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Études

In the Cut. Des procédures censoriales de quelques films de John Ford

In the Cut. Censorship procedures for some of Ford’s films
In the Cut. Procedure di censura per alcuni film di Ford
Frédéric Cavé
p. 122-143

Résumés

Cet article se propose d’interroger quelques films de John Ford dans leurs rapports vis-à-vis de la censure hollywoodienne à partir de sources de première main et, par-là, de désacraliser les propos du cinéaste sur sa manière de penser les plans et leur montage, ainsi que de mieux comprendre les processus d’auto-régulation qui épousent sa carrière cinématographique. En examinant les documents de production rédigés par deux instances en charge d’administrer les décisions de la MPPDA en matière de représentation on comprendra ce qu’il en est de la « censure hollywoodienne » – qu’on appellera ici « sensure » (Bernard Noël), afin de qualifier une procédure visant à « la privatisation du sens et non la privation de la parole » : la sensure « vide l’expression pour la rendre inoffensive ». Face aux menaces d’ingérence gouvernementale, de comités étatiques, de spectateurs ou d’autres groupes de pression, Hollywood chercha tout d’abord à influencer des représentants de la société civile. Puis, afin d’élargir sa clientèle, l’industrie du cinéma prit le parti de ne pas froisser les humeurs, croyances et traditions de son public comme de ses partenaires publics (instances religieuses, industrielles, politiques, etc.) en recourant à une technique novatrice de « propagande », le screenwashing, mélange d’omissions calculées et de franchise larvée au détour d’un plan, d’une expression, d’une gestuelle. Au cœur de ce dispositif, John Ford a été contraint de modifier « sa vision du monde » initiale pour céder aux convenances.

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Index de mots-clés :

Ford (John), Hollywood, MPPDA, censure, screenwashing
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Plan

Fonctionnements du Studio Relations Committee
Les principaux items sensurés par la PCA
Survivance du screenwashing
Élargir la clientèle

Aperçu du texte

« … je pensais à ce titre : Hell Divers. Bon titre. Nous devrons le soumettre au Hays Office, bien entendu. Tu sais, on ne peut plus dire “hell” à l’écran ».
John Dodge (Ward Bond, grimé en John Ford) dans The Wings of Eagles

Durant ses années d’activité, John Ford eut des rapports privilégiés avec certaines personnalités issues de la Motion Picture Producers and Distributors of America, inc. (MPPDA), association organisatrice du système d’auto-régulation hollywoodien entre 1922 et 1966. Son scénariste Lamar Trotti, par exemple, assura un rôle éminent aux côtés de Jason Joy entre 1927 et 1932 dans l’organisation du Studio Relations Committee (SRC) – première instance chargée de faire appliquer le Code de production hollywoodien – avant de rejoindre le département scénario de 20th Century Fox en 1934. Ce même Joy, quant à lui, quitta ses fonctions en 1932 pour rejoindre le département des relations publiques de la Fox et sera l’intercesseur principal auprès de la Production Code Admini...

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Pour citer cet article

Référence papier

Frédéric Cavé, « In the Cut. Des procédures censoriales de quelques films de John Ford  »1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze, 102 | 2024, 122-143.

Référence électronique

Frédéric Cavé, « In the Cut. Des procédures censoriales de quelques films de John Ford  »1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze [En ligne], 102 | 2024, mis en ligne le 06 janvier 2029, consulté le 10 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/1895/11085 ; DOI : https://doi.org/10.4000/14vtl

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Auteur

Frédéric Cavé

Frédéric Cavé, professeur certifié et chargé d’enseignement à l’Université d’Amiens, chercheur indépendant, spécialiste du cinéma hollywoodien et de son autorégulation à partir des années 1920. Il a dirigé Fantaisies de John Ford et D’après Hitchcock (2022) et est l’auteur du Code Hays avec Francis Bordat (2023).

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