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Alimentation

La représentation des femmes dans la société française à travers les publications du Cédus (années 1960-1980)

Women’s representation in French society through the Cédus (the Sugar Studies and Documentation Centre) business publications (1960-1980)
La representación de la mujer en la sociedad francesa a través de las publicaciones del Cedus (1960-1980)
Amandine Dandel
p. 73-85

Résumés

Le Cédus, le lobby de la filière sucre en France, utilise à ses fins communicationnelles les représentations féminines liées au produit sucre. Des années 1960 aux années 1980, trois périodes se dégagent pour appréhender l’image sociétale du sucre. La première voit le sucre considéré comme l’aliment énergétique par excellence, la deuxième, la surconsommation de sucre comme étant à risque pour la santé, et la dernière, le sucre comme étant une grande source de calories, facteur de prise de poids. Parallèlement, les femmes se trouvent attaquées sur leur corps : dès les années 1960, la minceur féminine devient plus profondément synonyme de beauté. C’est à fois la séduction des femmes et la santé des hommes qui se trouvent en jeu dans la consommation de sucre. Ce dernier apparaît comme un marqueur de genre.

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Texte intégral

1Chignon, robe crayon et collier de perle, la mère, d’un tour de magie permis par le sucre, transforme une coupe de fruits en charlotte, sous les yeux gourmands de son enfant. Telle est la publicité du Centre d’études et de documentation pour l’utilisation du sucre (Cédus), pour sa campagne publicitaire de l’hiver 1964-1965.

  • 1 Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, Paris, Gallimard, 1949, p. 20.

2À partir des campagnes publicitaires du Cédus il est possible de suivre l’évolution conjointe de cette catégorie féminine et de ce condiment, le sucre sur les décennies 1960-1980. Si le saccharose est un, regrouper toutes les femmes en un seul ensemble homogène est chose impossible et réductrice. Comme le note Simone de Beauvoir, « elles n’ont pas de passé, d’histoire, de religion qui leur soit propre1 ». Cependant, la vision binaire de la société les enferme dans une catégorie en opposition avec les hommes.

  • 2 Joseph Wintrebert, « Un exemple de promotion des ventes d’un produit agricole : le sucre », Économ (...)
  • 3 Bernard Pellegrin, Sucre : enquête sur l’autre poudre, Paris, Tallandier, 2017, p. 45.
  • 4 Jean Meynaud, « Les groupements de défense des consommateurs », Revue économique, 12/2, 1961, p. 1 (...)

3Le Cédus, créé en 1950, est un organisme issu de l’Institut de propagande de l’interprofession sucrière lui-même créé en 19322. Cette interprofession est composée des planteurs de betteraves et des fabricants de sucre français3. Au début des années 1960, le Centre d’études « rassemble la Confédération générale des planteurs de betteraves [CGB], le Syndicat national des fabricants de sucre [SNFS], les organisations syndicales des producteurs de sucre des territoires d’Outre-Mer [et] la Chambre syndicale des raffineurs de sucres4 ». Son propos est de promouvoir son produit, le sucre, dans le cadre de la consommation humaine. Il intervient particulièrement dans deux domaines que sont la publicité et la documentation pédagogique.

  • 5 Jean Meyer, Histoire du sucre, Paris, Desjonquères, 1989, p. 316.
  • 6 Claude Fischler, « Les images changeantes du sucre : saccharophilie et saccharophobie », Journal d (...)

4D’après Jean Meyer, « le xxe siècle est celui de l’extension du goût du sucré, du besoin du sucré à l’ensemble de l’humanité5 ». Le développement du goût pour les nourritures douces s’accompagne d’images changeantes pour le produit sucre. Dans le dernier quart du xxe siècle, il devient un produit suscitant la méfiance sur sa consommation. Claude Fischler nomme ce rejet « saccharophobie6 ».

  • 7 Jean Meyer, Histoire du sucre, op. cit.
  • 8 Maud Villeret, Le goût de l’or blanc : le sucre en France au xviiie siècle, Rennes, Presses univer (...)
  • 9 Mohamed Ouerfelli, Le sucre : production, commercialisation et usages dans la Méditerranée médiéva (...)

5Pour l’appréhension de l’objet sucre, Jean Meyer, spécialiste de l’organisation politique, sociale et maritime de la France et de l’Angleterre, est la référence historiographique sur le sujet avec son Histoire du sucre7, publiée en 1989, où il fait de l’or blanc un acteur majeur de l’histoire. Lorsque l’Histoire s’intéresse au sucre, elle revêt une approche économique. Rien de plus naturel à cela, le sucre, primordialement de canne, denrée « exotique », est étroitement mêlé à la navigation, et par-delà, au commerce, aux échanges entre les hommes, les civilisations. Propos traité notamment dans Le goût de l’or blanc de Maud Villeret – par ailleurs codirectrice de l’ouvrage La diffusion des produits ultramarins en Europe. xviie-xviiie siècle8 – et dans Le sucre : production, commercialisation et usages dans la Méditerranée médiévale de Mohamed Ouerfelli9, dont les thèmes de recherche s’équilibrent entre l’histoire économique et sociale du monde méditerranéen médiéval, les relations diplomatiques et commerciales entre Orient et occident, et le monde musulman médiéval.

  • 10 Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello (dir.), Histoire du corps, Paris, Seuil, (...)
  • 11 Georges Vigarello, Histoire des pratiques de santé : le sain et le malsain depuis le Moyen Âge, Pa (...)
  • 12 Jean-Louis Flandrin et Massimo Montanari (dir.), Histoire de l’alimentation, Paris, Fayard, 1996.
  • 13 Claude Fischler, L’homnivore : le goût, la cuisine et le corps, Paris, Odile Jacob, 1990 ; id., Le (...)
  • 14 Christine Bard, Les femmes dans la société française au xxe siècle, Paris, Armand Colin, 2001 ; ea (...)

