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2019

Lewis Baltz, Lewis Baltz : textes

Stewen Corvez
Lewis Baltz : textes
Lewis Baltz, Lewis Baltz : textes

Strasbourg : Haute école des arts du Rhin, 2019, 238p. ill. 19 x 12cm, (Que dit l’artiste ?)

ISBN : 9791095050117. _ 18,00 €

Préf. d’Anne Bertrand, Matthew S. Witkovsky

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Texte intégral

1Lewis Baltz est photographe. Mais pas seulement. Le recueil, simplement intitulé Textes, réunit vingt écrits de sa plume qui illustrent le fait que pour lui, l’écriture n’est pas qu’un simple exercice. Si la plupart des sujets traités tournent autour de la photographie, de son histoire, le propos dépasse bien souvent le factuel pour se concentrer sur des considérations profondes. Lewis Baltz a la particularité d’être autant un « artiste critique » qu’un « critique artiste ». En somme, quand il parle de ses congénères, il en parle pour construire une pensée, un regard. La photographie telle qu’il la saisit dans ses textes ne se résume pas à des questions esthétiques ou artistiques. Il voit au-delà de son seul domaine. Parler de la photographie de paysage lui permet de s’interroger sur l’industrialisation des villes, leur naissance, la place de l’homme dans la nature et les rapports qu’il entretient avec elle. C’est aussi une histoire sociale. Lorsqu’il évoque le parcours de Walker Evans, c’est pour nous faire vivre l’Amérique profonde, faire dériver le regard que l’on porte sur une partie oubliée de la population qui accède peu à la culture (« Le Plus américain des photographes », p. 31-42). On est également étonné par la manière dont Lewis Baltz a été capable de saisir les enjeux de la profusion des images dans le monde d’aujourd’hui. Même s’il ne parle jamais d’Internet directement, il se place aisément dans la continuité de la réflexion entamée par Walter Benjamin dans L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique qu’il ne manque pas de citer. Le photographe auteur parle aussi de son propre travail sous l’angle biographique. On est d’ailleurs saisi par le long texte « The Deaths in Newport » (p. 100-121) qui est une plongée dans une sombre histoire de meurtre dans laquelle son propre père a été impliqué en tant que légiste. Il livre une réflexion sur la mémoire, sur ce qu’elle devient, sur la perception du réel, mais aussi sur la place du criminel dans notre société. Dans le domaine de l’image, Lewis Baltz s’intéresse bien évidemment au cinéma et c’est avec une grande lucidité qu’il nous parle de Vertigo [Sueurs froides] d’Alfred Hitchcock (« Un Film sur Kim Novak », p. 175-188). Malgré la dimension fragmentaire d’un tel ouvrage, on ne peut que saluer la capacité de l’auteur à saisir les dimensions philosophiques, historiques, artistiques et sociales des domaines qu’il aborde.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Stewen Corvez, «  Lewis Baltz, Lewis Baltz : textes », Critique d’art [En ligne], Toutes les notes de lecture en ligne, mis en ligne le 27 mai 2020, consulté le 19 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/critiquedart/47112 ; DOI : https://doi.org/10.4000/critiquedart.47112

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