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AccueilNumérosVol. VI – n°1PrésentationPrésentation

Présentation

Présentation

Introduction
Renée Dickason
p. 1-3

Texte intégral

1Ce numéro de la Revue LISA/LISA e-journal réunit une version enrichie des communications effectuées lors du colloque pluridisciplinaire international Media, Idées, Propagandes qui s’est déroulé au Mémorial de Caen et à la Maison de la Recherche en Sciences Humaines de l’Université de Caen en octobre 2006. Dans la continuité des travaux du centre de recherche « Littératures et Sociétés Anglophones », ce numéro présente une réflexion croisée sur la Première et la Deuxième Guerres mondiales et aborde des expériences plus contemporaines. Rédigés par des Historiens français et étrangers, des Anglicistes, des Américanistes, des Irlandistes mais aussi des linguistes et chercheurs en communication culturelle, les articles privilégient une pluralité de points de vue et portent sur des aspects divers d’une propagande plus ou moins subtile en temps de paix et en temps de guerre.

2L’objectif ici n’est pas tant de mettre en avant les processus et les mécanismes caractéristiques d’une démarche conceptuelle mais plutôt de faire état de quelques dispositifs et stratégies mis en place dans des contextes pluriels où les intentions propagandistes sont, soit ouvertement affichées, soit discrètes. La guerre est propice à la diffusion de messages partisans, à une mobilisation autour de principes nobles et cruciaux. L’appel au patriotisme, le dénigrement de l’ennemi sont des incontournables. Mais au-delà des généralités souvent reprises dans les divers travaux portant sur « la/les propagande(s) », il nous appartient d’apporter un éclairage autre sur certaines facettes encore peu exploitées voire inexplorées des deux premiers conflits mondiaux dont la complexité se devine, entre autres, au tissage plus ou moins habile d’informations aux contenus parfois surprenants. La formule heuristique de H. Lasswell « Qui (dit) quoi (à) qui par quel canal avec quel effet » pose de façon pragmatique quelques rouages des discours de propagande dont les subterfuges, les stratèges et les stratégies sont à volonté identifiables, masqués ou déguisés. Manipulation et persuasion sont des jeux de conditionnement dont l’impact immédiat n’est pas toujours aisé à cerner. C’est pourquoi nous avons opté pour des micro-analyses qui écarteront, faute d’indices suffisamment probants, les hypothèses hasardeuses de la réception.

3Après avoir pris pour exemple la propagande française en Irlande à l’occasion de la Première Guerre mondiale (J. aan de Weil), nos regards se posent sur les méandres des discours propagandistes au Maghreb (F. Chérif), une histoire somme toute assez méconnue dans les multiples écrits qui ont suivi la Deuxième Guerre mondiale. La propagande anti-britannique en France pendant l’Occupation (F. Passera), bien qu’a priori plus susceptible d’être (re)connue laisse plusieurs zones d’ombres et incompréhensions dans la reconstitution d’un puzzle communicationnel qui ne cesse d’interpeller les différents acteurs de ce conflit même plus de soixante années après le débarquement. D’autres aires géographiques, Cuba ou l’Irak (F. Maatoug) ont vécu ou vivent les conséquences de décisions politiques américaines ; au gré des études, des parallèles se retrouvent… et agrémentent nos interrogations. Autre guerre médiatisée, la guerre du Vietnam suscite toujours des réactions au point d’être une source d’inspiration filmique fertile où l’image de l’ancien combattant et la bravoure du soldat sont valorisées. Univers masculin par excellence, cette guerre reflète, à l’occasion d’un film ou d’un documentaire, par touches  plus ou moins appuyées, le rôle ou la place des femmes face à des situations qu’elles subissent plutôt qu’elles ne maîtrisent  (A. Boudet-Brugal).

4Les sources primaires, privilégiées dans ce numéro de la Revue LISA, sont les médias, sous diverses formes, affiches, films, émissions radiophoniques, articles ou dessins de presse. Les affiches sont au cœur de plusieurs contributions qui étudient des aspects finalement assez méconnus, telle la notion d’identité canadienne au travers des affiches (J. Quellien et A. Ives) ou le déploiement propagandiste soviétique de 1917 à 1991 (J. Le Bourgeois). La radio, dont l’impact fut considérable lors de la Deuxième Guerre mondiale, en particulier le service de la BBC (C. Vallée), offre une autre perception du conflit avec les prises de position de personnages charismatiques, chéris un temps puis décriés, telle l’expérience de J. B. Priestley, témoin raffiné, humoriste à ses heures, romancier et dramaturge apprécié, et chroniqueur qui a gravé dans la mémoire collective quelques joyaux poétiques, nous pensons, par exemple, à sa description de la défaite de Dunkerque tournée en victoire héroïque. Figures historiques à dimension mythique (J. Kilgore), certains personnages auréolés de mystère (Jeanne d’Arc, Le Roi Arthur, John Bull, etc.) fascinent au point de devenir des symboles prisés dans la machine infernale de la propagande et de servir, au fil des siècles, des causes patriotes ou des intérêts politiques, et ce parfois même dans plusieurs contrées.

5Confusion des intentions, mélange des genres, brouillage des pistes, discours triomphalistes, caricatures mordantes, images humiliantes, les exemples de propagande et de contre-propagande fourmillent. Au-delà d’un contexte belliqueux ou pacifique, les propagations d’histoires au service de l’Histoire sont légion. À titre illustratif, nous nous arrêterons sur les dessins de presse porteurs de sentiments négatifs, tel la haine (G. Millat). La presse papier ou électronique véhicule des idées plus ou moins fiables, plus ou moins orientées (voir article de M. Saki sur Sala@m) et peut, dans certains cas, conduire à des situations anxiogènes en particulier lors de coups médiatiques visant à discréditer, voire à criminaliser certaines catégories dites marginales des populations, tels les demandeurs d’asile (P. Villate-Compton). En quête de vérité et défenseurs du principe d’impartialité, certains journalistes, reporters ou correspondants de guerre, se trouvent parfois face à des conjonctures où pour glaner les informations, ils n’ont d’autres choix que de recourir à des procédés propagandistes, comme nous le rappelle S. Goldsworthy dans son étude de cas effectuée à partir des comptes rendus des conflits de l’ex-Yougoslavie dans les années 1990. Le journalisme mais aussi le cinéma sont confrontés à des dilemmes éthiques tout autant que politiques dans leur mission de « rendre public » une vérité dont les contours et les modalités se travestissent au gré des témoins, des passeurs d’information, des observateurs d’une neutralité relative.

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Pour citer cet article

Référence papier

Renée Dickason, « Présentation »Revue LISA/LISA e-journal, Vol. VI – n°1 | 2008, 1-3.

Référence électronique

Renée Dickason, « Présentation »Revue LISA/LISA e-journal [En ligne], Vol. VI – n°1 | 2008, mis en ligne le 31 juillet 2009, consulté le 18 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/lisa/488 ; DOI : https://doi.org/10.4000/lisa.488

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Auteur

Renée Dickason

Prof. (Caen, France)
Renée Dickason est Professeur à l’Université de Caen. Ses travaux portent sur l’histoire des médias, des propagandes et la propagation des idées dans les îles Britanniques. Elle a récemment co-dirigé deux ouvrages collectifs : Screening Social Spaces (Les Cahiers de la MRSH, Caen, PUC, 2007)avec Benoît Raoulx et Image et communication politique. La Grande-Bretagne depuis 1980 (Coll. Psychologie politique, Paris, L’Harmattan, 2007) avec Karine Rivière-De Franco.

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