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Comptes rendus

Barbâtre et son église dans l’histoire de Noirmoutier

Brice Rabot
p. 191-193
Référence(s) :

Santrot Jacques, Barbâtre et son église dans l’histoire de Noirmoutier, Chantonnay, Éditions La Chouette de Vendée, 2021, 476 p.

Texte intégral

1L’ouvrage rédigé par Jacques Santrot est incontestablement à ranger dans la catégorie des beaux livres. Une attention particulière a été portée à la mise en page, avec pas moins de 392 illustrations en quadrichromie pour 476 pages de volume final. Quelques coquilles subsistent néanmoins mais n’enlèvent rien à la qualité du travail. Au contraire, leur très faible nombre souligne lui aussi le sérieux et la rigueur de cette étude.

2Jacques Santrot précise d’emblée qu’il n’est pas originaire de Noirmoutier, pour mieux présenter ses objectifs : faire la part belle aux témoignages écrits et oraux des habitants de la Barbâtre et du sud de l’île de Noirmoutier, qui constituent la base de ce travail. Force est de constater que l’objectif est atteint avec des propos qui laissent entrevoir de nombreuses et copieuses citations. L’auteur aurait toutefois pu présenter à ce sujet quelques remarques générales, ne serait-ce que pour remettre en perspective les informations. Le plan choisi, thématique, découpé en vingt chapitres, laisse en effet aux lecteurs une impression d’inertie, qui ne met pas assez en valeur à notre avis les grandes évolutions chronologiques. L’histoire de la Barbâtre est emblématique. La paroisse de la Barbâtre a été fondée selon toute vraisemblance au viie siècle, après le passage de saint Philbert. La commune a été créée au milieu du xixe siècle, plus exactement en 1858, d’un point de vue purement administratif. Les origines de l’église, quant à elles, restent inconnues. Tout juste sait-on que les dédicaces à saint Nicolas se multiplient dans l’Ouest vers le milieu du xie ainsi qu’au xiie siècle. Ces éléments n’autorisent pas, à eux seuls, à établir une quelconque conclusion. Jacques Santrot ne s’y hasarde pas non plus.

3Ce travail n’en demeure pas moins précieux car il présente de véritables notices d’éléments du patrimoine à l’intérieur et autour de l’église Saint-Nicolas de Barbâtre, partant de l’architecture pour s’intéresser aux éléments iconographiques (statues, reliefs, peintures, vitraux et ex-voto). D’autres aujourd’hui disparus, du fait des destructions (incendies) ou plus vraisemblablement des vols (comme le laisse sous-entendre l’auteur à propos de peintures disparues en 2006) font l’objet de quelques remarques. Ce livre constitue à cette occasion un recueil utile sinon indispensable pour en garder la mémoire et fournir quelques pistes qui permettront, peut-être, à l’avenir, de retrouver ces objets.

4Jacques Santrot s’assigne comme objectif de traiter de l’histoire de la paroisse de Barbâtre et de son principal monument, qui domine plus largement la partie méridionale de l’île. L’église forme pour les marins un véritable amer encore aujourd’hui. L’essentiel des chapitres se focalise sur l’église et son environnement (chapitres 3 à 19, p. 89-430), ce qui témoigne de son importance dans la mise en place et dans la structuration de la paroisse de Barbâtre, comme le rappelle Jacques Santrot dans le dernier chapitre (p. 431). Ce choix paraît pertinent, mais l’on regrettera que les autres aspects soient beaucoup plus rapidement traités, voire relégués dans les treize annexes (p. 435-468), en n’étant pas traités auparavant.

5Un pan nous paraît tout à fait révélateur, celui qui concerne les vimers et autres adversités météorologiques. Ce thème a fait récemment l’objet de nouvelles investigations de la part des historiens qui, il faut bien le reconnaître, se heurtent à des lacunes documentaires énormes pour les temps les plus anciens. Jacques Santrot ne manque pas de le souligner, ce qui explique très certainement le choix de ne présenter ces épisodes qu’en annexe (no 3, p. 443-448) et de centrer les propos sur la période des xviiie-xxe siècles. Les présentations font une nouvelle fois la part belle aux sources et aux citations, afin de restituer les événements, en particulier l’ouragan qui frappa les côtes vendéennes et du sud-Loire au début de l’année 1796 (fin janvier-début février). Emmanuelle Athimon a eu l’occasion de présenter les enjeux et les impacts des tempêtes et submersions marines sur les sociétés littorales de l’Ouest atlantique entre les xive et xviiie siècles (Athimon, Emmanuelle, Tempêtes et submersions marines dans les territoires de la côte atlantique (xive-xviiie siècles), Paris, Les Indes savantes, 2021, 398 p.). E. Athimon a choisi à cette occasion de se focaliser sur quelques épisodes exceptionnels pour leurs dégâts et/ou leurs traces laissées dans les sources. L’aléa de 1796 n’est pas directement étudié par cette historienne, qui a préféré s’appuyer sur un épisode précédent, celui du 17-18 janvier 1784, qui éprouve à une plus large échelle que l’île de Noirmoutier : la façade atlantique du sud du pays de Retz aux Charentes. Jacques Santrot n’évoque pas lui non plus cet accident météorologique.

6Au total, l’enquête de Jacques Santrot captivera à n’en pas douter les habitants de Noirmoutier et de ses environs avec une iconographe abondante et diversifiée, qui invite à découvrir par soi-même les paysages et les objets décrits. Ce travail offre un intérêt pour les autres lecteurs de l’Ouest avec un exemple mêlant apports des enquêtes orales et témoignages des sources écrites, qui retiennent davantage l’attention des historiens. Ces dernières demeurent en effet la base de tout travail scientifique pour les périodes antérieures au xxe siècle. Des comparaisons avec d’autres lieux de culte de l’Ouest (Loire-Atlantique, Vendée, Maine-et-Loire ou encore Mayenne) sont utilement insérées au fil des propos. Elles permettent de porter d’autres regards et d’élargir les perspectives en soulignant à quel point les îles comme Noirmoutier n’étaient pas nécessairement isolées, comme on pourrait le penser de prime abord. La restitution des réseaux d’influence et des circuits d’échanges reste cependant très délicate à établir, comme le révèle en particulier l’examen des sépultures, avec les styles et les remplois d’éléments antérieurs, les couvercles de sarcophage (p. 400-409). Comme dans bien d’autres domaines de l’histoire, le croisement des approches est précieux et incontournable pour éclairer ces zones d’ombre aujourd’hui. Jacques Santrot pose à cette occasion des jalons qui méritent d’être repris et approfondis par les chercheurs.

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Pour citer cet article

Référence papier

Brice Rabot, « Barbâtre et son église dans l’histoire de Noirmoutier »Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 129-1 | 2022, 191-193.

Référence électronique

Brice Rabot, « Barbâtre et son église dans l’histoire de Noirmoutier »Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest [En ligne], 129-1 | 2022, mis en ligne le 23 mars 2022, consulté le 18 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/abpo/7433 ; DOI : https://doi.org/10.4000/abpo.7433

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Auteur

Brice Rabot

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Droits d’auteur

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