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Notes

1 « Entre ces écueils multiples, la voie choisie est étroite et inconfortable […] Inconfortable, car on s’expose, momentanément du moins, à l’isolement ». Guy Bois, Crise du féodalisme, Paris, Presses de la fondation nationale des sciences politiques, 1981 [1976], p. 18.

2 Guy Bois, The Crisis of Feudalism: Economy and Society in Eastern Normandy c .1300-1550, Cambridge, Cambridge University Press, 1983.

3 Guy Bois, Crise du féodalisme. Économie rurale et démographie en Normandie orientale du début du xiv^e siècle au milieu du xvi^e siècle, Paris, Presses de la fondation nationale des sciences politiques, 1981 [1976], p. 349.

4 « La rationalité du fonctionnement de l’économie médiévale avait constitué l’hypothèse de départ […] comment admettre que, dans une société dont on se plaît (non sans raison) à souligner les cloisonnements, l’économie soit agitée par la même houle ? Une seule réponse est concevable : l’existence de mécanismes régulateurs développant, ici et là, les mêmes effets ». Guy Bois, Crise du féodalisme…, op. cit., p. 351.

5 « N’user des concepts essentiels du marxisme que dans des conditions rigoureusement scientifiques ; éviter, par-dessus tout, d’en faire une utilisation spéculative qui n’aboutirait qu’à un formalisme stérile, à la répétition de généralités creuses et, au bout du compte, au placage artificiel d’un langage marxiste sur une pratique historique étrangère au matérialisme historique. On m’objectera, peut-être, que tout chercheur marxiste fait ce choix et qu’il serait abusif d’introduire là une nouvelle ligne de démarcation, fut-elle secondaire. Subjectivement, l’argument a sa valeur, que je ne nie pas. Il reste que chacun ne tire pas de ce principe les mêmes conséquences, selon qu’il en développe ou non la logique jusqu’à son terme. Ici, cela signifiait qu’on ne postulait initialement que la cohérence de la société étudiée et spécialement celle de sa vie économique. Ni schéma préétabli, ni définition prématurée du système. Au départ, la table était rase. Il y a plus. Non seulement ‘l’acquis’ était réduit à sa plus simple expression (les concepts généraux du matérialisme historique) mais la démarche ultérieure a comporté de longs développements ou la réflexion théorique peut paraitre absente. Concession à un empirisme dénoncé par ailleurs ? En réalité, l’effort d’abstraction et de généralisation n’a de sens que s’il prend appui sur la masse de matériaux que l’investigation historique se donne précisément pour tâche d’accumuler. Il ne s’agissait pas de puiser dans les matériaux ceux qui auraient pu illustrer une théorie générale plus ou moins préconçue mais, au contraire, de partir de données laborieusement réunies, d’observer leurs corrélations, de dégager des hypothèses permettant d’en rendre compte et de restituer ainsi, à la manière d’un puzzle, certain des mécanismes de l’économie féodale avec tout ce que cette démarche peut comporter de tâtonnements et de risques d’erreurs ». Guy Bois, Crise du féodalisme…, op. cit., p. 349-350

6 « Pour être conceptuelle, l’histoire que pratique G. B. n’en est pas moins d’une solide érudition et utilise parfaitement les techniques quantitatives. Donc, point de table rase pour révolution culturelle de salon douillet ou de feuille groupusculaire. Point non plus de retrait dans l’empirisme quantitative, dernier en date des refuges du vieux positivisme et base aujourd’hui du conservatisme avancé ou non. L’histoire que veulent ceux qui se réclament du marxisme et que réalise G. B. est une histoire totale et non pas limitée aux seules structures matérielles (encore un péché que porte le marxisme suivant la critique réputée libérale). Elle refuse le dogmatisme et les simplismes des constructions a priori et l’effort, qui est sa raison d’être, n’a de sens que fondé sur le dépouillement des documents. Mais l’encadrement conceptuel qu’elle se donne au point de départ de son enquête, réduit à quelques concepts, lui évite les pièges de l’historiographie empirique et lui permet d’approcher l’explication profonde et complète. Le grand danger avec l’empirisme est de prendre la description pour l’explication et de croire que corrélation signifie nécessairement détermination. La concordance et la discordance répétées entre phénomènes différents sont la preuve de l’existence des régulations que la science historique devrait se donner pour mission de découvrir, sans les confondre avec les séries chiffrées de faits corrélatifs entre eux qui n’en sont que la conséquence. Pour autant, cette histoire n’est pas cyclique et répétitive et ne verse pas dans un quelconque structuralisme. C’est au contraire une histoire continue et progressive, dialectique et cumulative ». Guy Lemarchand, « Compte rendu de Guy Bois, Crise du féodalisme, 1976 », Annales de démographie historique, 1978, p. 460-472 (p. 470-471).

7 « La baisse du taux de prélèvement résultant de la contradiction majeure entre l’appropriation seigneuriale des biens de production et le caractère individuel de la production ». Guy Bois, Crise du féodalisme, op. cit., p. 361.

8 Paul Boccara, Sur la mise en mouvement du Capital, Paris, Éditions sociales, 1978 ; id., Études sur le capitalisme monopoliste d’État, sa crise et son issue, Paris, Éditions sociales, 1973.

9 « Le système économique antérieur au capitalisme reste un point d’interrogation. On ignore encore pour l’essentiel son fonctionnement, c’est-à-dire ses mécanismes propres, sa logique interne ». Guy Bois, Crise du féodalisme, op. cit., p. 12.

10 « Prenant appui sur l’exigence globalisante du matérialisme historique, on postule l’existence d’un système socio-économique (ou ‘mode de production’) cohérent et on recherche les lois de son fonctionnement. Mais en même temps, on se refuse à tout raccourci pseudo-théorique, a tout modèle d’ensemble préétabli. La recherche des lois du féodalisme ne peut, en effet procéder d’une démarche spéculative ; elle est affait d’investigations historiques patientes ». Guy Bois, Crise du féodalisme, op. cit., p. 12-13.

11 « Malheureusement, Marx, n’ayant pas eu l’occasion de scruter les ‘entrailles’ de l’ordre féodal, n’a pas développé le deuxième versant (économique) de sa pensée et cela a contribué à oblitérer la notion d’accumulation primitive ». Guy Bois, Crise du féodalisme, op. cit., p. 344.

12 « Ce modèle, sans présenter de contradictions majeures avec l’esquisse brossée par Marx en 1853, en diffère sensiblement […] L’interprétation proposée souligne davantage le rôle des contradictions spécifiques au féodalisme dans sa propre désagrégation. Sur le fond elle ne s’éloigne donc pas de la pensée de Marx. Et pourtant, ces quelques nuances ont une importance qu’il nous faut, pour terminer, relever. L’articulation établie entre les contradictions du féodalisme et la genèse du capitalisme aboutit à écarter l’idée d’une filiation entre la dissolution des modes de production précapitalistes (pris dans leur généralité) et le capitalisme, idée sous-jacente dans le texte des Formen cité plus haut. Ce qui a été dit de l’accumulation féodale conduit à penser que c’est du féodalisme, et de lui seul, que peut procéder le capitalisme ». Guy Bois, Crise du féodalisme, op. cit., p. 361-362.

