• 1 À titre de comparaison je me permets de renvoyer à une récente recherche : Hablot, Laurent, (...)

1Durant le Moyen Âge et sous l’Ancien Régime, la transmission d’un fief important échappe rarement aux aléas de l’histoire, aux jeux d’alliances et de pouvoir, aux hasards de la vie. Si les lignages titulaires changent donc assez régulièrement, les signes héraldiques qui matérialisent cette réalité géopolitique permettent souvent de maintenir une forme de continuité, entretenue tant qu’elle se révèle nécessaire au bon fonctionnement du fief1.

• 2 Voir notamment pour les sceaux : Roblin, Vincent, Recueil des actes des vicomtes de Limoges, (...)

3Définir les choix héraldiques des différents vicomtes reste pourtant une chose malaisée tant les habituelles sources armoriales font défaut. Plus de vitraux, pas de peintures murales ni de décor funéraire, aucun fronton de château, nul manuscrit armorié. Seuls quelques sceaux et surtout d’exceptionnelles monnaies2 nous permettent de connaître l’héraldique des vicomtes de Limoges.

• 3 Dans les espaces politiques mieux documentés, les exemples de conflits liés à l’exposition d’ (...)
• 4 Cité dans Vaivre, Jean-Bernard de, « Le décor héraldique de la cassette d’Aix-La-Chapel (...)
• 5 Sénéchal du Limousin au moment de l’affaire, il enquête pour savoir qui a placé cette bannièr (...)
• 6 Mathieu, Rémi, Le système héraldique français, Paris, J.-B. Janin/La Roue de la Fortune, 194 (...)

4On sait pourtant que, dès avant la succession des Dreux-Bretagne, l’histoire mouvementée de la vicomté – entretenue par la succession de différentes dynasties ou la concurrence des pouvoirs qui s’exercent dans cet espace revendiqué par le roi, le vicomte, les consuls de Limoges, l’évêque, ou les grands abbés de Saint-Martial ou de Saint-Yrieix – a suscité d’importantes démonstrations publiques et des mises en signe du territoire conflictuelles3. En témoigne, par exemple, cette querelle qui, en 1265, avait opposé les gens de la vicomtesse de Limoges, Marguerite de Bourgogne (1263-1275), épouse du vicomte Guy VI († 1263), aux agents du roi autour du monastère de Saint-Yrieix dont les vicomtes étaient vassaux et devaient à ce titre une bannière au monastère, probable insigne de leur fonction d’avoués4. À l’appel de l’abbé, alors en conflit avec la vicomtesse, des bannières fleurdelisées furent apposées sur l’édifice en signe de sauvegarde royale. Jalouse de ses droits, la vicomtesse fit arracher ces emblèmes pour y apposer les siens. Un crime de lèse-majesté qui lui valut, après une diligente enquête conduite par le bientôt célèbre maréchal Henri de Courances alors sénéchal du Limousin5, de se voir convoquée au Parlement6.

• 7 Marguerite de Bourgogne, vicomtesse de Limoges (1263-1275) scelle d’un sceau en pied avec à d (...)
• 8 Dans le blason, on nomme « partie » une armoirie composée de deux signes héraldiques distinct (...)
• 9 Les armes d’Adhémar V (1149-† 1199), une des premières combinaisons de l’histoire de l‘ (...)
• 10 Armorial Navarre (vers 1368-1375). Voir Adam-Even, Paul, « Études d’héraldique médiévale : l (...)
• 11 Ces armes parties se retrouvent en effet sur plusieurs « monuments » héraldiques comme la cas (...)

