[…] des réunions tenues dans les champs par des propriétaires, des fermiers, etc., dans le but d’observer ensemble les cultures de leur pays, et de mettre en commun, pour le profit de tous, l’expérience des uns avec l’étude des autres ; de juger du mérite des cultivateurs qui font bien, en les honorant, en les encourageant par de légères récompenses. […] On y décerne des prix, soit à ceux qui ont le mieux tenu leurs terres ou qui se sont procuré les meilleurs instruments agricoles, soit aux laboureurs qui, dans un concours, mènent le plus habilement la charrue ; à ceux qui présentent les plus beaux chevaux, ou poulains, ou bêtes bovines, etc. ; enfin à ceux qui méritent distinction suivant la nature des différentes branches de la culture locale. […]
Une légère cotisation que les membres s’imposent doit être le fondement de leur indépendance et le gage du zèle qu’ils mettront à soutenir l’institution qu’ils auront contribué à établir.
Il ne faudra de leur part qu’un bien petit sacrifice pour couvrir leurs modestes dépenses, car leurs prix mêmes seront trop honorables pour qu’il soit besoin de leur donner une grande valeur pécuniaire.
Mais quand vous pourrez me signaler les travaux d’une de ces réunions, ainsi que je vous le recommande avec intérêt, surtout quand les votes du conseil général de votre département me rendront témoignage de son utilité et de la confiance avec laquelle le pays l’apprécie, je me ferai un vrai plaisir de réserver en faveur de la société, et pour aider à ses dépenses, quelque allocation sur le fonds destiné à l’encouragement de l’agriculture.

6Sous la monarchie de Juillet, les comices agricoles sont donc véritablement conçus comme des avant-gardes associatives, sous contrôle de l’État. Ils bénéficient, par ailleurs, d’un statut particulier dans l’arsenal législatif restrictif en matière associative. La circulaire du 24 juin 1836, émanant du ministre de l’Intérieur, le comte de Montalivet, s’appuie sur la loi sur les associations du 10 avril 1834, mais c’est pour mieux en dispenser les créateurs de comices :

• 10 Arch. dép. de la Mayenne, 7 M 167.

Tout retard ne pouvant, en effet, que gêner les progrès de ces institutions auxquelles le gouvernement doit protection et encouragement, et entraver jusqu’à un certain point un élan qu’il est dans l’intérêt du pays de favoriser, j’ai décidé, d’accord, avec M. le Ministre du commerce et des travaux publics, qu’afin d’éviter les lenteurs qu’entraînent nécessairement une instruction et une correspondance particulières pour chaque demande de cette nature, les autorisations réclamées pour la création des comices agricoles (qu’il ne faut pas confondre avec les congrès scientifiques) pourront, à l’avenir, être accordées par MM. Les Préfets directement et sans recours à mon intervention.
Je vous recommande seulement de me tenir exactement informé de chaque autorisation que vous aurez délivrée au nom du gouvernement dans le ressort de votre administration.
Il est d’ailleurs bien entendu que cette exception ne concerne que les seules associations connues sous le nom de comices ou cercles agricoles, et que rien n’est innové relativement aux autres sociétés, à l’égard desquelles vous continuerez à suivre la même marche que par le passé10.

8À travers l’exemple du département de la Mayenne, on montrera ici en quoi le développement des comices agricoles, corps intermédiaires à part entière, représente les prémices de l’« État-réseau » promu par la III^e République. L’étude croisée de la correspondance entre les fondateurs et l’administration préfectorale (série M), d’une part, et des délibérations et rapports des Conseils généraux et d’arrondissement (série N), d’autre part, permet de dresser le tableau d’une mise en place des comices agricoles mayennais qui est tout sauf linéaire. À une phase d’amorçage par le pouvoir central, phase qui court jusqu’à la fin des années 1830, succède une décennie d’essor désordonné, où l’initiative locale prévaut. Mais, dès le début de la II^e République, l’État tente de reprendre un contrôle ferme sur les comices agricoles et d’en établir un réseau officiel sur l’ensemble du territoire départemental, avec plus ou moins de succès.

