Danielle Child, Working Aesthetics: Labour, Art and Capitalism
Londres : Bloomsbury, 2019, 222p. ill. 22 x 14cm, (Radical Aesthetics – Radical Art), eng
Bibliogr. Index
ISBN : 9781350022393
Texte intégral
1L’ouvrage de Danielle Child s’applique à mettre en lumière les relations complexes qui unissent l’art contemporain au travail en régime capitaliste. La thèse centrale du livre est qu’à mesure qu’une part croissante de l’économie néolibérale, depuis les années 1980-1990, se calque sur des valeurs associées au monde de l’art (créativité, innovation, engagement moral et affectif dans le travail), l’activité artistique ne peut plus être pensée comme un envers ou un au-delà du travail. Elle en est au contraire pleinement partie prenante, et peut même apparaître comme son reflet saisissant. Cet amalgame entre activité artistique et conception néolibérale du travail est à la fois une faillite et un levier. Une faillite, car l’art contemporain est plus susceptible que jamais de reproduire, et même d’amplifier en son sein, les logiques d’exploitation du capitalisme. Un levier, car il est désormais en position de performer réellement le travail, et non plus de le représenter, de le mimer depuis une position d’extériorité. Sa capacité d’action critique pourrait s’en trouver renouvelée. Cette thèse est développée à travers six chapitres qui s’articulent chacun autour de l’étude approfondie d’une œuvre ou d’une démarche artistique (Thomas Hirschhorn en « project manager », une performance du collectif Rimini Protokoll, ou le groupe d’artistes-hackeurs etoy, par exemple), mise au regard d’une contribution théorique (le « nouvel esprit du capitalisme » de Luc Boltanski et Eve Chiapello, la notion de « travail immatériel » de Maurizio Lazzarato, développée par Antonio Negri et Michael Hardt, ou encore le « travail digital » théorisé par Christian Fuchs). En ce sens, le livre propose non seulement des analyses bien documentées de pratiques artistiques, mais aussi un parcours éclairant à travers les grands textes sociologiques, philosophiques et politiques qui ont renouvelé la compréhension du capitalisme dans les dernières décennies. Danielle Child apparaît ainsi comme l’une des représentantes, aux côtés de Dave Beech par exemple, d’un courant théorique et critique très actif en Grande-Bretagne et au-delà, revendiquant une approche matérialiste et engagée, résolument (post)marxiste.
Pour citer cet article
Référence électronique
Sophie Cras, « Danielle Child, Working Aesthetics: Labour, Art and Capitalism », Critique d’art [En ligne], Toutes les notes de lecture en ligne, mis en ligne le 30 novembre 2021, consulté le 29 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/critiquedart/67667 ; DOI : https://doi.org/10.4000/critiquedart.67667
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