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État des lieux sur la gestion et la gouvernance environnementales dans la région des Grands Lacs africains

Perspectives de gouvernance environnementale durable dans la région de Lwiro (Sud Kivu, République Démocratique du Congo)

Innocent Karhagomba Balagizi, Serge Ngendakumana, Hermes Namegabe Mushayuma, Trésor Mirindi Adhama, Alphonse Muhimuzi Bisusa, Bajope Baluku et Mwapu Isumbish

Résumés

Ce chapitre se focalise sur la compréhension d’un processus d’évaluation environnementale de la région de Lwiro recensée parmi les zones agricoles majeures de la province du Sud-Kivu en République Démocratique du Congo. Ce site (agroécosystème) est localisé entre le parc national de Kahuzi-Biega (écosystème forestier et aire protégée) et le lac Kivu (écosystème lacustre) et est dominé par une population rurale pauvre et dense. Cette étude vise ainsi à susciter un processus intégré de conservation communautaire des ressources naturelles existantes en lien avec le développement durable et axé sur une citoyenneté responsable pour la réduction de la pauvreté et de la faim. Il décrit d’une part les perceptions environnementales des populations rurales en proie avec la civilisation « moderne » et d’autre part montre les paramètres d’évaluation environnementale tels que la qualité des sols, de l’eau, les zoonoses, la gestion de la période de soudure et la pression humaine sur les ressources naturelles, la physionomie générale et le niveau de prise en charge communautaire du destin de l’environnement humain, l’état des initiatives locales pour la gestion de l’environnement, l’état des forêts. L’existence d’un comité de conservation communautaire semble être un moteur de réhabilitation ou de conservation environnementale.

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Texte intégral

Introduction

1La région des Grands Lacs africains se confronte à de multiples défis liés à la gestion durable des ressources naturelles disponibles. Cette problématique pourrait être lue à travers divers facteurs et impacts des conflits observés (les catastrophes naturelles, les conflits sociaux, l’extrême pauvreté observable tant au niveau des individus que des communautés entières (PNUE, 2008 ; Balagizi et al., 2009). Actuellement, le problème de conservation le plus grave qui se pose de manière particulière dans la partie orientale de la République démocratique du Congo est probablement lié à la démographie couplée avec la pauvreté où les activités humaines sont essentiellement liées à l’exploitation directe des ressources naturelles directes pour la satisfaction des besoins de base dans un environnement et où la technologie de transformation est encore rudimentaire et l’espace vital individuel est trop réduit (DFID et al., 2008 ; Regmi, 2001 ; Crawford et al., 2004 ; International Alert, 2009).

2Dans un contexte de post-conflits et dans la lutte désespérée pour obtenir de la nourriture, des médicaments et du combustible, un nombre croissant d’hommes et de femmes vivant dans un état de pauvreté généralisée n’ont d’autres ressources que d’exploiter les ressources naturelles disponibles avec tous les risques environnementaux conséquents.

3Actuellement, on enregistre plusieurs publications des mouvements des écologistes, des environnementalistes, des décideurs politiques qui décrient la perte de la biodiversité et l’engagement global pour la réhabilitation environnementale (conférence de Nagoya, 2010 ; Conférence de Rio 2, 2012). Cette réhabilitation environnementale doit se faire au niveau micro- (village et groupement), méso- (territoriale et provinciale) et macro- spatiaux (national et régional) faisant interpeller tous les acteurs (Lammerink et al., 1998 ; Balagizi et al., 2009).

4Il est donc important de retenir que la réhabilitation environnementale trouve son soubassement dans le processus de gouvernance environnementale. Cette gouvernance environnementale peut être définie comme un ensemble des processus participatifs impliquant des intervenants diversifiés pour faciliter la large participation de la communauté à l’élaboration et la mise en pratique des règles, normes, et d’une vision pour une gestion durable et équitable des ressources naturelles collectives existantes (Kothari et al., 2000, Swiderska et al., 1998).

5On notera que la phase de l’évaluation environnementale (analyse de la situation) paraît être comme la phase de départ avant toute forme de prise de décision. La région de Lwiro a été choisie car elle constitue un agroécosystème abritant un site historique pour la recherche sur la biodiversité (Rahm et Dieterlen, 1966 ; Bagalwa et al., 1996) avec une forte densité humaine et les effets anthropiques conséquents sur ce milieu. En plus, Lwiro est recensée parmi les zones agricoles majeures de la province du Sud-Kivu avec un intérêt particulier d’expérimentation des organisations de recherche internationale.

6La question qui se pose est celle de savoir sur quelle base développer dans un tel contexte un processus social de gouvernance des ressources naturelles ?

7Ce travail est une esquisse d’évaluation environnementale dans un milieu rural à agroécosystème complexe avec comme objectif de susciter un processus intégré de conservation communautaire des ressources naturelles existantes en lien avec le développement durable.

Milieu d’étude

8La région de Lwiro trouve sa dénomination à partir de la rivière Lwiro, un affluent du lac Kivu qui trouve ses sources dans le vaste marais Musisi du parc national de Kahuzi Biega (PNKB). La « Région de Lwiro » a été considérée pour la première fois comme zone écologique par Rahm et Dieterlen (1966) au cours des inventaires des muridés de la région occidentale du lac Kivu.

9Cette région (figure 1) se situe, au sein du territoire de Kabare, à 50 km au nord de la ville de Bukavu. Elle regroupe à la fois les localités des groupements d’Irhambi et Bugorhe inondés par la rivière Lwiro et ses affluents telles que les rivières Nyabichesa, Kabindi, Kalengo, Birunga, Choga, Kayumaga, Kisima Ciduha, Kashukabatware, Nkene, Busengura, Kamirihembe. Elle s’étend entre 28° 45’ à 28°85’ de longitude est et de 2° 15’ à 2° 30’ de latitude sud avec des altitudes variant entre 1470 m et 2200 m d’altitude (lisière du PNKB), sur une superficie de 41 km2 (figure 1). Lwiro comprend au total 16 localités, avec une population globale d’environ 152 000 personnes (Rapports annuels de Bugorhe et Irhambi, 2011) et dont 99 % sont des autochtones.

