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Chronique des fouilles médiévales en France en 2012
I. – Construction et habitats civils – environnement rural et urbain
I 1. – Opérations de terrain

Clermont-l’Hérault (Hérault). Quartier de Gorjan

Responsable d’opération : Astrid Huser
p. 168-169

Texte intégral

1La configuration de la ville de Clermont-l’Hérault est encore particulièrement explicite : un bourg médiéval fortifié, ancré sur les flancs d’une colline sur la rive gauche du Rhône et doté de deux pôles, au sommet, le château avec sa fortification imposante, et en contrebas l’église paroissiale de Saint-Paul. Le quartier de Gorjan constitue une zone stratégique pour la compréhension de l’origine et du développement de la ville médiévale : il est situé sous le château, dans la partie NE de la ville enclose et le long de la voie la plus anciennement nommée à Clermont (1140). Le suivi du tracé d’une nouvelle voie perforant l’ancien rempart non encore daté et traversant l’ancien quartier a permis une fouille jusqu’au sol naturel, dégageant sur 700 m2 les fondations de plusieurs îlots médiévaux et modernes, démolis en 1950 et talutés.

2La fouille a mis en évidence les vestiges d’un lotissement attribuable au xie-xiiie s. et antérieur à la mise en place de l’enceinte de la ville puisque la construction du rempart et de ses fossés vient en réorganiser la disposition.

3Deux unités médiévales mitoyennes, le long de la rue Embouriane, présentent un même module rectangulaire d’habitat, délimité par des murs soigneusement montés en moellons équarris, à double parement et blocage interne, liés à l’argile rouge pour les fondations, de type différent selon leur emprise dans la pente. Un niveau de sol a pu être mis en évidence, avec foyer, mobilier et denier melgorien. Une troisième unité, séparée par une venelle des précédentes, ainsi qu’un puits en contrebas fonctionnant avec cet îlot sont tronqués par l’implantation de la grande fortification de la ville et de ses douves.

4Ce vestige de quartier atteste l’existence de noyaux de peuplement initialement distincts, pouvant expliquer le caractère tardif de la première mention du castrum (1158) : jusqu’en 1160, on parle toujours de plusieurs parochia rassemblées, ici celle de Rougas. À ce moment, l’apparition presque simultanée des termes de castrum et de castellum va entériner des modifications profondes de la donne initiale.

5Les textes laissent à penser qu’un château sert désormais de référence dans le paysage et qu’une réunion en un même ensemble s’impose comme implantation urbaine. Le castrum, cité dès la fin du xie s., appartient au milieu du xiie s. à la famille des Guilhem de Clermont.

6L’évaluation récente portée sur le château ne permet pas d’affirmer l’existence d’un regroupement castral primitif englobé dans l’ensemble actuel. Elle met néanmoins en évidence un donjon carré et un bâtiment en annexe, une enceinte périphérique avec tour-porte, de possibles lice et cour-basse.

7La vaste basse cour qui se développe sur la pente a pu former la première enceinte urbaine d’un rassemblement de population autour du château primitif, avec des extensions successives manifestées par les îlots qui en accompagnent le mouvement tout en s’inscrivant dans un tissu déjà occupé par d’autres paroisses en contrebas, comme celle de Rougas.

8La grande phase de transformation médiévale que l’on repère au niveau de l’ensemble castral par sa ligne défensive ostentatoire doit répondre à la mise en place d’une fortification urbaine et au rassemblement de la population en castrum, sous la protection affichée de son seigneur.

9Côté ville, la réunion des trois paroisses est matérialisée par une enceinte flanquée de tours et par un remodelage des anciens quartiers : en témoigne une maison d’un lotissement coupée en deux par le rempart.

10Ce dernier a pu être observé sur une courte section. Il ne reste de médiéval que les fondations formant un épais massif parementé (2,30 m) et les premières assises de l’élévation d’une largeur de 1,50 m, ensuite totalement reprise à l’époque moderne. Un nouveau puits est alors construit contre l’élévation intérieure de l’enceinte.

11La datation de l’enceinte de la ville par la céramique rejoint celle avancée après l’étude de la fortification secondaire du château : au plus tôt la seconde moitié du xiiie et au plus tard le début du xive s.

12Intra-muros, un nouveau quartier, limité par les fortifications, est vite saturé. En amont de la rue d’Embouriane, dans un secteur desservi par l’une des quatre fontaines de la ville, avec son lavoir, et qui borde le quartier seigneurial (les seigneurs d’Arboras), se dressait un possible bâtiment public d’envergure dont les éléments les plus remarquables sont trois arcs brisés aplatis et chanfreinés. Des fragments de sol caladé dessinent un périmètre circonscrit par deux des arcs mentionnés et des arases de murs. Se détachent des petites logettes périphériques, dont l’une est associée à un petit bassin et à une rigole, renforçant l’hypothèse d’une fonction de type artisanal ou marchand à l’arrière du bâtiment et à l’instar d’un marché.

13Dans le même secteur, un bassin, couvert ou non, correspond peut-être à la fontaine de la ville initiale. Il s’agit d’une structure circulaire dominée par deux caniveaux en pierre. L’eau ainsi convoyée se jette dans un caniveau de même nature longeant de part et d’autre et en périphérie le fond du bassin, visiblement destiné à l’évacuation des eaux par deux fentes verticales opposées. L’ensemble est couvert d’un épais enduit qui ne semble pas hydraulique à première vue  : l’eau est faite pour se déverser sans y rester. Un accès latéral par un emmarchement mène au sol caladé, permettant d’y circuler. Le matériel de comblement, homogène, attribuable au xviie voire au début du xviiie s., signe le moment de la mise en place de la maison.

14Il a également été possible d’observer le mode de développement du quartier moderne sur le parcellaire médiéval (interprétable grâce au cadastre napoléonien de 1835), mais aussi différents systèmes d’évacuation ou de récupération des eaux, nécessité due aux sources et à la pente sur lesquelles s’installe le quartier mais aussi au caractère imperméable de l’argile du substrat (égouts, caniveaux, canalisations, puisard, puits, bassin, fontaine, fossés, drains…).

15La céramique, locale, est inconnue à ce jour. Le répertoire médiéval, utilitaire, livre des ustensiles culinaires ou de stockage, notamment liés à l’eau. La céramique moderne, majoritairement de la vaisselle de présentation, reste dans un registre relativement peu varié et témoigne encore de la suprématie des produits d’origine locale, avec notamment le voisinage de Saint-Jean-de-Fos et ses céramiques colorées.

Clermont-l’Hérault, plan général de la fouille du quartier de Gorjan.

Clermont-l’Hérault, plan général de la fouille du quartier de Gorjan.

Topographie G. Marchand, relevé A. Huser, DAO S. Barbey.

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Table des illustrations

Titre Clermont-l’Hérault, plan général de la fouille du quartier de Gorjan.
Crédits Topographie G. Marchand, relevé A. Huser, DAO S. Barbey.
URL http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/9812/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 539k
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Pour citer cet article

Référence papier

Astrid Huser, « Clermont-l’Hérault (Hérault). Quartier de Gorjan »Archéologie médiévale, 43 | 2013, 168-169.

Référence électronique

Astrid Huser, « Clermont-l’Hérault (Hérault). Quartier de Gorjan » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 43 | 2013, mis en ligne le 15 mai 2018, consulté le 17 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/9812 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.9812

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Astrid Huser

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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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