13 « Ce livre est une contribution majeure à l’étude de la paysannerie et à l’évolution du féodalisme […] Dans sa conclusion, par orthodoxie marxiste, il veut retreindre son objet au ‘féodalisme’ dont il construit un ‘modelé’ dynamique et il rejette d’un retour de main agace ‘le mode de production paysan’ de Tchayanov, Thorner et les autres. Qu’il me pardonne mais je trouve dans son livre, admirablement décrit et analysé, un exemple et un type d’économie paysanne. Passe pour le terme de ‘mode de production’, je comprends fort bien qu’un marxiste de stricte obédience ne veuille pas utiliser ce concept pour des collectivités paysannes ; à juste titre, me semble-t-il. Mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain ». Henri Mendras, « Compte-rendu de Bois Guy, La Crise du féodalisme... », Revue française de sociologie, 1979, 20/2, p. 470-472.

14 « Notre méconnaissance du système féodal est encore à peu près totale et […] cela nous interdit d’avoir une vision claire de la transition vers le capitalisme […] Par exemple, remettre au premier plan le concept de mode de production c’est reléguer au second le concept de ‘formation économique et sociale’ dont l’utilisation de plus en plus fréquente traduit un phénomène de substitution ; c’est aussi remettre en cause des ‘acquis’ (en commençant par la définition même des modes de production) ». Guy Bois, « Marxisme et histoire nouvelle », Jacques Le Goff, Roger Chartier, Jacques Revel (dir.), La Nouvelle Histoire, Paris, C.E.P.L., 1978, p. 375-393, réédité Paris, Éditions Complexe, 2006, p. 255-275 (p. 272-273).

15 Guy Bois, La Mutation de l’an mil : Lournand, village mâconnais de l’Antiquité au féodalisme, Paris, Fayard, 1989, p. 240.

16 Blaise Dufal, « L’émoi des mots. Propos sur le féodal* », Atelier du CRH, n° 27, 2023.

17 Guy Bois, The transformation of the year one thousand. The village of Lournand from antiquity to feudalism, Manchester, Manchester University Press, 1992 ; id., Umbruch im Jahr 1000. Lournand bei Cluny – ein Dorf in Frankreich zwischen Spätantike und Feudalherrschaft, Stuttgart, Klett-Cotta, 1993 et réédité en 1999 (München, Taschenbuch).

18 « Ce livre est une offense à l’érudition […] Il y a là une tendance, très actuelle, au ‘modèle’ passe-partout qui évite de regarder ailleurs, et qui me parait un crime de lèse Moyen Âge […] Aucun livre n’est vraiment inutile, mais c’est à la modestie que se révèle le savant ». Robert Fossier, compte-rendu publié dans Bibliothèque de l’École des chartes, 1990, 148/2, p. 486-488.

19 Voir le long compte-rendu de Alain Guerreau, « Lournand au x^e siècle. Histoire et fiction », Le Moyen Âge, 96, 1990, p. 519-531.

20 Perry Anderson, Considerations on Western Marxism, London, Verso, 1976 ; id., Arguments within English Marxism, London, Verso, 1980 ; id., In the Tracks of Historical Materialism, London, Verso, 1983. « To take ‘liberties with the signature of Marx is in this sense merely to enter into the freedom of Marxism ». « Historical materialism is not a finished science; nor have all its practitioners been of similar calibre. There are fields of historiography which are dominated by Marxist research. there are more, in which non-Marxist contributions are superior in quality and quantity to Marxist; and there are perhaps even more, where no Marxist interventions exist at all. The only permissible criterion of discrimination [in a study] […] which must consider works comping from such different horizons, is their intrinsic solidity and intelligence […] There is no place for any fideism in rational knowledge ». Perry Anderson, « Foreword », Passages from Antiquity to Feudalism, London, NBL, 1974, p. 9.

21 « The historical synthesis which finally occurred was, of course, feudalism. The precise term – Synthese – is Marx’s, along with that of historians of his time. The catastrophic collision of two dissolving anterior modes of production – primitive and ancient – eventually produced the feudal order which spread throughout mediaeval Europe. That Western feudalism was the specific result of a fusion of Roman and Germanic legacies was already evident to thinkers of the Renaissance, when its genesis was first debated ». « The feudal mode of production that emerged in Western Europe was characterized by a complex unity. Traditional definitions of it have often rendered this partially, with the result that it has become difficult to construct any account of the dynamic of feudal development. It was a mode of production dominated by land and a natural economy, in which neither labour nor the products of labour were commodities. The immediate producer – the peasant – was united to the means of production-the soil-by a specific social relationship. The literal formula of this relationship was provided by the legal definition of serfdom […] serfs had juridically restricted mobility. The peasants who occupied and tilled the land were not its owners. Agrarian property was privately controlled by a class of feudal lords, who extracted a surplus from the peasants by politico-legal relations of compulsion. This extra-economic coercion, taking the form of labour services, rents in kind or customary dues owed to the individual lord by the peasant, was exercised both on the manorial demesne attached directly to the person of the lord, and on the strip tenancies or virgates cultivated by the peasant. Its necessary result was a juridical amalgamation of economic exploitation with political authority ». Perry Anderson, Passages from Antiquity to Feudalism, London, NBL, 1974, p. 128 et147.

22 Georges Lukács, Histoire et conscience de classe, Paris, Minuit, 1960 [1923], p. 78.

23 Moses Finley, The Ancient Economy, Berkeley, University of California Press, 1973 ; id., « Slavery » in David L. Sillis, Robert K. Merton (eds.), International Encyclopedia of the Social Sciences, New York, The Macmillan Company, 1968, vol. XIV, p. 307-313.

24 Chris Wickham, « Historical Materialism, Historical Sociology », New Left Review, septembre-octobre 1988, p. 63-78 ; id., « Abordagens marxistas sobre a Idade Media, Algumas questões e exemplos », Mare Nostrum, vol. 3, n° 3, 2012, p. 224-244.

25 Chris Wickham, « The other Transition: From Ancient World to Feudalism », Past and Present, 103, 1984, p. 3-36 ; id., « Productive Forces and the Economic Logic of the Feudal Mode of Production », Historical Materialism: research in critical Marxist Theory, XVI, 2008, p. 3-22 ; id., « The Feudal Revolution and the Origins of the Italian City Communes », Transations of the Royal Historical Society, 6^e serie, XXIV, 2014, p. 29-55.

26 Bernard Lepetit, « C’est arrivé à Lournand », Médiévales, n° 21, 1991, p. 81-89.

27 Guy Bois, « Réponse », Médiévales, n° 21, 1991, p. 91-108 (p. 92).

28 Médiévales, n° 21, L’An mil : rythmes et acteurs d’une croissance, automne 1991.

29 « Le petit monde des médiévistes est structuré par des réseaux de pouvoirs, fortement centralisés, dont le CNU constitue le noyau central. Il en résulte une logique implacable […] La seule règle de comportement à laquelle je me tiens, la seule conforme à une éthique démocratique et scientifique, est de ne pas entrer dans cette logique génératrice de médiocrité a tous les niveaux, quoi qu’il en coûte, y compris sur le plan financier […] Fort heureusement, le dialogue est plus facile en règle générale, avec les collègues étrangers ». Guy Bois, « Réponse », Médiévales, n° 21, 1991, p. 91-108 (p. 101).

