1Dans la première section de cet ouvrage collectif, intitulée « Mission, Conversion and Power » (p. 11-178), cet article a trait aux relations de la minorité chrétienne avec le pouvoir sassanide et leurs conséquences. L’A. étudie la question sur toute la chronologie dynastique, du III^e au VII^e siècle, en appréhendant l’influence progressivement acquise par le clergé zoroastrien dans la prise de décision politique et, par contraste, les limites de l’action des chrétiens. La Lettre de Tansar est une source délicate à utiliser compte tenu de sa rédaction tardive (VI^e) par rapport à la mise en scène du récit (III^e). L’A. reprend la problématique d’une éventuelle dépendance des chrétiens à l’égard des normes et de l’éthique de la religion officielle (xvedodah, régime alimentaire, etc.). Il définit des niveaux d’interactions dans les relations polémiques mazdéo-chrétiennes, et plus largement entre chrétiens et autorités perses, selon qu’elles eurent lieu à l’échelle des empires, avec les conséquences des guerres romano-perses et l’influence de l’Église de l’empire romain d’Orient – même si cette conception a évolué avec les travaux d’A. Panaino par exemple (voir par ex. A. Panaino, “The “Persian” Identity in Religious Controversies. Again on the Case of the “Divided Loyalty” in Sasanian Iran” in Cereti, C. (ed.), Iranian Identity in the Course of History. (Seria Orientale Roma CV. Orientalia Romana 9), Roma, 2010, p. 227-240) –, à une échelle intermédiaire ou micro-régionale : l’implication des chrétiens dans la vie locale ou dans des carrières plus prestigieuses n’a pas donné les mêmes résultats en matière de relations avec le pouvoir. L’histoire de Mar ‘Abdā a été discutée entre autres par L. van Rompay (“Impetuous Martyrs ? The Situation of the Persian Christians in the Last Years of Yazdgard I [419–420]” in M. Lamberigts, P. van Deun (eds.). Martyrium in Multidisciplinary Perspective. Memorial Louis Reekmans. (Bibliotheca Ephemeridum Theologicarum Lovaniensium 117). Louvain, 1995, p. 363-375) et par S. McDonough (“A second Constantine ?”, JLA 1/1, 2008, p. 127-141). Ajoutons qu’une traduction française a été publiée en 2011 par F. Jullien (« La Passion syriaque de Mar ʿAbda. Quelques relations entre chrétiens et mazdéens » dans les Florilèges offert à Ph. Gignoux. (Studia Iranica. Cahier 43), Paris, p. 195-204). La présentation des controverses dans le contexte d’une appartenance ou pas à l’iranité est un aspect intéressant ; l’A. insiste sur les procédés d’infériorisation de l’autre afin de valoriser sa propre religion.