5Mais quelles armes portent à cette date les vicomtes de Limoges ? La question est loin d’être aussi simple qu’il n’y paraît. Au moment de l’affaire de Saint-Yrieix la vicomtesse Marguerite utilise sans doute déjà les armes figurées sur son sceau de 12687. Elle y est représentée en pied, associée à trois armoiries : sur la face du sceau, à gauche, celle de son époux, un coticé, à droite, celle de son père, un bandé (celui des ducs de Bourgogne : bandé d’or et d’azur à la bordure de gueules). Elle y ajoute au revers un écu parti8 à trois lionceaux et au coticé. Cette dernière combinaison est celle portée par son défunt mari Guy VI et qu’arborait déjà le grand-père de ce dernier, Adhémar V9. Si les armes au coticé peuvent être identifiées comme celles de la maison de Comborn – coticé d’or et de gueules –, l’origine, le nombre et les couleurs des armes aux lionceaux posent problème. Souvent considérées comme les armes « historiques » de la vicomté d’or à trois lionceaux d’azur, elles sont parfois confondues avec les armes du Périgord (de gueules à trois lionceaux d’or) dont seront également titulaires les derniers vicomtes. Et si l’armorial Navarre donne bien « le vicomte de Limoges : d’or à trois lioncheaux d’azur rampans10 », plusieurs sources, notamment des émaux champlevés, inversent les couleurs (d’azur à trois lionceaux d’or) ou modifient le nombre de lions11.

• 12 De cette union naît, en plus de cinq filles, Jean de Montfort († 1345), futur rival (...)

9Le dossier s’ouvre avec l’avènement d’Arthur II († 1312), vicomte de 1290 à 1301. Fils aîné de Jean de Bretagne, futur Jean II, duc de Bretagne, il épouse en 1275 Marie de Limoges († 1290), héritière de la vicomté cette même année. D’abord vicomte de Limoges « du droit de sa femme », il devient à son tour duc de Bretagne en 1305. Après la mort de son épouse en 1290, il se remarie en 1294 avec Yolande de Dreux, comtesse de Montfort12.

• 13 Les figurations médiévales de ces armes Dreux-Bretagne hésitent fréquemment sur la (...)
• 14 Sceau équestre D. 540 (1296).
• 15 Sceau équestre D. 541 (1308).

10Ses armoiries sont connues par ses sceaux. Avant son avènement en 1305, il porte les armes de Dreux (échiqueté d’or et d’azur à la bordure de gueules, au franc-quartier d’hermine brochant13) brisées par une bordure engrêlée14 avant de porter, une fois duc de Bretagne, les armes Dreux-Bretagne pleines15.

• 16 Sur cette combinaison, les armes Comborn forment donc un quartier surajouté au 3 des armes (...)
• 17 Pour les monnaies médiévales, un rapport qualité de gravure/valeur existe souvent e (...)
• 18 L’usage s’impose en effet pour les épouses, à la fin du xiii^e siècle, de porter les (...)
• 19 Nassiet, Michel, « Alliances et filiations dans l’héraldique des xiv^e et xv^e siècles », Rev (...)

11Sur ses monnaies, il émet d’abord un denier billon portant – dans un écu ou dans un cercle – les armes parties Dreux (très librement figurées, avec ou sans quartier hermine et sans bordure engrêlée) et Comborn (un coticé), avant de retenir une composition plus originale et « incorrecte » formée d’un écu parti, au 1 coupé d’hermine et de Comborn et au 2 échiqueté à la bordure (Dreux) (fig. 2, 2^bis et 3, 3^bis)16. En dépit de la nature du support et du traitement parfois grossier des armoiries par les graveurs de coins monétaires17, ces solutions sont relativement étonnantes. La première formule peut correspondre aux armes de la vicomtesse qui, de façon désormais classique en cette fin du XIII^e siècle18, porte à dextre (gauche) les armes de son mari (Dreux-Bretagne), à senestre celles de son père (Comborn). Mais c’est pourtant d’une monnaie émise par le vicomte Arthur qu’il s’agit ici. Ce dernier s’affiche donc avec les armes que porte sa femme, ce qui peut correspondre au modèle établi par Michel Nassiet qui désigne sous le terme de « sème de l’héritière » la permanence des armoiries du lignage de l’épouse, héritière ou d’un rang supérieur, dans les armes du mari19. Avant son avènement, Arthur de Bretagne tire en effet son statut de son union avec l’héritière d’une prestigieuse vicomté. La seconde formule héraldique retenue ensuite, presque incohérente pour le blason, a pour effet de réduire la place dévolue aux armes Comborn véritablement phagocytées par celles des Dreux-Bretagne. Le mi-parti coticé est réduit à l’état de quartier, placé en 3 d’un écartelé virtuel, en dessous du quartier d’hermine, et n’occupe plus qu’un quart d’une combinaison dans laquelle il se déployait pour première moitié. Cette évolution correspond très probablement à la période suivant la mort de la vicomtesse et l’exercice de plein droit du futur duc entre 1290 et la transmission de la vicomté en 1301. Notons que les armes aux lionceaux portées par les précédents vicomtes parties avec le coticé Comborn n’apparaissent plus dans l’héraldique d’Arthur de Bretagne.