6Il est possible de trouver des liens entre les pratiques alimentaires et l’histoire des femmes à travers, notamment, les publications s’intéressant au corps. Il en est ainsi de l’ouvrage Histoire du corps10, dirigé par Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello (2005). Il en va de même pour les publications de Georges Vigarello, telles Histoire des pratiques de santé : le sain et le malsain depuis le Moyen Âge, Histoire de la beauté, Les métamorphoses du gras : histoire de l’obésité, respectivement parues en 1999, 2004 et 201011. De tels liens sont aussi perceptibles dans des publications se centrant sur l’alimentation, telles Histoire de l’alimentation12 dirigée par Jean-Louis Flandrin et Massimo Montanari (1996), avec le chapitre xliv, « L’alimentation et la santé », et plus particulièrement l’article de Paolo Sorcinelli, « Alimentation et santé de la femme ». De même pour L’homnivore : le goût, la cuisine et le corps de Claude Fischler dont la première édition est parue en 1990 – particulièrement le chapitre 13, « Le corps féminin : de callipyge à Tanagra », et son sous-chapitre, « L’idéal corporel : la minceur » –, ainsi que son étude Le bon et le saint : évolution de la sensibilité alimentaire des Français parue en 199413. Enfin, ces liens sont aussi perceptibles avec les ouvrages de Christine Bard, Les femmes dans la société française au xxe siècle (2001), notamment concernant la prédominance du rôle féminin dans l’alimentation domestique avec le chapitre 8 : « Les transformations du second demi-siècle dans la vie privée » et Ce que soulève la jupe paru en 201014.

  • 15 Karin Becker, « Introduction. Un bilan thématique et méthodologique de la recherche actuelle sur l (...)

7Ainsi est proposée une publication « mono-alimentaire15 », mêlant l’objet sucre à l’histoire du genre, afin de dégager l’étroite corrélation qui existe entre eux, en France, dans la seconde moitié du xxe siècle. L’étude des représentations d’un produit de consommation courante joue ici un rôle de prisme pour étudier l’histoire des femmes.

  • 16 Maelle Mériaux, « Les fruits, le sucre et la tartine de confiture : histoire de l’invention d’une (...)
  • 17 Plus particulièrement des années 1951-1952, 1956-1957, 1960-1961, 1964-1965, 1967-1968, 1973-1974, (...)
  • 18 Cedus-presse, 72, 1963, p. 1.
  • 19 Cedus-presse, 1961-1969 (BNF, 4-JO-15361) ; Alimentation presse, Paris, Centre d’études du sucre, (...)
  • 20 Hélène Gordon-Lazareff (éd.), Elle, l’hebdomadaire de la femme : tous les mercredis, Paris, Elle, (...)
  • 21 Comité français d’éducation pour la santé, La santé de l’homme : journal mensuel d’éducation sanit (...)

8Cet article s’appuie en majorité sur des sources émanant du Cédus, détenteur du « monopole de la diététique16 » dans les années 1960. Les campagnes publicitaires du lobby offrent une iconographie riche pour tracer la représentation de la femme liée au produit sucre. Dans cet article, sont utilisées des publicités des années 1950 à 1980 provenant de l’ouvrage La betterave sucrière française17. De même, les sources écrites proviennent de la collection de périodiques éditée par le Cédus et destinée aux journalistes professionnels « titulaires des rubriques féminines […] de la presse française18 » : Cedus-presse pour les années 1961 à 1969, puis Alimentation presse (années 1969 à 1973), Candi presse service (de 1973 à 1985) et Candi presse couvrant les années 1985 à 2007 pour laquelle il a été choisi de s’arrêter en 199019. Cet article s’appuie également sur des collections de magazines féminins telles Elle (années 1960 à 1980), Madame Figaro (pour la décennie 1980) et Marie-Claire Beauté Plus (1984–1985) devenu Marie-Claire Beautés (1986-1987)20. Ces collections de périodiques féminins permettent d’avoir un éventail de sources écrites et iconographiques sur la représentation sociétale féminine. Enfin, cettte étude s’appuie, pour la décennie 1960 à la décennie 1980, sur la collection du magazine de santé publique, La santé de l’homme21. Cette publication, destinée aux professionnels de l’éducation autant qu’aux professionnels du social et de la santé, offre un panel de sources écrites et iconographiques sur la période, contrebalançant l’orientation axée sur la « beauté féminine » des magazines féminins.

Le « sucre force » (années 1960)

  • 22 Georges Malignac, « Coût des calories nutritives fournies par les principaux aliments », Populatio (...)
  • 23 Maelle Mériaux, « Les fruits, le sucre et la tartine de confiture… », art. cité, p. 12.
  • 24 « Pas fatigué ? Pensez-vous cher ami… Je marche au sucre. » - campagne 1951-1952 ; « Fatigué ? Du (...)
  • 25 « Ce cristal, LE SUCRE – c’est de l’énergie à l’état pur, c’est du “concentré de soleil”. » - Camp (...)
  • 26 Ibid. p. 236.
  • 27 Ibid.
  • 28 Cedus-presse, 80, 1963, p. 16.

9Après les années de restriction de la Seconde Guerre mondiale, le sucre, encore considéré comme denrée rare, luxueuse au début du siècle, devient un acteur à part entière de la Reconstruction. Considéré alors comme l’aliment énergétique par excellence, il est le meilleur allié des travailleurs. Son faible prix est aussi un atout22. Dans les années 1960, le sucre jouit dans l’opinion publique d’une très bonne image23 : le sucre, c’est la force24. Il apparaît dans les communications du Cédus comme un « concentré de soleil25 ». Le lien est fait, manger du sucre, c’est incorporer la force du soleil. Toutes les campagnes font ce parallèle : « Quelle énergie dans le sucre ! » titre le slogan de 1967-196826. L’image d’un garçon bondissant devient le « symbole de l’énergie contenue dans le sucre27 ». Le VIe Congrès international de nutrition, renforce ce lien en s’intéressant à l’alimentation des sportifs et en concluant que ces derniers ont des « besoins en hydrates de carbone […] élevés car ils demeurent les grands fournisseurs de l’énergie musculaire28 ».

