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État des lieux sur la gestion et la gouvernance environnementales dans la région des Grands Lacs africains

Dégradation et prédation des boisements communaux avant, pendant et après la guerre au Burundi

Marc Rwabahungu, Deo Niyonkuru et Libère Bukobero

Résumés

La surpopulation, la réduction extrême de la taille des exploitations, la recherche du bois de chauffe et de construction, les nombreux chantiers de reconstruction, la non-exploitation ou l’exploitation insuffisante des autres potentialités énergétiques, l’esprit de pillage, de corruption et de malversation qui ont pris leur envol pendant la guerre sont tous des contraintes majeures qui exposent les boisements communaux et domaniaux à la dégradation. Cet article démontre l’importante d’une bonne gouvernance dans la sauvegarde des boisements communaux et domaniaux. Le fait que les boisements des confessions religieuses n’aient subi de dommages ni avant, ni pendant, ni après la guerre est là pour le confirmer. La population suit en général l’exemple de l’autorité. Même aujourd’hui, les communes où les boisements subissent le plus de dommages sont celles où les autorités communales font montre de moins de sens de responsabilité et s’adonnent aux malversations.

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Afrique
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Texte intégral

Introduction

1La question de la dégradation et de la prédation des boisements communaux et domaniaux est l’une des préoccupations majeures du public et aussi des institutions burundaises ayant en charge l’environnement, l’agriculture, l’énergie et les travaux publics. La coupe irrationnelle des boisements, les feux de brousse et la dégradation des écosystèmes sont liés à l’explosion démographique, à la paupérisation croissante des populations rurales et urbaines, aux perturbations climatiques ainsi qu’à l’urbanisation. Le bois est la source énergétique majeure au niveau domestique (90 % des ménages n’utilisent que le bois et le charbon de bois pour la cuisine). Il est aussi utilisé dans la construction des maisons et des ponts, dans la charpenterie, la menuiserie et l’ébénisterie, dans les briqueteries et les tuileries et dans l’industrie théicole (Bararwandika, 1999 ; 2000).

2En matière de lutte contre l’érosion de ruissellement, d’après Coufourier et al. (2008), le boisement est le mode d’occupation du sol qui a la capacité d’infiltration la plus forte en comparaison d’un sol cultivé ou d’une mairie. Un boisement constitue une zone favorable au gibier et dans ce sens est aussi un atout pour la biodiversité. C’est aussi un filtre qui améliore la qualité de l’eau en plus d’être un patrimoine et un moyen de valoriser une parcelle. Il agit aussi de plusieurs façons sur le ruissellement de l’eau. La consommation en eau des arbres et l’évapotranspiration provoquent le dessèchement du sol, ce qui favorise l’infiltration du ruissellement dans le sol. Le feuillage intercepte une partie de pluie qui n’atteint pas le sol. Le ruissellement sortant du boisement est plus ou moins réduit en fonction du débit entrant. La litière qui couvre le sous-bois agit comme une éponge et stocke l’eau. La porosité du sol du sous-bois favorise l’infiltration de l’eau (Coufourier et al., 2008).

3En plus de cette action de protection contre l’érosion, les boisements fournissent des produits ligneux qui servent à la construction, à la menuiserie et à l’ébénisterie, et pour la cuisson au bois et au charbon de bois. Certaines espèces d’arbres peuvent fournir d’autres produits pouvant servir dans l’industrie pour fabriquer des médicaments, des tanins, de la gomme, des sèves pour fabriquer des boissons comestibles, etc.

4Le rôle de protection du sol par les forêts et les boisements est mondialement connu. Selon Moeyersons (2008) citant Koring (2002) et Nauds et al. (2002), une végétation protectrice bien développée possède une grande capacité de fixation des sédiments en transit. Elle peut ainsi contribuer au stockage du carbone dans le sol. Des études récentes au Rwanda et ailleurs dans les régions tropicales confirment une grande capacité des systèmes agro forestiers à un tel stockage de carbone. Rishirumuhirwa et Roose (1998), en étudiant la productivité de biomasse et gestion durable des exploitations dans le cas des plateaux à forte population au Burundi, ont constaté que le fonctionnement des systèmes culturaux traditionnels du plateau central du Burundi est basé sur des techniques de transferts et de transformation de biomasse en fertilisants organiques (fumier et compost) ou minéraux (cendres). Pendant longtemps, ces flux ont été assurés par les productions internes aux exploitations, mais également par l’importation massive des terrains domaniaux sous forme de pâturages, de litière, de paillis et de feu de bois. Ces importations deviennent toutefois de plus en plus réduites en raison de la pression démographique qui se traduit par la raréfaction des terres. Les systèmes traditionnels semblent donc de moins en moins viables en particulier en ce qui concerne la couverture des besoins en fourrage, en bois de chauffage et en vivres. De plus, ils se révèlent incapables de maîtriser le ruissellement et de contrôler l’érosion. Pour renverser cette tendance, il est recommandé d’augmenter la production des résidus des feuillus en procédant en même temps à la diversification des sources de biomasse au sein de l’exploitation (agroforesterie) et par l’intensification des cultures.

5L’historique des formations forestières artificielles au Burundi remonterait au début du XXe siècle et selon les travaux de Rishirumuhirwa et Roose (1998), les besoins en bois de feu se sont faits déjà sentir au Burundi en 1919 ; moments où les paysans commençaient à utiliser comme combustibles les déchets végétaux et la bouse de vache séchée. À l’époque coloniale, les premières plantations permettaient de protéger la forêt naturelle en fournissant du bois de chauffe qui provenait antérieurement de cette forêt. Elles servaient également à protéger les terres agricoles contre l’érosion. Les plantations étaient constituées d’arbres d’alignement plantés le long des axes routiers. La création de boisements communautaires dont la superficie dépendait du nombre de contribuables ainsi que de boisements communaux est devenue aussi obligatoire depuis 1931.

6Dès 1948, la diminution des ressources forestières naturelles poussa les pouvoirs publics à mettre en place un service forestier chargé principalement de préserver les forêts naturelles et d’aménager les boisements économiques. Ces boisements mis en place sous le joug colonial connaissaient des problèmes de gestion dès l’époque de l’indépendance. Chaque paysan cherchait à s’approprier la part voulue et l’État n’était pas prêt pour imposer la loi afin d’en assurer la protection. Quinze ans après l’indépendance, le développement du secteur forestier burundais a atteint une étape importante. En effet, les superficies boisées avoisinaient 90 000 ha, soit près de 3 % du territoire national. La forêt tropicale de montagne représentait, quant à elle, 40 000 ha, les savanes arborées et les galeries 25 000 ha, tandis que les superficies des boisements artificiels et les arbres hors forêt étaient respectivement de 20 000 ha et 5 000 ha (FAO, 1999).