30 « La thèse de La Mutation est une variante du schéma hegelo-marxiste du changement historique, où les contradictions internes de la société induisent une dialectique qui engendre un nouvel ordre social ». Barbara H. Rosenwein, « Le lit de Procuste de Guy Bois », Médiévales, n° 21, 1991, p. 11-16 (p. 11)

31 « Reste qu’avec le recul, il est difficile de s’expliquer l’agressivité de la réaction académique autrement que par l’exaspération devant le retour, jugé intempestif, d’une problématique rigoureusement marxiste de la transition des modes de production en 1989, l’année même ou Francis Fukuyama célébrait la fin de l’histoire. On se réconcilia donc (sauf Guy Bois, qui refusait la rétractation) autour de ce que l’on croyait être le cadavre du matérialisme historique ». Patrick Boucheron, « An mil et féodalisme » in Christian Delacroix, François Dosse, Patrick Garcia, Nicolas Offenstadt (dir.), Historiographies. Concepts et débats, Paris, Gallimard, 2010, vol. II, p. 952-965 (p. 955-956).

32 Guy Bois, La Grande dépression médiévale, xiv^e et xv^e siècles. Le précédent d'une crise systémique, Paris, PUF, 2000, p. 192-205.

33 « Enfin Bois utilise malheureusement un ton péremptoire et quelquefois inutilement agressif qui risque de servir de prétexte à ceux, et dans l’école historique française ils sont nombreux, principalement de nos jours, qui refusent toute discussion théorique. Comme il cite Marx à plusieurs reprises, on l’accusera avec une apparence de vérité de chausser les bottes de Joseph Staline, alors qu’il en est fort éloigné. Il stigmatise également les modes récentes qui traversent notre discipline et souvent il vise juste. Pourtant l’histoire d’aujourd’hui est aussi complexe que le monde social qu’elle étudie. L’auteur s’en tient à l’aspect négatif – réel – de certaines tendances historiographiques sans mentionner, ne serait-ce que d’un mot, l’aspect positif […] La frilosité persistante vis-à-vis des questions de fond de l’école historique française, entretenue par le libéralisme ambiant qui met l’accent sur l’individu et l’initiative personnelle. Cependant de plus en plus, devant les insuffisances de l’empirisme historique, un effort de théorisation apparaît nécessaire afin d’essayer de saisir le réel dans sa complexité contradictoire et dans toute son étendue. Allégué fréquemment pour justifier le rejet de toute tentative en la matière, le souvenir du dogmatisme des années Jdanov n’est-il pas devenu dix ans après l’écroulement des pays communistes un simple alibi ? ». Guy Lemarchand, « Crise de la fin du Moyen Âge, féodalisme, crise de l’Histoire », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 85, 2001, p. 129-136.

34 Vision que l’on retrouve dans la nécrologie publiée par Le Monde : Philippe-Jean Catinchi, « Guy Bois, historien spécialiste de la période médiévale, est mort », Le Monde, 17 juin 2019. Il est significatif qu’au début de l’été 2019, suite à son décès, la seule discussion de son œuvre dans un cadre académique en France soit faite par un économiste Bernard Drevon, au séminaire interdisciplinaire d’histoire économique de Lyon : « La fin de l’Antiquité dans le Mâconnais. Retour sur l’œuvre d’un médiéviste marxiste : Guy Bois » [en ligne].

35 Un colloque a eu lieu autour de l’œuvre de Guy Bois, Que reste-t-il des crises ? Deux journées avec Guy Bois, organisé à l’Université de Paris Diderot – Paris VII en mars 2012, par Mathieu Arnoux, Marie Bouhaik-Girones et Isabelle Theiller, mais qui malheureusement n’a pas abouti à une publication. Dans le cadre de cette enquête un entretien avec Guy Bois était planifié avec lui, et qui malheureusement n’a pas pu se réaliser avant son décès.

36 « Le problème de la durée du travail est l’un de ceux qui permettent d’affronter ce dilemme. Dans un chapitre célèbre du premier livre du Capital, Karl Marx avait fait du Statute of Labourers d’Édouard III en 1349 le premier d’une longue série de textes législatifs garantissant aux propriétaires de capital les conditions les plus avantageuses pour l’extorsion de la plus-value sur le produit du travail. L’expérience médiévale s’inscrivait donc dans cette perspective comme une première étape du procès de construction du capitalisme industriel, associant dans la longue durée la distinction progressive des détenteurs du capital et des travailleurs et la définition légale et concrète de la durée du travail. Parfaitement cohérent avec le caractère militant du texte de Marx, le finalisme qui marquait sa démonstration ne pouvait pourtant satisfaire les historiens ». Mathieu Arnoux, « Relation salariale et temps du travail dans l’industrie médiévale », Le Moyen Âge, 2009/3, tome CXV, p. 557-581 ; voir aussi son ouvrage Le Temps des Laboureurs. Travail, ordre social et croissance en Europe (xi^e-xiv^e siècle), Paris, Albin Michel, 2012.

37 Jacques Girault, « Bois Guy, Marc », Le Maitron. Dictionnaire biographique. Mouvement ouvrier, mouvement social [en ligne].

38 « Exclu de fait du P.C.F. M. Guy Bois dénonce une direction animée par le seul souci de sa survie », Le Monde, 19 mars 1981.

39 Etienne Balibar, Guy Bois, Georges Labica, Jean-Pierre Lefèvre, Ouvrons la fenêtre, camarades !, Paris, Maspero, 1979.

40 Durant les années 1990, Guy Bois semble avoir opéré un tournant politique notable en se rapprochant de plus en plus des milieux chevènementistes, qu’il a sans doute connu auparavant à l’époque où le CERES était très implanté dans les milieux universitaires français. Cette mouvance connait alors une importante mutation, se focalisant désormais sur des thématiques sécuritaires, souverainistes et laïcardes. En 1998, il participe à la création de la Fondation du 2 mars, qui voulait s’appeler fondation Marc Bloch (sic), pour la « défense des valeurs républicaines » avec des personnalités comme Pierre-André Taguieff, Édouard Husson, Henri Guaino et Elizabeth Lévy. Il participe à la campagne présidentielle de Jean-Pierre Chevènement en 2002. En janvier 2019, Guy Bois avait signé la pétition « Pour la défense de la souveraineté de la nation et des droits sociaux ».

41 Ceci est mentionné dans diverses notices biographiques, dont celle du Maitron, mais n’apparait pas dans les documents de l’association ATTAC à disposition.

42 Guy Bois, Une nouvelle servitude. Essai sur la mondialisation, Paris, François-Xavier de Guibert, 2003. Dans ce livre, il se désigne comme « antimondialiste », position qui dépasserait l’antagonisme entre droite et gauche (p. 62-68 et 160). Pour lui, « être antimondialiste n’a pas d’autre signification que refuser la servitude qui nous est proposé » (p. 197). Un colloque intitulé « Les sociétés de la mondialisation », à partir de la problématique du livre est organisé par le laboratoire LESTAMP à l’université de Nantes en décembre 2004 sous la houlette de Jacky Réault et avec Guy Bois dans le comité scientifique, et publié en CD-Rom en 2007.

43 « Je ne vois qu’un mot pour désigner une telle trajectoire intellectuelle et politique : celui de dégénérescence. Une dégénérescence consécutive au refus initial d’ouvrir les yeux sur le monde réel ». Guy Bois, Une nouvelle servitude. Essai sur la mondialisation, Paris, François-Xavier de Guibert, 2003, p. 191.