  • 29 Jean Meyer, Histoire du sucre, op. cit., p. 286.
  • 30 Maelle Mériaux, « Les fruits, le sucre et la tartine de confiture… », art. cité, p. 12.
  • 31 Cedus-presse, 86, 1964, p. 3.
  • 32 Ibid.
  • 33 Jean Claudian et Yvonne Serville, « Les aliments du dimanche et du vendredi. Étude sur le comporte (...)
  • 34 « Du vrai gâteau maison », Elle, 837, 1962.
  • 35 Cedus-presse, 87, 1964, p. 6.

10Les décennies 1950-1960, économiquement prospères, voient la consommation de sucre croître en même temps que le niveau de vie29. En France, d’après Joseph Wintrebert, secrétaire général du Cédus, la consommation augmente de 50 % par rapport à la dernière décennie30. Si le sucre garde son image d’aliment énergétique, adapté aux travailleurs dans ces temps de Trente Glorieuses, il s’insère aussi durablement dans les familles sous ses formes incorporées. Ainsi, les confitures sont recommandées comme étant une « grande ressource du petit-déjeuner […] riches en calories et en vitamines31 », et permettant de se sentir en forme pour la journée et d’avoir bon sommeil32. Une autre forme de consommation de sucre indirecte, la pâtisserie, fait appel à un temps de préparation à la maison. Typique des jours de fête, la pâtisserie devient, suite aux changements du régime alimentaire, un aliment consommé le dimanche par les Français33. Considérée comme un dessert, elle incombe, ainsi que la réalisation des repas familiaux, à la mère de famille. À tel point que la presse féminine conçoit en chaque maîtresse de maison « une pâtissière qui sommeille34 ». Pour le Cédus, la pâtisserie est une preuve d’amour de la femme envers sa famille35.

  • 36 Deborah Puccio, « Sainte-Agathe, les femmes et le chocolat », Clio. Histoire, femmes et sociétés, (...)
  • 37 Documentation pratique, Le Sucre, Paris, Cédus, 1967, p. 139 (BNF, 4-V-21750 (6)).
  • 38 Éric Choppin de Janvry (dir.), La betterave sucrière française, op. cit., p. 233.
  • 39 Cedus-presse, 87, 1964, p. 6.

11Traditionnellement les femmes sont associées aux nourritures sucrées, crémeuses et douces36. L’étude des publicités et des magazines d’époque montre le lien puissant entretenu entre la figure maternelle et le plaisir sucré. Le Cédus utilise à ses fins cette image pour ses documentations pédagogiques à destination des professeurs et apprenants. Nous pouvons y lire que « les aliments sucrés font aussi l’objet d’une valorisation affective inconsciente, liée aux souvenirs d’enfance37 ». Cette image maternelle douce et sucrée est ainsi exploitée lors de la campagne publicitaire de l’hiver 1964-1965, destinée au métro parisien38. La « maman gâteau39 » y est mise en scène, appropriée par le Centre d’études. Sur les affiches polyptiques, une femme élégante transforme une coupe de fruits et une coupe de sucre en morceaux en charlotte sous le regard admiratif d’un garçonnet. Transformation permise par « la magie du sucre ». Les fruits ne se suffisent plus pour finir un repas sur une note sucrée, d’après le slogan « Avec des FRUITS et du SUCRE, MAMAN fait un vrai DESSERT » s’étalant en grosses lettres sous la scène.

  • 40 Christine Bard, Ce que soulève la jupe, op. cit., p. 33.
  • 41 Claude Fischler, L’homnivore, op. cit., p. 9.
  • 42 « Une poudre nourrissante pour vaincre l’obésité », Elle, 788, 1961.
  • 43 « Rajeunir par le jeûne », Elle, 775, 1960.
  • 44 Éric Choppin de Janvry (dir.), La betterave sucrière française, op. cit., p. 232.
  • 45 Bernard Pellegrin, Sucre : enquête sur l’autre poudre, op. cit., p. 41.

12Si les années 1960 valorisent la consommation de sucre et des produits sucrés, c’est aussi la période où un certain idéal de minceur féminine « s’impose plus durement et durablement40 ». Les esprits sont marqués par les films étatsuniens des années 1950, et surtout par les stars du cinéma hollywoodien. Cette minceur s’acquiert par la nourriture. Les menus basses calories des rubriques « cuisine » des magazines féminins, s’adressent aux femmes dans l’optique de leur conférer une apparence jugée comme étant idéale. L’année 1963 marque la naissance de la méthode Weight Watchers, appliquant le principe d’incorporation, soit : « ce que nous mangeons devient nous-mêmes41 ». À cette époque, le gras concentre toutes les haines, accusé de favoriser la prise de poids. Le sucre se retrouve dans la composition d’aliments diététiques destinés au traitement de l’obésité42 et même des régimes basses calories, bien qu’absent des cures de jeûne43. Pour les femmes, il reste un aliment indispensable de la forme et de la vitalité, ce que reprend à son compte le Cédus dans la campagne publicitaire de presse 1960-1961 intitulée « 3 sucres… ». Le sous-texte y annonce que la consommation de sucre en morceaux dans une boisson chaude est garantie de satiété, permettant ainsi de « garder la santé et la ligne44 ». Cette publicité, produite par le lobby de la filière sucre en France, fait écho à son homologue étatsunien titrant en slogan : « Mangez-vous assez de sucre pour vous aider à maigrir45 ? », renvoyant au principe selon lequel, pour les femmes, rester mince signifie conserver un corps jeune et en bonne santé.

