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Comptes rendus

Johanna Dale, Inauguration and Liturgical Kingship in the Long Twelfth Century: Male and Female Accession Rituals in England, France and the Empire

Alejandro García Morilla
p. 151-152
Référence(s) :

Johanna Dale, Inauguration and Liturgical Kingship in the Long Twelfth Century: Male and Female Accession Rituals in England, France and the Empire, Woodbridge, York Medieval Press, 2019.

Texte intégral

1L’apparition de ce travail sur l’intronisation et le couronnement liturgique des rois en Angleterre, France et Allemagne au xiie s. est une grande satisfaction pour l’historiographie médiévale et pour les spécialistes du haut Moyen Âge. Nous avons une double raison de nous satisfaire. D’une part, il s’agit d’une étude interdisciplinaire portée sur les trois royaumes, vecteurs de l’accumulation des changements qui se produisent au cours du siècle, produisant une comparaison des différentes tendances historiographiques des historiens de chaque pays. D’autre part, un nouveau point de vue en émerge qui revendique l’importance du sacré de la politique médiévale dans cette période alors que cela a souvent été considéré comme un aspect non pertinent.

2L’a., Johanna Dale, a été formée au département d’allemand de l’Université de Cambridge et au département d’histoire de l’Université de Heidelberg. En 2016, elle est devenue stagiaire en post-doctorat à l’UCL histoire de l’Académie britannique. Ses recherches ont porté sur l’histoire politique et culturelle de l’époque médiévale. Son doctorat comprenait une étude comparative de l’influence de la liturgie du couronnement en images de la royauté en Angleterre, la France et l’Empire, c. 1050-c. 1250, l’amorce du travail discuté aujourd’hui. Aujourd’hui, elle poursuit cette approche transnationale du passé médiéval à travers une enquête sur le culte influent de San Oswald, roi de Northumbrie au viie s., qui est devenu un saint de grande importance dans la période médiévale d’Europe centrale. J. Dale édite également une collection d’essais avec des collègues en Belgique et en Pologne sur l’héritage d’Ernst Kantorowicz et la relation entre la liturgie et la politique dans l’Europe du Moyen Âge.

3Sa recherche porte principalement sur le soi-disant large xiie s., qui comprend les 150 ans qui vont de 1070 à 1220, selon notre auteur. L’attention de celle-ci était basée sur une transformation essentielle de cette étape : la démystification progressive de la monarchie. Comme elle nous met en garde, la modernisation de la royauté, ainsi que le mouvement de réforme ecclésiastique, ont été considérés comme la mort pour la royauté sacrée. Il a été compris, jusqu’à la publication de cette monographie, que le maintien des rituels liturgiques dans l’intronisation avait été conservé que pour préserver l’inertie des vieilles habitudes, mais leur contenu liturgique était devenu moins important. La diminution progressive de la mission divine avec des rythmes différents selon l’évolution historiographique des pays analysés justifie la pertinence des études comparatives qui utilisent des méthodes similaires pour l’étude et l’interprétation des différentes sources.

4Cependant, J. Dale offre au lecteur une approche novatrice et une méthodologie innovante qui confronte les traditions historiographiques des trois royaumes réinterprétant les sources et offrant une nouvelle perspective sur cette réalité. Par conséquent, il est logique de démontrer et de valoriser la pertinence de la cérémonie liturgique permettant l’accès du roi au pouvoir. Au contraire de ce qu’il peut sembler a priori, il ne s’agit pas de nier les changements qui se produisent à ce stade, mais de réinterpréter certaines des conclusions construites à tort par l’historiographie moderne. L’a. souligne l’importance de dépasser les vues traditionnelles sur le sujet, qui posent une limite à l’obersvation de la vraie réalité du Moyen Âge.

5En ce sens, la nouveauté réside dans la description de la continuité carolingienne adaptée et réinterprétée au cours de ce long xiie s. assurant le rôle central de la liturgie dans la culture politique.

6À cette fin, trois types de sources sont combinés dans les pays étudiés : les textes liturgiques, les chartes et les histoires narratives. Cela garantit la recherche d’informations de premier ordre suffisantes pour justifier les résultats. En effet, compte tenu de l’abondance des sources, il est nécessaire de bien délimiter le contexte et de croiser les données issues de chacun des pays qui tentent d’établir des analogies, des différences et des convergences. J. Dale veut montrer, et montre que la réalité d’interprétation de ces sources dépendait de l’endroit où se placent les sujets d’étude des chercheurs. Par ex., dans le cas français, l’approche sociale est dominante, alors que l’Angleterre a renforcé le développement institutionnel et que l’Allemagne a donné la priorité aux sources narratives.