• 20 Sceau D 769 (1308) et infra : sceaux délégués.
• 21 Pastoureau, Michel, « L’Hermine : de l’héraldique ducale à la symbolique de l’État », dans (...)
• 22 Voir sur la question les articles de Michel Pastoureau. Selon Émile Lefort des Ylou (...)

14Avant 1312, Jean de Bretagne semble porter les armes Dreux-Bretagne avec ou sans brisure (une bordure engrêlée)20 et il les conserve telles quelles jusqu’en 1316, date à laquelle il opère un des plus célèbres changements d’armoiries de l’héraldique médiévale au profit des armes d’hermine plain21. Cette importante rupture a été expliquée pour des motifs de représentation et d’ajustement entre le statut du duc de Bretagne et des armes plus prestigieuses – l’hermine, fourrure des rois, et le semé, motif céleste – que celles surbrisées d’un cadet de la maison capétienne22.

• 23 Ce denier est d’ailleurs signalé, sous le nom de Guy VII, dans le registre dit « entre deux (...)
• 24 Cette monnaie, visible sur une collection en ligne (http://fr.numista.com/catalogue/pieces7 (...)
• 25 Fragments de sceau aux armes de Jean de Bretagne avec un écu bannière échiqueté au franc-qu (...)
• 26 Raymond, Paul, Sceaux des archives…, op. cit., p. 842.
• 27 Voir Lefort des Ylouses, Émile, « Un sceau à l’écu d’hermine plain sur une charte bretonne (...)

15Attesté par de rares empreintes, ce changement d’armoirie ne semble pas avoir concerné les monnaies émises par le duc pour sa vicomté de Limoges. On y retrouve les armes Dreux au quartier d’hermine traitées très grossièrement (fig. 4), le prolongement de la formule précédente au quartier Comborn en 323, ou même les armes Dreux avec un canton au coticé24. Les sceaux délégués pour la vicomté apportent en revanche d’autres précieuses données. On retrouve, par exemple, la brisure de la bordure engrêlée sur le sceau de la cour du vicomte de Limoges produit en 131025 tandis que le sceau aux contrats de 1314 adopte une composition inédite : un écu d’hermines au franc-quartier chargé de trois lions posés 2 et 1 avec un contre-sceau aux mêmes armes26, preuve que la mutation héraldique bretonne est déjà en train d’opérer à cette date et que l’héraldique marginale joue clairement un rôle de laboratoire dans ce changement d’armoiries27. Par ailleurs, si les armes coticées des Comborn ont progressivement disparu de l’héraldique vicomtale, l’armoirie aux lionceaux attachée à la vicomté sous cette précédente dynastie fait sa réapparition.

• 28 Raymond, Paul, Sceaux des archives…, op. cit., p. 670.

17Ainsi, Isabelle de Castille († 1328), vicomtesse de 1314 (1317) à 1328, porte pour armes, jusqu’en 1316, un parti mi-parti de Dreux-Bretagne/Castille-Léon (écartelé de gueules à trois châteaux d’or et d’argent au lion de pourpre) avant d’adopter à la suite de son mari un mi-parti d’hermine plain/Castille-Léon. Le propos héraldique de ses sceaux délégués et de ses monnaies comme vicomtesse de Limoges diffère pourtant. Même après 1316, les monnaies figurent encore l’échiqueté des Dreux-Bretagne dont le franc-quartier est chargé d’un château (de Castille) au lieu de l’herminé (fig. 5) tandis que ses sceaux aux contrats de la cour du vicomte de Limoges présentent en 1321, 1322 et 1323 les armes parties au 1 de Bretagne (d’hermine plain) et au 2 coupé au 1 au château (de Castille) et au 2 au lion (de Léon)28.