7Les formations forestières du Burundi se classent en trois grandes catégories à savoir : les formations naturelles ; les boisements domaniaux et communaux ; les boisements privés, l’agroforesterie et les arbres hors forêts. La création des forêts artificielles au Burundi est relativement récente et date de 1930 sous la tutelle belge. Des actions concrètes se sont manifestées à partir de 1978, lorsque les pouvoirs publics ont consenti des efforts importants en matière de l’augmentation du couvert forestier du pays. Ainsi, suite à la pression croissante sur forêts naturelles et à la pénurie de bois, le Burundi a lancé depuis 1978, un vaste programme de reboisement en vue d’assurer la production, tout en assurant un reboisement des crêtes dénudées. Des essences à croissance rapide ont été privilégiées pour répondre à court terme aux besoins de la population. Ses essences sont l’Eucalyptus sp pour la production de bois de feu et de service, le Pinus sp. pour le bois d’œuvre et du Callitris pour les crêtes. En tout, environ 80 000 ha ont été mis en culture forestière (Ministère de l’Aménagement du territoire et de l’environnement, INECN, GEF et UNDP, 2009). À côté de ce reboisement, des plantations individuelles, privées, communales, ont été encouragées. Parmi les essences favorisées en milieu rural dans le cadre de ce programme, il convient de souligner l’Eucalyptus sp. et les essences agroforestières et fourragères comme les Calliandra sp., les Accacia sp., le Grevillea sp., etc. Il convient aussi d’ajouter les plantations d’alignement ou isolées dans ou autour des habitations (INECN, GEF et UNDP, 2009).

8À partir des années 80, le Burundi, appuyé par des bailleurs de fonds extérieurs, a réalisé un vaste programme de reboisement en vue d’assurer, encore une fois la production et la protection du territoire forestier. Ainsi entre 1978 à 1992, la couverture forestière du pays est passée de 3 à 7 %. Des 25 428 ha que comptait le pays on est arrivé à 146 000 ha en 1993. Cependant, la crise d’octobre 1993 est venue saper les efforts que le pays avait déployés puisque plus de 30 000 ha ont été décimés. Ainsi de 1993 à 1997, la superficie des boisements domaniaux est passée de 80 000 ha à 56 000 ha, celle des boisements communaux de 11 000 ha à 7 000 ha et celle des forêts naturelles de 146 000 ha à 113 000 ha (Ndabirorere, 1999).

9Des aires protégées furent créées à partir de 1982 sur des espaces dont les occupants furent délogés. En même temps, de grands reboisements furent mis en place, avec l’assistance internationale, de manière peu participative. Ces aires protégées comprenaient en principe la totalité des forêts naturelles (notamment Kibira, Bururi, Vyanda), mais également des zones humides (notamment Rusizi, Ruvubu, Rwihinda) et des savanes (notamment Rusizi, Ruvubu) ainsi que des ceintures de boisements artificiels et des cultures, spécialement dans les paysages protégés (Bigendako, 1997). Ces actions ont pu freiner la destruction des forêts naturelles et accélérer le rythme de reboisement de sorte que la superficie forestière se mit enfin à augmenter.

10En vue de satisfaire les besoins socio-économiques et écologiques du pays, la politique forestière visait à porter la couverture forestière de 44 500 hectares à 500 000 hectares, soit 20 % de la superficie du pays à l’horizon 2000. Mais en 2000, on était à 120 000 ha soit une augmentation de 750 000 ha seulement. Les ressources forestières ont subi des destructions estimées à 30 000 ha de 1993 à 1994.

11Cette dégradation était surtout due aux feux de brousse, à l’exploitation anarchique des boisements, à une appropriation illégale des forêts et des terres boisées par l’administration locale et à une faible capacité institutionnelle de gestion du secteur. En 2005, les boisements artificiels du Burundi comprenaient 66 espèces avec une superficie de 133 500 ha dont les boisements domaniaux estimés à 61 375 ha, les boisements communaux à 24 125 ha et les boisements privés à 48 000 ha (INECN, GEF et PNUD, 2009).

12La part du bois dans le bilan énergétique du Burundi est très considérable. Ndabirorere (1999) se référant au rapport du Ministère de l’Énergie et Mines de 1999 mentionnait que les études qui étaient déjà menées à l’époque dans le cadre de la filière bois précisaient que le bois et les résidus agricoles occupaient environ 97 % (soit 5 405 597 tonnes) dans le bilan énergétique et que c’était le milieu rural qui absorbait la plus grande quantité de bois avec de 76 % des consommations totales. L’électricité n’y représentait qu’environ 0,47 % du bilan énergétique total. Les produits pétroliers représentent 2,4 % du bilan énergétique total. Le taux d’électrification au niveau national n’excédait pas 1,5 % à cause de la dispersion de l’habitat et de la pauvreté des populations. La contribution de la tourbe ne représentait que 0,04 % du bilan énergétique total. Le marché du bois en milieu rural était très peu monétisé et échappait à tout contrôle des forestiers et des autres opérateurs. Les résidus d’exploitation agricole (fanes végétales, bouses de vache ;….) représentaient 28 % du combustible total utilisé en milieu rural (Besse et Guizol, 1991) et 36 % des ménages utilisent les déchets végétaux surtout pour la cuisson (Ndabirorere, 1999).

13La figure 1 montre l’arbre à problèmes de la dégradation et la prédation des boisements domaniaux et communaux. Il y est clairement vu que les conséquences de la dégradation et la prédation des boisements sont dues à l’augmentation de l’érosion de ravinement et de ruissellement sur les pentes des bassins versants qui conduisent à la baisse de la fertilité du sol ainsi qu’à des inondations destructrices dans les marais et les bas-fonds. Le déboisement des bas-fonds, la culture pratiquée jusque sur les berges des rivières ainsi que l’assèchement des marais ont contribué à la diminution de la biodiversité dans ces milieux écologiques.

14Les rivières burundaises jadis poissonneuses ne contiennent presque plus de poissons. La culture des marais et des bas-fonds jusqu’aux berges des rivières et des lacs a désorganisé les zones de fraie et a privé les poissons de leurs milieux de productions d’aliments. La pêche avec usage de plantes empoisonnantes comme l’ont fait les Batwa dans nombreuses rivières du pays a contribué à aggraver une situation déjà alarmante.

15La dégradation et la prédation précarisent la disponibilité du bois qui est la première source énergétique au Burundi et une importante matière première dans la construction des logements (perches, charpente, cuisson des tuiles et des briques). Les ménages sans boisement et sans revenus suffisants pour acheter du bois sont obligés d’utiliser les résidus des récoltes et les adventices pour la cuisson. La pénurie du bois au Burundi date de longtemps. À l’époque royale, le roi et les princes demandaient une contribution en bois en raison du déboisement intensif du pays. Certaines variétés de bois se faisaient rares et il fallait parfois user de persuasion pour obliger tel ou tel de se défaire d’un arbre. Toute personne qui ne voulait pas donner un arbre appelé localement « umusave » (Markhamia lutea) était expropriée de ses biens (Botte, 1982).

