Première Conférence Internationale sur les Archéologies de l’Océan Indien
Texte intégral
1La première conférence internationale sur les archéologies de l’Océan Indien s’est déroulée à l’Île de la Réunion du 18 au 24 septembre 2000 à l’initiative du Groupe de Recherches sur l’Archéologie et l’Histoire de la Terre Réunionnaise (GRAHTER), avec la participation de l’Université de la Réunion, le Conseil Régional, le Conseil Général, la Communauté Intercommunale des Villes Solidaires et le Secrétariat d’État d’Outre-Mer.
2Cette première rencontre internationale a réuni de nombreux chercheurs venus de 14 pays différents travaillant, en archéologie, sur des thèmes variés comme les navigations anciennes, les origines de l’homme moderne, le mégalithisme, le commerce à longue distance, parmi d’autres. Les contributions des historiens furent également très importantes.
3Certaines communications ont donné lieu à débat, ainsi à la suite de la présentation sur l’archéologie de l’île de la Réunion la question de la localisation des sites fut soulevée, mais l’existence réelle des risques de pillage nous a empêché d’indiquer l’endroit précis de ceux-ci.
4D’autres communications ouvrent de très vastes perspectives de recherche et de collaboration scientifique, c’est le cas des navigations nusantariennes par exemple.
5Des communications très riches ont montré l’importance de la recherche de terrain en collaboration avec des laboratoires spécialisés. C’est le cas des recherches conduites, il y a quelques années dans le site d’Ambahimanana, Madagascar, où l’étude des composantes de la céramique permet, outre la connaissance de l’origine des matières premières et la situation géographique des ateliers de production, une proposition de chronologie relative. Aussi des recherches sur le verre à Sri Lanka montrent, grâce à l’analyse chimique des composants, l’existence de deux ateliers : l’un de fabrication et l’autre de transformation.
6Une intéressante communication sur l’archéologie du Pakistan montre d’une part l’existence de vestiges bouddhistes dès le iiie siècle avant notre ère, et d’autre part une importante collaboration scientifique. Celle-ci se traduit par l’existence d’un vaste projet de recherche dirigé par les organismes nationaux de l’archéologie et par la présence sur le terrain de plusieurs missions étrangères (Italienne, Japonaise, Françaises). Aussi des protocoles concernant la protection et la sauvegarde du patrimoine archéologique existent, en particulier, avec l’UNESCO.
7Dans ce vaste espace qu’est l’Océan Indien, l’archéologie sub-aquatique devrait jouer un rôle de premier plan pour la connaissance des échanges, des voies de communication et des moyens de transport. Néanmoins, la discipline est seulement à ses débuts en même temps que le pillage des vestiges subaquatiques pratiqué par des sociétés privées dispose de moyens très importants. Ce décalage entre moyens pour la recherche et moyens des pilleurs implique deux réponses : l’une est le développement de l’archéologie sub-aquatique comme le montrait une communication sur la discipline en Inde, l’autre est la prise rapide de décisions concernant la protection de ce patrimoine.
8La protection du patrimoine archéologique, terrestre et marin, fut également abordée lors de cette conférence. Devant l’importance et les moyens dont disposent les pilleurs des sites archéologiques, il est urgent d’adhérer aux différentes conventions concernant la protection et la lutte contre le trafic des biens culturels.
9Les contributions des historiens furent également très intéressantes et deux champs de recherche peuvent se dégager. L’un sur le maronnage en Amérique du Sud, où l’on a apprécié la qualité, l’indépendance et la sérénité de la recherche aussi bien sur le terrain qu’en laboratoire. L’autre sur l’histoire et l’archéologie de la Réunion. Des recherches sur l’esclavage et le marronnage sur l’île pourraient constituer le terrain d’une collaboration fructueuse entre des chercheurs des deux disciplines inspirés d’une conception de complémentarité des résultats de chaque domaine, où chaque domaine de recherche utiliserait ses propres méthodes.
10Enfin, une très bonne présentation sur la recherche archéologique dans la Martinique, montre l’existence d’une démarche dynamique dans des départements et territoires éloignés de la métropole, où des fouilles terrestres et des prospections sub-aquatiques n’ont cessé de se développer depuis une trentaine d’années.
11À l’issue de cette première réunion internationale il y a eu consensus pour considérer que la Conférence fut un succès. Tous les participants sont également unanimes pour souligner l’excellence de l’organisation et de l’accueil. De très nombreux collègues ont également signalé la convivialité des membres du GRAHTER chargés de l’accompagnement et de la logistique, indiquant qu’il s’agissait de véritables collègues. Les conférenciers ont également souhaité que les rapports scientifiques établis pendant cette rencontre puissent se poursuivre dans un cadre large de collaboration et d’échange des connaissances. Ainsi, une série de Recommandations ont été élaborées en vue de continuer les échanges d’une part et, d’autre part, en vue de contribuer au développement de la recherche archéologique à l’île de la Réunion.
Pour citer cet article
Référence papier
Manuel Gutierrez, « Première Conférence Internationale sur les Archéologies de l’Océan Indien », Afrique : Archéologie & Arts, 1 | 2001, 110-111.
Référence électronique
Manuel Gutierrez, « Première Conférence Internationale sur les Archéologies de l’Océan Indien », Afrique : Archéologie & Arts [En ligne], 1 | 2001, mis en ligne le 25 septembre 2023, consulté le 15 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/aaa/4740 ; DOI : https://doi.org/10.4000/aaa.4740
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