1Depuis plus d’un demi-siècle les études sur l’empire perse ont considérablement augmentées et se sont renouvelées. Les découvertes ont été nombreuses et variées dans les différentes parties de l’empire, nouveaux documents archéologiques de l’Égypte à l’Asie centrale en passant par le Caucase, textes cunéiformes particulièrement traités en Babylonie, inscriptions en différentes langues, trouvailles et études de monnaies, etc. Face à toute cette documentation extrêmement diverse, les ouvrages synthétiques et les manuels sont donc les bienvenus pour intégrer une partie des nouveaux documents et présenter les nouvelles hypothèses. Il en est paru plusieurs depuis un quart de siècle, dont Histoire de l’empire perse de Pierre Briant (1996) fut l’un des premiers de l’époque contemporaine, et qui reste irremplaçable. Après des volumes collectifs, des manuels plus réduits en volume, paraissent ces dernières années tandis que d’autres sont annoncés pour 2022 et au-delà.

2À partir de son expérience de plusieurs décennies et de ses compétences, MB a pour objectif d’offrir un manuel (p. XXIX) : « The present book is intended as a textbook for students and interested readers who wish to learn about the first Persian empire ». Pour faciliter la lecture, le livre est enrichi de 45 illustrations, 6 cartes, d’une bibliographie courte, « Further readings », à la fin de chaque chapitre, d’une bibliographie générale de 8 p., d’un index 18p. Sont ajoutés une dizaine de Special Topics choisis par l’A., comme l’Égypte et la garnison juive d’Éléphantine, l’insertion de textes « Sources in Translation » avec une courte introduction, comme le cylindre de Cyrus p. 25, l’inscription rupestre de Bisutun, ou encore l’inscription de l’Égyptien Udjahorresnet à l’époque de Darius, Cyrus et les exilés judéens, ou des Box Texts, comme « Persepolis – A Ceremonial Center ? ». Pour les textes anciens, l’A. reprend les traductions de documents gréco-latins et akkadiens de l’excellent corpus de A. Kuhrt, The Persian Empire. A Corpus of Sources from the Achaemenid Period, London-New York 2007, mais elle donne sa propre traduction des textes en vieux-perse et en élamite qu’elle a choisis. À partir de ces documents, un autre objectif de l’A. est de mentioner des recherches récentes et certains thèmes débattus par les spécialistes.

3Le terme « Persia » dans le titre – peut-être imposé par l’éditeur – corrigé ou complété par le sous-titre, « The Achaemenid Empire », prête un peu à confusion, car le territoire concerné est presque exclusivement l’Iran, et plus précisément les résidences royales du Fars, pour les données archéologiques, mais bien l’ensemble de l’empire pour les données historiques.

4Les illustrations sont parfois anciennes comme le plan de Pasargades (fig. 3.2) remontant à la publication de D. Stronach de 1978, alors que des plans et cartes complétés par les travaux de la Mission irano-française sont disponibles, ou le plan traditionnel de Persépolis (fig. 5.6), limité à la terrasse depuis la publication de E.F. Schmidt, alors que le plan intégrant le quartier sud et la montagne a été maintes fois publié depuis qu’il a été établi par W. Kleiss en 1990. Aucun plan n’est donné des trois constructions hypostyles de Borazjan (publiées par les archéologues iraniens et récemment par Z. Zehbari 2020 dans Arta, peut-être trop tard pour être intégré dans l’ouvrage). Il n’y a pas de plan de la porte monumentale de Tol-e Ajori près de Persépolis, découverte en 2011, dont des plans provisoires sont publiés depuis plusieurs années (AMIT 46, 2014/2016). De même, pour les monuments hypostyles de Karacamirli en Azerbaijan, des plans plus récents que celui de F. Knauss en 2011 sont disponibles. Ce problème d’actualisation des données concerne également Meydancıkkale en Cilicie, dont le Bâtiment A (fig. 8.6 a), que l’A. maintient comme d’époque achéménide, alors qu’il a été redaté de l’époque séleucide (F. Laroche, « Retour sur Meydancıkkale : l’Anatolie entre l’empire perse et l’hellénisme », in V. Schiltz, ed. De Samarcande à Istanbul, Hommages à Pierre Chuvin II, 2014). Quant aux photographies, plusieurs ne sont pas très lisibles, en particulier un certain nombre fourni par l’auteur.

5Ces critiques n’affectent pas l’intérêt des textes. Par exemple, l’A. donne une position équilibrée sur l’arrivée des Perses dans le sud-ouest de l’Iran, même s’il y a d’autres articles importants sur le sujet que le livre de Potts, Nomadism in Iran, From Antiquity to the Modern Era, Oxford 2014. De même, sa position est mesurée sur les Mèdes et leur empire, dont l’existence évanescente est remise en question depuis des années. Cyrus ne pouvait donc en être le vassal. On peut discuter du titre du trop bref du sous-chapitre « Persian Religion » (p. 93), car il vaut mieux parler des religions (au pluriel) sous les Achéménides, comme l’a démontré W. Henkelman en 2008. Présentant les différentes hypothèses sur l’identité du buste ailé, et délaissant l’idée de la « Bonne Fortune » plus clairement attestée il est vrai à l’époque sassanide, MB conserve l’hypothèse de l’identification avec Auramazda, se référant aux représentations mésopotamiennes, lorsque le dieu passe au roi l’anneau symbole du pouvoir. C’est une hypothèse qui garde ses adeptes parmi les chercheurs, L’A. interprète les bas-reliefs de défilés de personnages portant des animaux (Fig. 6.13), non pas comme une scène de sacrifice comme l’ont proposé certains (Sh. Razmjou) sans convaincre, mais comme la préparation d’un banquet royal, dont elle donne les ingrédients et leur quantité impressionnante, connus par des tablettes de Persépolis.

6Ce manuel sera dans son ensemble utile aux étudiants et aux historiens des autres mondes orientaux et classiques.