Figure 1. Arbre à problèmes pour la dégradation et la prédation des boisements communaux et domaniaux en provinces Kayanza et Muramvya

Figure 1. Arbre à problèmes pour la dégradation et la prédation des boisements communaux et domaniaux en provinces Kayanza et Muramvya

16Dans le passé, les méthodes traditionnelles de conservation de la biodiversité végétale étaient la délimitation de bois sacrés, de bosquets sacrés, la multiplication et l’introduction de ressources génétiques, l’agroforesterie et les plantes médicinales de l’enclos, les arboretums et les jardins botaniques. Les programmes de reboisement ont toujours eu recours aux essences exotiques dites à croissance rapide (Eucalyptus spp. , Grevillea spp. , Acacia spp. , Pinus spp. , Calitris spp. ) au détriment des éléments de la biodiversité autochtone pourtant bien adaptés aux conditions locales. Avec ces introductions, plusieurs plantations en blocs industriels monospécifiques ont été installées ici et là dans le pays avec les conséquences néfastes sur la biodiversité autochtone (Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement - INCEN, 2003). D’après les statistiques de l’an 2002, le bois, le charbon de bois et les déchets végétaux représentaient environ 97 % de la consommation totale, soit 2 020 274 tonnes en équivalent de pétrole (TEP), l’électricité seulement 3,3 % soit 680 TEP. La part des énergies renouvelables (solaire et biogaz) était négligeable (Ministère de l’Énergie et Mines et PNUD, 2003).

17Les ménages ruraux étaient responsables de 77 % de la quantité totale de bois primaire prélevé (Bararwandika, 1999). La part des ménages urbains était marginale en ce qui concerne le bois de feu en consommant plus de 71 % du charbon de bois. Les résidus étaient utilisés presque exclusivement en zone rurale. Le bois énergie et le charbon de bois constitueraient aussi les énergies principales de nombreuses activités artisanales et industrielles. Et les prévisions de la demande principale en combustibles ligneux pour 2002 montraient que celle-ci se situait au niveau de 1,75 million de tonnes en équivalent pétrole (Bararwandika, 2000).

18La quête incessante de matériaux de construction se fait généralement aux dépens des espaces et des paysages ruraux. Les besoins en logements nouveaux (tous les milieux confondus) s’établissaient aux alentours de 30 000 unités par an, auxquelles il fallait rajouter les constructions hors logements et les travaux publics, grands consommateurs de matériaux. Une partie des boisements existants a été coupée pour fabriquer du charbon de bois ou des planches, souvent en prébende, pour le compte de certaines autorités du pays. La forêt naturelle de la Kibira n’a pas été épargnée autant par les autorités que par la population riveraine. Le coût du charbon de bois explose dans les villes. En 1987, le couvert forestier variait entre 165 000 ha et 200 000 ha sur toute l’étendue du territoire et de 1992 à 1997, il était passé de 206 000 à 174 000 ha (Ndikumagenge, 1997).

19Dans la province de Kayanza qui fait l’objet de cette étude, 320 ha ont ainsi été détruits entre 1993 et 1996. La destruction des cultures, notamment les plantations de caféier, que l’on peut considérer comme de microboisements, constitue une atteinte supplémentaire aux milieux naturels, car leur disparition a laissé les sols à nu, exposés à l’érosion. À l’échelle du territoire national, 38 % des boisements artificiels étaient portés disparus dès 1996 (Word Bank – EDEFP, 2003).

20Concernant la consommation du bois et du charbon de bois, nous avons constaté selon nos propres observations qu’à Bujumbura, le coût d’un sac standard de charbon coûtait autour de 9000 FBU fin 2005. En février 2009, il coûtait 15000 FBU, soit une augmentation de 40 % en trois ans. Le Département de l’énergie avait estimé en 1997 qu’il fallait appliquer un taux d’accroissement par an variable selon le type de consommateur soit pour la consommation du bois de chauffe : + 4 %, pour le secteur public (écoles, camps, hôpitaux, prison, artisanat) ; + 3 % pour les ménages ruraux et les ménages urbains ; + 2 % pour l’industrie ; 2 % pour les exportations et + 3 % pour le total de la consommation. Pour la consommation du charbon de bois, l’accroissement a été évalué à : + 4 % pour les ménages urbains ; + 2 % pour les exportations ; + 1 % pour les ménages ruraux et le secteur public et à + 3 % pour l’ensemble des consommateurs (Nkurunziza, 1999 in : Ministère de l’Énergie et des Mines, 1997).

21Quant à la disponibilité de la ressource forestière, le rapport présenté par Bararwandika (2000) lors de l’atelier de Lambarené au Gabon, se basant sur les estimations de l’époque, montre que les formations forestières naturelles couvraient une superficie de 56 000 ha, alors que les formations artificielles publiques et privées couvraient respectivement près de 69 000 ha et 64 000 ha en 1998. Avant la crise, la couverture forestière avoisinait 8 % du territoire national avec 211 000 ha composés de 84 000 ha de boisements privés, 56 000 ha de forêts naturelles et 11 000 ha de boisements communaux. Ces données étaient proches de celles évoquées en 1996 par le PNUD qui précisait qu’avant la crise d’octobre 1993, les boisements artificiels couvraient une superficie de 150 000 ha et que la filière bois occupait 19 000 personnes.

22Concernant la production de ces formations forestières, les boisements domaniaux produisaient en moyenne 15 m3/ha/an Quant à la production des microboisements et de l’agroforesterie, elle était de 1 m3/ha/an pour le bois de feu et de service. Le Burundi disposait en 2009 de 133 500 ha, soit 4,7 % de la superficie du pays, raison de 61 375 ha de boisements domaniaux, et 48 000 ha de boisements privés. Le sous-secteur forestier et agro-forestier contribuait pour environ 2 % du PIB et fournit 6 % d’emplois. Il joue aussi un rôle important dans la conservation des eaux et des sols et assure le maintien de la biodiversité et des équilibres hydriques et hydrologiques de l’environnement. Le bois et ses dérivés fournissaient 95,4 % de l’énergie nationale consommée. En effet, depuis l’éclatement de cette crise, les végétations naturelles et forestières régressent au détriment des disponibilités en pâturages, en combustibles, et bois d’œuvre. Le déboisement se prolonge sous l’effet de la reconstruction qui est consommatrice de terre et de bois et aggrave les risques d’érosion. De 1990 à 2004, la surface boisée a fortement diminué, passant de 8,2 % à 6,2 % de la surface émergée.

23Cependant, même si les boisements artificiels (communaux et domaniaux) sont les plus visibles, on n’oubliera pas l’importance du bois qu’on retrouve au sein des exploitations. Le travail publié par Cochet (2001), insiste sur le fait que la majorité du bois consommé ne provenait ni des forêts résiduelles ni des périmètres reboisés, mais des exploitations agricoles elles-mêmes. Il cite entre autres en exemple les régions les plus peuplées du Centre Nord (Buyenzi, Ouest-Bweru, Nord Kirimiro) où Eucalyptus et Grevillea ont été massivement adoptés par les agriculteurs et que des gens en sont dépourvus. Il donne aussi celui du bois d’œuvre dont l’enquête réalisée en 1991 par Besse et Guizol sur la filière bois révélait que le bois d’œuvre qui arrivait à Bujumbura était surtout du Grevillea, une essence qui ne poussait ni dans les forêts, ni dans les boisements artificiels. La plus grande partie provenait de la région de Ngozi « capitale » de la région très densément peuplée et caféicole de Buyenzi, c’est-à-dire des exploitations agricoles elles-mêmes.