10Cette région est couverte d’un sol volcanique et est formée par l’alternance des collines et des vallées et bénéficient d’un climat tropical humide comprenant une longue saison de pluie de 9 mois (septembre à mai) et une courte saison sèche de 3 mois (juin - août). La température annuelle moyenne de l’air est de 19,5 °C et l’humidité relative varie entre 68 % et 75 % offrant un climat favorable à une diversité agricole.

11La végétation est constituée d’une savane herbeuse de montagne dominée par des graminées fortement diversifiées et quelques arbustes. Cette végétation a remplacé une végétation primitive constituée de la forêt primaire à Albizia grandibracteata dont les reliques sont encore visibles dans les stations de Mugeri, Kakondo et Lwiro (Beatra, 2002).

12Cependant la région apparaît à première vue comme une "forêt" à bananiers à l’intérieur de laquelle la population autochtone de l’ethnie Shi construit des maisons de type traditionnel ou des cases en boue avec la toiture généralement faite avec les lanières de bananiers. Un réseau hydrique incluant aussi des marais dans les bas-fonds inonde le terrain, facilitant ainsi une agriculture permanente.

13Les contraintes majeures de la communauté sont liées à la surpopulation, avec une densité humaine d’environs 350 habitants/km2 ainsi qu’à l’accès difficile à la propriété de la terre : plus de 60 % de citoyens sont des paysans sans terre, forcés au système agricole de type féodal.

14Les terres appartiennent exclusivement aux églises, aux institutions gouvernementales, et aux chefs locaux. Cette situation est une des causes majeures de la pauvreté au niveau des ménages malgré les potentialités géoclimatiques offertes disponibles (Balagizi, 2010). Aussi, dans cette contrée, moins de 25 % des chefs de ménages ont accompli les études secondaires, et plus de 50 % des ménages sont dirigés par des couples analphabètes. Ceci conduit a une importante vulnérabilités des ménages (Klennert, 2006).

15Le milieu offre très peu de services publics rémunérateurs (travaux dans les usines et plantations de café, dans l’enseignement public, au sein du centre de recherche de Lwiro et dans les hôpitaux). Pour cela, la majorité de la population s’adonne aux activités champêtres, avec des technologies agricoles traditionnelles, peu rentables. Environ 50 % des revenus des ménages proviennent des activités secondaires de vente de la bière locale, des produits des champs, sans infrastructures favorables à un tel commerce. Les grands conflits sociaux dans cette région sont liés à essentiellement l’accès à la terre agricole.

16Lwiro héberge aussi depuis la période coloniale le centre de recherche en sciences naturelles (CRSN, ex. IRSAC) et l’Institut National d’Élevage et de Recherche Agricole (INERA) de Mulungu.

Figure 1. Carte de la région de Lwiro

Figure 1. Carte de la région de Lwiro

Approche méthodologique

Paramètres environnementaux et éléments d’étude

17L’étude qui a duré 6 mois a été conduite par une équipe multidisciplinaire constituée de chercheurs sociologues, botanistes, pararasitologues, environnementalistes et des acteurs en santé et développement communautaire ; avec comme objectif de développer des méthodologies simples et adaptées pour collecter le maximum d’information environnementale.

18Dans ce milieu typiquement rural, l’évaluation environnementale tient compte des trois facteurs soit les facteurs humains et sociaux, les facteurs écologiques et les facteurs économiques.

19Pour accomplir cette étude, nous nous sommes basés sur les normes concernant la qualité de l’environnement avec des références sur des éléments et des fonctions de l’environnement directement concernés par des utilisations humaines. À cet effet, nous nous sommes inspirés de la matrice de synthèse « Normes de qualité de l’environnement de la GTZ/BMZ (1996) pour définir les paramètres environnementaux ci-après :

  • La qualité de l’air : exigences concernant la pureté de l’air et d’autres paramètres, par exemple le seuil limite d’émission.

  • La situation climatique : exigences concernant en particulier le topoclimat.

  • La situation en matière de bruit : exigences relatives à la limitation du bruit.

  • Les ressources hydriques : besoins en eau (aspect quantitatif).

  • La qualité de l’eau : exigences concernant l’état de pureté et de salubrité de l’eau/Absence de matières toxiques ou indésirables, micro-organismes et autres paramètres.

  • La qualité des sols : exigences concernant l’état et les propriétés (physiques, chimiques et biologiques) du sol.

  • Les surfaces agricoles et forestières : exigences auxquelles doivent satisfaire les surfaces utiles pour la production de denrées alimentaires, de bois et autres biomasses.

  • Les fonctions de biotope spéciales : exigences concernant des facteurs bioécologiques

  • La qualité des produits alimentaires : exigences concernant l’absence de substances toxiques et d’agents pathogènes dans les produits alimentaires ainsi que la qualité nutritionnelle de ces produits.

  • L’utilisation et les fonctions spécifiques : exigences concernant des facteurs déterminés (non traités dans les points précédents), par exemple valeur de loisir et de détente, statut de zone protégée, protection des sites naturels.

20Il convient de s’assurer de la qualité environnementale pour évaluer la qualité de vie des communautés humaines sur un espace géographique donné. L’investigation a porté sur les éléments suivants :

  • Analyse du contexte de la région d’étude

  • Cartographie des problèmes environnementaux de la région de Lwiro

  • Évaluation de l’intensité des problèmes environnementaux

  • Niveau de prise de conscience et d’engagement pour le changement environnemental

  • Évaluation de la pression humaine sur les ressources naturelles collectives

  • Structures existantes pour la protection environnementale

Collecte des données

21Lors de l’enquête, la première étape a consisté à une visite des sites d’intervention (villages) à travers une marche transversale (transect walk) telle que défini par Dery et al., (1999) en suivant des axes horizontaux ( villages riverains du parc, villages riverains du lac, villages localisés dans le milieu de la région) en vue de cerner les problèmes environnementaux-clés et leur distribution spatiale.

22Par ailleurs, pour compléter les informations issues des observations directes et notées dans les carnets de bord, nous avons effectué des interviews sémi-structurées avec les membres du Comité de conservation communautaire (CCC) de Bugorhe et d’Irhambi/Katana avec les autorités locales pour une analyse des contextes environnemental et social du milieu. Ces comités sont des structures consensuelles établis par les autorités du parc national de Kahuzi-Biega et les populations riveraines du parc en vue de renforcer la sécurité et la réduction de la pression humaine sur les domaines du parc national (en tant qu’aire protégée) à travers une cogestion (Muchukiwa, 2008). Une fiche de collecte de données d’évaluation environnementale a été conçue reprenant des indications clés en lien avec les facteurs humains et sociaux (l’équilibre du genre au niveau des ménages, l’état des enfants observés, les types de conflits et la superficie vitale), les facteurs écologiques (présence de sites érodés, la qualité d’eau à boire, la présence des boisements naturels ou artificiels, l’état des écosystèmes, la qualité et le type des sols, l’existence des espaces verts) et les facteurs économiques (les principales sources économiques et les contraintes majeures).