Jusqu’en 1839 : une longue phase d’amorçage

L’impulsion de l’administration préfectorale

• 23 Arch. dép. de la Mayenne, 1 N 40.

Vivement touché de la sollicitude du Ministre pour la propagation de l’industrie agricole, et s’associant à ce qu’elle a de précieux pour les intérêts du pays, le Conseil, sur la proposition de sa commission, demande la création de trois comices agricoles, dont un par arrondissement, désirant que le nombre s’en augmente de telle sorte qu’il corresponde à celui des cantons23.

14Cependant, lors de la session de 1839 de cette dernière instance, le préfet de la Mayenne ne peut que déplorer l’échec de son entreprise de promotion des comices agricoles, en particulier dans le nord du département :

• 27 Arch. dép. de la Mayenne, 1 N 41.

À notre dernière session, je mis sous vos yeux l’état affligeant de l’agriculture de l’arrondissement de Mayenne ; je réclamai avec instance la création de comices agricoles que je croyais propre à réchauffer le zèle attiédi de nos propriétaires ; votre vœu dans ce sens fut entendu du Conseil général, qui vota une somme pour cet objet. De son côté, Monsieur le Ministre de l’Agriculture et du commerce y joignit une subvention sur le budget de l’État. Cependant tous ces encouragements sont restés impuissants et personne ne se présente pour recueillir les récompenses accordées ; permettez donc, Messieurs, que je m’adresse à vous, non plus comme corps constitué, mais bien comme élite du pays, pour vous demander de joindre vos efforts au mieux. Notre but à tous doit être de changer des assolements vicieux ou reconnus impropres au sol, de détruire par tous les moyens possibles les genests nuisibles à la terre ; d’encourager l’amélioration des différentes races de bestiaux et particulièrement de l’espèce bovine ; de féconder l’emploi d’instruments perfectionnés ; de favoriser la destruction des hannetons et vers blancs ; en un mot de changer la surface de ce pays, si arriéré sous les rapports de l’agriculture. Vos ordres, vos avis, vos exemples, vos promesses mêmes peuvent seules obtenir ce désirable résultat, sans lequel toute influence, tout pouvoir administratif sont nuls27.

15À l’échelle du département, l’injonction des autorités publiques locales en août 1838 n’a, en réalité, abouti qu’à la création d’un seul et unique comice agricole : celui de Sainte-Suzanne.

L’inertie des élus locaux

18À sa création, le comice cantonal de Sainte-Suzanne compte 27 membres. Dès la première année :

• 30 Arch. dép. de la Mayenne, 7 M 188.

À l’aide de cotisations annuelles payées par chacun des membres du comice, il fut fait l’acquisition d’une charrue Dombasle et quelques primes furent distribuées aux meilleurs taureaux, aux poulains de 2 ans et enfin pour la culture des plantes fourragères30.

20Il semble que, dans l’esprit des élus locaux, l’intérêt des comices agricoles, manifestations ponctuelles, ne soit pas véritablement perçu et entre en concurrence avec une autre forme de promotion du progrès agricole dans les campagnes, plus concrète et permanente : les fermes-modèles. Aussi, le Conseil d’arrondissement de Laval, présidé par le préfet, lors de sa session de 1839, précise les choses :

• 32 Arch. dép. de la Mayenne, 1 N 41.

La création d’une ferme modèle près du chef-lieu de chaque arrondissement paraît toujours au Conseil un moyen puissant de donner un nouvel élan à notre agriculture.
Mais avant la création de cette ferme, il exprime le vœu de voir s’établir, dans chaque canton, des comices agricoles qui s’occuperaient des intérêts de l’agriculture dans chaque localité et dont quelques membres délégués par ces comices formeraient un comice agricole au chef-lieu de chaque arrondissement32.

21Est-ce l’exemple réussi de Sainte-Suzanne ? Est-ce l’implication très marquée du préfet ? Quoi qu’il en soit, ce second appel du Conseil général va être entendu et relayé et va donner lieu à une première vague de créations de comices agricoles en Mayenne.