24Lors de la journée mondiale de l’environnement en juin 2008, le Ministre de l’environnement de l’époque, Anatole Kanyenkiko, déclara que le taux de reboisement était passé de 3 % en 1978, à 8 % en 1992, avant de rechuter à 5 % durant la décennie écoulée, à cause de la guerre civile qui n’a pas épargné l’environnement. Cependant dès 2005, un effort de reboisement dans toutes les provinces du pays a été fait par l’État en collaboration avec la population. Le bilan des réalisations décennales dans le secteur forestier déclaré par le département des forêts du Ministère de l’Environnement est de 70 millions de plants en 2008, plus de 41 millions en 2009 et il était prévu 60 millions en 2010 (Agence burundaise de Presse, 20 décembre 2010) dans le bilan des réalisations décennales 2000-2010. La volonté de reboisement s’est alors traduit par l’augmentation du budget alloué à ce secteur par le gouvernement, soit de 600 millions de francs burundais en 2008, de 2 milliards en 2009 et de 4 milliards en 20101.

25La journée de l’arbre a été institutionnalisée et la population de tout le pays prépare avec ferveur des projets et des objectifs à atteindre dans chaque commune. Les essences plantées sont des plants de reboisement comme l’Eucalyptus, mais aussi des arbres agroforestiers et fruitiers. Des associations et des individus prennent aujourd’hui des initiatives pour reboiser les zones dégradées du pays et protéger l’environnement (Agence Burundaise de Presse, 2010).

26En 2011, il y a eu plus de 2 millions de plants de Grevillea dans les pépinières. En plus de ça, 2 millions d’arbres fruitiers ont été plantés. Les familles qui ont préparé ces pépinières ont eu un léger mieux, car elles ont été payées pour ces plants et le plus grand nombre a été redistribué à la population (voir Discours à la Nation du président Pierre Nkurunziza, Président de la République à l’occasion du Nouvel An 20122.

27Certaines causes de la mauvaise gestion des boisements au Burundi ont été évoquées lors d’une formation sur l’environnement à Makamba dans le sud du pays. Parmi elles figure le non-respect du bon moment de la coupe ; l’utilisation d’outils de coupe non adaptés ; le non-respect de la technique de coupe ; le non-respect du code forestier et du code de l’environnement qui ne sont connus que par les autorités administratives et certaines personnes de l’administration qui coupaient les boisements communaux pour leurs propres fins ; et enfin une absence d’entretien des boisements. En plus de toutes ces raisons évoquées, il y a aussi le problème de termite qui sévit dans cette province. Les participants ont souligné que la plantation des arbres est plus durable si elle est faite par les associations et proposé que l’on mette sur pied des comités constitués par la population bénéficiaire pour surveiller les boisements.

28L’objectif de notre étude est l’évaluation sommaire du patrimoine bois dans les provinces Muramvya et Kayanza ; la définition des acteurs de la prédation et de la dégradation des boisements domaniaux et communaux ainsi que les raisons qui les y poussent avant, pendant et après la crise socio-politique.

Méthodologie

29Cette étude s’est déroulée dans deux provinces du pays à savoir Muramvya en région naturelle de Kirimiro et Kayanza dans le Buyenzi. La collecte des données et la recherche de l’information se sont basées d’abord sur l’analyse bibliographique, une enquête avec un questionnaire d’entretien ouvert auprès des agents forestiers communaux des deux provinces et des entretiens ouverts avec deux groupes de discussions de 10 personnes chacun.

30Le traitement de l’information issue des pré-enquêtes nous a orientés dans la formulation d’un questionnaire que nous avons adressé aux agents forestiers communaux des mêmes provinces. Le but de cette enquête était de déceler la variabilité des acteurs et les causes de la dégradation et de la prédation des boisements dans les communes. Cette enquête a permis de recueillir des informations et des données sur l’existence ou non de boisements privés, communaux et domaniaux dans les communes ; la proportion de chaque type de boisement par rapport à la superficie totale boisée dans la commune ; les différentes essences retrouvées dans les boisements ; la protection des boisements, les responsables de la dégradation avant, pendant et après la guerre, les principaux acteurs et les éléments favorisant la dégradation et de la prédation des boisements communaux et domaniaux en provinces Kayanza et Muramya ainsi que les statistiques en rapport avec les boisements de 2005 à 2010.

31Une autre enquête a été menée auprès de 48 ménages de la Commune Kabarore et 50 ménages de la Commune Rutegama. Cette dernière enquête avait pour but de confirmer les résultats de l’enquête auprès des agents forestiers communaux et de voir si elle pouvait apporter un complément d’information sur les acteurs et sur les éléments favorisant la dégradation de la prédation des boisements communaux et domaniaux.

32L’étude se rapporte à trois périodes à savoir : avant la guerre débutée en 1993, pendant la guerre c’est-à-dire entre 1993 à 2004 et après la guerre c’est-à-dire de 2005 au jour de l’enquête.

33Concernant l’analyse statistique des résultats, nous avons recouru au test de comparaison des proportions. Nous avons considéré le seuil de signification à 95 %. Le risque maximal que nous avons accepté de rejeter l’hypothèse nulle H0 alors qu’elle est vraie a été fixé à 5 %. Nous avons donc construit l’intervalle de confiance à 95 % autour de la différence des proportions.

Résultats

34Le dépouillement des différentes enquêtes nous permet de présenter les résultats importants suivants.

Les principales essences forestières et agroforestières enregistrées Muramvya et Kayanza

35Le tableau 1 montre les principales essences forestières et agroforestières rencontrées dans les boisements publics. L’essentiel des essences retrouvées dans les boisements des provinces Kayanza et Muramya est constitué d’Eucalyptus sp., de Pinus sp., Callitris sp., Cupressus sp. Le Grevillea sp. est planté dans les champs. La Commune Kabarore présente une plus grande diversité d’espèces d’arbres à cause de la présence de la forêt naturelle de la Kibira sur une partie de son territoire. Cela explique la présence des espèces d’arbres telles Arundinaria sp., Hagenia sp., Amindinaria sp., Anigeria sp., Erythrina abyssinica, etc. Nous avons constaté que dans l’ensemble, la diversité d’espèces d’arbres plantés dans les boisements communaux et domaniaux est faible.