23Le niveau d’appréciation des facteurs s’est fait par observation libre telle que décrite par Neuman (2011) avec des questions simples et ouvertes auprès des personnes du village rencontrées pour des éclaircissements sur leur état environnemental. On a aussi tenu compte des aspects de pénurie alimentaire avec la période de soudure agricole et le comportement adaptatif des populations en utilisant la méthodologie décrite par Adhama et al. (2011).

24Cette marche transversale a permis de dégager les thèmes environnementaux clés à discuter avec les groupes focaux « focus group » en vue de déterminer l’intensité de leurs effets tels que perçus par les communautés et d’en connaître les causes sous-jacentes.

25La deuxième partie de l’enquête a été conduite sous forme d’interviews semi-structurées avec deux groupes focaux (un à Irhambi et un à Bugorhe) représentés chacun par 35 personnes dont 3 membres des associations féminines existantes (ayant des actions sur les deux groupements), 2 Présidents des comités locaux de développement dont un homme et une femme, 10 paysans agriculteurs de profession dont 5 femmes, 10 chefs locaux (dont le chef de localité ou de groupement), 2 agents des services de l’État (service d’environnement, d’agronomie), 3 représentants du groupe de Pygmées et 4 membres de Comité de conservation communautaire.

26Les thèmes traités avec l’approche de « groupe focal » sont ceux liés à la pénurie alimentaire, l’état du climat, la qualité du sol agricole et les ravageurs de cultures. Les questions se rapportaient aux problèmes environnementaux majeurs, leurs intensités (en termes de grave, peu grave, négligeable), leurs sites d’occurrence et aussi les facteurs sous-jacents et les mécanismes à mettre en place pour les contourner.

27La méthode de Mapping (Dery et al., 1999) a permis de cartographier les problèmes socio-économiques majeurs dans les zones d’intervention, permettant ainsi de cibler d’autres répondants. À certains moments, surtout pour des questions spécifiques à la gestion des terres et à l’historique, les chefs locaux et autres personnes-clés étaient questionnés isolément dans un climat social favorisant le dialogue démocratique. Toutes les informations recueillies auprès des personnes concernées étaient ensuite confrontées pour validation.

28Une fiche de collecte des informations a été remise à chaque participant pour relever des problèmes environnementaux et les classer en ordre de leur intensité en notant les échelles de valeurs.

Analyse et dépouillement des données

29Les paramètres de la qualité de l’eau à boire étaient analysés à partir des analyses bactériologiques conduites au laboratoire du CRSN/Lwiro des échantillons d’eau prélevés une fois par mois, durant six mois d’étude entre 8h et 15h dans les trois sites choisis dont un en amont, un au milieu et un autre en aval des rivières Nyabiweza, Lwiro, Kabindi, Kalengo, Birunga, Choga, Kayumaga, Kisima Ciduha, Kashukabatware, Nkene, Busengura, Kamirihembe. Les populations, par manque d’adduction d’eau potable, utilisent les eaux de ces rivières pour le bain, la préparation de la nourriture et pour la vaisselle et la lessive.

30La connaissance sur la présence des zoonoses était cernée par l’analyse des échantillons des matières fécales prélevés sur un total de 150 bovins, 166 caprins et 19 ovins choisis au hasard dans les différentes zones de pâture disponibles. Les matières fécales ont été recueillies directement dans le rectum de chaque animal et mises dans des tubes à essai ou dans des boîtes de Pétri pour être examinées au laboratoire, suivant la méthode d’ovoscopie qualitative directe pour la recherche des Trématodes (Bagalwa et al., 1996).

31Cette enquête a duré six mois dans les sites, incluant aussi les visites répétées des marchés de Katana, de Kabamba et la cité de Kavumu en vue des mieux cerner les perturbations environnementales liées à la semi-urbanisation.

32Le dépouillement des données a été fait d’une manière participative par la modération des deux chefs de groupements et une séance de cartographie participative a aussi été conduite en vue de dégager les sites à haute vulnérabilité et de mettre en place des mécanismes communautaires pour les contourner.

Résultats et discussion

Analyse du contexte de la région d’étude

33Le tableau 1 montre les situations socio-économiques et environnementales du milieu d’étude.

34Il découle de ce tableau que le contexte de la région de Lwiro relève une communauté humaine constituée des ménages vulnérables. La participation des femmes est faible dans la gestion des ressources naturelles et l’enfant est une victime dans une société en post-conflits et écologiquement fragile.

Tableau 1. Contexte de la région de Lwiro

Niveaux

Social

Economique

Environnement

Ménages

Tous les ménages sont cultivateurs ;

50 % des ressources secondaires sont obtenus dans la vente de la bière locale, d’aliments, haricots ou des maigres salaires obtenus dans les services formels

Les parents sont tous aux champs

La taille du ménage moyen est de 8 à 12

Conflits au moment des récoltes

Instabilité des ménages

20 % des ménages avec des responsables diplômés

50 % des couples sont analphabètes

Conflits autour des terres : les parents sont sans terre (métayage)

90 % des ménages sont dans le système de métayage.

• Extrême pauvreté au sein des ménages à cause de la surpopulation et des pillages occasionnant des ventes sur pied des produits agricoles

• Un repas par jour le soir entre 20h00 et 23h00

• Conversion des champs en parcelles d’habitation

• Peu des services publics rémunérateurs offrant des salaires mensuels moyens de 100 dollars

Existence du marché périodique de Katana opérationnel seulement les mercredis et samedis

Bananeraie dominante

Pas d’arbres visibles dans plus de 75 % de la région. Les quelques espèces observables sont des eucalyptus, des grevillea, des acrocarpus destinés à des fins utilitaires (production de planches, de charbons de bois ou de sticks de construction)

Deux plantations d’eucalyptus privées et trois petits lambeaux forestiers et privés simulant l’ancienne forêt tropicale existante sont conservés respectivement par le Centre de recherche de Lwiro, le petit Séminaire de Mugeri et l’Hôpital Général de la Fomulac.

