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2018

Dockers à Nantes : l’expérience des itinéraires

Stewen Corvez
Dockers à Nantes : l’expérience des itinéraires
Dockers à Nantes : l’expérience des itinéraires

Annecy : Ecole supérieure d’art de l’Agglomération d’Annecy ; Nantes : Ecole nationale supérieure d’architecture de Nantes, 2018, 132p. ill. en noir et en coul. 30 x 23cm

Biogr.

ISBN : 9791091505192. _ 20,00 €

Sous la dir. de Didier Tallagrand, Nicolas Tixier, Maïlys Toussaint. Textes de Jean-Yves Petiteau, Bernard Renoux

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Texte intégral

1Au premier abord, ce livre de Jean-Yves Petiteau, sociologue (mort en 2015), et Bernard Renoux, photographe, semble très singulier. Il résulte d’une méthode mise en place par Jean-Yves Petiteau suite à une commande institutionnelle nommée Itinéraires. Il s’agit d’une forme de collectage de récits qui donne place à un développement proche de la psychanalyse. Le rôle de l’interrogateur n’est pas de poser des questions ou d’orienter la conversation, mais de mettre l’interrogé dans des conditions propices à la liberté de parole. Ce sont les lieux, les territoires qui induisent le contenu. L’ouvrage est scindé en trois parties. La première décrit précisément la démarche, en insistant sur les implications théoriques. La dernière revient sur cette démarche, mais elle est plus historique, plus contextuelle. Entre les deux, on découvre les itinéraires, des bouts de récits assemblés à la manière d’un montage cinématographique. Sans surprise, Dockers à Nantes croise le récit de trois dockers nantais : Dany Rose, Le Grand Desbois et Serge Eliard. On les rencontre deux fois. Une première fois entre 1990 et 1992 et une seconde en 2013. De ces entretiens, on apprend à quel point le métier de docker (que j’ai manqué d’orthographier avec une majuscule à plusieurs reprises – est-ce un nom si commun ?) est à part. On peut être salarié, mais on commence nécessairement par être « intermittent ». Un journalier, qui doit venir chercher son travail chaque jour à 5 h 30 du matin. Plusieurs jours de retard, et l’on prend le risque de ne plus être recruté. Ce qui frappe le plus, c’est l’aspiration à la liberté de ces hommes. Malgré le danger, la mort qui rôde, l’instabilité du métier (la première série d’itinéraires intervient après une réforme du statut des dockers due à Jean-Yves Le Drian, alors secrétaire d’État à la mer dans le gouvernement d’Édith Cresson), ils sont attachés à ce métier. Mais ce sont des hommes lucides sur la situation, sur l’évolution du métier. Et comme le dit si bien Dany Rose dans l’itinéraire de 2013 : « Ce sera une autre vie, il n’y aura plus de dockers » (p. 87).

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Pour citer cet article

Référence électronique

Stewen Corvez, « Dockers à Nantes : l’expérience des itinéraires », Critique d’art [En ligne], Toutes les notes de lecture en ligne, mis en ligne le 27 mai 2020, consulté le 19 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/critiquedart/47123 ; DOI : https://doi.org/10.4000/critiquedart.47123

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