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AccueilLes numéros52EntretienEntretien avec Gino Gramaccia

Texte intégral

1Gino Gramaccia, professeur émérite en Sciences de l’information et de la communication, est membre du groupe MICA (Médiations, Informations, Communication, Arts) de l’Université Bordeaux Montaigne) sur l’axe COS (Communication, Organisation et Société). Il est membre de la direction éditoriale de la revue « Communication et Organisation » depuis 2004 et de la Revue Française des sciences de l’information et de la communication (RFSIC) depuis 2011.

  • 1 Valérie Carayol a donné un entretien à propos de la revue en 2016. « La revue Communication & Organ (...)

2Gino Gramaccia, directeur éditorial de la revue Communication et Organisation, dirigée par Valérie Carayol1, coordonne aujourd’hui son dernier numéro. Le dossier porte sur le thème : Communauté, sociabilité et bien commun : approche internationale. La coordination est assurée par Ivone de Lourdes Oliveira (Pontificia Université Catholique de Minas Gerais – PUC-MG, Belo Horizonte, Ângela Salgueiro Marques (Université Fédérale de Minas Gerais – UFMG, Belo Horizonte) et Nicole d’Almeida, GRIPIC, Université Paris-Sorbonne.

3Tout au long de ces treize années, il a suivi, géré, contrôlé la « fabrique » de près de trente numéros de la revue. Choix des dossiers thématiques et suivi des rubriques régulières, dialogue permanent avec les auteurs et les relecteurs ainsi qu’avec les personnes chargées de la composition, du montage et de la vente sur les supports tant papier que numérique. Un travail conséquent qui au final s’avère payant puisque la consultation de la revue ne cesse de croître année après année pour devenir un des « best-sellers » de la plateforme de revues en ligne Cairn et Revue.org… Un retour sur ce cheminement s’imposait. C’est l’objet de cet entretien.

Peut-on revenir sur l’histoire de cette revue ?

  • 2 Valérie Carayol, Gino Gramaccia (Dir.), Abécédaire – Vingt ans de recherches et de publications en (...)

Je tiens à rappeler que cette revue a été fondée en 1992 par le Professeur Hugues Hotier, alors directeur du GREC/O – Université Bordeaux III (devenue Bordeaux-Montaigne). J’aimerais citer ce qu’écrit mon ami Hugues dans sa préface à notre ouvrage collectif Abécédaire – Vingt ans de recherches et de publications en communication des organisations publié en 2013 à l’occasion des vingt ans de la revue. Ce projet éditorial avait pour objectif – et c’est toujours vrai aujourd’hui – « de rassembler les réflexions scientifiques en communication organisationnelle jusque-là éparpillées dans des publications relevant d’autres disciplines : psychologie, sociologie, sciences de gestion2 ». En 2010, à l’initiative de Valérie Carayol, directrice de publication, la revue est publiée par les Presses Universitaires de Bordeaux et investit alors la sphère numérique avec le passage sur Cairn et Revues.org. C’est une étape majeure dans la vie de la revue.

Je rappelle également que cette aventure éditoriale est contemporaine de la création, par Christian Le Moënne (Université Rennes 2) du groupe de la SFSIC Org & Co, qui aura eu, au même titre que le GREC/0, une part très active dans l’animation scientifique de nos spécialités scientifiques (colloques, publications…). Ce groupe est toujours très dynamique aujourd’hui.

La revue « Communication et Organisation » est une des revues les plus consultées sur Cairn et Revues.org. Comment expliquer cet intérêt ?

Les consultations numériques augmentent tous les ans pour passer de 2 000 visites par mois en 2011, à 44 000 visites par mois en 2014 puis, en 2017, à 80 000 visites par mois réparties sur 51 000 visiteurs différents, soit 541 600 visiteurs pour novembre 2017. Il est important de rappeler que nous nous conformons, depuis l’origine, aux critères d’une revue scientifique (double relecture anonyme), un comité éditorial et un comité de lecture, comités bien sûr au profil international. À la visibilité-accessibilité s’ajoute la réputation scientifique puisque nous figurons sur la liste des revues reconnues par le HCERES et le CNU.

La revue bénéficie à présent d’un nombre de numéros conséquent : c’est dire que les lecteurs peuvent s’appuyer sur de nombreux dossiers pour nourrir leurs réflexions. La longévité de Communication et Organisation est un facteur supplémentaire pour expliquer l’importance de son lectorat.

  • 3 « Le monde commun est ce qui nous accueille à notre naissance, ce que nous laissons derrière nous e (...)

Faire « Monde commun » peut s’entendre comme faire « œuvre commune », une œuvre capable de transcender le temps et les hommes qui l’ont constitué 3. « Communication et organisation » existe depuis 25 ans, elle participe à la mise en place d’une spécialité de recherche. Comment réalise-t-on cet objectif, année après année, autour d’une revue qui couvre un spectre de thématiques aussi large ?