Divagation des bêtes

Pluies rares malgré la présence du parc à cause du déboisement des zones riveraines du parc.

200 enfants de la rue en milieu rural

Des tentatives de reboisement ont été effectuées et se butent aux questions majeures d’espaces

Enfants

40 % en déperditions scolaires

60 % des enfants déscolarisés (6 à 12 ans) gardent les autres à la maison avec tous les risques d’accident que cela comporte

70 % des enfants sont utilisés comme bergers

Plus de 200 enfants de la rue sont en milieu rural

Seulement 4 % des enfants possèdent une moustiquaire malgré le risque de malaria,

Les enfants qui réclament de la nourriture en pleurant reçoivent des fouets.

30 % d’enfants déscolarisés sont utilisés dans le petit commerce (vente des sachets, œufs, bananes, oignons,…)

Utilisation (exploitation) des enfants pour le ramassage de la nourriture pendant la soudure

Femmes

Ne participent pas aux décisions économiques des ménages

Faible intégration de la femme dans les organes de prise de décision

• 80 % des femmes sont autonomes par les activités des champs

60 % de femmes se regroupent dans des associations de développement axées sur l’amélioration de la fertilité des sols, le reboisement la sécurité alimentaire et l’accès aux crédits

Cartographie des problèmes environnementaux de la région de Lwiro

35La cartographie des problèmes environnementaux dans la région de Lwiro montre qu’ils sont multiples et touchent des aspects physiques et éco systémiques (Tableau 2). Et dans un contexte de vulnérabilité des ménages, il est possible que des conflits internes soient intenses pour la recherche de la survie.

Tableau 2. Les problèmes environnementaux et impacts visibles

Problèmes environnementaux

Distribution spatiale

Causes sous-jacentes

Situation actuelle et impacts

Déforestation

Lisère du parc national de Kahuzi (Maziba, Kahungu, Kabushwa, Mantu).

100 % de la population locale dépend du bois pour la cuisson des aliments

Déboisement massif entre 1994 et 1996 à cause de l’afflux des réfugiés rwandais.

-85 % de la superficie de la région est dépourvue d’arbres.

-Les quelques bosquets restants sont privés et appartiennent au CRSN, du petit séminaire de Mugeri, de la plantation de Kakondo, et de Fomulac avec une superficie totale de 45 hectares de superficie forestière.

-Autour de ces boisements vivent 10.000 ménages ayant des besoins de bois-énergie.

Érosions des

sols

Buhandahanda, Kabushwa

-Les Pluies et les ruissellements creusent des ravins sur des pentes raides 

-Les sols arables sont emportés dans le bas-fond par les eaux de pluie.

-10 % de la superficie est menacée par des érosions pluviales.

-Les terres sont emportées dans les bas fonds réservés pour les cultures maraîchères.

Inondations

Mwanda, Kakondo, Lwiro, Kankule,

-Intensité de pluie 

-sol saturé en eau.

-Les inondations sont observées aux pics des pluviosités (novembre-décembre ; mars-avril).

-500 ménages des maraichers sont exposés à des pertes économiques graves chaque année sur deux épisodes.

-En moyenne 5 % des terres agricoles restent inondées et inexploitables pendant plus de 6 mois, ce qui renforce le chômage et la pauvreté.

Feux de brousse

Nyamakana, Maziba

-Agriculture sur brûlis

-Production du fourrage pour animaux.

0,3 % des terres sont soumises aux feux de brousse et ceci n’affecte pas sensiblement les populations

Pénurie alimentaire

Toutes les localités

-Occurrence des maladies graves des cultures (Wilt bactérien du bananier, la cochenille et mosaïque de manioc, striure brune du manioc), le mildiou de la tomate et bruche de haricot, ravageurs des cultures.

-Réduction progressive de la fertilité des sols (Balagizi et al., 2009)

-Des conflits sociaux liés à l’accès à la nourriture existent (endettement, troc, vente sur pied)

-Les récoltes sont insuffisantes entrainant de longues périodes de crises alimentaires

État du

parc national

Tous les villages riverains

-Inexistence de zones tampons : le parc est alors en continuité avec les villages.

-Il y a déprédation des cultures par les babouins

-Les comités de conservations communautaires sont opérationnels pour la protection du parc. Ils sont constitués des leaders locaux et des représentants des organisations paysannes

État du climat

Partout

Reste encore doux, cependant il y a des perturbations observées depuis quelques années

La période de semis de sorgho et des courges concordant avec la présence des fourmis rousses a disparu.

Évaluation de l’intensité des problèmes environnementaux

36En présentant l’intensité des problèmes environnementaux selon l’opinion collective (tableau 3), on constate aisément que la population de la région de Lwiro, juge grave les problèmes environnementaux tels que : les ravageurs des cultures (85 %), la mauvaise qualité d’eau à boire (80 %), la pénurie alimentaire (75 %) et la déforestation (60 %). Les problèmes négligeables sont particulièrement l’érosion du sol (70 %), les feux de brousse (55 %) et l’état du parc (50 %).

Tableau 3. Évaluation de l’intensité des problèmes environnementaux

Problèmes environnementaux

#Répondants

Graves

Non graves

Négligeables

Déforestation

N = 100

60 %

25 %

15 %

Érosions des sols

N = 50

10 %

20 %

70 %

Inondations

N = 50

20 %

55 %

25 %

Ravageurs des cultures

N = 100

85 %

10 %

5 %

Feux de brousse

N = 30

10 %

35 %

55 %

Pénurie alimentaire

N = 100

75 %

15 %

10 %

Épandage des déchets

N = 50

30 %

65 %

5 %

Mauvaise qualité d’eau à boire

N = 100

80 %

15 %

5 %

Présence des zoonoses

N = 100

15 %

45 %

40 %

Qualité du sol agricole

N = 100

35 %

30 %

35 %

État du parc national

N = 50

10 %

40 %

50 %

Etta du climat

N = 100

35 %

38 %

27 %

Niveau de prise de conscience et d’engagement pour le changement environnemental dans la zone d’étude

37Le tableau 4 présente la contribution des participants dans le processus de prise de conscience et de l’engagement individuel pour le changement environnemental.