1839-1851 : une période d’essor désordonné

Une première vague de créations générées par les pouvoirs locaux

22À la suite du comice du canton de Sainte-Suzanne, deux autres sont créés en 1839 : un cantonal, à Saint-Aignan-sur-Roë, et un d’arrondissement, à Château-Gontier. Quatre nouveaux comices suivent en 1840, pour les cantons de Cossé-le-Vivien, Craon, Grez-en-Bouère et Landivy ; deux en 1841, pour le canton d’Ambrières et l’arrondissement de Laval ; deux, en 1842, pour les cantons de Couptrain et de Lassay ; deux, en 1843, pour le canton du Horps et l’arrondissement de Mayenne et un, en 1845, pour le canton de Bierné.

• 36 Arch. dép. de la Mayenne, 7 M 170.

Les propriétaires et cultivateurs du canton de Bierné, frappés des bons résultats que produisent les comices agricoles partout où ils sont établis, désiraient depuis longtemps en constituer un dans leur localité.
La réunion au comice de Château-Gontier ne remplit point le but de cette institution, pour la plupart des communes du canton de Bierné. Un très petit nombre de propriétaires se sont fait inscrire ; c’est à peine si l’on trouve sur la liste les noms de deux ou trois fermiers, et cependant il s’agit des intérêts de la classe agricole. Il faut donc se placer au milieu d’elle, mettre sous ses yeux l’institution, afin de lui en faire sentir les avantages et lui imprimer cette direction active et incessante qui contribue si puissamment aux progrès de l’agriculture36.

27Le résultat est que les associations ainsi créées comptent relativement peu de sociétaires. À Bierné ou Grez-en-Bouère, les membres fondateurs ne sont que 19 ; à Saint-Aignan-sur-Roë, les premiers à devenir autonomes par rapport au comice d’arrondissement, ils ne sont que 12. On assiste donc à un éparpillement des comices agricoles, qui, rapporté à l’échelle du département, apparaît plus qu’inégal. La Mayenne n’est, cependant, pas une exception en France.

Une tentative ministérielle de mise en ordre

• 44 Ibid.

Je réponds aux questions qui font l’objet de votre lettre du 8 novembre courant et qui sont relatives au comice agricole de Mayenne.
1^re question – Doit-on appeler à concourir à la formation du comice central les propriétaires et les cultivateurs des cantons dans lesquels il existe un comice fonctionnant ?
L’affirmative résulte, mais non comme obligation, de la dépêche de M. le ministre de l’agriculture et du commerce du 31 mai dernier dont j’ai eu l’honneur de vous adresser une copie. Tout en reconnaissant que cette disposition ne peut nuire aux comices cantonaux existant aujourd’hui.
2^e question – Quelle sera l’action du comice central sur les comices cantonaux ?
Le comice central ne peut avoir aucune action directe sur les autres associations cantonales, puisque chacune d’elles, devenues autorisées, est indépendante.
3^e question – Les propriétaires primés dans les comices cantonaux pourront-ils concourir pour les primes distribuées par le comice central ?
Un propriétaire primé dans un comice ne me semble pas devoir concourir pour le même objet dans aucun autre comice du département.
4^e question – Indépendamment du comice central, ne devrait-il pas y avoir un comice cantonal ?
Quoique sous le titre de comice central, le comice de Mayenne n’en est pas moins cantonal, et ne peut avoir d’action que sur les cantons qui se seraient affiliés et qui dès lors feraient partie intégrante de ce comice. […]44

31Sur le terrain, le frein imposé par les directives ministérielles est mal vécu et, souvent, l’autorité préfectorale sert d’intercesseur.

Frustrations locales et entremise préfectorale

32En 1843, quand le ministre Cunin-Gridaine refuse d’approuver la création du comice cantonal du Horps, Félix Paran revient à la charge, comme en témoigne le courrier adressé au ministère, le 19 août :

• 45 Arch. dép. de la Mayenne, 7 M 178.