Le « sucre doute » (années 1970)

  • 46 Éric Choppin de Janvry (dir.), La betterave sucrière française, op. cit., p. 236.
  • 47 Marie Kermel et Marie-Hélène Salavert, La santé par la cuisine hypocalorique, Paris, De Vecchi, 19 (...)
  • 48 Claude Fischler, « Les images changeantes du sucre… », art. cité.
  • 49 Ibid., p. 244.
  • 50 « La nature par le menu », Elle, 1384, 1972, p. 156.
  • 51 Marian Apfelbaum et Raymond Lepoutre, Les mangeurs inégaux, Paris, Stock, 1978.
  • 52 Georges Vigarello, Les métamorphoses du gras, op. cit.
  • 53 Jean-Pierre Deschamps, « L’enfant et la prévention de l’obésité de l’adulte », La santé de l’homme(...)
  • 54 Claude Fischler, « La “macdonalisation” des mœurs », dans Jean-Louis Flandrin et Massimo Montanari (...)
  • 55 Claude Fischler, L’homnivore, op. cit., p. 199.
  • 56 Marie-Claire Bataille-Benguigui et Françoise Cousin, Cuisines : reflets des sociétés, Paris, Sépia (...)

13La décennie 1970 est marquée par la mode des régimes sans hydrates de carbone – c’est-à-dire sans tous types de sucre, dont le saccharose – venant des États-Unis46, dont le représentant principal est le régime Atkins47. C’est, dans la société, le renouveau d’une période « saccharophobe48 ». Au milieu de la décennie, nous trouvons dans la littérature l’assimilation du sucre blanc à une drogue dont il partage l’apparence et « les effets toxiques et addictifs49 ». Pour les magazines féminins, le sucre n’appartient pas à une « alimentation naturelle50 », par définition, bonne pour le corps. L’aliment sucré est associé à la prise de poids et sa consommation en excès à des problèmes de santé51. Dans les sociétés occidentales, historiquement, l’embonpoint est associé au « bon vivant », à la force, à la classe dominante52. Avec l’augmentation rapide du niveau de vie permis par le progrès technique qui marque les Trente Glorieuses, l’obèse devient un « malade53 », car l’industrialisation de l’alimentation54 permet à chacun de manger à sa faim et même à sa « surfaim ». La médecine appelle « maladies de civilisation55 » ces désordres physiques liés à l’alimentation. Cette situation historique amène comme réponse « l’expansion d’une cuisine nutritionnelle raisonnable56 ».

  • 57 Paolo Sorcinelli, « Alimentation et santé de la femme », dans Jean-Louis Flandrin et Massimo Monta (...)
  • 58 Christine Bard, Ce que soulève la jupe, op. cit.
  • 59 Claude Fischler, L’homnivore, op. cit., p. 309.

14Dans ce contexte, le sucre joue le rôle de marqueur de genre. Une différence est portée entre le corps des femmes et des hommes. Lorsque le surpoids concerne un homme, il est abordé par le biais de la maladie. Des problèmes de santé y sont associés telles l’athérosclérose, l’hyperlipidémie, l’hypertension artérielle, etc. Le corps de l’homme est associé à la force, au travail : tout ce qui entrave ces desseins lui est considéré comme danger. C’est le bon fonctionnement du corps qui est valorisé, l’intérieur. À l’inverse, la santé féminine est rattachée à « la fonction considérée comme primordiale chez la femme : la reproduction57 ». Or, la maîtrise du destin reproductif permise par les luttes féministes de la décennie opère un transfert de la norme du corps féminin. Plus uniquement voué à la maternité, il existe désormais pour lui-même. La norme trouvant la beauté dans la minceur du corps féminin58, une femme en surpoids ou obèse est d’abord perçue comme « dépourvue de séduction » avant d’avoir le statut de malade. Cette obsession de la minceur du corps féminin se répercute sur la façon dont les femmes se perçoivent. À la fin de la décennie, elles sont plus nombreuses que les hommes à se dire en surpoids (40 % contre 24 %) selon un sondage Ifop59.

  • 60 Jean Meyer, Histoire du sucre, op. cit., p. 288.
  • 61 Société d’études pour le marketing, l’engineering et la gestion, Conséquences du développement des (...)

15L’alternative pour « conserver la ligne » tout en « ne se privant pas » consiste à consommer des édulcorants de synthèse à la place du saccharose, dont dont l’accès en pharmacie sous forme de pastille date au moins de 1977. Saccharine, Aspartam, ces édulcorants ont l’avantage de présenter une faible contenance calorique par rapport au sucre. Le Cédus riposte par des campagnes publicitaires dans lesquelles le lobby de la filière sucre rappelle aux consommateurs le lien étroit entre le sucre et l’énergie. Les édulcorants de synthèse sont consommés en remplacement, provoquant une stagnation de la consommation de sucre. Préférés, car ils répondent à un besoin sociétal, leur « valeur calorique [s’opposant] à la vague de limitation en calories de notre alimentation60 ». Leur croissance sur le marché est telle que le Fonds d’intervention et de régulation du marché du sucre (FIRS) commande dans la décennie suivante, un rapport sur les conséquences du développement des édulcorants sur la filière sucre61.

  • 62 Claude Fischler, L’homnivore, op. cit., p. 10.