• 29 Ibidem, p. 843.

18Jeanne de Savoie († 1344), vicomtesse de Limoges de 1329 à sa mort, porte pour armes un parti de Bretagne (d’hermine plain) et de Savoie (de gueules à la croix d’argent). Ses monnaies présentent en revanche une composition inédite : un écartelé au 1 et 4 d’hermine et au 2 et 3 à l’échiqueté Dreux (fig. 6). Son sceau aux contrats de la cour de Limoges de 1342 retient quant à lui un écartelé au 1 et 4 d’hermine et au 2 et 3 de Savoie avec un contre-sceau aux mêmes armes29.

• 30 Il ne semble pas que Jean de Montfort (1294-† 1345), ait jamais porté l’hermine plain adopt (...)

21Comme nous l’avons mentionné, Guy de Bretagne († 1341), alias Guy VII, vicomte de Limoges, fait un passage éclair à la tête de la vicomté entre 1314 et 1318. La question des armes qu’il porte alors s’inscrit dans le contexte de la transition héraldique du duché de Bretagne. Comme dans les armoiries de ses grands-oncles, fils de Jean II, Jean, comte de Richmond (qui brise avec des lionceaux), et Pierre, vicomte de Léon (qui brise avec des besants), Guy use sans doute d’abord des armes des Dreux-Bretagne avec pour brisure un motif sur la bordure, à l’instar de son frère cadet Pierre († 1312), seigneur d’Avesnes, qui meurt avant le changement héraldique, et de son demi-frère Jean, comte de Montfort, qui, même après 1316 et jusque vers 1341, conserve les armes Dreux-Bretagne avec bordure aux lions à queue fourchée des Montfort avant d’adopter l’hermine à cette même bordure30.

• 31 Arch. dép. de Haute-Vienne, fonds de l’abbaye de la Règle, liasses 5016, 6445, 7600.

22Les sceaux de Guy de Bretagne comme vicomte de Limoges, connus par des empreintes de 1314, 1315, 1316 et 1318, affichent un mi-parti au 1 de Dreux-Bretagne (avec du coup le quartier d’hermine placé au chef d’un coupé mais apparemment sans autre brisure) et au 2 à trois lions posés 2 et 1 – armes historiques de la vicomté31.

• 32 Il s’agit de celui connu à partir de 1321 (équestre à la bordure), Arch. dép. de Lo (...)

23Après sa destitution de la vicomté, son investiture comme comte de Penthièvre et avant 1321, son frère aîné lui commande un nouveau sceau32 chargé des nouvelles armes qu’il lui a concédées après le changement de 1316 : d’hermine à la bordure de gueules. Cette bordure constitue donc la première brisure appliquée au nouveau prototype armorial breton d’hermine plain.

• 33 Le contrat de mariage de Charles de Blois stipulait le changement de nom et d’armes (...)

25À la mort de sa tante Jeanne de Savoie en 1344, la fille unique de Guy de Bretagne, Jeanne de Penthièvre († 1384), devient vicomtesse de Limoges entre 1344 et 1384. Elle a porté jusqu’en 1337 les armes de son père (d’hermine à la bordure de gueules) puis, après son mariage avec Charles de Blois-Châtillon, les armes parties de Châtillon (de gueules à trois pals de vair au chef d’or) et de Penthièvre, modifiées après la mort de Jean III en 1341 en d’hermine plain (alias Bretagne) parti avec Penthièvre33.

• 34 Voir Jones, Michael, « The seals of Charles de Blois and Jeanne de Penthièvre, duke (...)
• 35 Trois de ces armes (Bretagne, Penthièvre, Avaugour) sont associées dans l’impressio (...)
• 36 Après un temps de domination anglaise, en application du traité de Brétigny qui rend la vic (...)