Tableau 1. Principales espèces d’arbres rencontrés dans les boisements communaux et domaniaux en provinces Kayanza et Muramya d’après les agents forestiers communaux

N° 

Communes

Eu

Gr

Cy

Ca

Pi

Ar

Ha

Am

An

Ab

1

Bukeye

×

×

 

 

×

 

 

 

 

 

2

Kiganda

×

×

×

×

×

 

 

 

 

 

3

Mbuye

×

×

×

×

 

 

 

 

 

 

4

Muramvya

×

×

×

×

×

 

 

 

 

 

5

Rutegama

×

 

 

×

×

 

 

 

 

 

6

Butaganzwa

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

7

Gahombo

×

×

 

 

 

 

 

 

 

 

8

Gatara

×

×

 

 

×

 

 

 

 

 

9

Kabarore

×

 

 

×

×

×

×

×

×

×

10

Kayanza

×

×

 

×

×

 

 

 

 

 

11

Matongo

 ×

 ×

 

 ×

 ×

 

 

 

 

 

12

Muhanga

×

×

 

×

×

 

 

 

 

 

13

Muruta

×

×

 

×

 

 

 

 

 

 

14

Rango

×

×

 

 

×

 

 

 

 

 

Légende : Eu : Eucalyptus ; Gr : Grevillea ; Cy : Cyprès ; Ca : Callitris ; Pi : Pinus ; Ar :Arundinaria ; Ha : Hagenia abyssinica ; Am : Amindinaria, An : Anigeria ; Erythrina abyssinica

Les causes majeures de la dégradation et de la prédation des boisements avant, pendant et après la guerre

36Le tableau 2 montre les causes majeures de la dégradation et de la déprédation des boisements identifiées pas les personnes interrogées. Il se montre que la recherche du bois de chauffage reste la première cause de la dégradation et la prédation des boisements autant avant, pendant, qu’après la guerre. Viennent ensuite la pression démographique, l’usage du bois pour la construction, le tuteurage du haricot volubile, la fabrication du charbon pour alimenter les ménages urbains. Les autres causes semblent moins importantes vu le pourcentage d’opinions exprimées. Bien que la pauvreté ne soit pas citée avec une fréquence élevée par les interviewés, les pourcentages exprimés sont en progression constante sur les trois périodes. Il en est de même pour la construction des infrastructures sociales, le sciage du bois pour les planches. L’effet de la production de tuteurs pour la culture du haricot sur le déboisement est moins important pendant la période de guerre (15,3 %) tandis qu’elle est accentuée dans la période d’après-guerre (59,2 %), contre 41,8 % d’avant la guerre (voir tableau 3).

Tableau 2. Raisons de la dégradation et de la prédation des boisements en provinces Kayanza et Muramya selon un indice de sévérité décroissant

N° 

Communes

1ère raison

2ème raison

3ème raison

4ème raison

5ème raison

6ième raison

1

Bukeye

Etc

dba

Cis

b éch

2

Kiganda

P

Iib

Ect

bc

Cb

Th

3

Mbuye

Etc

dba

Cis

p

4

Muramya

Etc

dba

Cis

p

5

Rutegama

iib (nde)

G

Nde

ca b

pie (nde)

Mmc

6

Butaganzwa

Ap

bupf

Nde

adgb

abdB

7

Gahombo

P

Bc

Bco

8

Gatara

bc ; cb

Ep

9

Kabarore

Vfc

Bc

Bco

10

Kayanza

Bc

Pl

Bco

11

Matongo

P

Th

Fb

12

Muhanga

Etc

Bc

Bco

13

Muruta

P

Bc

Etc

14

Rango

Bc

etc

P

Légende : Etc. : extension des terres cultivables ; ep : extension des pâturages ; p : pauvreté ; a p : augmentation de la population ; fb : feux de brousses ; dba : distribution des boisements par l’administration ; bco : bois de construction ; bc : bois de chauffage ; cb : charbon de bois ; cis : construction des infrastructures sociales ; iib : ignorance de l’importance des boisements ; nde : négligence du domaine de l’environnement ; cbc : carence du bois de construction ; th : tuteurs de haricot ; pie : protection insuffisante de l’environnement ; adgb : les autorités communales qui se donnent l’autonomie de gestion des boisements ; abdB : attribution des sites de boisements domaniaux aux Batwa pour construire des maisons ; mmc : manque de moyens de contrôle et de surveillance (humain, de déplacement) ; pl : sciage du bois pour fabriquer des planches ; vfc : vente pour rechercher des finances communales ; bupf : bois utilisé pour plusieurs fonctions

Tableau 3. Les éléments favorisant le déboisement selon les 3 périodes de référence des réponses

Avant la guerre

Pendant la guerre

Après la guerre

Extension des terres cultivables

59,2 %

51,0 %

50,0 %

Extension des pâturages

2,0 %

9,2 %

0,0 %

Pauvreté

7,1 %

15,3 %

20,4 %

Population

61,2 %

49,0 %

52,0 %

Feux de brousses

41,8 %

44,9 %

2,0 %

Distribution des boisements par l’administration

10,2 %

10,2 %

8,2 %

Bois de construction

55,1 %

44,9 %

65,3 %

Bois de chauffage

68,4 %

91,8 %

80,6 %

Charbon de bois

26,5 %

20,4 %

38,8 %

Construction des infrastructures sociales

7,1 %

9,2 %

19,4 %

Ignorance de l’importance des boisements

0,0 %

0,0 %

0,0 %

Négligence du domaine de l’environnement

0,0 %

17,3 %

0,0 %

Carence du bois de construction

49,0 %

19,4 %

58,2 %

Tuteurs de haricot

41,8 %

15,3 %

59,2 %

Protection insuffisante de l’environnement

0,0 %

17,3 %

0,0 %

Les autorités qui se donnent l’autonomie de gestion des boisements

3,1 %

5,1 %

1,0 %

Attribution des sites de boisements domaniaux aux Batwa

4,1 %

4,1 %

11,2 %

Manque de moyens de contrôle et de surveillance

0,0 %

10,2 %

0,0 %

Sciage du bois pour les planches

12,2 %

13,3 %

20,4 %

Vente pour rechercher des finances communales

0,0 %

0,0 %

0,0 %

Bois utilisé pour plusieurs fonctions

58,2 %

54,1 %

49,0 %

Non connaissance des lois de protection des boisements

0,0 %

0,0 %

0,0 %

Les principaux acteurs de la dégradation et de la prédation des boisements communaux et domaniaux à Kayanza et Muramvya

37Suivant le tableau 4 relatif à cet aspect, neuf acteurs de prédation et dégradation des boisements domaniaux et communaux ont été recensés : administration, la population en général, les militaires, les Batwa, les feux de brousse, les déplacés et regroupés, les policiers, les rebelles et les fabricants de charbon. La classification des acteurs est montrée dans le tableau 5).

Tableau 4. Acteurs de la prédation et de la dégradation des boisements communaux et domaniaux avant, pendant et après la guerre dans les communes des provinces Kayanza et Muramya.

Acteurs de la prédation et de la dégradation des boisements

Nombre de communes sur 12 où l’acteur de la dégradation et/ou de la prédation est cité

Avant la guerre

Pendant la guerre

Après la guerre

Feux de brousse

6

1

0

Administration

3

4

8

Population

3

5

5

Militaires

1

8

3

Regroupés

0

4

0

Déplacés

0

1

0

Batwa

1

3

6

Policiers

0

0

3

Fabricants de charbon

0

0

1

Rebelles

0

3

0

Tableau 5. Comparaisons des acteurs selon les 3 périodes de référence des réponses

Période de référence des réponses

Acteurs

Avant la guerre

Pendant la guerre

Après la guerre

Pyromanes

29,6 %

19,4 %

9,2 %

Batwa

7,1 %

4,1 %

11,2 %

Population

41,8 %

80,6 %

58,2 %

Militaire

5,1 %

40,8 %

12,2 %

Policier

1,0 %

19,4 %

28,6 %

Autres personnes

49,0 %

49,0 %

49,0 %

Administration communale

30,6 %

34,7 %

27,6 %

Rebelles

0,0 %

21,4 %

0,0 %

Déplacés

5,1 %

22,4 %

0,0 %

Regroupés

0,0 %

2,0 %

0,0 %

Fabricants de charbon

32,7 %

30,6 %

21,4 %

38Avant la guerre, les principaux acteurs sont dans l’ordre croissant la population en général et les fabricants de charbon. Pendant la guerre, le premier acteur est la population (100 %) dans la commune Kabarore tandis que ce sont les militaires (80,0 %) suivis de la population (62,0 %) dans la commune Rutegama. L’acteur « rebelle » n’occupe que la quatrième position, du moins pour Rutegama.