16S’il est vrai qu’« au dernier quart du xxe siècle, l’esprit du temps est à la fois à la restriction et au plaisir, au régime et à l’art culinaire62 », cette assertion s’applique plus fortement aux femmes qui sont plus exposées aux modes corporelles. L’humoriste français Gérard Lauzier, se consacrant à la bande dessinée depuis 1974, est engagé par le Cédus pour croquer la campagne publicitaire de 1977-1978. Cette dernière tourne en dérision le remplacement du sucre par des édulcorants de synthèse. Dans la publicité « Les martyrs de la profiterole », sous un propos léger au premier abord, se dégage une réelle violence à l’égard des personnes usant d’édulcorants et se défiant du saccharose. La bande dessinée s’ouvre sur une scène au restaurant où deux couples commandent du dessert. Anguleux, joues creuses, poitrine tombante et cheveux filasse, l’un des deux personnages féminins est dépeint sous un aspect peu engageant. Dans la case suivante, ce personnage est montré en train de faire une scène à son époux désireux de manger des profiteroles, pâtisserie chargée en sucre. Le phylactère est chargé de connotations négatives que la société prête au sucre sur le corps des femmes. Le second personnage féminin est dessiné en opposition : beaux cheveux, poitrine avantageuse, joli visage et souhaitant un dessert. Le parallèle est posé. Le personnage féminin correspondant aux normes de beauté est associé au sucre. Le message du Cédus est de casser la relation faite entre la consommation de saccharose et la mise en danger de la séduction par une prise de poids. Ce n’est pas un hasard si le personnage contrevenant est une femme, ce qui est en jeu ici, c’est bien la séduction féminine. Malgré cela, la « vraie » femme est représentée comme liée au dessert, au sucre.

  • 63 Ibid.
  • 64 Ibid.

17Destinée à la presse féminine, la campagne publicitaire 1973-1974 met en parallèle la dépense physique liée à l’activité quotidienne des enfants et des femmes pour accentuer l’importance de l’apport de sucre lors des repas63. Cette communication fait écho aux lectrices, qui sont potentiellement des mères ou de futures mères, tout en les infantilisant. Au contraire, la campagne de la presse magazine 1979-1980, destinée à un lectorat à la fois masculin et féminin, ayant pour slogan « Au lieu de vous priver, dépensez-vous64 », encourage la pratique sportive pour éliminer les calories des aliments sucrés, sans référence à l’enfance.

Le « sucre ennemi » (années 1980)

  • 65 Jean Meyer, Histoire du sucre, op. cit., p. 307.
  • 66 Ibid., p. 306.
  • 67 Jean Trémolières, « Symbolique alimentaire », dans Des idées plein l’assiette, Paris, Cédus, 1989, (...)
  • 68 Claude Fischler, Le bon et le saint, Cahiers de l’OCHA, 1, Paris, Cidil, 1994, p. 15 (BNF, 1999-26 (...)

18En 1983, le sucre brut représente moins de 1 % du marché des produits alimentaires. Il est surtout incorporé aux aliments transformés tels les pâtisseries fraîches qui représentent 8,21 % de ce marché, de chocolat, pour 3,90 %, de confiseries variées, moins de 1 % aussi, et de boissons non alcoolisées, pour 2,46 %65. Stabilisée à 36 kilogrammes par habitant et par an à la fin de la décennie, la consommation de sucre augmente sous formes indirectes : pâtisseries, boissons sucrées, confitures, crèmes glacées, yaourts et crèmes desserts66. Néanmoins, sur la lancée de la décennie précédente, les produits sucrés sont considérés comme des facteurs de prise de poids et leur consommation en excès comme un risque pour le métabolisme. Pour les femmes, l’accès facilité à la nourriture par le biais de la grande distribution impose des attitudes de censure67. Pour Claude Fischler, cette « capacité à résister à la tentation alimentaire68 » a pour enjeu la séduction.

  • 69 Georges Vigarello, Histoire de la beauté, op. cit., p. 199.
  • 70 « Le bon poids », Marie-Claire Beautés, Hors-série 1, 1986, p. 41.
  • 71 La santé de l’homme, 282, 1989.
  • 72 « Un peu… Beaucoup… Trop ? Le sucre. L’hygiène en question », Aujourd’hui madame, 6 septembre 1979 (...)
  • 73 « Le bon poids », art. cité.
  • 74 « Le défi alimentaire de la femme », Comité national d’éducation sanitaire et sociale, La santé de (...)
  • 75 « La beauté dans la cuisine : le secret de l’équilibre se cache dans notre assiette. Inutile de ch (...)
  • 76 « La gourmandise permise », Marie-Claire Beautés, Hors-série 2, 1987, p. 102.
  • 77 Ibid.
  • 78 « Le défi alimentaire de la femme », art. cité.

19En effet, le corps a toute l’importance. La santé est synonyme de minceur, elle-même synonyme de jeunesse : « Ce qui fait la beauté c’est un corps mince et musclé qui se meut avec aisance69. » La presse féminine relaie ces comportements au travers de ses publicités et de ses articles : « Mincir, nous sommes douze millions à poursuivre ce rêve toujours recommencé. Chaque année, saisis d’une véritable angoisse pondérale, en quête d’une nouvelle cure miracle à n’importe quel prix, n’importe quel risque70. » Le sucre se révèle être le principal obstacle à la minceur féminine. En consommation directe ou incorporée, les femmes doivent lui préférer les édulcorants de synthèse, peu caloriques. La poudre à l’aspartam Canderel « remplace le sucre dans les régimes hypocaloriques et hypoglucidiques71 ». Ici, ce n’est pas la surconsommation de sucre qui se trouve être problématique, mais bien sa simple consommation72. Les magazines féminins évoquent le « danger de la pâtisserie73 » qui vient contrarier « l’obligation sociale à être mince74 ». L’image du sucre s’inverse complètement par rapport à ce qu’elle était une vingtaine d’années avant. Il est pensé comme un « aliment dévitalisé qui n’apporte que des calories vides75 ». L’énergie qu’il fournit n’est plus utile au travail, mais vient se stocker dans le corps sous forme de graisse. Considéré comme un des ennemis de la minceur, le sucre est également celui de la beauté, donc celui de la séduction. Néanmoins, il reste un aliment de plaisir : « Une fête sans dessert ? Ce n’est plus une fête76. » Ainsi, associé au bonheur, le sucre est bon et mauvais à la fois : « Et un bon dessert c’est du sucre et de la matière grasse : tout ce que la sagesse nous dit de fuir. Choix cruel77 ! » On parle du « défi alimentaire de la femme78 ».