44 La parution d’un livre d’un ancien militant communiste engagé pendant des décennies à gauche chez un éditeur catholique conservateur peut étonner pour le moins… Le livre est en effet publié dans une collection intitulée « Combats pour la liberté de l’esprit » dirigée par Jean-Paul Bled, alors professeur d’histoire de l’Allemagne à l’Université de Paris IV, gaulliste, qui participe à partir de la fin des années 1990 à la structuration du mouvement souverainiste et tient une chronique sur la radio d’extrême-droite Radio Courtoisie durant les années 2000.

45 Pour une approche critique d’un point de vue marxiste voir : Carlos Astarita, « Las tesis de Alain Guerreau », Edad Media. Revista de Historia, 6, 2003-2004, p. 183-207.

46 La plupart de ses textes sur cette question viennent d’être regroupés dans un seul volume qui marque la spécificité de cette démarche, quasi ignorée dans la médiévistique française : Ludolf Kuchenbuch, Marx, feudal. Beiträge zur Geschichte des Feudalismus in der Geschichtswissenschaft, 1975-2021, Berlin, Dietz, 2022. Dans l’avant-propos à ce volume, Alain Guerreau reconnait sa dette à son égard : « Es war wie eine Offenbarung für mich. Zum ersten Mal hatte ich ein Werk vor mir, das sich nicht mit einer Annäherung an das Mittelalter mittels bei Marx entlehnter Begriffe begnügte. Vielmehr versuchte es, die Hauptrichtungen in der Geschichtsschreibung heurauszustellen, di die Frage des Feudalismus ernst genommen hatten, und bemühte sich um eine strukturierte Gesamtsicht. » (p. 9)

47 Alain Guerreau, « Rapport entre le passage de l’Antiquité au féodalisme et développement des forces productives dans la même période », ‘Zur Problem des Feudalismus in Europa’, Conférence de Trèves 7-10 mai 1981, Atelier du CRH, n° 27, 2023.

48 « Un joven, que se declaraba marxista con calculada afectación, recogió el cambio en un pequeño libro. Lo hizo de manera un tanto turbulenta, como corresponde a quien busca instalarse y todavía no definió bien sus obediencias. Se trata de Alain Guerreau (1980). La antigua generación reaccionó con disímil elocuencia y calidad argumental. desplazamiento irritó. Otro motivo de disgusto fueron interpretaciones ambiciosas sustentadas en erudición muy exigua ». Carlos Astarita, « La historia de la transición del feudalismo al capitalismo en el marxismo occidental », Anales de historia antigua, medieval y moderna, vol. 41, 2009 [en ligne].

49 « L’intérêt historiographique futur de cette variation sur ‘j’irai baver sur vos tombes’ est indéniable ». Gérard Giordanengo, Le Droit féodal dans les pays de droit écrit. L’exemple de la Provence et du Dauphiné. xii^e-début xiv^e siècle, Rome, École française de Rome, 1988. p. 1, note 3.

50 « Des lors qu’une communauté scientifique ne peut pas renoncer à une rationalité principielle sans se saborder, et que la Science demeure une caution dont l’universalité ne peut être sérieusement contestée par aucune classe dominante contemporaine, appariassent des difficultés insurmontables lorsqu’une telle classe dominante renonce à l’idée de Progrès. La rationalité parait alors entre en conflit avec la légitimité de la domination. L’intérêt corporatif global des historiens semble être, dans ces conditions d’éviter tout débat sur la scientificité de leur discipline, voire de développer des stratégies d’autolégitimation a la limite de la servilité […] L’historien français qui considère que le progrès des connaissances scientifiques constitue le seul axe possible de son métier, non seulement ne doit pas se laisser arrêter ou freiner par des considérations de prudence, mais doit s’engager avec clairvoyance dans la direction la plus difficile ». Alain Guerreau, « L’historique, le rationnel », EspacesTemps, 30, 1985, p. 28-34 (p. 32).

51 Jacques Le Goff, « Préface » in Alain Guerreau, Le Féodalisme un horizon théorique, Paris, Le Sycomore, p. 7-13 (p. 7).

52 A. Guerreau, Le Féodalisme : un horizon théorique, op. cit., p. 173.

53 « Dans le cadre de l’Europe féodale, il faut raisonner fondamentalement en termes de pouvoir et non de droit ; a fortiori, la distinction entre droits réels et droits personnels doit elle être rejetée comme une invention tardive, latérale et comme un des aspects de la dissolution du système ; l’originalité fondamentale des rapports féodaux doit être au contraire cherchée dans l’assimilation totale du pouvoir sur la terre et du pouvoir sur les hommes ». A. Guerreau, Le Féodalisme : un horizon théorique, op. cit., p. 179-180.

54 « Le fief, tel qu’on le décrit, avec un Plaisir malin, dans les manuels, fut une forme tout à fait transitoire, incertaine et floue, qui disparut avant de former une structure, pour la seule raison qu’il fut un simple aspect du mouvement de constitution des principautés et des monarchies, qui, à peine établies, s’empressèrent de s’en débarrasser en le vidant de toute substance. Au moment où les théoriciens s’en mêlèrent, il n’en restait qu’un nom, qu’on fit servir pendant encore cinq siècles à désigner des rapports formels de subordination des nobles à la couronne (voir les aveux et dénombrements) ». A. Guerreau, Le Féodalisme : un horizon théorique, op. cit., p. 197-198.

55 [Blaise Dufal, « L’émoi des mots. Propos sur le féodal* », Atelier du CRH, n° 27, 2023.

56 « La guerre comme le principal facteur de cohésion du système féodal ; l’expédition militaire était le moyen par excellence d’actualiser et de rendre effectifs les liens hiérarchiques et horizontaux dont la raison d’être était justement les cas d’affrontement ». A. Guerreau, Le Féodalisme : un horizon théorique, op. cit., p. 194.

57 Ibid., p. 195.

58 Ibid., p. 196.

« L’État féodal fonctionna selon la logique féodale ; la féodalisation progressive des fonctions d’État (vénalité de charges) alla de pair avec l’intégration des féodaux dans la structure d’État, et le maintien général d’un fonctionnement orienté sur la conquête territoriale et bloquant toute mise en cause du primat du rapport de dominium ». A. Guerreau, Le Féodalisme : un horizon théorique, op. cit., p. 198.

59 « C’est cet effondrement du carcan domanial qui me semble la cause immédiate des initiatives massives de la population rurale dans de nombreuses régions, qui entraînèrent le fameux essor des xi^e-xii^e siècles. Il s’agit donc là d’une logique de tout le système faisant intervenir la parenté, la guerre, l’Église, le système domanial et même certaines propriétés de l’écosystème (taille, facilité plus ou moins grande des cultures) ; l’évolution technique joua sans doute un rôle, mais secondaire ; la lutte des classes aussi, mais seulement dans la mesure où l’on désigne de cette expression la pression permanente des agriculteurs sur les limites sociales du système et le fait qu’ils surent profiter rapidement du relâchement des contrôles sur les terres ». A Guerreau, Le Féodalisme : un horizon théorique, op. cit., p. 196.