Monsieur le ministre,
Le 1^er juin dernier, j’eus l’honneur de soumettre à l’approbation de Votre Excellence un projet d’association agricole dans le canton du Horps que vous ne jugez pas à propos d’accueillir.
Permettez-moi, Monsieur le ministre, de renouveler ma demande en vous priant de la prendre en considération ; une grande partie du canton du Horps se compose de landes, sa réunion à un autre comice présenterait ce grave inconvénient que cette association ne pourrait soutenir la concurrence soit pour la culture des terres, soit pour l’élève des bestiaux. J’ajoute que dans cette localité où l’agriculture est fort arriérée et où l’esprit de routine domine, il y a nécessité que les leçons et les exemples puissent être donnés et reçus sur les lieux pour ainsi dire, car les laboureurs n’iront point les chercher au loin. Dans le département de la Mayenne, où les propriétés sont très divisées, il existe des habitudes de circonscription qu’il est bien difficile de surmonter45 […].

33Le ministre finit par entendre le préfet. Le 11 octobre 1843, il écrit qu’il ne s’oppose plus à la formation du comice du canton du Horps.

34La même année, à Gorron, le veto ministériel posé à la création d’un comice cantonal passe mal. La préfecture, mise en porte-à-faux par la décision du pouvoir central vis-à-vis de la population locale, tolère l’existence d’un comice « hors-la-loi ». Deux ans plus tard, le 4 août 1845, le « président du comice agricole de Gorron » écrit au préfet :

• 46 Arch. dép. de la Mayenne, 7 M 176.

J’ai reçu, en ma qualité de président du comice agricole de Gorron, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire et par laquelle vous demandez un aperçu des travaux du comice pour concourir à l’obtention de subventions destinées à encourager l’agriculture.
Nous avons à regretter d’avoir été mis dans l’impossibilité de bien répondre à l’enthousiasme des cultivateurs du canton et dans la nécessité de nous borner pour ainsi dire à de beaux projets, dont encore aujourd’hui, la réalisation dépend de l’intérêt que vous voudrez bien leur accorder.
Il y a environ 15 mois, sur votre invitation, 150 ou 200 propriétaires et fermiers du canton de Gorron se réunirent au chef-lieu. Le comice fut entièrement organisé, une cotisation individuelle de 5 francs fut souscrite ; et un vaste programme de travaux fut arrêté. Les uns promirent de semer beaucoup de trèfle, raigras, sainfoin, carottes et les autres de faire des élèves en chevaux et bestiaux ; ceux-ci de faire venir des engrais éloignés pour comparaisons, ceux-là d’essayer des semences de céréales de diverses espèces, tous d’employer les nouveaux instruments aratoires. Enfin il ne manquait plus que l’autorisation supérieure, quelques-uns mêmes n’attendirent pas, tant le dévouement était grand et empressé. Malheureusement cette autorisation fut refusée en vertu […] d’une lettre de M. le ministre de l’agriculture46.

À partir de 1851, le temps de l’« État-réseau »

L’institutionnalisation des comices agricoles

36Lors de la session du Conseil général de la Mayenne, en 1851, le préfet propose un nouveau découpage de circonscriptions, mais aussi un déploiement dans les cantons dépourvus de comices :

Arrondissement de Laval
Le comice agricole de Laval comprendrait dans sa circonscription les deux cantons de la ville et celui d’Argentré. Les cantons de Chailland, Loiron et Meslay formeraient chacun une circonscription. Ceux de Montsûrs et d’Évron n’en formeraient qu’un, dont le siège serait à Évron. Le canton de Ste-Suzanne où il existe déjà un comice serait maintenu comme circonscription.

Arrondissement de Mayenne
Le comice agricole de Mayenne aurait dans sa circonscription les deux cantons de la ville. Les deux cantons de Couptrain et de Pré-en-Pail formeraient une circonscription dont le siège serait à Pré-en-Pail. Ceux de Bais et de Villaines réunis formeraient une circonscription dont le siège serait à Bais. Les cantons de Lassay, du Horps et de Landivy dans lesquels il existe des comices agricoles formeraient chacun une circonscription. Le comice agricole d’Ambrières comprendrait dans sa circonscription le canton dont il emprunte le nom et celui de Gorron. Enfin le canton d’Ernée formerait la dernière circonscription.