  • 79 Marie-Claire Beauté, Hors-série 1, 1986.
  • 80 Madame Figaro, 12656, 1985.
  • 81 Comité national d’éducation sanitaire et sociale, La santé de l’homme, 282, 1989.
  • 82 « Arrêtés du 11 mars 1988 relatifs à l’emploi des édulcorants intenses dans l’alimentation. Les ar (...)
  • 83 Société d’études pour le marketing, l’engineering et la gestion, Conséquences du développement des (...)
  • 84 Françoise Hoint-Pradier, « Les édulcorants sont à l’ordre du jour », Comité national d’éducation s (...)

20Ce paradoxe marque la société où à la fois les publicités pour les aliments sucrés et l’exigence de la finesse coexistent. Voyant l’opportunité d’un nouveau marché, les industriels innovent avec les produits « de régime », allégés en sucre ou fabriqués avec des édulcorants de synthèse. Avec ces nouveaux produits, il y a un phénomène de déculpabilisation de la consommation d’aliments sucrés, qui se retrouve dans la publicité à destination des femmes. Ainsi, la « confiture n’est plus défendue79 », le lait concentré non sucré est « moins calorique que la crème fraîche80 » et la forme « light » du Coca-Cola contient « moins d’une calorie par verre81 ». Cette percée des alternatives au sucre est permise par les arrêtés du 11 mars 1988, cassant le monopole des pharmaciens dans la commercialisation des « édulcorants intenses82 » et les autorisant dans les « produits destinés à une alimentation particulière83 ». Ces produits connaissent un tel succès qu’il est nécessaire de rappeler au consommateur, surtout à la consommatrice, que leur usage seul ne permet pas un effet amaigrissant84. Pour cela, il est conseillé de suivre un régime strict.

  • 85 Georges Vigarello, Histoire des pratiques de santé : le sain et le malsain depuis le Moyen Âge, op (...)
  • 86 Éric Choppin de Janvry (dir.), La betterave sucrière française, op. cit., p. 238.
  • 87 Ibid.

21Pendant la majeure partie de la décennie, le Cédus poursuit ses communications sur le thème de la dépense physique. La société perçoit l’énergie de deux façons complémentaires : « la “basse” énergie alimentaire associée à une “haute” dépense énergétique par exercice et pratique tonifiants85 ». Le lobby du sucre applique à son avantage la « haute dépense énergétique ». Sa campagne magazine 1979-1980 entérine son investissement sportif en renforçant le lien entre énergie et sucre : « Au lieu de vous privez, dépensez-vous. » Jusqu’en 1982, il est le sponsor du « Trophée du sucre86 », course de ski de fond de jeunes espoirs du ski. Il se trouve dans les compétitions de tennis, aussi bien dans les tribunes, sous la forme de « bobs » floqués au mot « sucre », que sur les cours où les joueurs croquent des morceaux de sucre87. Le lobby de la filière sucre propose la sveltesse du corps, ainsi qu’elle est prescrite par la société de l’époque, par l’engagement du corps dans l’activité physique et non par la réduction des apports en aliments sucrés. Les femmes présentées sur les affiches publicitaires sont actives. Elles sont montrées une raquette à la main en plein geste sportif ou encore portant tailleur et attaché-case en train de monter les escaliers du métro en courant. C’est une image moderne et dynamique qui est proposée, rompant avec celle de la « pâtissière domestique ».

22Dans la seconde moitié du xxe siècle, la société française change ses représentations sur le produit sucre. L’augmentation des emplois du secteur tertiaire, le développement et l’amélioration des moyens de transport, l’accès facilité à la nourriture, transforment les habitudes de consommation. Le travail ne suffit plus pour utiliser l’énergie apportée par l’alimentation, qui se stocke dans le corps et occasionne des désordres métaboliques et physiques. Associé à la force et à l’énergie, le sucre devient un aliment suscitant la méfiance sur sa consommation.

23Dans sa surconsommation est vu un risque d’induire des désordres au métabolisme masculin. Pour les femmes, la simple consommation de sucre est pensée comme un facteur portant atteinte à leur séduction. Cette représentation est majoritairement relayée par les magazines féminins qui se font l’écho des standards de la beauté. Pour le Cédus toutefois, le sucre n’est pas incompatible avec la séduction et participe même de la féminité. Afin de concilier l’énergie apportée par le sucre et la minceur féminine, le lobby prescrit la dépense physique et la pratique sportive. La différence de traitement entre la consommation masculine et la consommation féminine fait du sucre un marqueur de genre.

24Le Centre d’études et de documentation pour l’utilisation du sucre utilise ces représentations dans ses campagnes publicitaires. L’image féminine est majoritairement choisie pour promouvoir son produit. La représentation de la douceur associée à la figure maternelle marque les années 1960 pour donner la « maman gâteau ». Il s’agit de faire du sucre un aliment indispensable à l’alimentation de la famille. La femme soucieuse de son apparence et « accro » aux édulcorants de synthèse est la figure féminine marquante que le Cédus propose dans ses communications pour les années 1970. L’image choisie agit comme un épouvantail contre l’utilisation des substituts au sucre, faisant des consommatrices d’édulcorants de synthèse des femmes dépourvues de séduction, alors que cette dernière est le premier but d’une telle consommation. Les femmes sont représentées plus actives dans la décennie 1980, en accord avec la mouvance sociétale qui veut que le corps se sculpte par la pratique sportive. Là encore, c’est l’image de force et d’énergie du produit sucre qui est exploitée par le lobby. Tout au long de ces décennies, bien que la représentation du sucre change, et surtout la représentation des effets de sa consommation sur le corps, le Cédus sait adapter son discours communicationnel pour promouvoir son produit. Les affiches publicitaires des années 1990 présentent une nouvelle façon d’allier le corps des femmes au sucre, celle de la sensualité.

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Notes

1 Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, Paris, Gallimard, 1949, p. 20.