38Il ressort de ce tableau une prise de conscience collective sur les problèmes environnementaux et il existe des acteurs internes. La prise de conscience permet aux groupes sociaux et aux individus de changer positivement leurs attitudes vis-à-vis des problèmes environnementaux afin d’améliorer leur environnement (Balagizi, 2010). À ce sujet, il s’avère que la déforestation, l’érosion des sols et l’inondation jouent un rôle très néfaste sur le capital sol qui est le support de la biodiversité et la base de la sécurité alimentaire.

Tableau 4. Niveau de prise de conscience et d’engagement pour le changement environnemental

Facteurs

NR

PDC ( %)

AC (en %)

EDP (en %)

Indicateurs

Déforestation

N = 100

70

15

35

Existence des 10 comités de reboisement

50 mini-reboisements familiaux ( de 0,5 ha en moyenne)

Contrôle strict de l’accès aux boisements privés par des sentinelles engagées

Érosion des sols

N = 50

70

10

10

Existence des brigades de lutte antiérosive dans chaque groupement

Inondation

N = 50

40

30

20

Initiative de protection des parcelles individuelles contre les inondations

Ravageurs des cultures

N = 100

80

15

95

Certains ravageurs sont transformés en nourriture (comme les rats sauvages des genres Pelomys, Lemniscomys, ..)

Feux de brousse

N = 30

60

30

0

Aucune brigade ne s’intéresse aux questions de feu de brousse

Pénurie alimentaire

N = 100

100

70

98

Regroupement paysan en comités locaux de développement pour la sécurité alimentaire

Intégration des mutuelles de solidarité paysannes pour réduire la longueur des périodes de crises alimentaires

Collaboration avec les centres de recherches agricoles

Pas de banques de soudure.

Épandage des déchets

N = 50

20

10

0

Aucune brigade ne s’intéresse aux questions de déchets

Mauvaise qualité de l’eau à boire

N = 100

80

10

2

Consommation des eaux non traitées ( 95 % des ménages)

Présence des zoonoses

N = 100

25

1

0

Connaissance nulle sur les zoonoses

Qualité du sol agricole

N = 100

70

75

60

20 Brigades opérationnelles de formation sur la production de compost et bio-fertilisants, l’agroforesterie

État du parc national

N = 50

100

85

30

Programme d’action des comités de conservation communautaire

État du climat

N = 100

90

25

10

Faible implication des paysans dans la lutte contre le processus des changements climatiques

N = 100 pour des enquêtes avec group focal.
N = 50 ; N = 30 spécifiques pour des groupes dans des sites spécifiques
NR : Nom de répondant.
AC : Acquisition des connaissances (en %)
EDP : Esprit de participation (en %)
PDC : Prise de conscience ( %)

39Au niveau environnemental, on observe la prédominance de bananeraie. Il n’y a pratiquement pas d’arbres dans les parcelles de 95 % des ménages. L’accès au bois de chauffe impose de lourdes pertes économiques aux ménages, et renforce davantage la vulnérabilité des communautés rurales. Le bois est en majorité fourni par les pygmées vivant à la lisière du parc national qui en font une activité génératrice de revenus (Balagizi, 2010). L’essentiel du bois est constitué des espèces comme le théier, les eucalyptus, les branches de Grevillea, les arbustes reliques qui poussent encore dans les espaces cultivés.

40Les maladies environnementales sont multiples et graves et il est généralement constaté qu’elles sont liées aux problèmes d’hygiène : pas de toilettes, divagation des bêtes (porcs, chèvres), et pullulation des moustiques et autres insectes sous la bananeraie. Seulement 4 % des enfants dorment sous moustiquaire avec risque de la malaria. 80 % des ménages sont régulièrement victimes des maladies diarrhéiques, souvent mortelles.

41La population d’enfants est plus élevée que celle de la fraction adulte et atteint environ 70 % de la population totale et la majorité vit dans les conditions socio-économiques précaires.

42La scolarité des enfants devient problématique, ainsi que leur éducation élémentaire. On enregistre plus de 60 % des enfants déscolarisés d’âge compris entre 6 à 12 ans. Ils sont obligés de garder les autres enfants toute la journée parce que les parents partent pour les champs. Cette obligation familiale amène tous les risques d’accidents domestiques (brulures, morsures/piqûres d’insectes, jeux dangereux, intoxication alimentaire,…). On observe aussi une émergence des enfants vivant dans la rue.

43Actuellement, il est constaté qu’environ 40 % des jeunes de plus de 16 ans n’ont pas la chance de terminer l’école secondaire, dont 80 % sont des filles. Celles-ci sont vouées à se prostituer ou à changer plusieurs fois de maris pour survivre.

44Ceci crée toute une prolifération d’enfants gardés par des grands-parents aux ressources trop limitées pour leur assurer une bonne sécurité alimentaire et intellectuelle.

45Des enfants orphelins de guerres, nés de viols et des enfants abandonnés par l’un des parents surgissent en nombre élevé si bien que les enfants de la rue constituent la menace du moment dans ce milieu rural.

La déforestation

46L’état de déforestation se fait avec des avancées alarmantes.À Bugorhe, 387ha de forêt naturelle ont été rasés (Nyamakana, Muhonga, Lulonghe,...) entre 1994-2010 et à Katana, 476 ha de forêt ont été déboisés (Kabamba, Buhengere, Mantu, Kajuchu...). Cette situation a fait naître des répercussions néfastes sur ces écosystèmes.

47La figure 2 ( photo) montre déjà une photo de l’état de déboisement des zones riveraines du parc de Kahuzi-Biega pour les bois de chauffe et la demande en bois amène un grand risque de déboisement et à l’appauvrissement des ménages pour l’accès à l’énergie. Les efforts des CCC sont tels que les ressources du parc national de Kahuzi Biega doivent rester intactes vis-à-vis de la pression humaine pour les terres agricoles et l’énergie. Ce qui ne semble pas être le cas. En effet, la fluctuation du prix de charbon de bois dans la région de Lwiro sur une période 20 années (figure 3) montre une augmentation graduelle des prix.