39Nous constatons que pendant la période d’enquête (après la guerre), le premier acteur sur Rutegama est le policier (56,0 %), suivi de l’administration communale (54,0 %) tandis que dans la commune Kabarore c’est la population (100 %).

Discussion

40D’entrée de jeu, nous avons constaté que dans l’ensemble, la diversité d’espèces d’arbres plantés dans les boisements communaux et domaniaux est faible.

41Les causes majeures de la prédation et de la dégradation des boisements sont au nombre de 22 tant avant, pendant qu’après la guerre. La première cause est la recherche du bois de chauffage pour les deux Communes de Kabarore et de Rutegama. Pour la deuxième cause, une différence existe entre les deux communes : la commune Kabarore enregistre une augmentation de la population tandis que la commune Rutegama les feux de brousse est la cause identifiée. L’augmentation de la population, en deuxième position en Kabarore, ne vient qu’en troisième position dans la commune Rutegama. Selon les tableaux 3 et 6, il existe, selon les personnes interrogées, de nombreux éléments favorisant la dégradation et déprédation des boisements communaux. Ce sont par ordre croissant, pour les trois premiers éléments, l’extension des terres cultivables, l’utilisation du bois pour plusieurs fonctions et la pauvreté. Le reste des raisons de dégradation et prédation des boisements recueillies semblent moins importantes dans ces deux communes avant la guerre.

Tableau 6. Test de comparaison des éléments favorisant le déboisement entre les trois périodes

Contraintes

Effectifs

P1

P2

D

P1

P3

D

P2

P3

D

Extension des terres cultivables

98

0,59

0,51

Ns

0,59

0,50

Ns

0,51

0,50

Ns

Extension des pâturages

98

0,02

0,09

Na

0,02

0,00

na

0,09

0,00

Na

Pauvreté

98

0,07

0,15

S

0,07

0,20

s

0,15

0,20

Ns

Augmentation de la population

98

0,61

0,49

S

0,61

0,52

ns

0,49

0,52

Ns

Pyromanes

98

0,42

0,45

Ns

0,42

0,02

na

0,45

0,02

Na

Distribution des boisements par l’administration

98

0,10

0,10

Ns

0,10

0,08

ns

0,10

0,08

Ns

Bois de construction

98

0,55

0,45

S

0,55

0,65

s

0,45

0,65

S

Bois de chauffage

98

0,68

0,92

S

0,68

0,81

s

0,92

0,81

S

Charbon de bois

98

0,27

0,20

Ns

0,27

0,39

s

0,20

0,39

S

Construction des infrastructures sociales

98

0,07

0,09

Ns

0,07

0,19

s

0,09

0,19

S

Ignorance de l’importance des boisements

98

0,00

0,00

Na

0,00

0,00

na

0,00

0,00

Na

Négligence du domaine de l’environnement

98

0,00

0,17

Na

0,00

0,00

na

0,17

0,00

Na

Carence du bois de construction

98

0,49

0,19

S

0,49

0,58

ns

0,19

0,58

S

Tuteurs de haricot

98

0,42

0,15

S

0,42

0,59

s

0,15

0,59

S

Protection insuffisante de l’environnement

98

0,00

0,17

Na

0,00

0,00

na

0,17

0,00

Na

Les autorités qui se donnent l’autonomie de gestion des boisements 

98

0,03

0,05

Na

0,03

0,01

na

0,05

0,01

Na

Attribution des sites de boisements domaniaux aux Batwa

98

0,04

0,04

Na

0,04

0,11

na

0,04

0,11

Na

Manque de moyens de contrôle et de surveillance

98

0,00

0,10

Na

0,00

0,00

na

0,10

0,00

Na

Sciage du bois pour les planches

98

0,12

0,13

Ns

0,12

0,20

s

0,13

0,20

Ns

Vente pour rechercher des finances communales

98

0,00

0,00

Na

0,00

0,00

na

0,00

0,00

Na

Bois utilisé pour plusieurs fonctions

98

0,58

0,54

Ns

0,58

0,49

ns

0,54

0,49

Ns

Non connaissance des lois de protection des boisements

98

0,00

0,00

Na

0,00

0,00

na

0,00

0,00

Na

Légende : s =Différence statistiquement significative ; ns =Différence no statistiquement significative ; Comparaison non applicable ; P1 = proportion avant la guerre ; P2 = proportion pendant la guerre ; P3 = proportion après la guerre ; D = Décision

42Pendant la guerre, le bois de chauffage était la première contrainte. La contrainte « feux de brousse » maintenait le statu quo autant avant que pendant la guerre. La contrainte augmentation de la population venue en deuxième lieu dans la commune Kabarore avant la guerre venait en troisième position durant celle-ci.

43Dans les deux communes, la prédation des boisements après la guerre a fortement diminué sauf la prédation de la part de la communauté Batwa dans la commune Rutegama. La menace de sanctions graves par le Gouvernement à l’encontre des personnes qui font la prédation des boisements et qui dégradaient l’environnement commence à faire sentir son effet. On constate que les actions de dégradation et de prédation des boisements survenues à cause de la guerre diminuent avec sa fin (dégradation et prédation par les militaires, les déplacés, les regroupés et les rebelles) sauf pour l’acteur « policier » pour lequel on constate une action recrudescente. Les groupes de discussion nous ont expliqué que les policiers cantonnés sur des positions font couper du bois pour la cuisson de leur nourriture et en profitent pour faire couper des quantités supplémentaires qu’ils vendent à leur profit.

44Les causes liées à l’ignorance de l’importance des boisements, à la méconnaissance des lois de protection des boisements, à la vente du bois pour rechercher des finances communales n’ont pas été ciblées par les ménages enquêtés. Les contraintes restantes ne l’ont été que trop faiblement dont notamment : la distribution des boisements par l’administration, la protection insuffisante de l’environnement, le manque de moyens de contrôle et de surveillance, les autorités qui se donnent l’autonomie de gestion des boisements, l’extension des pâturages qui ont été mentionnés par moins à de 10 % des interviewés.

45S’agissant des acteurs de la prédation et de la dégradation des boisements domaniaux et communaux, nous constatons que la place de l’acteur « population » a fortement varié entre les 3 périodes (41,8 % avant la guerre, 80,6 % pendant la guerre et 58,2 % après la guerre). L’action négative des pyromanes est, quant à lui, en baisse (29,6 % ; 19,4 % ; 9,2 %), tout comme celle provoquée par la fabrication du charbon (32,7 % ; 30,6 % ; 21,4 %). Celle des militaires n’a duré, par ailleurs que le temps de la guerre (5,1 % ; 40,8 % ; 12,2 %), tandis que celle de la police augmente pendant la guerre par rapport à la période d’avant la guerre et s’accélère davantage après la guerre (1,0 % ; 19,4 % ; 28,6 %). La place de l’administration communale dans cette activité est relativement stable selon les périodes (30,6 % ; 34,7 % ; 27,6 %). La dégradation et la prédation par les rebelles, les regroupés et les déplacés étaient un résultat direct de la guerre et se sont arrêtées avec elle.