2 Joseph Wintrebert, « Un exemple de promotion des ventes d’un produit agricole : le sucre », Économie rurale, 44, 1960, p. 104.

3 Bernard Pellegrin, Sucre : enquête sur l’autre poudre, Paris, Tallandier, 2017, p. 45.

4 Jean Meynaud, « Les groupements de défense des consommateurs », Revue économique, 12/2, 1961, p. 175.

5 Jean Meyer, Histoire du sucre, Paris, Desjonquères, 1989, p. 316.

6 Claude Fischler, « Les images changeantes du sucre : saccharophilie et saccharophobie », Journal d’agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, 1988, p. 241-260.

7 Jean Meyer, Histoire du sucre, op. cit.

8 Maud Villeret, Le goût de l’or blanc : le sucre en France au xviiie siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2017 ; Marguerite Martin et Maud Villeret (dir.), La diffusion des produits ultramarins en Europe. xviie-xviiie siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2017.

9 Mohamed Ouerfelli, Le sucre : production, commercialisation et usages dans la Méditerranée médiévale, Leyde, Brill, 2008.

10 Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello (dir.), Histoire du corps, Paris, Seuil, 2005.

11 Georges Vigarello, Histoire des pratiques de santé : le sain et le malsain depuis le Moyen Âge, Paris, Seuil, 1999 ; id, Histoire de la beauté : le corps et l’art d’embellir de la Renaissance à nos jours, Paris, Seuil, 2004 ; id., Les métamorphoses du gras : histoire de l’obésité, Paris, Seuil, 2010.

12 Jean-Louis Flandrin et Massimo Montanari (dir.), Histoire de l’alimentation, Paris, Fayard, 1996.

13 Claude Fischler, L’homnivore : le goût, la cuisine et le corps, Paris, Odile Jacob, 1990 ; id., Le bon et le saint : évolution de la sensibilité alimentaire des Français, Paris, Observatoire CIDIL de l’harmonie alimentaire, 1994.

14 Christine Bard, Les femmes dans la société française au xxe siècle, Paris, Armand Colin, 2001 ; ead, Ce que soulève la jupe, Paris, Autrement, 2010.

15 Karin Becker, « Introduction. Un bilan thématique et méthodologique de la recherche actuelle sur l’histoire de l’alimentation », Food & History, 10/2, 2012, p. 9-25, https://doi.org/10.1484/J.FOOD.1.103303.

16 Maelle Mériaux, « Les fruits, le sucre et la tartine de confiture : histoire de l’invention d’une tradition », dans Francis Favereau, Mélanges en hommage au passeur de mémoire, Morlaix, Skol Vreizh, 2018, p. 12, en ligne : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01985639.

17 Plus particulièrement des années 1951-1952, 1956-1957, 1960-1961, 1964-1965, 1967-1968, 1973-1974, 1977-1978, 1979-1980 : Éric Choppin de Janvry (dir.), La betterave sucrière française, Paris, Somogy/Société d’éditions et de diffusion agricole, 1997.

18 Cedus-presse, 72, 1963, p. 1.

19 Cedus-presse, 1961-1969 (BNF, 4-JO-15361) ; Alimentation presse, Paris, Centre d’études du sucre, Service de presse, 1969-1973 (BNF, 4-JO-15361) ; Candi presse service, 1973-1985 (BNF, 4-JO-15361) ; Candi presse, 1985-2007 (BNF, 8-JO-23968).

20 Hélène Gordon-Lazareff (éd.), Elle, l’hebdomadaire de la femme : tous les mercredis, Paris, Elle, 1945 (BNF, 4-JO-3947) ; Madame Figaro, 1980 (BNF, 4-JO-36736) ; Marie-Claire Beauté Plus, 1984-1985 et Marie-Claire Beautés, 1986-1987 (BNF, 4-JO-46285).

21 Comité français d’éducation pour la santé, La santé de l’homme : journal mensuel d’éducation sanitaire, Lyon, Centre régional d’éducation sanitaire, 1942-2012 (BNF, 4-T-2321).

22 Georges Malignac, « Coût des calories nutritives fournies par les principaux aliments », Populations, 2, 1950, p. 380.

23 Maelle Mériaux, « Les fruits, le sucre et la tartine de confiture… », art. cité, p. 12.

24 « Pas fatigué ? Pensez-vous cher ami… Je marche au sucre. » - campagne 1951-1952 ; « Fatigué ? Du SUCRE – Le nerf de l’effort ! » - slogan de la campagne 1951-1952 ; « Le sucre est l’aliment du muscle… Le sucre rend plus fort » - campagne 1956-1957 : Éric Choppin de Janvry (dir.), La betterave sucrière française, op. cit., p. 230.

25 « Ce cristal, LE SUCRE – c’est de l’énergie à l’état pur, c’est du “concentré de soleil”. » - Campagne hiver 1964-1965. Ibid., p. 233.

26 Ibid. p. 236.

27 Ibid.

28 Cedus-presse, 80, 1963, p. 16.

29 Jean Meyer, Histoire du sucre, op. cit., p. 286.

30 Maelle Mériaux, « Les fruits, le sucre et la tartine de confiture… », art. cité, p. 12.

31 Cedus-presse, 86, 1964, p. 3.

32 Ibid.

33 Jean Claudian et Yvonne Serville, « Les aliments du dimanche et du vendredi. Étude sur le comportement alimentaire actuel en France », Pour une histoire de l’alimentation, Cahier des Annales, 28, 1970, p. 124.

34 « Du vrai gâteau maison », Elle, 837, 1962.

35 Cedus-presse, 87, 1964, p. 6.

36 Deborah Puccio, « Sainte-Agathe, les femmes et le chocolat », Clio. Histoire, femmes et sociétés, 11, 2001, p. 4.

37 Documentation pratique, Le Sucre, Paris, Cédus, 1967, p. 139 (BNF, 4-V-21750 (6)).

38 Éric Choppin de Janvry (dir.), La betterave sucrière française, op. cit., p. 233.

