1Cette réflexion fut d’abord présentée sous forme d’une conférence lors d’un colloque organisé le 14 novembre 2020 par Geoffrey Greatrex (Université d’Ottawa), qui avait pour thème “The Christians with the Sasanian period” / « Les chrétiens à l’époque sassanide ». L’A. revient sur le débat d’une traduction en syriaque des canons promulgués au concile de Nicée attribuée à Marūtha de Maypherqaṭ et sur la teneur de ce corpus qu’il apporta en Perse. Dans une note de son Synodicon orientale, J.-B. Chabot envisageait l’authenticité de ces canons, contrairement à O. Braun ou plus tard A. Vööbus. L’A. souligne à juste titre que le contenu discordant de ces canons syriaques a conduit à les considérer comme pseudépigraphes, de même que leur attribution à Marūtha. Dans une seconde partie, il examine les références faites aux lieux géographiques et exploite les données toponymiques de ces canons sous l’angle de la perception de l’auteur. Il s’interroge sur la localisation d’un village insaisissable sans parallèle connu dans la documentation syriaque : Kfar Phahar. Si la racine kpr, « village », est claire (comme pour Kfar Ṭuta ou Kfar ‘Uzyl par exemple, bien connus) la donnée phr est plus difficile à cerner : peut-on suggérer un nom propre, comme dans le cas de Kfar Māri (« le hameau de Māri » ou « le hameau du seigneur ») aux confins du Bēth-Zabdaï, mentionné par Barḥadšabba ʿArbaya dans son Histoire ecclésiastique (éd. Nau, PO 9, p. 596 [108]) ? Attestation de phr dans Sokoloff, A Syriac Lexicon, Winona Lake / Piscataway, 2009, p. 1158 (« bâiller »). À travers les récits hagiographiques et les valorisations de sièges ou de centres cultuels, s’esquisse une cartographie qui rend compte d’intentions scripturaires tout en montrant aussi la place de la communauté à laquelle appartient l’écrivain dans l’élaboration de ce paysage.