scelle un amas d’imposants blocs d’orthogneiss grossiers se rencontrant sur au moins six niveaux entre 0,66 et 1,60 m de profondeur. Son rôle reste à préciser (drain ?) mais semble en lien avec l’aménagement des bâtiments encore aujourd’hui en élévation.

6Le cinquième et dernier sondage (Tr 5), de 4 m² d’emprise et de 1,60 m de profondeur, a été implanté dans le jardin, non loin de la façade nord du palais épiscopal et d’un puits. Il a révélé, sous la terre végétale, des structures essentiellement de l’époque moderne : des niveaux de circulation ou de chantier du jardin, relativement superficiels (-0,52 à -0,56 m sous le sol actuel) ; les vestiges d’un modeste mur de 0,48 m de large, lié au mortier de chaux, et sa semelle, apparaissant à 0,72 m de profondeur (construction légère) ; un niveau de grandes dalles (drain ?), d’orientation NS, oblitéré par du sable, rappelant celui mis en évidence à la base de la tranchée 4.

7Un dernier secteur a fait l’objet d’un nettoyage et d’un relevé précis du bâti. Il s’agit d’une cave de l’aile SO, d’environ 11 m², située sous l’ancien secrétariat de l’Évêché (secteur 6). Dissimulée sous l’ancien plancher, elle n’était plus accessible que par une étroite trappe. Son étude a permis d’appréhender plusieurs vestiges maçonnés allant de l’Antiquité à l’époque contemporaine, tout près de l’ancienne porte médiévale Saint-Martial. Parmi ces derniers figure notamment un probable tronçon de l’enceinte antique de plus de 2,20 m de large, en moellons de grès rectangulaires et carrés, présentant encore douze assises d’élévation, soit 1,46 m de hauteur hors fondation. Attribué au Bas-Empire, l’appareil de l’ouvrage est comparable à celui mis au jour et encore visible au parking des Remparts, boulevard de la République). Il a manifestement recoupé un caniveau en pierre de taille (Us 6020 et 6021), déjà partiellement découvert au cours du xixe s. dans la rue Frayssinous. Ces vestiges s’intègrent bien dans la trame antique du secteur où se développent une voie importante et son système de porte.

8Le tronçon de courtine gallo-romaine a manifestement été partiellement modifié et rechargé à plusieurs reprises durant le Moyen Âge. Une de ces plus anciennes restructurations (Mr 6006) a fait l’objet d’une datation 14C grâce à un charbon de bois pris dans son mortier (ETH-80710). La date calibrée obtenue est comprise entre 1155 et 1255 avec 98,6 % de probabilités. Avec la date réalisée sur la courtine mise au jour à la base du sondage 1 (Us 1008) (supra), elle suggère l’existence d’une fortification primitive de la Cité, dont certaines sources textuelles préconisent aussi l’existence au moins dès le xiie s. ou xiiie s., avant la construction de l’enceinte médiévale entourant le cœur historique à partir du milieu du xive s.

9Les autres vestiges de la fin du Moyen Âge et de l’époque moderne (tronçons de murs, escalier, etc.) se rapportent probablement à divers états du palais épiscopal et de la porte Saint-Martial durant les xve et xvie s., voire aux réfections qui suivirent au cours des xviie et xviiie s., sans que l’on puisse être plus précis.

10Enfin, les derniers aménagements de la fin du xixe s. et des années 1930, se rapportant aux travaux du pavillon d’entrée de l’Évêché, ont pu être reconnus même s’ils sont d’un intérêt moindre : canalisation et son regard, rehaussement de murs supportant le plancher, remblais, etc.

Rodez, palais épiscopal, vue des maçonneries du secteur 6, dont la probable courtine antique 6016.

Rodez, palais épiscopal, vue des maçonneries du secteur 6, dont la probable courtine antique 6016.

Cl. et DAO J. Trescarte, SDA 12

Haut de page

Table des illustrations

Titre Rodez, palais épiscopal, vue des maçonneries du secteur 6, dont la probable courtine antique 6016.
Crédits Cl. et DAO J. Trescarte, SDA 12
URL http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/23763/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 1008k
Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Philippe Gruat, « Rodez (Aveyron). Palais épiscopal »Archéologie médiévale, 49 | 2019, 329-330.

Référence électronique

Philippe Gruat, « Rodez (Aveyron). Palais épiscopal » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 49 | 2019, mis en ligne le 03 février 2020, consulté le 19 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/23763 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.23763

Haut de page

Auteur

Philippe Gruat

service départemental d’Archéologie de l’Aveyron

Articles du même auteur

Haut de page

Responsable d’opération

Philippe Gruat

service départemental d’Archéologie de l’Aveyron

Opération(s) dirigée(s) par cet archéologue

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-NC-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search