46Dans les deux communes, la dégradation et la prédation des boisements après la guerre ont fortement diminué sauf de la part de la communauté Batwa en Commune Rutegama. Pour ces derniers, cela s’explique par le fait qu’ils sont très démunis et ne disposent ni de propriétés agricoles, ni de boisement, ni le plus souvent de travail rémunéré pour leur procurer un revenu. Ils volent du bois pour assurer leur survie. Comme ils demandent à l’État de leur octroyer de la terre pour l’agriculture, les communes les installent parfois sur des sites boisés ou à proximité de ces sites. N’ayant ni boisements propres ni assez de revenus monétaires, ils volent le bois pour satisfaire les besoins ménagers et pour vendre en vue de se procurer un revenu. Pour une bonne partie des communes, il ne leur reste que les boisements communaux comme propriété foncière. C’est pourquoi dans ce type de communes, les boisements communaux sont détruits pour réinstaller les rapatriés et les déplacés, pour y ériger les infrastructures communales, pour aménager les terrains sportifs, pour installer les vulnérables et les plus pauvres. Cette question de manque de terre pour les communes va se poser de manière cruciale pour les années à venir. On constate d’ailleurs de plus en plus de problèmes fonciers entre les privés et les communes pour la possession de la terre.

47En classant les causes relatives à la dégradation et la prédation des boisements nous trouvons que la recherche du bois de chauffage et de construction viennent en tête, suivent l’extension des superficies cultivées et bâties au détriment la superficie boisée, la non-exploitation ou l’exploitation insuffisante des autres potentialités énergétiques (hydroélectricité, tourbe, énergie solaire, biogaz, éolienne). S’y ajoute l’esprit de pillage (« gusagata »), la corruption et la malversation des biens de l’État qui ont pris leur envol pendant la guerre.

48La guerre a perverti les autorités administratives et les a rendues non responsables et non redevables envers la population. Elle a renforcé le non-respect et la non-application des lois existantes autant chez les gouvernants que chez les gouvernés et a généralisé la mauvaise gouvernance. On constate que même après la guerre, les communes où les boisements continuent à subir le plus de dommages sont celles où les autorités communales font montre de moins de sens de responsabilité et s’adonnent aux malversations. L’analyse de l’information bibliographique, celle issue des focus groups, des résultats de l’enquête auprès des agents policiers ainsi que l’analyse des résultats d’enquête effectués auprès des ménages nous ont permis d’élaborer un arbre des contraintes et un arbre de solutions. Un débat sur les résultats entre les chercheurs, les administratifs et la population rurale permettrait d’inventorier des solutions pratiques et mettre en place une nouvelle politique de gouvernance des boisements communaux et domaniaux en provinces Kayanza et Muramya en général et en communes Kabarore et Rutegama en particulier.

49La concurrence entre les terres à cultiver, à boiser et pour le pâturage est très manifeste à travers notre enquête et arrive comme la première contrainte. Cela s’explique davantage en provinces Kayanza et Muramvya puisqu’une enquête du Programme alimentaire mondial (PAM) en 2008 a révélé que les exploitations agricoles de moins de 25 ares étaient à une proportion de 40 % du total en province Kayanza et à 20,9 % du total en province Muramya. Elle établissait aussi que seuls 95,2 % des chefs de ménages au niveau du pays avaient accès à la terre, ce qui voulait dire que le pays comptait 4,8 % des sans terre. L’enquête a également montré qu’au niveau du pays, 21,3 % des chefs de ménages ayant accès à la terre n’avaient que des lopins de 25 ares ou moins.

50Dans un pays où près de 90 % de la population vit de la terre, la pression démographique entraîne la mise en culture des terres marginales et la récupération des terres boisées et de pâturages. Ce qui provoque des déséquilibres environnementaux, des conflits entre les agriculteurs et les éleveurs, ainsi qu’entre les éleveurs et les autorités administratives et forestières quand des boisements communaux et domaniaux sont brûlés.

51La pauvreté des communes peut aussi conduire à la coupe d’arbre pour régler des factures administratives, mais aussi souvent, du bois est coupé illicitement dans le cadre de malversations et détournement du bien public par les autorités administratives. Des fois, les communes n’ont plus de terre sur lesquelles ériger les infrastructures sociales (écoles, centres de santé, terrains de sports) ainsi que les cimetières. Dans ce cas, elles déboisent pour satisfaire leurs besoins.

52Pour les policiers et les militaires, la coupe du bois a pour raison officielle la cuisson de leurs aliments, mais les enquêtés affirment aussi qu’ils coupent plus que la quantité justifiée pour vendre l’excédant à leur propre profit. Pour l’administration locale, là où elle contribue dans la dégradation et la prédation, les coupes sont justifiées pour construire les infrastructures sociales, aider les rapatriés, les déplacés et les vulnérables dans la construction de leurs logements, mais là aussi des coupes illégales sont opérées dans certaines communes et le fruit de la vente ne rentre pas dans la caisse communale. La seule commune de Kabarore vendrait des arbres pour renflouer financièrement la caisse communale. Si ces actions de coupe des arbres visaient uniquement la satisfaction des besoins de gestion de l’administration communale, elles pourraient à la rigueur être comprises par le public. Ce qui est illégal, c’est que dans certaines situations, certains responsables communaux qui conduisent ces activités en profitent pour faire couper une quantité excédentaire d’arbres qu’ils vendent ensuite pour leur propre compte et détournant ainsi le bien public.

53Dès 2005, la part de la prédation par les administrations communales persiste et se renforce dans certaines communes, alors que la situation s’améliore dans d’autres. Les militaires et les policiers sur les positions de cantonnement continuent à être cités dans certaines communes. Après la guerre, les populations environnantes des sites boisés sont encore citées mais la fréquence de signalement a diminué comparativement à la période de guerre à l’exception de la prédation par les Batwa dans les zones de concentration des membres de leur communauté.

54Partout dans les communes enquêtées (affirmation des agents communaux et des groupes de discussion), les boisements des Églises ne connaissent ni dégradation ni prédation. Ceci autant avant, pendant que dans la période post-conflit. L’autorité morale de l’Église contribue à la dissuasion, mais on constate aussi que les simples fidèles, les catéchistes, les enseignants, les religieux, chacun à son niveau s’impliquent tous dans leur protection.

55Comme les enquêtés de Rutegama nous l’ont affirmé, ceux qui volent les arbres sont bien connus de la population, mais celle-ci ne les dénonce pas par peur de représailles de la part des prédateurs et aussi en partie, parce que ce vol d’arbre arrange tout le monde autant ceux qui achètent, construisent ou cuisent les aliments avec. Un silence complice règne généralement autour de cette question.

