1L’A. propose une synthèse sur l’établissement de communautés chrétiennes dans les ports du pourtour de l’océan Indien, à la faveur d’échanges commerciaux. La tradition de l’apôtre Thomas, initialement associée au nord de l’Inde par les Actes de Thomas et à la Perse dans les traditions des listes d’apôtres, a été introduite dans le sud du subcontinent à la suite d’une activité missionnaire plus importante de l’Église syro-orientale. L’A. suit les analyses d’Albrecht Dihle en déterminant que les chrétiens de l’empire romain d’Orient furent quant à eux davantage liés à la tradition de l’apôtre Barthélemy (cf. A. Dihle, « Neues zur Thomastradition », Jahrbuch für Antike und Christentum 6, 1963, p. 54-70). Le déclin des échanges marchands avec les régions syrienne et d’Asie mineure aurait entraîné une disparition progressive des communautés chrétiennes d’origine romaine orientale, assimilées aux chrétiens de saint-Thomas.

2L’objet de cet article est de reconstituer l’histoire de la fondation de ces communautés et le cheminement de la propagation de la foi en Inde du sud. L’acception de « mer Érythrée », bordière de plusieurs pays depuis l’Inde péninsulaire jusqu’aux côtes de l’Éthiopie, est l’une des problématiques importantes sous-jacentes à cet article ; on regrettera de ne pas avoir de développement à ce propos, ou tout au moins de présentation de quelques références à ce sujet. L’A. propose un panorama des sites archéologiques portuaires ou insulaires attestant une présence chrétienne dans le golfe Persique, en Inde et au Sri Lanka : Khārg, Rew-Ardašīr, Sīrāf, Muziris, Vizhinjam au Kérala, Mantai (p. 150-159). Dans un second temps (p. 159-172), il effectue un relevé des attestations dans les sources littéraires, fournissant un petit compendium des données ; la chronique de Séert est présentée à partir des études de Ph. Wood. Page 161 : confusion avec un Abraham de Kaškar homonyme du célèbre fondateur du mont Izla ; sur ces confusions, je me permets de renvoyer à Le monachisme en Perse, (CSCO 622, Subs. 121), Louvain, 2008, p. 80-81. La Vie de Yonān est désormais bien étudiée par R. Payne (AAE 22, 2011, p. 97-111). Il déduit de ce corpus de textes un pic d’échanges aux V^e-VII^e s. entre l’est du Fārs et l’Inde, une période de déclin s’amorçant à partir du IX^e s. Faut-il donner crédit au Muḫtaṣar lorsqu’il évoque un siège métropolitain d’Inde qui disparaît au XI^e ou au moment de sa copie en 1137 ? J. M. Fiey a relevé une mention dans Abu Halim pour la toute fin du XII^e siècle (Pour un oriens christianisme novus, Beyrouth, 1993, p. 96).