Nous voulons présenter ici l’épistémologie des dispositifs que nous préconisons, dans ses rapports avec l’histoire du cinéma et en tant qu’elle a elle-même une dimension historiographique. Elle se confronte, en effet, aux sources matérielles ou discursives comme toute démarche historique. Ainsi est-elle à la fois une alliée de l’historien et une méthode critique susceptible de le déranger car elle traverse les savoirs constitués, fermés sur leur objet et, en somme, adossés à des positions institutionnelles relativement confortables car reconnues au point de vue symbolique. Le discours historique est, par nature, constituant : une de ses clés est la définition de son objet à l’intérieur de limites circonscrites : « je travaille sur la période 1910-1914 », ou : « je m’attache à cet ensemble d’objets techniques » ; ce sont là des formulations d’ « historien ». Elles déterminent sa méthode. À cela, l’épistémologie, mise à l’épreuve ici, est rétive. Son but est inverse : elle approche de...
L’objet de l’histoire du cinéma et l’épistémologie des dispositifs
Résumés
Les historiens le savent, l’objet de l’histoire du cinéma ne va pas de soi. Et pourtant, le discours historique cherche constamment à instaurer des limites et à circonscrire un territoire à partir duquel il construit son récit ou développe son analyse, décidant ce qui relève ou non du « cinéma ». Il est une autre manière de connaître ce dernier. Elle consiste à défaire les frontières et à le replacer dans le réseau de relations qui se tissent à une époque donnée entre des appareils les plus improbables, des représentations et des usages qui échappent à son histoire. Bergson et son cinématographe, par exemple. Ou encore Fourtier et ses plaques de lanterne magique au statut particulier. L’épistémologie des dispositifs de vision permet cela. Elle fait vaciller les frontières entre des grands ensembles historiques, comme la lanterne magique, la chronophotographie mareysienne ou ce qu’on appelle le cinéma. La question de la représentation du mouvement les fédère et les divise, source de variations généalogiques troublantes.
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Index de mots-clés :
dispositifs, épistémologie, histoire, Bergson (Henri), Marey (Étienne-Jules), Fourtier (Henri)Extrait du texte

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Référence papier
Maria Tortajada, « L’objet de l’histoire du cinéma et l’épistémologie des dispositifs », 1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze, 99 | 2023, 8-31.
Référence électronique
Maria Tortajada, « L’objet de l’histoire du cinéma et l’épistémologie des dispositifs », 1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze [En ligne], 99 | 2023, mis en ligne le 03 janvier 2029, consulté le 23 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/1895/9733 ; DOI : https://doi.org/10.4000/13cco
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