7L’organisation du livre se déroule autour de la liturgie de l’intronisation et du couronnement. J. Dale précise que cette cérémonie est la preuve la plus claire de la royauté liturgique. Ce n’est pas une étude descriptive de la cérémonie d’intronisation des rois, mais une approche comparative basée sur une réalité commune, un certain nombre de changements similaires chronologiquement dans les trois royaumes. La fin de cette étape se situe au milieu du xiiie s. quand notre auteur montre que ces liturgies restées inchangées, commencent à évoluer.

8Les chap. 1 et 2 sont dédiés à la liturgie de la cérémonie de consécration. Ils commencent par une discussion sur l’histoire de l’érudition liturgique. L’a. établit un lien conceptuel entre les sacrements de la consécration du mariage et les textes. La dernière partie de ces deux chapitres est réservée à mettre en évidence le fait que la conservation des formules dans les rituels ne dispense pas d’une mise à jour sur l’interprétation de celles-ci. Il y a en effet une adaptation au nouveau contexte.

9Les chapitres 3 et 4 sont consacrés aux sources narratives, aux annales et aux chroniques principalement. L’a. cherche soigneusement les mentions et les descriptions sur la consécration des rois. Si, en général, ces descriptions-là ont été considérées comme superficielles, pour notre auteur, elles deviennent essentielles et lui apportent des données, c’est-à-dire, des éléments qui, à ce moment-là étaient considérés comme les plus importants par rapport au cérémonial. Donc, au troisième chapitre, elle présente les personnages qui participent à la cérémonie dans les lieux de célébration et, au quatrième, la langue et la datation. En conclusion sur ces aspects-là : tout d’abord, ces cérémonies ressemblent à d’autres cérémonies religieuses pour lesquelles on choisit les jours saints ou les festivités signalées pour la célébration ; en second lieu, le rituel et le symbolisme sont étroitement liés à la consécration des églises.

10Le chapitre 5 est consacré à une sorte d’étude interdisciplinaire. Il commence par une discussion sur l’approche qui a été accordée à cette question dans chacun des trois pays et le rôle de premier plan joué par les chartes médiévales à cet égard. Puis, suivant le modèle précédent, il nous donne une proposition méthodologique pour l’étude de ces sources. Une attention particulière aux éléments de validation ou de l’authenticité des documents est fournie. Ils sont axés sur le protocole du cérémonial liturgique et la grande quantité d’informations fournies par ces célébrations.

11Tout ce travail nous montre la capacité de l’a. à remarquer les similitudes du concept de royauté à l’intérieur des trois royaumes, en interprétant correctement certains aspects qui, a priori, semblaient bien différents. Elle démontre qu’il y a un cadre liturgique partagé par les trois royaumes jusqu’aux années 20 du xiie s., malgré les différences naturelles. Notre auteur a remarqué, avec plusieurs arguments, la persistance de conceptions liturgiques au sein de la royauté pendant le xiie s. dont le rituel a su évoluer dans le contexte des cultures politiques juridiques et administratives.

12Pour terminer, nous utiliserons ces derniers mots de l’a. qui, à notre avis, sont particulièrement éclairants :

13« Quand les chanteurs de l’Angleterre, la France et l’Empire ont parlé du “Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat”, ils étaient convaincus que les monarques qui régnaient vantaient l’image du Christ Roi ».

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Pour citer cet article

Référence papier

Alejandro García Morilla, « Johanna Dale, Inauguration and Liturgical Kingship in the Long Twelfth Century: Male and Female Accession Rituals in England, France and the Empire »Cahiers de civilisation médiévale, 254 | 2021, 151-152.

Référence électronique

Alejandro García Morilla, « Johanna Dale, Inauguration and Liturgical Kingship in the Long Twelfth Century: Male and Female Accession Rituals in England, France and the Empire »Cahiers de civilisation médiévale [En ligne], 254 | 2021, mis en ligne le 01 juin 2021, consulté le 17 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/ccm/7363 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ccm.7363

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Auteur

Alejandro García Morilla

Université internationale Isabel I –Institut d’études médiévales (ULE)

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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