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Éditorial [Traversées des territoires]

Dominique Garcia
p. 2-3

Texte intégral

1Dans le sillage des travaux de Fernand Braudel et de l’école des Annales, l’archéologue, à l’instar de l’historien, s’est progressivement soustrait aux contingences des phases chronologiques réduites pour affronter le temps long et renouveler ses problématiques. Ainsi, par un regard nouveau et riche porté sur l’économie, la culture et la société, les événements historiques les plus marquants ont été contextualisés, voire objectivés.

2S’il a paru presque aisé à des spécialistes de la culture matérielle de développer des approches diachroniques, la notion de site – empruntée à la géographie – et celle de gisement – issue de la minéralogie – ont limité les analyses spatiales. Fréquemment, même avant la fouille, la perception que se faisait le chercheur du gisement et du site, les contraintes administratives et matérielles, la taphonomie et d’autres paramètres ont brouillé le terrain de recherche et transformé l’objet d’étude (les sociétés passées) en étude des objets (artefacts et écofacts). Bien souvent, l’approche stratigraphique rigoureuse et l’insertion des découvertes dans un cadre régional élargi n’ont pas suffi pour percevoir les dynamiques spatiales des communautés rurales ou urbaines, l’évolution du milieu, l’impact de l’humain sur son environnement : les terrains d’interventions étaient trop limités voire inappropriés.

3Paradoxalement, il a fallu que l’archéologue soit contraint par le développement des travaux d’aménagement du territoire – et en particulier par les travaux de linéaires (autoroutiers, ferroviaires, gaziers ou autres…) – pour aborder d’un point de vue nouveau les limites spatiales des sites, voire développer une archéologie inter-sites. Les explorations linéaires deviennent des transects au sens strict du terme : un espace en ruban où des phénomènes, en l’occurrence anthropiques, peuvent être analysés et mis en perspective. À terme, ils constituent même des référentiels qui autorisent le réexamen de données recueillies sur des espaces limités et la redéfinition des réseaux territoriaux.

4Dans un récent ouvrage (Archéologie du territoire en France, 8000 ans d’aménagements, Paris, La Découverte-Inrap, 2013), Vincent Carpentier et Philippe Leveau présentent les principes et les premiers acquis d’une « archéologie de l’aménagement » afin de montrer comment les populations passées ont su gérer un milieu et un espace, à une époque et dans un contexte technique et culturel déterminés : cours d’eau, montagnes, littoraux… ou villes. Aujourd’hui, dans notre pays, le nombre de « grands travaux » d’aménagements programmés est limité, pour des raisons – par exemple – de coût (autoroutes et contournements routiers), ou encore parce que le réseau actuel a atteint un niveau opérationnel satisfaisant (gazoducs). Cependant, de la reprise annoncée de la construction du canal Seine-Nord Europe – immense corridor destiné à des embarcations de fort gabarit – au projet du Grand Paris Express – réseau de création ou d’extension de lignes de métro autour de Paris –, divers aménagements linéaires nouveaux devront être précédés d’approches archéologiques afin de recueillir des données patrimoniales, mais aussi d’écrire et de partager avec un plus grand nombre l’histoire de ces territoires en mutation.

5C’est avec l’ambition de présenter un des «  dossiers  » les plus novateurs et les plus spectaculaires découlant de la mise en œuvre de la législation sur l’archéologie préventive que ce numéro hors-série d’Archéopages met en avant différentes expériences menées ces dernières décennies sur des linéaires urbains, péri-urbains ou ruraux. Dans un échange intelligent et concerté avec les services prescripteurs et les aménageurs, l’Inrap et ses partenaires du pôle public désignent ainsi l’archéologie préventive comme une démarche responsable usant d’outils performants et renouvelant sans cesse ses problématiques.

Tracés linéaires de tous types ayant donné lieu à des opérations archéologiques assurées par l’Afan puis par l’Inrap.

Tracés linéaires de tous types ayant donné lieu à des opérations archéologiques assurées par l’Afan puis par l’Inrap.

DAO : G. Fernandez

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Table des illustrations

Titre Tracés linéaires de tous types ayant donné lieu à des opérations archéologiques assurées par l’Afan puis par l’Inrap.
Crédits DAO : G. Fernandez
URL http://journals.openedition.org/archeopages/docannexe/image/6967/img-1.png
Fichier image/png, 388k
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Pour citer cet article

Référence papier

Dominique Garcia, « Éditorial [Traversées des territoires] »Archéopages, Hors-série 4 | 2016, 2-3.

Référence électronique

Dominique Garcia, « Éditorial [Traversées des territoires] »Archéopages [En ligne], Hors-série 4 | 2016, mis en ligne le 08 juillet 2022, consulté le 18 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/archeopages/6967 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeopages.6967

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Auteur

Dominique Garcia

Président de l’Inrap

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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