Figure 2.Vue partielle de l’état de déboisement des zones riveraines du parc de Kahuzi-Biega

Figure 2.Vue partielle de l’état de déboisement des zones riveraines du parc de Kahuzi-Biega

Figure 3. Fluctuation du prix de charbon de bois dans la région de Lwiro

Figure 3. Fluctuation du prix de charbon de bois dans la région de Lwiro

48Du fait que le prix du charbon au marché de Katana est presque la moitié que dans la ville de Bukavu, il est évident que la région de Lwiro constitue un marché porteur d’achats et d’écoulement des charbons.

49Ce sont les arbres des parcelles qui sont carbonisées pour la production des braises dont 80 % sont mis sur le marché pour approvisionner la ville de Bukavu. C’est une ville actuellement peuplée par environ 100.000 ménages dont le besoin moyen de consommation des braises est de 2 sacs par mois soit 0,5 arbre de 1,2 m de diamètre et 15 m de long (Vivien, 1985).

Érosions des sols et inondation

50Les érosions pluviales ou éoliennes sont moins graves dans la région de Lwiro, mais on les observe à l’état naissant depuis les collines de Buhandahanda, Murhala, Kabushwa, Mulangala où les populations pratiquaient il y a dix ans de cela les feux de brousse sur pente. Actuellement, les sols arables sont lessivés par les eaux de pluie et le labour se fait déjà sur les horizons B et des fois sur l’horizon C.

51Le danger est particulièrement évident à Bugorhe et à Irhambi où la surface du sol compacté favorise un ruissellement généralisé provoquant ainsi des crues soudaines et violentes. Il peut s’agir en l’occurrence pour ce milieu rural naturellement à vocation agricole de l’érosion hydrique qui emporte le sol arable et où plusieurs événements malheureux (guerres et autres catastrophes naturelles) ont affaibli l’environnement naturel, l’environnement social et les repères pour une vie harmonieuse.

État du PNKB

52Depuis la création du PNKB et jusqu’en 2005, année à laquelle on a créé les Comités de conservation communautaire (CCC), les ressources naturelles de ce site étaient détruites par les riverains qui ne connaissaient pas le bien-fondé de l’existence de ce parc. À partir de cette année, à laquelle le premier essai a été fait, la population riveraine s’est impliquée dans le processus de cogestion et de conservation des ressources du parc. Ceci concerne :

  • L’implication des anciens braconniers dans la surveillance du parc

  • L’intégration des groupes des pygmées comme agents effectifs du parc national

  • Le partage des bénéfices avec les populations locales liées aux activités liées au tourisme.

  • L’intégration et l’accompagnement des projets communautaires dans le plan d’action du Parc national à l’exemple de la construction et la réhabilitation des écoles,de la promotion de l’élevage et l’agriculture par la distribution des géniteurs (chèvres, porcs, cobayes, poules) et des semences vivrières (haricot, soja, maïs,..).

  • La définition des règles et de suivi pour éradiquer l’exploitation illégale et la commercialisation des espèces forestières du parc national de Kahuzi Biega.

État du climat

53La destruction du couvert végétal influence directement les caractères du climat par des perturbations sur les précipitations, le débit des rivières et la température. Les données recueillies à la station de climatologie du centre de recherche de Lwiro montrent clairement des écarts de température et des perturbations des pluies variant tragiquement d’année en année.

54Ceci s’ajoute au processus des changements climatiques, un phénomène global qui n’est pas encore intériorisé ou pris en compte par les paysans dans leur mécanisme de fonctionnement. L’adaptation au changement climatique ne peut être que locale réduisant probablement la disponibilité en eau douce pour l’agriculture et compliquant les activités agricoles des paysans. Cette adaptation exige une prise en compte minutieuse des vulnérabilités face aux risques climatiques et des capacités de réactions des collectivités locales basées sur une approche participative.

55Il est donc crucial et urgent d’intégrer cette thématique dans le diagnostic des vulnérabilités paysannes dans la région de Lwiro. L’implication du centre de recherche de Lwiro est capitale dans l’établissement des priorités pour accroître la capacité de résilience des communautés face aux chocs dus aux variations climatiques.

56Les figures 4 et 5 montrent une évidence de changements climatiques en liant pluviosité et température de l’air. Ces figures montrent que les températures moyennes annuelles de la station de Lwiro (Figure 4) varient considérablement depuis 1979 jusqu’en 2008. De 1979 à 1988, la température moyenne des températures moyennes annuelles était de 19,68 °C, de 1989 à 1998 ; elle est passée à 19,9 °C jusqu’à atteindre 20,3 °C dans la dernière partie. La tendance est dans le sens de l’augmentation.

57Concernant la pluviométrie (Figure 5), les moyennes des totaux annuels des pluies varient d’une décennie à l’autre. De 1979 à 1988, la moyenne des totaux annuels des pluies était de 1589,42 mm, elle est passée à 1606,85 de 1989 à 1998, puis à 1596,5 dans la dernière décennie de 1999 à 2008.

Figure 4. Variations des moyennes annuelles de températures à la station de Lwiro de 1979 à 2008

Figure 4. Variations des moyennes annuelles de températures à la station de Lwiro de 1979 à 2008

Figure 5. Variations des moyennes pluviométriques à la station de Lwiro de 1989 à 2008.

Figure 5. Variations des moyennes pluviométriques à la station de Lwiro de 1989 à 2008.

Évaluation de la pression humaine sur les ressources naturelles collectives et domestiques existantes

58Le tableau 5 donne une image de la façon dont les ménages font des pressions sur les ressources naturelles pour s’assurer une survie dans le contexte de pauvreté extrême. Il montre aisément les types de pression, les manifestations, le taux de ménages agricoles concernés.

59Il est aisé d’observer que les pressions sont très fortes (+++) sur les ressources alimentaires sauvages (plantes sauvages, petits animaux, fruits sauvages) avec une exploitation abusive, mais aussi sur des champs de manioc pour la collecte des feuilles comme aliments et sur les marais. Les taux d’exploitation par les ménages agricoles varient entre les boisements publics et privés lesquels sont plus menacés dans la région de Lwiro.