60 « Le système féodal s’ébaucha au xi^e siècle, se développa au xii^e siècle et mourut avant d’être achevé, au xiii^e siècle, entre les bras de la royauté ». « Dans cette seconde période du féodalisme, xiii^e-xviii^e siècles, l’entassement démographique au centre du système et le développement d’une articulation beaucoup plus nette centre – pourtour interne – périphérie entraînèrent la naissance et le renforcement de structures étatiques ; la dynamique changeait d'orientation : l’anarchie locale ou les conquêtes extérieures communes n’étaient plus possibles ; les États se substituèrent lentement à l’Église, qui déclina progressivement ». A. Guerreau, Le Féodalisme : un horizon théorique, op. cit., p. 197 et 199.

61 « L’Église apparaît comme la principale force motrice du système féodal, du Bas-Empire jusqu’au xvi^e siècle au moins ». A Guerreau, Le Féodalisme : un horizon théorique, op. cit., p. 204.

62 « Il s’agit d’un schéma ouvert, modifiable, évidemment incomplet, critiquable ; s’il doit être rejeté, je n’accorderai, le cas échéant, crédit qu’à un autre schéma, car la réflexion théorique est une condition absolue de l’activité scientifique ». A Guerreau, Le Féodalisme : un horizon théorique, op. cit., p. 210.

63 Alain Guerreau, « Fief, féodalité, féodalisme », Anuario. Escuela de Historia, vol. 13,‎ 1988, p. 69-105 ; id., « Fief, féodalité, féodalisme. Enjeux sociaux et réflexion historienne », Annales. Économie, Sociétés, Civilisations, vol. 45, n° 1,‎ 1990, p. 137-166 ; id., « La féodalité, concept forgé au xvii^e siècle, est une pure fiction ! », Les cahiers de Science et Vie, n^o 144,‎ avril 2014, p. 96-98 ; id., « Féodalité » in André Jacob (dir.), Encyclopédie philosophique universelle, II, Sylvain Auroux (dir.), Les Notions philosophiques, tome I, Paris, PUF, 1990, p. 977-980.

64 Alain Guerreau, « Le féodalisme, à la recherche d’une définition »in Flocel Sabaté (éd.), El temps i l’espai del feudalisme, Lleida, 2004, p. 99-101 ; id., « À la recherche de la cohérence globale et de la logique dominante de l’Europe féodale » in N. Fryde, P. Monnet, O. G. Oexle (Hgg.), Die Gegenwart des Feudalismus. Présence du féodalisme et présent de la féodalité. The Presence of Feudalism, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2002, p. 195-210.

65 A Guerreau, Le Féodalisme : un horizon théorique, op. cit., p. 121-122.

66 Alain Guerreau, « (Re)leer a Marx », Taller d’historia, 5, 1995, p. 25-30 (p. 28).

67 Alain Guerreau, « Féodalisme » in Georges Labica (dir.), Dictionnaire critique du marxisme, Paris, Presses Universitaires de France, 1982, p. 364-368, traduction allemande : Alain Guerreau, « Feudalismus » in Georges Labica, Wolfang Fritz Haug (Hgg.), Kritisches Wörterbuch des Marxismus, Hamburg/Berlin, Argument, 1984, vol. 2, p. 345-350.

68 « Marx n’a laissé aucune théorie du mode de production féodal […] Les conceptions de Marx sur le féodalisme étaient essentiellement celles de la bourgeoisie libérale de son époque […] L’examen des chapitres dangereusement intitulés par certains auteurs ‘la féodalité marxiste’, procurera quelques surprises ». A Guerreau, Le Féodalisme : un horizon théorique, op. cit., p. 57-58.

69 « Marx n’a rien construit qu’on pourrait ne serait-ce qu’assimiler à une ‘théorie’ du rapport de production féodal ». Alain Guerreau, « Féodalité » in Jacques Le Goff, Jean-Claude Schmitt (dir.), Dictionnaire raisonné du Moyen Âge, Paris, Fayard, 1999, p. 387-406.

70 « Le phénomène aux suites les plus désastreuses fut la tactique des idéologues staliniens qui se contentèrent d’une synthèse bâclée entre l’évolutionnisme bourgeois courant du xix^e siècle et les observations rapides de Lénine sur le servage en Russie à la fin du même siècle, baptisant le tout sans vergogne de ‘théorie marxiste’. Une forme un tantinet scolastique de théorie des stades, surtout employée à des fins de justification de telle ou telle attitude géo-stratégique, tint lieu de toute réflexion ». Alain Guerreau, « Féodalité » in J. Le Goff, J.-Cl. Schmitt (dir.), Dictionnaire raisonné du Moyen Âge, op. cit., p. 387-406.

71 « À vrai dire, bien peu de marxistes se préoccupaient intelligemment de l’histoire d’avant 1789, et lorsqu’il s’en montrait un, on pouvait toujours lui attribuer pour le rendre moins gênant un bénéfice mineur en lui faisant miroiter les avantages palpables du ralliement […] Quant aux marxistes, très rares, c’est presque toujours l’économisme qui les conduit, sinon à la catastrophe, en tout cas à de résultats de portée limitée. De toute manière, parmi eux et parmi ceux qui me semblent avoir produit récemment des travaux effectivement nouveaux, il se trouve de nombreux étrangers et plusieurs spécialistes de disciplines autres que l'histoire. ». A Guerreau, Le Féodalisme : un horizon théorique, op. cit., p. 143-144.

72 « Cette discussion s’est maintenue à un degré d’abstraction inapproprié […] L’urgence d’une réflexion abstraite devait apparaître comme une criante nécessité à ceux qui, dans les années 50, cherchaient à réagir contre le marasme ambiant. Malheureusement, cette discussion a été marquée, de par les conditions politiques dans lesquelles elle eut lieu, de deux défauts : l’économisme qui, s’agissant du féodalisme, ramène tout, sans nuance ni scrupule, à l’exploitation des paysans par les seigneurs ; et l’instrumentalisme, c’est-à-dire la volonté de faire servir le débat historique une ‘problématique’ jugée actuelle, en l’occurrence celle des ‘voies de passage’, selon cette idée que l’étude du passage du féodalisme au capitalisme pourrait renseigner sur la politique à suivre pour hâter le passage au socialisme : idée sans doute sympathique, mais qui supposerait, en toute logique, qu’on cherche aussi à savoir ce qu’était le féodalisme en tant qu’organisation ‘politique’ puisque c’est une lutte politique qui est menée contre le capitalisme ». A Guerreau, Le Féodalisme : un horizon théorique, op. cit.,, p. 85.

