1Céline Debourse renouvelle par cet article l’interprétation des textes hellénistiques qui décrivent le déroulement du rituel du Nouvel-An, l’akītu, à Babylone. Alors que ces textes étaient considérés comme de simples copies de tablettes plus anciennes, datées du début de la période néo-assyrienne, ils auraient en réalité été composés entre la fin du IV^e et la fin du II^e siècle avant notre ère. Ils présentent des similitudes avec la littérature historico-religieuse tardive, produite par les prêtres lettrés de l’Esagil de Babylone à l’époque hellénistique. Le rôle majeur attribué au prêtre principal, le aḫu rabû, dans le rituel du Nouvel-An, ainsi que le thème de l’humiliation du roi et de la confession de ses péchés, traduisent la volonté, de la part du clergé babylonien, de mettre en avant son importance et de présenter aux souverains contemporains un modèle de bon comportement envers les temples. Tout cela s’inscrit dans un contexte de renouveau de l’évergétisme royal envers les sanctuaires locaux, au début de la période hellénistique, qui donne un nouvel espoir au clergé de l’Esagil. La littérature historico-religieuse tardive apparaît également comme une réaction aux défaites de 484 (répression des révoltes babyloniennes par Xerxès) et de 331 (conquête d’Alexandre), qu’elle contribue à inscrire dans une plus longue histoire, celle des glorieux perdants ayant surmonté leurs échecs.