Navigation – Plan du site

AccueilNuméros14Recensions d’ouvragesGutherz X. (éd., 2017) – Asa Koma...

Recensions d’ouvrages

Gutherz X. (éd., 2017) – Asa Koma : site néolithique dans le bassin du Gobaad (République de Djibouti)

Montpellier, Presses universitaires de la Méditerranée, coll. Mondes anciens, 276 p.
Alain Gallay
p. 111-112
Référence(s) :

Gutherz X. (éd., 2017) – Asa Koma : site néolithique dans le bassin du Gobaad (République de Djibouti), Montpellier, Presses universitaires de la Méditerranée, coll. Mondes anciens, 276 p.

Entrées d’index

Haut de page

Texte intégral

1Cet ouvrage, présenté par Xavier Gutherz, est consacré aux fouilles réalisées sur le site néolithique d’Asa Koma (République de Djibouti), découvert en 1982 par Roger Joussaume, et à sa mise en perspective régionale. Il réunit les contributions de nombreux scientifiques français, et constitue l’une des monographies de sites les plus complètes pour la période néolithique de la Corne de l’Afrique.

2Nous découvrons en effet, après une introduction de Roger Joussaume, des études portant sur l’histoire des recherches et l’archéologie proprement dite (Xavier Gutherz, Dominique Sordoillet, Laurent Bruxelles, Guedda Mohamed Ahmed), les structures de combustion (Xavier Gutherz, Luc Laporte), les vestiges construits tardifs (Xavier Gutherz, Luc Laporte, Jean-Michel Pène), la géo-archéologie (Dominique Sordoillet), les traditions céramiques (Jessie Gauliez, Xavier Gutherz, Jean-Michel Pène), l’industrie lithique (A. Diaz), le matériel de broyage (Xavier Gutherz, Luc Laporte), la faune (Joséphine Lesur, Vincent Charpentier, Wim van Neer, Agathe Jacquet), la paléo-végétation (Claire Newton), les sépultures (Jean-Paul Cros, Henri Duday) dans le contexte des rites funéraires locaux (Henri Duday, Jean-Paul Cros, Coralie Demangeot, Xavier Gutherz, Stéphane Hérouin, Joséphine Lesur), enfin un bilan consacré au Néolithique régional (Xavier Gutherz, Joséphine Lesur, Jessie Gauliez).

3Cette simple liste témoigne amplement de la richesse de l’ouvrage, destiné à devenir une référence incontournable pour tout ce qui concerne l’apparition du Néolithique dans cette région.

4Les principaux résultats obtenus indiquent une occupation au début d’une phase d’aridification dans un milieu de savane aride peu arborée, à une époque de bas niveau du lac Abbé, proche du site. La géo-archéologie met en évidence des phases d’interruptions dans l’occupation témoignant d’une certaine mobilité de la population.

5On observe deux types de structures de combustion. Des foyers à plat sans aménagements particuliers, probablement en relation avec le traitement du poisson, séchage voire boucanage en vue de la conservation de ces produits. Ces foyers coexistent avec des structures de pierres chauffées ayant fonctionné ponctuellement pour la cuisson, directement sur les pierres, d’aliments carnés ou de végétaux. Le poisson séché devait constituer une importante réserve de nourriture.

6Plusieurs faciès céramiques de faible extension géographique, probablement partiellement contemporains, sont présents dans la région témoignant de très petites communautés distinctes situées entre la fin du iiie et le milieu du iie millénaire BCE. Ces communautés, dont la céramique montre certaines affinités avec celle du Soudan, auraient succédé à des populations ne connaissant ni la céramique, ni l’élevage et remontant au ive millénaire (faciès d’Ali Daba). Certains récipients pourraient, selon les auteurs, avoir servi au traitement du poisson.

7Sur le plan lithique l’association de pièces esquillées issues d’un débitage sur enclume et de segments de cercle est récurrente dans cette région de l’Afrique, comme c’est le cas plus au sud dans le Rift, au lac Besaca, ou dans l’abri de Moche Borago. L’outillage semble en relation avec la pêche et la persistance d’une économie prédatrice. Les très nombreux fragments de matériel de broyage pourraient révéler un atelier de fabrication établi sur place.

8La faune comprend en abondance des restes de poisson. Quelques os de bovidés domestiques signalent probablement un abattage restreint. La faune sauvage est dominée par le chacal et quelques bovidés, guib harnaché, gazelle dorcas et dik dik. Les auteurs retiennent trois routes possibles de pénétration de l’élevage en Éthiopie : la vallée de l’Atbara depuis le Soudan – identifiée à travers les découvertes de la région de Kassala et grâce aux travaux de Rodolfo Fattovich –, une pénétration en direction du nord depuis le bassin du lac Turkana et enfin l’influence possible de l’Arabie.

9Les sépultures sont essentiellement en fosse. Ce rite succède à de curieux dépôts funéraires propres à des populations de chasseurs ne connaissant pas la céramique. À Ali Daba (3900-3700 BCE), des fosses associent en effet, en vrac, des fragments osseux humains partiellement carbonisés résultant de crémations et de la faune sauvage n’ayant pas subi l’action du feu. Cette configuration funéraire ne connaît pas d’équivalent ailleurs. Les sépultures d’Asa Koma présentent des corps en position contractée dans des fosses recouvertes de petits massifs de pierres. Ce type de sépulture fait partie d’un ensemble identifié sur plusieurs lieux dans la plaine du Gobaad. Le tumulus d’Antkari 3 est une structure recouvrant plusieurs sépultures en fosse contemporaines de la phase la plus ancienne d’Asa Koma. Le tumulus est entouré d’autres sépultures en fosse postérieures (2800-2400 BCE) pour lesquelles est évoquée la possibilité de morts d’accompagnement. Les tumulus sont fréquents dans la zone.

10Asa Koma est un site qui est loin d’être isolé. Les personnes en charge de l’étude de la faune fournissent notamment une ouverture en direction des modalités de diffusion de l’élevage extrêmement stimulante, un processus qui débouche sur une nouvelle vision du peuplement de l’Éthiopie. L’analyse et la description méticuleuse des résultats obtenus sur la fouille est donc riche de potentialités, d’où le grand intérêt de cet ouvrage.

Haut de page

Table des illustrations

URL http://journals.openedition.org/aaa/docannexe/image/1853/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 101k
Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Alain Gallay, « Gutherz X. (éd., 2017) – Asa Koma : site néolithique dans le bassin du Gobaad (République de Djibouti) »Afrique : Archéologie & Arts, 14 | 2018, 111-112.

Référence électronique

Alain Gallay, « Gutherz X. (éd., 2017) – Asa Koma : site néolithique dans le bassin du Gobaad (République de Djibouti) »Afrique : Archéologie & Arts [En ligne], 14 | 2018, mis en ligne le 15 décembre 2018, consulté le 07 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/aaa/1853 ; DOI : https://doi.org/10.4000/aaa.1853

Haut de page

Auteur

Alain Gallay

Articles du même auteur

Haut de page

Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search