26Ces choix héraldiques sont confirmés par de rares sceaux tel le sceau armorial que Jeanne de Penthièvre utilise entre 1348 et la mort de son époux en 1364 sur le champ de bataille d’Auray (armes parties Bretagne/Penthièvre)34. Après 1352, Jeanne de Penthièvre, sans doute en quête de prestige, se fait graver un sceau bien plus sophistiqué. On y retrouve quatre armoiries : Bretagne, Penthièvre, Avaugour (d’argent au chef de gueules, armes qu’elle tient de sa mère Jeanne d’Avaugour, dame de Goëlo) et à trois lionceaux, armes historiques de la vicomté de Limoges35. Les monnaies émises par le couple sont, avant 1364, au nom de Charles de Blois, vicomte de Limoges et armoriées aux armes de France, la vicomté ayant perdu son monnayage propre après le principat de Jeanne de Savoie36.

• 37 Voir ses sceaux (Demay, Germain, Inventaire des sceaux…, op. cit., 279 (1398), Jean de Bret (...)
• 38 Froissart raconte comment, en 1391, le duc Jean IV dénonça ses prétentions infondées au duc (...)
• 39 Voir ses sceaux (Demay, Germain, Inventaire des sceaux…, op. cit., 280 (1428) Olivier de Br (...)
• 40 1435, sceau cour du vicomte de Limoges : écu d’hermine à la bordure (contre sceau écu trois (...)

28Ainsi, le fils de Charles de Blois, Jean de Blois-Châtillon (1345-1404), vicomte de Limoges de 1384 à 1404, alterne des sceaux aux armes d’hermine avec ou sans bordure37 et se trouve régulièrement rappelé à l’ordre ou condamné par les ducs Jean IV et Jean V38. Son fils Olivier de Blois († 1433), vicomte de Limoges (1404-1433), adopte la même politique héraldique39. Mais ses successeurs – Jean de Châtillon, alias Jean de l’Aigle († 1454) et Guillaume de Châtillon († 1454) – conservent l’écu aux trois lionceaux sur les contre-sceaux de leurs sceaux délégués pour la vicomté40. En 1503 encore, sous le principat de Jean III d’Albret, le sceau aux contrats du bailliage de Limoges présente un écu d’hermines à la bordure et un écu aux trois lions rampants posés 2 et 1.

• 41 Voir par exemple Hablot, Laurent, « Signes d’identité d’une région », Actualité Poi (...)

29Ce rapide survol des manifestations héraldiques des vicomtes de Limoges illustre bien la manière dont le signe armorial permet de maintenir une forme de continuité dans l’exercice du pouvoir. Jouant sur les signifiés, il permet également de faire interagir une dynastie avec un territoire par un fréquent phénomène d’appropriation du signe. Il reste pourtant difficile d’établir avec précision à partir de quel moment les armes d’hermine à la bordure ont véritablement été considérées comme les armes propres de la vicomté de Limoges au détriment des armes aux lionceaux. On peut supposer que, comme dans nombre de provinces voisines, ce choix a été posé par les intendants au XVIII^e siècle41.

• 42 Signalons la très belle découverte, encore inédite dans son interprétation, de peintures mu (...)

30La documentation sur l’héraldique des vicomtes et la mise en signe du territoire reste étonnamment lacunaire dans une région qui, avec la technique de l’émail champlevé, a pourtant porté un des supports artistiques qui ont le plus fortement contribué au développement de l’héraldique. Les figurations des armes des Comborn restent rares et celles des Dreux-Bretagne puis des Penthièvre n’ont quasiment laissé aucune trace encore visible42.

• 43 Ces solutions sont à comparer avec les combinaisons produites, par exemple, sur une célèbre (...)
• 44 Ce constat du rôle joué par les solutions héraldiques monétaires de la vicomté de Limoges d (...)

31Il n’empêche que le contexte particulier de l’héraldique des vicomtes et vicomtesses de Limoges apporte un éclairage essentiel sur les tâtonnements qui ont contribué à la naissance des nouvelles armes de Bretagne. L’intense créativité héraldique des ateliers monétaires et les étonnantes solutions de compositions armoriales qu’ils ont produites, caractéristiques du plein essor de l’héraldique à la fin du xiii^e siècle43, ont sans aucun doute encouragé la part toujours plus importante prise par le quartier d’hermine dans la représentation des ducs de Bretagne. De là à dire que l’héraldique des vicomtes de Limoges a donné naissance aux hermines de Bretagne, il n’y a qu’un pas que l’auteur franchit volontiers44.