1Cette réflexion est issue d’un colloque conduit par Geoffrey Greatrex (Université d’Ottawa) intitulé “The Christians with the Sasanian period” / « Les chrétiens à l’époque sassanide » en 2020. L’A. donne un panorama des relations mazdéo-chrétiennes sous le règne de Yazdgird I^er (399-420). L’A. examine l’intégration des communautés chrétiennes dans les projets de politique extérieure de Yazdgird I^er, en reprenant et en appliquant les thèses développées par Richard Payne dans deux publications : son ouvrage paru en 2015 (A State of Mixture Christians, Zoroastrians, and Iranian Political Culture in Late Antiquity [Transformation of the Classical Heritage 56], Oakland, 2015), et un chapitre d’ouvrage rédigé collectivement avec Myles Lavan et John Weisweiler paru l’année suivante (« Iranian cosmopolitanism: World religions at the Sasanian court », dans M. Lavan, R. Payne, J. Weisweiler (eds.), Cosmopolitanism and empire: Universal rulers, local elites, and cultural integration in the Ancient Near East and Mediterranean, Oxford : Oxford University Press, 2016, p. 1-28). Payne a émis l’hypothèse que l’un des facteurs déterminants d’une évolution vers un respect mutuel entre minorités religieuses et religion officielle a pu être fondé sur l’idéologie d’un cosmopolitisme iranien, qu’il périodise essentiellement à partir du règne de Khusrō I^er (531-579). Payne démontre que la pratique du cosmopolitisme impérial fut nécessaire pour le maintien des élites provenant de milieux linguistiques, ethniques, religieux ou territoriaux très divers : le cosmopolitisme, qui s’exerça spécialement lors de controverses intra-chrétiennes organisées à la cour et sous l’arbitrages des “gouvernants” perses, révèle ainsi un mode de subordination puisque les élites chrétiennes engagées au service de l’empire devaient reconnaître les autorités civiles (et religieuses) comme la source de leur légitimité culturelle. Le contexte des hypothèses de Payne, Lavan et Weisweiler sur le cosmopolitisme iranien concerne avant tout l’époque de Khusrō I^er, soit plus de cent ans après l’époque en question dans cet article. L’A. montre comment l’action de Marūtha de Maypherqaṭ dans les domaines d’une fondation d’un culte martyrologique dans l’empire romain d’Orient et d’une organisation synodale dans l’empire perse participent d’une dynamique transfrontalière. Dans cette perspective d’ouverture aux minorités chrétiennes, le règne de Yazdgird est considéré comme « précurseur ». Les données de l’A. en matière de définition terminologique seraient à préciser, par exemple : « interface between the various Christian dogmas and the Zoroastrian faith » (p. 3), ou « Christian symbolism ».