Tableau 5. Pressions sur les ressources naturelles pendant la soudure agricole dans la région de Lwiro

Ressources naturelles menacées par la soudure

Intensité de la pression

Manifestations

Nombre de ménages agricoles impliqués

Parcelles et champs individuels

++

Vente des parcelles à des prix trop bas et réduction des espaces vitaux par ménages

5 % de ménages en sont victimes. La vente se fait sur concertation

Ressources alimentaires sauvages

+++

Collecte et ramassage de jeunes pousses, de fruits sauvages et de champignons ; pêche d’anguilles et d’Haplochromis dans les rivières ; collecte de crabes et de petits mammifères,…

40 % des ménages font cette pratique en utilisant les jeunes

Champs de manioc

+++

Collecte de jeunes feuilles comme légumes en raison de 20 ménages/hectares par jour

Tous les ménages pratiquent ces actions délaissées entre les mains des jeunes filles et leurs mères.

Poulailler

++

Mise sur le marché des 90 % de poules adultes en élevage domestique

80 % des ménages sont impliqués

Chèvres

+

Mise sur le marché d’une ou deux chèvres adultes sur un lot de 5

80 % des ménages sont impliqués

Boisements existants

++

Coupe de vieux plants d’avocatiers, de ficus, de Grevillea, d’Acrocarpus, d’Eucalyptus,… pour produire les braises ou les planches

50 % des ménages sont impliqués.

Vente des produits sur pied (bananeraie, manioc, caféier, …)

++

Autodésappropriation des récoltes avant termes par la vente sur pied des produits agricoles comme les bananiers, le manioc, le caféier, …) et risques des conflits sociaux avec l’acheteur

60 % des ménages sont impliqués

Marais

+++

Surexploitation des marais pour la production des cultures maraîchères aux cycles très courts (amarantes) et collecte du reste des anciennes cultures retardées

80 % des ménages organisent des cultures dans les marais

+++ Pression très forte avec risque d’épuisement de la ressource ++ Pression moyenne + pression faible.

Structures existantes pour la protection environnementale

60Dans la région de Lwiro, il existe une multitude d’institutions (Tableau 6) lesquelles sont intuitivement engagées dans la protection de l’environnement. Certaines sont formelles et d’autres informelles. Elles sont engagées différemment sur des thématiques variées mais une fois canalisées, elles demeurent concourantes pour une meilleure gestion des ressources naturelles collectives.

61Le tableau 6 montre l’existence d’un certain nombre de structures qui œuvrent pour la santé environnementale. Leur complexité d’actions crée un besoin de promouvoir des synergies fonctionnelles dans une approche multi-institutionnelle autour des actions collectives de la gestion des ressources.

62Il est à noter que des aspects ont été améliorés dans la gestion des ressources naturelles au niveau de la région grâce aux interventions de multiples acteurs. Ainsi, ont été instauré une interdiction formelle de tuer ou de manger un oiseau, quelle que soit l’espèce , une interdiction de trouver sur le marché les produits de la forêt, comme les bambous, les bois et les planches issues des arbres de la forêt et une interdiction de mettre du feu sur une place publique.

Tableau 6. État des institutions locales de promotion environnementale de la région

Structure

Statut

Objectifs

Actions en lien avec la protection de l’environnement

Comité de conservation communautaire (CCC)

Asbl

Protection de l’environnement et des ressources naturelles du Parc national de Kahuzi Biega

Organisation des pépinières agroforestières, Éducation environnementale pour la sauvegarde des ressources forestières et naturelles du parc

Organisation pour la Conservation environnementale au Kivu (OCEK/MWM)

Asbl

Conservation environnementale avec les jeunes,

Promotion de la pédagogie environnementale

Formation des jeunes pour le respect de la nature.

Projet de reboisement axé sur les enfants

Promotion des Arboreta en lien avec les institutions académiques

Actions pour le développement de l’élevage et l’agriculture (ADEA)

Asbl

Protection de l’environnement

Reboisement autour du PNKB

Éducation sur l’utilisation durable des ressources

Clubs des Amis pour le développement et l’environnement

(CADE)

Asbl

Développement communautaire et promotion de l’éducation environnementale

- Reboisement

- Adduction d’eau

- Action pour lutte contre exploitation illégale des ressources naturelles

Club Nature/Lwiro

ONG/Local

Promotion de la Filière Bois-énergie

-Éducation environnementale

-Reboisement

-Promotion des foyers améliorés

Alliance pour la promotion du développement social

ALPRODESO

Asbl

Protection des espaces verts

Reboisement (identification des terrains à reboiser)

-Coopératives paysannes des semences

-petit élevage

Ntahaliza

Collectif des associations

Développement communautaire

Agroforesterie, Coopérative des semences agricoles Éducation environnementale

Centre de Recherche en sciences naturelles de Lwiro

Institution étatique

Recherche scientifique en biologie de conservation

Constitutions des collections biologiques

Publications diverses sur la biodiversité forestière et santé et l’environnement

Service étatique de L’État (environnement et agriculture)

Institution étatique

Monitoring environnemental

Inspection des actions environnementales au niveau de la région

Centre Intégral d’Éducation de Lwiro

(CIEL)

Coopération espagnole

Formation des formateurs pour le développement local

Organisation des semences d’animation environnementale autour du parc national de Kahuzi Biega

Centre de réhabilitaion des primates de Lwiro

(CRPL)

Coopération ICCN-CRSN COOPÉRA

Promotion d’un sanctuaire des primates

Protection des singes et autres animaux menacés dans les forêts de l’est du Congo

63Les sanctions étaient sévères en cas de non-respect de ces interdictions allant jusqu’à faire des séjours en prison.

Stratégies à adopter pour la durabilité des écosystèmes existants

64Plusieurs stratégies (tableau 7) sont envisageables en vue de durabiliser la gestion communautaire des écosystèmes agricoles de la région de Lwiro.

65Dans tout le Sud-Kivu, on décrie un déboisement massif jusqu’au boisement privé. Cependant, dans la région de Lwiro qui fait partie de cette province. Avec une surpopulation très remarquable, il est important de comprendre le processus interne de conservation environnementale.

66Un inventaire rapide de la biodiversité (IRB) impliquant tous ces acteurs-clés est envisageable pour penser à un plan de développement concerté impliquant la gestion durable des ressources naturelles collectives et la sécurité alimentaire. Ces aspects sont bien documentés dans les pays de l’Afrique orientale et de l’Asie (Kothari et al., 2000 ; German et al., 2012).

67Cependant, un travail de qualité réside dans la définition d’une vision commune pour un développement durable.

