1L’article de P.-A. Beaulieu cherche à montrer comment les récits autour de la figure de Šulgi (2094-2047), le deuxième roi de la dynastie d’Ur III, ont inspiré ceux de la mort d’Antiochos IV dans le livre des Maccabées. Après une courte présentation de la tablette de la Chronique du règne de Šulgi (SpTU 1 2/W. 22289) découverte à Uruk et écrite en 251 av. J.-C., des dernières études à son sujet et de son contexte d’écriture, l’auteur se concentre sur certains aspects du règne de Šulgi dont l’historicité est confirmée par d’autres sources cunéiformes. P.-A. Beaulieu revient sur toute une tradition historique babylonienne qui se concentre sur les sacrilèges commis par Šulgi dans l’Esagil de Babylone et dans le cas du texte SpTU 1 2 dans le Bīt Rēš d’Uruk. Plusieurs textes racontent que ce roi fut puni par les dieux par l’envoi d’une maladie. Ces textes, et en particulier SpTU 1 2, cherchaient à enseigner aux pouvoirs politiques comment se comporter vis-à-vis des dieux babyloniens.

2Derrière la figure de Šulgi dans le texte venu d’Uruk se trouve celle de Nabonide (556-539), le dernier roi de la dynastie chaldéenne de Babylonie, qui comme Šulgi vouait un culte particulier au dieu Sîn. L’auteur revient également sur le portrait de Nabuchodonosor dans le livre de Daniel, qui fut lui aussi très largement inspiré par la figure de Nabonide. Ce dernier est aussi évoqué dans un manuscrit de la mer morte dans lequel les compilateurs font le récit de la maladie qui le frappe à la fin de sa vie et de sa repentance devant YHWH.

3Enfin, l’auteur de l’article présente les différentes versions du livre des Maccabées qui évoquent la mort d’Antiochos IV. Ces récits de la mort d’Antiochos IV, qui suit son pillage des temples, et qui est causée par une maladie, ont une structure parallèle au récit de la chronique de Šulgi. D’après P.-A. Beaulieu, les récits de la mort de Nabuchodonosor et d’Antiochos dans le livre de Daniel et dans le livre des Maccabées sont écrits à partir d’un héritage intellectuel commun qui repose peut-être sur la connaissance par les historiens juifs de la tradition babylonienne.