Navigation – Plan du site

AccueilNuméros2Résumés de maîtrisesÉvolution climatique à l’Holocène...

Résumés de maîtrises

Évolution climatique à l’Holocène d’une région saharo-sahélienne de Tichitt à Dia

Chloé Albaret
p. 113-114

Entrées d’index

Index géographique :

Mauritanie/Mauritania, Dhar Tichitt, Dia
Haut de page

Notes de la rédaction

Mémoire de maîtrise soutenu en juin 2002
Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne
Direction : Jean Polet ; tuteur : Alain Person

Texte intégral

1Le Sahara méridional enregistre des variations climatiques importantes pendant l’Holocène. Des périodes sèches particulièrement difficiles pour la permanence des établissements humains, alternent avec des périodes plus humides permettant le développement de ces populations.

2Le schéma semble simple : les populations n’ayant plus suffisamment de ressources en eau vont migrer vers des espaces plus cléments, la recolonisation des lieux ne peut correspondre qu’à une nouvelle phase humide. Cependant, si la viabilité d’un environnement est liée aux modifications climatiques globales, elle dépend aussi du temps de réponse du milieu à ces contraintes générales. Il s’agit d’une notion primordiale pour l’étude des installations de populations dans la mesure où certains de ces lieux vont constituer de véritables « zones-refuges » pendant parfois plusieurs millénaires alors que le reste du Sahara aux mêmes latitudes progresse vers l’assèchement actuel.

3L’attention a d’abord été portée sur les méthodes de reconstitution des environnements anciens à partir des enregistreurs de leur évolution. La zone géographique étudiée englobe deux géoécosystèmes ou unités géomorphologiques régissant des systèmes hydrologiques homogènes, différents d’une unité à l’autre : les dhars (falaises) de Mauritanie sud-orientale avec leurs lacs hydroéoliens, et la plaine d’inondation du Delta intérieur du Niger au Mali. Les grands géoécosystèmes individualisent la persistance des ressources vitales pour les populations végétales, animales et humaines. Les études de terrain et de laboratoire des enregistreurs tels que les concrétions carbonatées prélevées dans le Delta intérieur du Niger, et les sédiments diatomitiques du baten entre Tichitt et Oualata sont primordiales pour affiner la chronologie climatique de cette région du Sahara méridional.

4L’Holocène est caractérisé par une augmentation des températures planétaires de +2°C par rapport à l’Actuel. En Afrique, ce réchauffement général se traduit par une remontée non linéaire vers le Nord de la Zone de Convergence Intertropicale depuis l’optimum climatique de l’holocène ancien. Les régions sahariennes ont connu une extension importante des lacs depuis l’Atlantique jusqu’à la mer Rouge en fonction de l’intensification du mécanisme des moussons. Ainsi, entre 14 et 16° de latitude Nord, les steppes sahéliennes ont été remplacées par les arbres de la forêt tropicale humide tandis que les savanes de graminées s’étendaient jusqu’à 20-22°N, soit à environ 300 km plus au nord que la limite actuelle.

5Le début de l’Holocène est donc marqué par une forte extension des lacs, attirant une faune riche et variée. Sur le transect considéré, l’absence ou la rareté des occupations humaines lors des plus hauts niveaux des lacs, suggère que les habitats étaient alors dispersés, d’autant plus qu’à cette époque, l’espace viable était considérablement agrandi.

6La première période sèche holocène reconnue dans toute l’Afrique nord tropicale, non seulement au Sahel, mais aussi en Afrique de l’Est et en Afrique du Nord est centrée autour de 7500 bp. Cette phase est caractérisée par une baisse des niveaux lacustres et un changement de la répartition des pluies (avec apparition d’une saison sèche pouvant durer cinq mois) et de leur intensité.

7De 6000 à 4500 BP, le Sahara méridional et central a été soumis à un regain d’activité de la mousson et des lacs sont réapparus au Soudan, dans le sud de l’Égypte, au Tibesti, au Niger, au nord du Mali ou encore en Mauritanie. Si le Sahara connaît un assèchement progressif depuis 4000 ans, ce dernier est loin d’être homogène dans son évolution. C’est en effet dans le contexte d’un épisode sec (4500-3500 BP) que les hommes des Dhars Tichitt, Oualata et Néma se sont implantés. Ils ont trouvé aux pieds des dhars des ressources en eau suffisantes pour s’y maintenir et s’y développer pendant 2000 ans grâce à une récurrence humide entre 3700 et 2200 BP qui ne semble pas atteindre les régions plus septentrionales. À la fin de l’Humide, ce géoécosystème n’a plus suffi à subvenir aux besoins de la population grandissante. Il s’agit donc de comprendre où cette dernière a pu trouver refuge. C’est une des questions à laquelle tente de répondre le Projet Néma qui mène ses investigations le long du Dhar éponyme depuis 2001. Pour l’évolution des populations dans l’espace, un site a particulièrement attiré notre attention : il s’agit du site de DN 4, situé sur la rive gauche de l’oued Boû Khzâma. On peut y distinguer deux occupations successives étant donnée la surimposition des vestiges d’une activité métallurgique à ceux d’une nécropole. La lecture des autres données archéologiques est difficile puisqu’en raison de l’érosion intense du site, le mobilier se retrouve dispersé et mélangé à la surface du sol. En tout état de cause, les datations indiquent une occupation beaucoup plus longue qu’au nord de Oualata. Il semble évident que la zone du Dhar Néma a reçu plus de pluie, et ce, sur une période beaucoup plus longue.

8Au Mali, la région du Méma apparaît peu propice à l’implantation humaine pendant l’Holocène moyen. La grande majorité des terres devaient encore être submergée par les eaux du fleuve, soit temporairement par les crues, soit de façon permanente. Ce n’est que pendant la phase humide de 3700-2200 BP que les populations humaines se développent d’abord en retrait des marges ouest du Delta intérieur du Niger pour ensuite glisser vers l’est en lien avec le recul de la plaine d’inondation.

9Si d’après les dates d’occupation des sites archéologiques sur l’ensemble de la zone étudiée, on voit clairement se dessiner une évolution dans le temps de l’ouest vers l’est, on ne peut toujours pas affirmer que les populations du Dhar Tichitt se soient réfugiées le long du Dhar Néma avant de se diriger vers le Delta intérieur du Niger. Dans l’état actuel des recherches traitant des relations des hommes avec leur environnement le long du transect considéré, il apparaît clairement que les populations sont tributaires de l’espace viable et que l’assèchement progressif du Sahara méridional a eu pour conséquence un regroupement des populations autour des lacs puis des points d’eau résiduels. On ne peut cependant pas encore parler pour les périodes anciennes d’innovations techniques comme réponse à l’assèchement progressif et à la démographie croissante. Il est donc nécessaire de continuer les recherches en ce sens afin de pouvoir préciser les liens culturels et socio-économiques entre la zone des dhars et le Delta intérieur du Niger.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Chloé Albaret, « Évolution climatique à l’Holocène d’une région saharo-sahélienne de Tichitt à Dia »Afrique : Archéologie & Arts, 2 | 2003, 113-114.

Référence électronique

Chloé Albaret, « Évolution climatique à l’Holocène d’une région saharo-sahélienne de Tichitt à Dia »Afrique : Archéologie & Arts [En ligne], 2 | 2002-2003, mis en ligne le 20 décembre 2022, consulté le 16 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/aaa/4391 ; DOI : https://doi.org/10.4000/aaa.4391

Haut de page

Auteur

Chloé Albaret

Articles du même auteur

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-NC-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont susceptibles d’être soumis à des autorisations d’usage spécifiques.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search