56Les groupes de discussion en communes Rutegama et Kabarore rapportent que les responsables forestiers et communaux connaissent la loi qui régit l’exploitation des boisements privés, mais qu’ils n’arrivent pas à l’imposer à cause de la résistance des propriétaires. Ces derniers trouvent que c’est une ingérence de l’État de leur imposer des lois sur l’exploitation de leurs propres boisements. D’où la nécessité de leur expliquer des notions de gestion et de protection de l’environnement. Des articles sanctionnant la dégradation de l’environnement et des boisements figurent dans le Code pénal, mais les autorités ne les ont pas appliquées.

Conclusion et recommandations

57Même en temps normal, la prédation et la dégradation des forêts continue à être observées dans les provinces Muramvya et Kayanza. Bien sûr, la guerre a contribué à leur accélération. À cause de l’insécurité et la précarité qui y sont liées, les acteurs de la dégradation et de la prédation se sont multipliés (population riveraine des boisements, militaires et policiers en cantonnement, déplacés et regroupés, autorités administratives). La guerre a aussi développé l’esprit de pillage « gusagata ». Des personnes honnêtes et responsables avant la guerre sont devenues, par obligation, des hors-la-loi ou des voleurs potentiels. On constate que cet état d’esprit semble se prolongr dans la période post-guerre où nous observons que le respect de la propriété privée, voire de la vie d’autrui a beaucoup diminué.

58D’un côté, la population qui a quitté les exploitations s’est rabattue sur les boisements pour satisfaire les différents besoins vitaux. Ceux qui avaient une parcelle de pouvoir sur la population (certaines autorités administratives, militaires, policières, etc.) ont profité de cette situation chaotique pour vendre illicitement du bois du domaine public.

59L’autorité doit faire respecter le cadre légal de protection des boisements en appliquant les sanctions aux contrevenants. Elle doit expliquer en permanence, l’importance des boisements dans la protection de l’environnement et éviter la corruption et le détournement du bien de l’État. Elle ne peut réussir que si elle prêche et adopte un comportement exemplaire.

60Dans l’ensemble, le meilleur moyen de lutte contre la dégradation et la prédation des boisements communaux et domaniaux est la bonne gouvernance qui favorise la sécurité et la stabilité du pays. Ainsi donc, pour protéger les boisements communaux et domaniaux, il y a une nécessité de maintenir les conditions de paix et de sécurité et de favoriser une collaboration synergique entre les autorités administratives communales, les différents départements ministériels intéressés par le reboisement et la protection de l’environnement et la biodiversité, les agents forestiers et la population.

61La réduction de la croissance démographique, la diversification des activités économiques non agricoles, le développement d’autres sources énergétiques dont un potentiel existe au pays (énergie hydroélectrique, solaire, éolienne, biogaz), l’extraction de la tourbe qui est disponible en bonne quantité dans le pays, l’utilisation de matériaux de construction autres que le bois sont les solutions qui peuvent contribuer à diminuer la pression sur l’utilisation immédiate du bois et permettre à nouveau aux boisements et forêts de se reconstituer et de se développer.

62Pour améliorer la gestion des boisements et satisfaire les besoins de la population qui va toujours croître, il serait utile de faire une bonne planification du développement des secteurs reboisement et reforestation comme le suggère Roy (1990). Il est nécessaire dans ce cas de faire un bilan des besoins en bois de feu, bois de service et bois d’œuvre en vue de mener une exploitation ordonnée et organisée des forêts et boisements existants. Tout en continuant à implanter de nouveaux boisements, il est indispensable d’aménager, mettre en exploitation et éventuellement régénérer les boisements existants. Concernant l’autosuffisance en produits forestiers, les paysans pourraient s’occuper à produire le bois de feu et de service indispensable à leurs activités, tandis que l’État essaierait de produire le bois d’œuvre tout en se concentrant sur la protection de forêts naturelles, la conservation de l’environnement et de la biodiversité.

63Il faut aussi continuer à améliorer le cadre légal et institutionnel de la protection des boisements. Les sanctions prévues par la loi devraient être appliquées et les autorités administratives, dans le cadre de la bonne gouvernance, devraient rendre des comptes en cas de prédation et dégradation des boisements. Les sanctions devraient être plus sévères pour les récidivistes.

64Un autre élément de solution serait de mettre en place des plans directeurs d’aménagement du territoire dans lesquels, les superficies destinées à l’agriculture, à la construction, à la conservation, au reboisement, à l’aménagement des lieux sportifs et au loisir seraient délimitées en fonction des aptitudes et de l’emplacement spatial des différentes zones. Dès que les moyens humains et financiers le permettent, il serait rentable de procéder à la cartographie et à la délimitation, de manière à ce que pour changer l’affectation des zones délimitées, on doit d’abord consulter et obtenir l’aval de la population résidente.

65L’usage plus accru des engrais chimiques associés à l’engrais organique pourrait contribuer à augmenter les rendements agricoles et ainsi atténuer l’accélération de l’extension agricole au détriment de superficies boisées. De même, le développement de l’agroforesterie pourrait contribuer à augmenter la production de bois au pays tout en contribuant dans la lutte contre l’érosion de ruissellement et en fournissant du fourrage aux animaux domestiques.

66La mesure prise en province Bururi au sud du pays d’infliger une forte amende aux allumeurs d’incendies et d’interdire le pâturage de repousse aux éleveurs de bétail pourrait à la longue dissuader les éleveurs d’initier des feux de brousse servant à rajeunir les pâturages car cela entraine dans la foulée la destruction de plusieurs hectares de boisement. Cette décision mérite d’être étendue à tout le pays. Il ne resterait qu’à combattre les pyromanes. Cela relèverait de la vigilance des polices communales, des gardes forestiers et des populations environnant les sites boisés. Un besoin de formation et d’information de la population de la part de l’État est alors nécessaire ainsi que l’apprentissage et l’engagement de la part des autorités communales et de la population à protéger les boisements et l’environnement.

Remerciements

67Nos sentiments de gratitude sont transmis à tous les forestiers des provinces Muramvya et Kayanza qui ont voulu répondre à toutes nos interrogations. Pour avoir réalisé toutes les enquêtes, que les étudiants finalistes de la FACAGRO trouvent ici leur satisfaction.

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Table des illustrations

Titre Figure 1. Arbre à problèmes pour la dégradation et la prédation des boisements communaux et domaniaux en provinces Kayanza et Muramvya
URL http://journals.openedition.org/vertigo/docannexe/image/13811/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 240k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Marc Rwabahungu, Deo Niyonkuru et Libère Bukobero, « Dégradation et prédation des boisements communaux avant, pendant et après la guerre au Burundi »VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [En ligne], Hors-série 17 | septembre 2013, mis en ligne le 12 septembre 2013, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/vertigo/13811 ; DOI : https://doi.org/10.4000/vertigo.13811

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Auteurs

Marc Rwabahungu

Association pour le développement intégral et la solidarité sur les collines – ADISCO, Burundi

Articles du même auteur

Deo Niyonkuru

Association pour le développement intégral et la solidarité sur les collines – ADISCO, Burundi

Libère Bukobero

Association pour le développement intégral et la solidarité sur les collines – ADISCO, Burundi

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