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Éditorial

Emmanuelle Honoré et Sylvie Amblard-Pison
p. 9-10

Texte intégral

1Chères lectrices, chers lecteurs,

2Nous vous remercions d’être toujours plus nombreux à lire les contributions de nos auteurs et à élargir la visibilité d’Afrique : Archéologie & Arts sur tous les continents, contribuant ainsi à la pérennité de notre modèle de publication aux côtés des institutions qui nous soutiennent : le CNRS (UMR 8068 TEMPS), l’INSH, et le F.R.S./FNRS. Rare dans l’édition scientifique, ce modèle d’accès ouvert « diamant » – sans coût pour les auteurs, ni pour les lecteurs – est en accord avec notre volonté de mettre à disposition de tous un outil de diffusion de la recherche, simple et efficace, en particulier auprès des jeunes chercheurs et de nos collègues du continent africain. Forts de cette dynamique, nous accueillons un nouveau membre au sein du comité de rédaction, Adrien Delvoye (Université de Genève, Suisse), déjà investi depuis plusieurs années dans la revue par ses articles et relectures de manuscrits.

3Ce numéro 20, tourné vers l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, vous invite à découvrir trois articles et une nouvelle, tous co-écrits par des collègues européens et africains. Dans le premier article, une équipe franco-camerounaise (Geoffroy de Saulieu, Pascal Nlend Nlend, François Ngouoh, Bissaï Sokona et Louis Minegue Abanda) propose l’étude préliminaire d’un imposant ensemble céramique recueilli sur une cinquantaine de sites dans le secteur des chantiers de construction du barrage de Nachtigal amont au Cameroun. Sept groupes céramiques sont identifiés et des datations radiocarbones apportent la confirmation d’un grand schéma culturel régional déjà évoqué dans Afrique :  Archéologie & Arts (Saulieu et al. 2017), offrant une vision plus fine des variations culturelles antérieures au début de notre ère.

4Suit une analyse très détaillée, par Cécile Chapelain de Seréville-Niel, Gérard Chouin et Adisa Ogunfolakan, de sources et témoignages archéologiques anciens, à l’appui d’un réexamen d’ossements humains issus des fouilles de deux centres urbains médiévaux du sud-ouest du Nigeria, Benin City et Ile-Ife. Tout en essayant de préciser les pratiques funéraires prévalant dans cette région, ils tentent, entre autres, de comprendre la crise sanitaire qui a engendré de nombreux décès sur une courte période et de savoir si elle peut – ou non – être liée au passage de la pandémie de peste (Yersinia pestis) dans la seconde moitié du xive siècle.

5Le troisième article, Les maisons de chefferie du Mbam (Cameroun), abondamment illustré notamment de dessins de l’un des auteurs, Christian Seignobos, fait état avec Henri Yambéné Bomono de l’architecture remarquable de ces maisons. Elles désignent des lieux de pouvoir dont l’histoire est aujourd’hui largement réécrite, alors qu’aucune n’est antérieure aux années 1920. C’est aussi un cri d’alarme lancé par les deux auteurs pour sauvegarder ces demeures qui tombent une à une en ruine.

6Faisant suite à ces trois articles, une nouvelle d’Olivier Gosselain et de Mardjoua Barpougouni est consacrée à Tahirou Husseini, dernier teinturier actif du Nord Bénin, « Trésor humain vivant » – selon la terminologie adoptée par l’UNESCO. Le recueil détaillé de ses gestes techniques et du cadre de sa pratique complète les premières observations parues en 2021 dans le n°17 de la revue. Passé et présent d’une activité en sursis sont décrits avec moult détails. C’est sur une note d’optimisme que les auteurs concluent leur propos, soulignant une apparente prise de conscience des populations locales et des autorités en vue de relancer cette activité de teinturerie.

7Renaud Ego offre ensuite un hommage particulièrement touchant à notre collègue Tilman Lenssen-Erz, parti trop tôt l’an dernier. Tilman a fait partie des artisans de la revue Afrique : Archéologie & Arts, en tant qu’auteur et membre du comité de lecture. Comme l’ensemble du monde de la recherche, nous ne pouvions qu’être grandis de le compter parmi nos forces vives. Vous pouvez relire son article Pastoralist appropriation of landscape by means of rock art in Ennedi Highlands, Chad dans le n°8 de 2012.

8Vous aurez ensuite le plaisir de découvrir une nouvelle rubrique, intitulée « objet de collections muséales », qui vient renforcer la présence des arts dans la revue par de courtes études sur des objets de musées peu connus mais éclairants. Amelia King inaugure la rubrique en nous présentant une des photographies prises par le révérend Kenred Smith de la mission d’Upoto au Congo, autour de 1900, et conservée au Museum of Anthropology and Archaeology de Cambridge au Royaume-Uni. La photographie illustre le couronnement d’un chef. Loin de décrire un monde « authentique » tel qu’il a été fantasmé à l’époque coloniale, cette image montre au contraire que la culture matérielle témoigne d’interactions déjà présentes dans tous les temps de la vie sociale et politique locale.

9La rubrique des thèses récemment soutenues met à l’honneur le travail d’Ihssane Serrat, jeune collègue marocaine, qui a fourni la première étude détaillée de la céramique de l’habitat d’Igiliz-n-Warghen au Maroc. Elle remet en contexte les productions du xiisiècle pour aboutir à un tableau plus vaste des dynamiques d’échange entre Maroc médiéval, Sahel et Occident méditerranéen à cette période-clé.

10Le dernier colloque de l’Association ouest-africaine d’archéologie (AOAA), qui s’est déroulé à Dakar en novembre 2023, est enfin présenté par Adrien Delvoye. Véritable plateforme d’échanges sur les contextes archéologiques et les cultures associées des deux derniers millénaires, le colloque a été l’occasion de faire dialoguer les recherches conduites dans les états membres, du Sénégal au Nigéria.

11Parmi les publications marquantes de l’année, Yaëlle Biro recense celle de Frederick John Lamp, Python Spirit on the Baga Coast : A Scientific and Art Historical Investigation. Cet ouvrage conséquent (312 pages) retrace l’enquête menée sur un masque serpentiforme en bois attribué aux Baga de Guinée, doublée d’une remise en contexte des rituels dans lesquels des objets de ce type étaient mobilisés.

12Nous attirons enfin l’attention des lecteurs de ce nouveau numéro d’Afrique : Archéologie & Arts sur la parution de l’imposant travail de recherche sur la nécropole de Wanar (Sénégal), nécropole qui a fait l’objet par le passé de différents articles dans la revue (nos 7 et 18).

13Bonne lecture !

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Pour citer cet article

Référence papier

Emmanuelle Honoré et Sylvie Amblard-Pison, « Éditorial »Afrique : Archéologie & Arts, 20 | 2024, 9-10.

Référence électronique

Emmanuelle Honoré et Sylvie Amblard-Pison, « Éditorial »Afrique : Archéologie & Arts [En ligne], 20 | 2024, mis en ligne le 30 octobre 2024, consulté le 07 décembre 2024. URL : http://journals.openedition.org/aaa/5203 ; DOI : https://doi.org/10.4000/12mem

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Auteurs

Emmanuelle Honoré

Rédactrice en chef

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