73 Ibid., p. 28.

74 « Un des traits les plus spécifiques d’une société féodale est l’indivisibilité de l’économie et de la politique. Chaque seigneur féodal est en même temps propriétaire terrien et, dans une certaine mesure, représentant du pouvoir politique. Donc les intérêts politiques communs de la classe seigneuriale représentée par l’État sont généralement en désaccord avec les intérêts de chaque seigneur isole, de chaque groupement, ou fraction au sein de la classe. Il se produit une étrange difficulté : l’appareil du pouvoir dans un état nobiliaire ne peut pas se trouver dans les mains des nobles car la prise en main de ce pouvoir par n’importe quel groupe de nobles doit infailliblement provoquer une lutte déclarée des autres éléments de la classe seigneuriale. D’autant plus que les tendances au séparatisme féodal et au particularisme étaient très fortes chez les nobles […] Politique et économie restèrent indivisibles même au moment au l’État féodal se fut dans une certaine mesure détaché de la société féodale. Le premier s’était petit à petit approprie les fonctions économiques, reproduisant, sous une nouvelle forme centralisée, le système de l’exploitation seigneurial. La loi générale de l’histoire féodale est simple : celui qui prend opprime, donc celui qui réprime prend aussi. Comme au début du Moyen Âge, un domaine féodal était non seulement un organisme économique, mais aussi politique, de même l’absolutisme fut à la fin du Moyen Âge, un organisme politique et économique. Au début du Moyen Âge la rente féodale se confondait avec les impôts ; à la fin, l’impôt ne représentait rien d’autre qu’une rente féodale centralisée que les féodaux touchaient par l’intermédiaire du roi. L’absolutisme, ce n’est pas seulement l’état des nobles, mais une sorte de domaine féodal : c’est pourquoi la rente centralisée se heurtait dans son évolution à la rente seigneuriale qu’elle lésait, et elle devait se constituer principalement sur les revenus de la population que les féodaux n pouvaient s’approprier comme rente seigneuriale ». Boris Porchnev, Les Soulèvements populaires en France au xvii^e siècle, Paris, Flammarion, 1972 [1948], p. 394-396.

75 Alain Guerreau, « El concepto de feudalismo : génesis, evolución y significación actual » in Carlos Estepa, Domingo Placido, Juan Trias (éd.), Transiciones en la antigüedad y feudalismo, Madrid, Fundación de investigaciones marxistas,1998, p. 91-116.

76 « Dans les années 50, l’historiographie de l’Allemagne démocratique se trouva caractérisée par deux traits originaux : la prépondérance numérique des très jeunes historiens (contrairement à ce qui se passait, par exemple, en U.R.S.S.) et la combativité idéologique, marquée à la fois par les interventions du comité central de la S.E.D., et la volonté des historiens de construire une histoire d’Allemagne sur des bases radicalement neuves. Combativité naturellement accentuée par la faiblesse globale de ce groupe d’historiens, son accès plus direct aux textes ‘classiques’, et son engagement dans l’histoire qu’il était chargé d’élaborer et d’écrire ». « En dépit du peu d’informations dont je dispose sur les deux écoles d’U.R.S.S. et de R.D.A. […] dans l’ensemble, se dégage l’impression d’une greffe vaguement hégélienne sur l’historiographie européenne de l’entre-deux-guerres, qui centre généralement l’attention des historiens sur les luttes des classes et croit, par la simple description de ces luttes, avoir fourni une explication générale de l’évolution. Contrairement à ce que s’imaginent, de leur côté, beaucoup d’historiens occidentaux, ces descriptions sont, la plupart du temps, correctes du point de vue de l’érudition et intelligentes quant à la construction du jeu des interactions sociales. Mais ce jeu reste conçu de manière bien trop étroite, néglige beaucoup d’aspects matériels, comme beaucoup d’aspects intellectuels, et, finalement à l’encontre des perspectives développées par Marx lui-même, laisse à l’écart la préoccupation de concevoir un mode de production comme un système général, seule voie qui permette, peut-être, de dégager une dynamique globale et de concevoir une théorie rationnelle du féodalisme européen ». A Guerreau, Le Féodalisme : un horizon théorique, op. cit., p. 89 et 93-94.

77 Alain Guerreau, Nicolas Perreaux, « Aufklärung im XXI. Jahrhundert. Pour une approche rationnelle de l’Europe médiévale : entretien avec Alain Guerreau », Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre, 25/1, 2021 [en ligne].

78 « Il faut ici faire une place centrale, majeure, à Karl Marx, dont l’ambition d’analyse globale ne peut être discutée. Marx fut le premier à poser l’hypothèse de l’unité des deux notions d’organisation et d’évolution d’une société, toute situation résultant d’une évolution (en aucun cas d’une ‘cause’ quelconque), et celle-ci étant le produit, à chaque instant, de la forme d’organisation de la société considérée. Tous ces historiens sont généralement rangés sous l’étiquette ‘histoire rationaliste’ (ce qui ne signifie nullement qu’ils aient développé des vues identiques, il s’en faut ; tout au plus reconnaîtra-t-on chez la plupart d’entre eux l’idée que chaque époque a été dominée par sa logique propre, différente de la nôtre) ». Alain Guerreau, « Situation de l’histoire médiévale (esquisse) », Medievalista, vol. 4/5, 2008 [en ligne].

79 « Imaginer les procédures et les méthodes proprement intellectuelles aptes à produire un saut qualitatif dans la manière de concevoir et d'aborder l’objet. Structuration : cela signifie repérer les ensembles organisés de relations qui configuraient effectivement la société de l’Europe médiévale ». Alain Guerreau, « El concepto de feudalismo : génesis, evolución y significación actual », Carlos Estepa, Domingo Placido, Juan Trias (éd.), Transiciones en la antigüedad y feudalismo, Madrid, Fundación de Investigaciones Marxistas,1998, p. 91-116 (p. 115-116), traduction d’Alain Guerreau.

80 « Système des représentations de l’Europe féodale, ce système entretenant des relations globales avec le système social de même extension » ; « L’idéologie féodale ». « Dans les premières années du xiv^e s’évanouirent la plupart des difficultés qui, depuis la fin du xi^e siècle, avaient déterminé des affrontements récurrents entre clercs et chevaliers, s’agissant tout particulièrement de l’organisation symbolique de l’espace ». Alain Guerreau, La Fin du comte. Le système des représentations de l’Europe féodale, texte inédit reproduit avec l’autorisation de l’auteur, p. 462, p. 467, p. 466.

81 Alain Guerreau, « Entretien », Atelier du CRH, n° 27, 2023.

82 Alain Guerreau, « Entretien », Atelier du CRH, n° 27, 2023.

83  « La référence à Marx est une référence générale, un horizon de travail […] j’ai volontairement mis horizon au singulier, pour marquer ma perspective théorique générale ». Maurice Godelier, Claude Lévi-Strauss, Marc Augé, « Anthropologie, histoire, idéologie », L’Homme, 1975, tome 15, n° 3-4, p. 177-188 (p. 177).

84 Alain Guerreau, « El concepto de feudalismo : génesis, evolución y significación actual » in Carlos Estepa, Domingo Placido, Juan Trias (éd.), Transiciones en la antigüedad y feudalismo, Madrid, 1998, p. 91-116.

85 Ibid.

86 « Proposer les linéaments d’un système conceptuel qui permette de considérer d’un œil neuf le mode de production féodal, et de comprendre, dans la voie tracée par Maurice Godelier, le pourquoi et le comment de la domination de l’Église au sein de ce système ». A. Guerreau, Le Féodalisme : un horizon théorique, op. cit., p. 40.

87 Alain Guerreau, L’Avenir d’un passé incertain. Quelle histoire du Moyen Age au xxi^e siècle, Paris, Seuil, 2001.

88 « Le noyau des structures idéologiques est au coeur du tout social », Alain Guerreau, L’Avenir d’un passé incertain. Quelle histoire du Moyen Âge au xxi^e siècle ?, Paris, Le Seuil, 2001. p. 231.

89 Maurice Merleau-Ponty, Les Aventures de la dialectique, Paris, Gallimard, 1955, p. 42-80.

90 Michael Löwy, « Marx et Weber : notes pour un dialogue implicite », L’Homme et la société, 20, 1971, p. 73-83, republié dans Dialectique et révolution. Essais d’histoire et de sociologie du marxisme, Paris, Anthropos, 1973 ; id., « Figures du marxisme wébérien », Actuel Marx, n° 11, 1992, p. 83-94.