Coordonner un numéro de revue n’est pas une affaire personnelle, c’est un collectif de travail qu’il faut organiser, un collectif où les rôles sont parfaitement distribués et compris. Le travail du rédacteur en chef consiste à synchroniser ces rôles, à gérer les éventuels incidents, de la proposition des dossiers à la publication sur papier et en ligne. C’est un aspect du travail. L’autre aspect consiste à impulser le désir de proposer des dossiers, des articles, des analyses sur des sujets en lien avec les problématiques du ressort de la revue. Communication et Organisation est une revue spécialisée, mais pour autant pluridisciplinaire, ou plutôt, « plurithématique ». Le paradoxe n’est qu’apparent. Elle est au croisement de plusieurs problématiques de recherche en sciences de l’information et de la communication, par ailleurs traitées par d’autres disciplines, comme l’anthropologie, la sociologie, la psychologie, la sémiotique, les sciences de gestion… Et parmi les grands objets, on peut noter : la réputation, la communication interne, la communication publique, la gestion des risques et de l’urgence, la performance, l’individu au travail, la souffrance, la culture de l’information… L’organisation est regardée comme objet complexe et pluriel, mais aussi archétypique, autour d’un axe fondamental, la communication.

De telles approches interpellent autant les chercheurs que les professionnels de l’entreprise. Chacun y trouve matière à réfléchir sur sa pratique, à imaginer ce qui, au-delà des postures critiques ou, à l’inverse, normatives, peut, dans les mondes organisationnels faire monde commun… On « sent l’air du temps », on prend la mesure des changements comme reflet sociétal d’une époque. Ce qui est bien sûr la meilleure manière d’anticiper… Parce qu’il est outillé, le chercheur analyse les mouvements du monde et se trouve en capacité d’éclairer l’avenir grâce aux concepts théoriques sur lesquels il s’appuie pour formuler des problématiques, des hypothèses, pour en tirer des conclusions anticipatrices. C’est ce retour, tant théorique que pratique qui est finalement apprécié.

L’économie de la connaissance favorise le croisement entre chercheurs d’institutions différentes, la transversalité des thèmes, la reconfiguration des espaces et des organisations… Peut-on dire que la revue répond à cet objectif ? Comment a-t-elle gardé sa cohérence ?

Toute vision scientifique est une vision utopiste. Tout projet vise à créer un lieu qui n’existe pas encore, mais qui va naître et se développer sous nos yeux parce que nous l’aurons voulu et parce que nous aurons pris ensemble la responsabilité de sa création. Notre monde commun s’est de plus en plus ouvert et internationalisé. Nous avons créé des chemins de traverse, des liens, des ponts et des tunnels entre les préoccupations scientifiques et professionnelles. Nous sommes désormais capables d’aller chercher des partenaires partout dans le monde pour imaginer ensemble, pour créer des problématiques nouvelles et de nouveaux lieux. Mais ce n’est pas si simple. Il faut aménager ces chemins de traverse à travers des espaces, des préoccupations qui ne sont pas forcément homogènes, il n’est pas toujours facile de se mettre d’accord, surtout dans un domaine aussi vaste que celui de la communication des organisations.

  • 4 Valérie Carayol et Gino Gramaccia, «  Recherches émergentes en communication des organisations », C (...)

C’est pour cette raison que nous avons choisi l’espace francophone pour internationaliser la revue. Le numéro 47 de 2015, « Recherches émergentes en communication des organisations »4, montre qu’en vingt ans nous sommes restés cohérents et fidèles à notre engagement. C’est cette fidélité qui nous a permis de garder le cap parmi tous les chemins de traverse que nous empruntons.

Une nouvelle équipe prend le relais, donc ?

Bien sûr et avec beaucoup d’énergie ! Mes collègues du MICA (équipe Communication-Organisation-Société), Aurélie Laborde, Nadège Soubiale, Martine Versel sont porteuses de projets d’innovation majeurs, notamment la création d’une plateforme pour la gestion numérique des soumissions et relectures des propositions d’articles. L’aventure continue, le projet se poursuit, innove dans la forme, mais l’essentiel, faire œuvre commune, demeure le lien fondamental qui nous lie et nous relie…

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Notes

1 Valérie Carayol a donné un entretien à propos de la revue en 2016. « La revue Communication & Organisation », Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne], 9 | 2016, mis en ligne le 01 septembre 2016, consulté le 15 novembre 2017. URL : http://rfsic.revues.org/2455.

2 Valérie Carayol, Gino Gramaccia (Dir.), Abécédaire – Vingt ans de recherches et de publications en communication des organisations, Presses Universitaires de Bordeaux, 2013

3 « Le monde commun est ce qui nous accueille à notre naissance, ce que nous laissons derrière nous en mourant. Il transcende notre vie aussi bien dans le passé que dans l’avenir ; il était là avant nous, il survivra au bref séjour que nous y faisons. Il est ce que nous avons en commun non seulement avec nos contemporains, mais aussi avec ceux qui sont passés et avec ceux qui viendront après nous », Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne, Pocket Agora, 1983, p. 95.

4 Valérie Carayol et Gino Gramaccia, «  Recherches émergentes en communication des organisations », Communication et organisation [En ligne], 47 | 2015, mis en ligne le 19 octobre 2015, consulté le 14 novembre 2017. URL : http://communicationorganisation.revues.org/4866.

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Pour citer cet article

Référence papier

Alia Benharrat, « Entretien avec Gino Gramaccia »Communication et organisation, 52 | 2017, 233-236.

Référence électronique

Alia Benharrat, « Entretien avec Gino Gramaccia »Communication et organisation [En ligne], 52 | 2017, mis en ligne le 01 décembre 2020, consulté le 29 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/communicationorganisation/5784 ; DOI : https://doi.org/10.4000/communicationorganisation.5784

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Auteur

Alia Benharrat

Alia Benharrat est Responsable pôle documentaire langues et civilisations université Bordeaux Montaigne ; alia.benharrat@u-bordeaux-montaigne.fr

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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