68Ceci permet de dégager essentiellement les forces et les faiblesses et aussi de tirer des leçons à partir des expériences des autres pour une construction sociale et environnementale durable et cela en tenant compte des pauvres et des sans terre. Les publications sur le visioning (Sanginga et al., 2005) et de Swiderka et al. (2008) en lien avec la gouvernance peuvent bien inspirer les investigateurs.

Tableau 7. Stratégies identifiées

Actions à mener

Groupes cibles

Résultats attendus

Organisation d’ateliers, de conférences et de séminaires sur l’éducation de la paix, la résolution pacifique des conflits, la gestion durable des ressources naturelles et la conscientisation des groupes actifs

- Formation pour la sensibilisation sur les grands problèmes environnementaux de Bugorhe et d’Irhambi/Katana

Les Comités de conservation communautaires

Les Autorités politicoadministratives et militaires.

Les organisations de base, les ONG, les églises, les corporations, les centres de recherche

-Lutter contre l’érosion hydrique des sols

-Pratiquer l’agroforesterie pour une agriculture durable

Faire le compostage et la fertilisation des sols

-Eviter le feu de brousse

Organiser des pépinières forestières

-Construire des latrines pour éviter les maladies

-Surveiller et contrôler la qualité de l’eau potable

-Gérer rationnellement des ordures

-Assurer une bonne alimentation à toute la population

-Ateliers et séminaires de formation d’élèves et d’enseignants pour la défense de l’environnement

-Visites guidées des sites écologiques : PNKB et sa biodiversité, le lac Kivu et sa biodiversité, les collections biologiques du CRSN, l’INERA, le musée géologique, les sites d’érosions, les eaux thermales, les grottes historiques,… (les dimanches, pendant les vacances et congés de détente)

-Projection de films documentaires et diapositives sur la biodiversité et la vie sauvage.

Les écoles, instituts supérieurs et universités

-Éducation et sensibilisation des populations locales pour lutter contre les catastrophes. Développer des projets de reboisements des sites

Les ONG, les églises, les corporations, les centres de recherche

Les comités de conservation communautaires

Les autorités politicoadministratives et militaires

Les Organisations de base

Les comités de conservation communautaires

Les autorités politicoadministratives et militaires

Les organisations de base

Conclusion

69Cette étude portait sur les perspectives de gestion communautaire durable réalisée pendant 6 mois dans la région de Lwiro. Elle a permis de mieux connaître l’état actuel de l’environnement dans ce milieu naturel où les agroécosystèmes sont fortement anthropisés. Elle se fixait comme objectif de susciter un processus intégré de conservation communautaire des ressources naturelles existantes en lien avec le développement durable.

70Au sortir de cette investigation, les leçons suivantes émergent de notre analyse : dans un milieu rural confronté aux défis de la surpopulation et confiné entre le lac Kivu et le parc national, il existe plusieurs institutions indépendantes qui agissent dans une même direction pour la protection des ressources naturelles collectives et qui comptabilisent des résultats palpables. Toutefois, nous suggérons la construction d’une synergie fonctionnelle entre acteurs autour d’une vision commune de gouvernance environnementale.

71Il convient par ailleurs de renforcer le capital social pour intégrer une conservation environnementale concertée en lien avec la sécurité alimentaire dans la région.

72Finalement, il faudra initier des recherches complémentaires sur des thématiques transversales comme les changements climatiques, la dimension genre et l’impact de la résolution participative des conflits en vue de bien atteindre le but d’une gestion environnementale durable.

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Bibliographie

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Vivien, J., 1985, Les arbres de la forêt dense équatoriale, ACCT, Paris, 565 p.

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Table des illustrations

Titre Figure 1. Carte de la région de Lwiro
URL http://journals.openedition.org/vertigo/docannexe/image/13826/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 88k
Titre Figure 2.Vue partielle de l’état de déboisement des zones riveraines du parc de Kahuzi-Biega
URL http://journals.openedition.org/vertigo/docannexe/image/13826/img-2.png
Fichier image/png, 237k
Titre Figure 3. Fluctuation du prix de charbon de bois dans la région de Lwiro
URL http://journals.openedition.org/vertigo/docannexe/image/13826/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 60k
Titre Figure 4. Variations des moyennes annuelles de températures à la station de Lwiro de 1979 à 2008
URL http://journals.openedition.org/vertigo/docannexe/image/13826/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 124k
Titre Figure 5. Variations des moyennes pluviométriques à la station de Lwiro de 1989 à 2008.
URL http://journals.openedition.org/vertigo/docannexe/image/13826/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 124k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Innocent Karhagomba Balagizi, Serge Ngendakumana, Hermes Namegabe Mushayuma, Trésor Mirindi Adhama, Alphonse Muhimuzi Bisusa, Bajope Baluku et Mwapu Isumbish, « Perspectives de gouvernance environnementale durable dans la région de Lwiro (Sud Kivu, République Démocratique du Congo) »VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [En ligne], Hors-série 17 | septembre 2013, mis en ligne le 12 septembre 2013, consulté le 18 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/vertigo/13826 ; DOI : https://doi.org/10.4000/vertigo.13826

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Auteurs

Innocent Karhagomba Balagizi

Centre de recherches universitaire du Kivu, CERUKI, ISP-Bukavu, BP. 854 Bukavu (RDC), Email : ibalagizi@yahoo.com Tel : +243859442033Université Libre des pays des Grands Lacs (ULPGL) de Bukavu, Faculté de santé et Développement communautairesPlateforme DIOBASS au Kivu, programme de Recherche action participative

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Serge Ngendakumana

Université de Gent, Belgique et World Agroforestry Centre (ICRAF)

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Hermes Namegabe Mushayuma

Centre de Recherche en Sciences naturelles, CRSN-Lwiro,

Trésor Mirindi Adhama

Université Libre des pays des Grands Lacs (ULPGL) de Bukavu, Faculté de santé et Développement communautaires

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Alphonse Muhimuzi Bisusa

Centre de Recherche en Sciences naturelles, CRSN-Lwiro,

Bajope Baluku

Centre de Recherche en Sciences naturelles, CRSN-Lwiro,

Mwapu Isumbish

Centre de recherches universitaire du Kivu, CERUKI, ISP-Bukavu, BP. 854 Bukavu (RDC), Email : ibalagizi@yahoo.com Tel : +243859442033Unité d’Enseignement et de Recherche en Hydrobiologie Appliquée (UERHA), Dpt Biologie-Chimie, ISP/Bukavu

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