91 « Je reconnais parfaitement que la notion de classe est peu opératoire pour le mode de production féodal, mais il n’y a pas de raison évidente de l’évacuer avant de l’avoir remplacée par un concept plus approprié, de même qu’il n’y a pas de raison de se débarrasser de la correspondance entre forces productives et rapports de production avant d’avoir construit effectivement un schéma de la dynamique du système ». A. Guerreau, Le Féodalisme : un horizon théorique, op. cit., p. 116.

92 « La création, en 1975, d’une Société d'étude du féodalisme, qui, depuis lors, réunit quatre ou cinq fois par an une cinquantaine d’historiens, le samedi après-midi, est l’indice certain d’une volonté de changement orientée vers une réflexion théorique. Des développements notables sont à attendre de ce côté ». A. Guerreau, Le Féodalisme : un horizon théorique, op. cit.

93 « Some English readers may not be aware of the career risks (once?) involved in the French University system if one used the suspect term ‘féodalisme’ with its Marxist overtones, instead of ‘féodalité’ ». Rodney H. Hilton, « La société d’étude du féodalisme », Past and Present, 98, 1983, p. 159.

94 Solal Abélès, « La Société d’Étude du Féodalisme : documents, témoignages, perspectives », Atelier du CRH, n° 27, 2023.

95 « La parenté et l’histoire. Entretien avec Maurice Godelier », Afrique & Histoire, 2005/2, vol. 4, p. 247-281.

96 Alain Dubois, « L’École nationale des chartes versus l’École normale supérieure : dissemblances » in Agnès Callu (dir.), Le Mai 68 des historiens, p. 246, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaire du Septentrion, 2010 p. 185-196.

97 Ninon Derouet, « De l’engagement français en Tchécoslovaquie. L’exemple de l’association Jan Hus dans les années 1980 », Bulletin de l’Institut Pierre Renouvin, n° 51, 2020/1, p. 71-80 ; Barbara Day, The Velvet Philosophers, London, The Claridge Press, 1999.

98 « Le problème, c’est que je n’ai jamais été engagé politiquement, contrairement à tout ce que pourrait s’imaginer un certain nombre de gens. Alors, naturellement, je n’ai jamais fait d’effort pour faire valoir que je n’étais pas engagé politiquement. Donc tout le monde s’imagine que je le suis et donc on m’a collé dessus un certain nombre d’étiquettes. L’étiquette la plus simple, la plus habituelle étant communiste. Bon, il se trouve que […] j’avais une certaine sympathie, disons assez vague, pour les communistes, dans la mesure où c’étaient les principaux opposants à la bourgeoisie, enfin la principale force d’opposition à la classe dominante, pour laquelle, pour le coup, j’ai une certaine haine. Enfin, si vous voulez, l’incohérence, les compromis, la faiblesse intellectuelle de tous ces mouvements de gauche et d’extrême-gauche m’a toujours paru insupportable et j’ai toujours pensé, d’ailleurs je continue de plus en plus à le penser, qu’en fait l’échec ou l’effondrement de ces mouvements est dû à leur faiblesse intellectuelle ». Agnès Callu (dir.), Le Mai 68 des historiens, p. 246, Presses Universitaire du Septentrion, Villeneuve d’Ascq, 2010, p. 187.

99 André Tollet, Ma Traversée du siècle, mémoires d’un syndicaliste révolutionnaire, Montreuil, Éditions de la Vie Ouvrière, 2002.

100 Alain Guerreau, « Entretien », Atelier du CRH, n° 27, 2023.

101 « Je voudrais profiter de cette occasion pour reprendre le débat qui avait été ouvert à Trèves à propos du ‘féodalisme d’État’. Cette intervention de l’État dans la législation sur les prix, les salaires, le travail, est évidemment une modification importante du féodalisme dans son essence même. Nous avions beaucoup discuté de cette question à Trèves avec Guy Bois, qui soutient que le mode de production féodaliste n’est pas changé par là-même ; disons qu’il est tout de même nettement altéré, puisque les rapports de production ne fonctionnent pas comme antérieurement. Ils fonctionnement de façon entièrement nouvelle, puisque l’État intervient, précisément à la demande de ceux qui sont censés être la classe sociale dominante dans les rapports de production féodalistes, les seigneurs ». Jean-Philippe Genet, Compte rendu des séances de la société d’études du féodalisme, vol. V, p. 20, Atelier du CRH, n° 27, 2023.

102 Jean-Philippe Genet (dir.), Vecteurs de l’idéel et mutation des sociétés politiques. Le pouvoir symbolique en Occident (1300-1640), Paris, Éditions de la Sorbonne, 2021.

103 Pascal Dupuy, Yannick Marec, « Guy Lemarchand, historien »in Guy Lemarchand, Féodalisme, Société et Révolution française. Études d’histoire moderne, xvi^e-xviii^e siècles, Caen, 2000, p. 9-10.

104 Guy Lemarchand « Les études agraires, le féodalisme et la Révolution française. Un itinéraire historiographique », La Révolution française et le monde rural. Actes du colloque tenu en Sorbonne les 23, 24 et 25 octobre 1997, Paris, CRHS, 1999, p. 83-97.

105 Claire Billen, Christian Dupont, « Problématique marxiste et histoire rurale (viii^e-xiii^e s.) entre Loire et Rhin », Acta historica Bruxellensia, IV, 1981, p. 89-128 ; Jean-René Trochet, « Techniques agricoles en France méditerranéenne à la fin du xviii^e siècle et interprétation marxiste. Questions de méthode », I Jornadas Internacionales sobre tecnología agraria tradicional, 1992, p. 11-19.

106 « Désaffection qui touche depuis une vingtaine d’années l’ensemble des études socio-économiques à l’époque médiévale ». Monique Bourin, « Un projet d’enquête : ‘la crise de 1300’ dans les pays de la Méditerranée occidentale », Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre, hors-série, n° 2, 2008, § 9 [en ligne].

107 « Je dois ajouter que je devais avoir des rapports plus spécialement malaisés avec le fantôme de Karl Marx. Tel de mes amis, historien du Moyen Âge, n’est guère gêné par le grand philosophe, parce que celui-ci ne s’est pas mêlé d’histoire médiévale ; il s’est contenté de lancer la grande hypothèse – valable celle-là – de l’influence du progrès des forces productives sur l’évolution des sociétés. On peut saluer cette vue grandiose et écrire ensuite ce que l’on croit juste sans trop se soucier de Marx et surtout sans offusquer ses dévots. Tel autre de mes amis, historien et contemporain, mais de l’économie, respecte en Marx l’auteur du Capital, l’analyste de la plus-value, du profit et de l’exploitation. Mais moi, qui fait profession d’étudier la politique française au xix^e siècle, je suis du nombre de ceux qui se trouvent en quelque sorte en concurrence directe avec les trois opuscules que le maître, en journaliste, plus qu’en philosophe, a consacré aux événements de ce temps. C’est sensiblement plus gênant ! Le malheur, en effet, est que Marx n’a analysé dans le xix^e siècle que les rares années (1848-1851, 1871) où l’histoire a paru donner raison à l’hypothèse de lutte des classes, et a négligé de s’expliquer sur les autres, où ladite lutte est moins évidente. Le malheur, d’autre part, est que toute une partie de la jeunesse cultivée de nos jours connaît les brochures de Marx mieux que les volumes de Lavisse, et croit néanmoins posséder par elles la clé de l’intelligence du xix^e siècle. Pour ceux qui, comme moi, ont pour métier de prolonger Lavisse, le voisinage est dur […] Karl Marx ayant raison, s’en écarter est réputé réactionnaire ». Maurice Agulhon, « Vu des coulisses » in Pierre Nora (dir.), Essai d’Ego-histoire, Paris, Gallimard, 1987, p. 44-45.