39 Cedus-presse, 87, 1964, p. 6.

40 Christine Bard, Ce que soulève la jupe, op. cit., p. 33.

41 Claude Fischler, L’homnivore, op. cit., p. 9.

42 « Une poudre nourrissante pour vaincre l’obésité », Elle, 788, 1961.

43 « Rajeunir par le jeûne », Elle, 775, 1960.

44 Éric Choppin de Janvry (dir.), La betterave sucrière française, op. cit., p. 232.

45 Bernard Pellegrin, Sucre : enquête sur l’autre poudre, op. cit., p. 41.

46 Éric Choppin de Janvry (dir.), La betterave sucrière française, op. cit., p. 236.

47 Marie Kermel et Marie-Hélène Salavert, La santé par la cuisine hypocalorique, Paris, De Vecchi, 1984.

48 Claude Fischler, « Les images changeantes du sucre… », art. cité.

49 Ibid., p. 244.

50 « La nature par le menu », Elle, 1384, 1972, p. 156.

51 Marian Apfelbaum et Raymond Lepoutre, Les mangeurs inégaux, Paris, Stock, 1978.

52 Georges Vigarello, Les métamorphoses du gras, op. cit.

53 Jean-Pierre Deschamps, « L’enfant et la prévention de l’obésité de l’adulte », La santé de l’homme, 198, 1975.

54 Claude Fischler, « La “macdonalisation” des mœurs », dans Jean-Louis Flandrin et Massimo Montanari (dir.), Histoire de l’alimentation, op. cit., p. 817.

55 Claude Fischler, L’homnivore, op. cit., p. 199.

56 Marie-Claire Bataille-Benguigui et Françoise Cousin, Cuisines : reflets des sociétés, Paris, Sépia/Musée de l’Homme, 1996, p. 27.

57 Paolo Sorcinelli, « Alimentation et santé de la femme », dans Jean-Louis Flandrin et Massimo Montanari (dir.), Histoire de l’alimentation, op. cit., p. 817.

58 Christine Bard, Ce que soulève la jupe, op. cit.

59 Claude Fischler, L’homnivore, op. cit., p. 309.

60 Jean Meyer, Histoire du sucre, op. cit., p. 288.

61 Société d’études pour le marketing, l’engineering et la gestion, Conséquences du développement des édulcorants concurrents du sucre dans les industries alimentaires en France, Paris, 1989.

62 Claude Fischler, L’homnivore, op. cit., p. 10.

63 Ibid.

64 Ibid.

65 Jean Meyer, Histoire du sucre, op. cit., p. 307.

66 Ibid., p. 306.

67 Jean Trémolières, « Symbolique alimentaire », dans Des idées plein l’assiette, Paris, Cédus, 1989, p. 17.

68 Claude Fischler, Le bon et le saint, Cahiers de l’OCHA, 1, Paris, Cidil, 1994, p. 15 (BNF, 1999-26523).

69 Georges Vigarello, Histoire de la beauté, op. cit., p. 199.

70 « Le bon poids », Marie-Claire Beautés, Hors-série 1, 1986, p. 41.

71 La santé de l’homme, 282, 1989.

72 « Un peu… Beaucoup… Trop ? Le sucre. L’hygiène en question », Aujourd’hui madame, 6 septembre 1979, Antenne 2.

73 « Le bon poids », art. cité.

74 « Le défi alimentaire de la femme », Comité national d’éducation sanitaire et sociale, La santé de l’homme, 277, 1988.

75 « La beauté dans la cuisine : le secret de l’équilibre se cache dans notre assiette. Inutile de chercher des remèdes sophistiqués, tout commence par la diététique », Marie-Claire Beautés, Hors-série 1, 1986, p. 99.

76 « La gourmandise permise », Marie-Claire Beautés, Hors-série 2, 1987, p. 102.

77 Ibid.

78 « Le défi alimentaire de la femme », art. cité.

79 Marie-Claire Beauté, Hors-série 1, 1986.

80 Madame Figaro, 12656, 1985.

81 Comité national d’éducation sanitaire et sociale, La santé de l’homme, 282, 1989.

82 « Arrêtés du 11 mars 1988 relatifs à l’emploi des édulcorants intenses dans l’alimentation. Les arrêtés du 11 mars 1988, publiés au Journal Officiel du 18 mars 1988, autorisent comme édulcorants intenses, en application de la loi du 5 janvier 1988 […], les produits chimiques suivants : l’aspartame […], l’acésulfame de potassium […], la saccharine […] et les saccharinates de sodium, de potassium, d’ammonium et de calcium. » Sucre infos service, 1, Paris, Cédus, 1988, p. 1.

83 Société d’études pour le marketing, l’engineering et la gestion, Conséquences du développement des édulcorants concurrents du sucre dans les industries alimentaires en France, op. cit..

84 Françoise Hoint-Pradier, « Les édulcorants sont à l’ordre du jour », Comité national d’éducation sanitaire et sociale, La santé de l’homme, 274, 1988.

85 Georges Vigarello, Histoire des pratiques de santé : le sain et le malsain depuis le Moyen Âge, op. cit., p. 307.

86 Éric Choppin de Janvry (dir.), La betterave sucrière française, op. cit., p. 238.

87 Ibid.

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Pour citer cet article

Référence papier

Amandine Dandel, « La représentation des femmes dans la société française à travers les publications du Cédus (années 1960-1980) »Histoire, médecine et santé, 17 | 2021, 73-85.

Référence électronique

Amandine Dandel, « La représentation des femmes dans la société française à travers les publications du Cédus (années 1960-1980) »Histoire, médecine et santé [En ligne], 17 | été 2020, mis en ligne le 28 juillet 2021, consulté le 18 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/hms/3839 ; DOI : https://doi.org/10.4000/hms.3839

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Auteur

Amandine Dandel

Le Mans Université, TEMOS (UMR 9016)

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