• 48 Arch. dép. de la Mayenne, 7 M 181.

Arrondissement de Château-Gontier
À l’égard de cet arrondissement, vous savez, Messieurs, qu’il est doté d’un comice agricole par canton. Je vous proposerai donc de maintenir les circonscriptions telles qu’elles existent dans l’état actuel, me conformant en cela aux instructions ministérielles qui recommandent de procéder ainsi à l’égard des associations agricoles créées antérieurement à la loi48 […].

37Ce projet préfectoral, apparemment cadré, n’est pourtant pas respecté sur le terrain et l’échelon cantonal s’impose progressivement dans la structuration des comices agricoles mayennais.

De nouvelles vagues de créations

38Une deuxième vague de créations de comices agricoles survient avec la réorganisation de 1851. Naissent alors les comices des cantons de Gorron (1851), Montsûrs (1852) et Meslay (1853). En revanche, il n’y a toujours rien pour le canton d’Ernée, même si le projet du conseil général en fait une circonscription à part entière.

39La troisième et dernière vague de créations accompagne la dernière décennie du Second Empire : Évron (1861), Bais (1864), Villaines-la-Juhel (1864), Loiron (1868) et Pré-en-Pail (1871). Le comice d’Ernée, tant attendu depuis 20 ans, voit ainsi le jour en 1862. Les comices « centraux » de Château-Gontier et Mayenne se replient sur leur circonscription cantonale. Seul le comice de Laval conserve une extension sur les cantons voisins d’Argentré, à l’est, et de Chailland, au nord-ouest.

L’évolution contrastée des comices

41Si, sous le Second Empire, l’État réussit à imposer un quadrillage du territoire qui lui sied en termes de répartition des comices agricoles, l’étude de l’évolution de l’effectif de ces derniers, entre leur création et les années 1880, souligne de nets contrastes (Annexe 2).

43En revanche, les comices agricoles de deuxième et troisième générations (créés après 1851), s’ils bénéficient d’un élan initial impressionnant (290 adhérents pour le canton de Bais, environ 200 pour ceux d’Ernée et Villaines-la-Juhel), peinent généralement à conserver leurs membres sur la longue durée. La baisse d’effectif est parfois impressionnante entre le milieu des années 1860 et 1880 : - 50 % à Évron et à Villaines-la-Juhel, par exemple. L’absence de données, en 1880, pour les comices d’Ernée et de Bais, est vraisemblablement plus due à des difficultés de fonctionnement qu’à une lacune documentaire. Les comices créés après 1851 semblent donc être plus des associations artificielles, imposées par les pouvoirs publics et non investies par la population. À l’inverse, la première génération de comices, dont le pouvoir central a peiné à contrôler l’essor, par sa persistance, témoigne d’une implication forte et durable sur le plan local.

•

44En conclusion, par rapport au concept d’« État-réseau », l’étude de la création des comices agricoles en Mayenne au milieu du xix^e siècle amène à faire deux remarques.

45Premièrement, la prise en main par le pouvoir central de corps intermédiaires n’attend pas les années 1880 et l’affirmation de la III^e République. Dès les années 1830-1840, sous la monarchie de Juillet, l’État encourage et tente de contrôler des formes d’associations locales, auxquelles seraient déléguées certaines compétences, voire alloué un budget, via des subventions. Les comices agricoles sont représentatifs de ces associations qui se développent sous le regard bienveillant du pouvoir central. Les cercles, les sociétés de secours mutuel, les corps de sapeurs-pompiers participent également à cette mise en réseaux, certes surveillée, mais tolérée car utile à l’ordre public.

46Secondement, la qualité de la trame du réseau associatif, et donc l’efficience de celui-ci au service de l’État central, dépendent de la réponse trouvée à l’échelle locale. Le cas des comices agricoles fondés, à marche forcée, après la réorganisation de 1851, montre bien qu’il ne suffit pas que le cadre existe pour que l’activité suive.