108 « La transformation de ‘descendants’ en ‘héritiers’ (et des ‘ancêtres’ en détenteurs originales des pouvoirs) est un élément essentiel du processus de spatialisation/déparentalisation. Les personnes, leur naissance, leur mariage, leur succession, sont fondamentalement soumis aux impératifs de préservation et de transmission du patrimoine, qui s’imposent aux personnes : pour reprendre une observation célèbre de Marx, ce n’est pas l’héritier qui hérite de la terre, c’est la terre qui en hérite – et en cela il est semblable au serf attaché à la glèbe ». Joseph Morsel, Christine Ducourtieux, L’Histoire (du Moyen Âge) est un sport de combat... Réflexions sur les finalités de l’Histoire du Moyen Âge destinées à une société dans laquelle même les étudiants d’Histoire s’interrogent, [en ligne], 2007 (p. 145-146).

109 Voir notamment sa thèse, Julien Demade, Ponction féodale et société rurale en Allemagne du sud (xi^e-xvi^e siècles). Essai sur la fonction des transactions monétaires dans les économies non capitalistes, Université Marc Bloch – Strasbourg II, 2004 : « Karl Marx ne s’est interessé au système féodal que comme à un point de comparaison lui permettant de préciser son analyse du système capitaliste, et n’a donc nullement cherché à en envisager la logique propre, toutes les différences entre les deux ont été interprétées par lui comme incapacités du système féodal à atteindre un fonctionnement aussi efficace que le système capitaliste (tendance renforcée par le caractère fortement téléologique de son système). En l’occurrence, la disjonction du procès du travail nécessaire d’avec le procès du surtravail était comprise comme incapacité d’assurer leur conjonction dans un seul et même procès, et non comme moyen idéologique permettant l’imposition du surtravail » (p. 118). « Si la rupture ayant permis à Karl Marx de formuler sa theorie du système capitaliste avait été, au rebours de l’économie classique, de ne pas considérer la circulation comme centrale, il semble donc qu’il faille, pour comprendre le systeme seigneurial, opérer une rupture inverse, et dénier aux rapports de production, ainsi que plus largement au mode de production, leur prééminence » (p. 357). « En pensant que ce qui était explicitement manifesté comme prélèvement par les rituels seigneuriaux correspondait aux rapports de production médiévaux, Karl Marx (et l’historiographie marxiste à sa suite) a oublié ce qu’il avait démontré pour le système capitaliste, c’est-à-dire que les rapports de production (« le secret le plus profond de tout l’édifice social » : Marx Karl, Le Capital, Éditions sociales, 1971, III-3, page 172), ou plus exactement ce que nous appelerions les rapports de ponction, sont nécessairement ailleurs que dans ce que le discours social désigne à l’attention » (p. 381).

110 « The importance of the English Marxist historians in their field – notably Rodney Hilton in the case of medieval history – far outweighed the impact of Marxism on Britain at large ». Chris Wickham, « Memories of Underdevelopment: What Has Marxism Done for Medieval History, and What Can It Still Do? » in Chris Wickham (ed.), Marxist history-writing for the Twenty-first century, Oxford, Oxford University Press, 2007, p. 32-48 (p. 37).

111 Jean-François Moufflet, « Mai 68 a-t-il eu un impact sur la médiévistique ? » in Agnès Callu (dir.), Le Mai 68 des historiens, Villeneuve d’Asq, Presses Universitaires du Septentrion, 2010, p. 241-254.

112 « But the retreat from an explicit Marxist debate is also, and this is more problematic, a retreat from thought-through theoretical approaches. I do not mean a retreat from model-building, which is there in most economic history and much social history, but the models thus presented now tend to be middle-range, or tactical, theories; people are for the most part much less committed to stating what their long-range, strategic presuppositions are, and, unless they do that, neither they nor anyone else will be able to interrogate thein properly. The ‘feudal revolution’ debate suffered from a fatal fuzziness precisely for that reason ». Chris Wickham, « Memories of Underdevelopment: What Has Marxism Done for Medieval History, and What Can It Still Do? », Chris Wickham (ed.), Marxist history-writing for the Twenty-first century, Oxford, Oxford University Press, 2007, p. 32-48 (p. 36).

113 « Un troisième usage, souvent d’inspiration marxiste, emploie indifféremment féodalité et féodalisme pour caractériser un régime social fondé sur l’appropriation du surproduit paysan par la classe aristocratique (laïque et ecclésiale) à travers le grand domaine puis la seigneurie ». Florian Mazel, « Féodalité » in Claude Gauvard, Jean-François Sirinelli (dir.), Dictionnaire de l’historien, Paris, PUF, 2015, p. 285-287 (p. 285).

114 « A la autonomía de los marxistas británicos se contrapuso, en Francia, una situación diferente. La reflejó Guy Bois (1978) cuando anunciaba que la unión entre marxismo y ‘Nouvelle Histoire’ era el gran acontecimiento historiográfico de fines del siglo xx. El diagnóstico remite a las condiciones en que surgieron los historiadores marxistas en Francia, hacia 1950, y a esa nueva historia que fascina a Bois […] La jerarquía se ordenaba: la escuela de los Annales iba a imponer las normas, a calificar o descalificar, a señalar el rumbo y la modalidad de trabajo. Esa supremacía era la aspiración a un predominio ecuménico, aunque la escuela se alimentaba por sí misma, y terminó ofreciendo un contenido notoriamente endógeno. Entre 1945 y 1975 sus temas están interconectados: demografía, migraciones, colonizaciones, polos de industrias, transformaciones agrarias, coyunturas, despegue económico, ritmos de crecimiento, condicionamientos geográficos. Eran las cuestiones del desarrollismo keynesiano, de un Tercer Mundo en descolonización y de los planes quinquenales del socialismo. Los historiadores delimitaban una región, y captaban el movimiento de la sociedad siguiendo precios o rentas. Los marxistas veían en esas series la oportunidad para deslizarse hacia las relaciones sociales, las clases y las ideas, hacia una historia ‘total’. Omitían la actividad política, confundiéndola con el relato de hechos, y en esto también se esmeraron por lograr una identificación con Annales. Otro aspecto estuvo en una erudición que seguimos admirando, y que permitió a un selecto grupo de marxistas obtener la ciudadanía universitaria. Nada de esto significa que el marxismo no haya reactuado en historiadores con otra formación o de la más pura raigambre de Annales, como Jacques Le Goff y Georges Duby entre los años sesenta y setenta […] La edición de la tesis de Bois, en 1976, marca una culminación y un final que coincidía con un punto de inflexión. De allí en más, someter al sindicalismo y borrar las huellas del mayo insurgente eran requisitos para que el mercado actuara sin incómodos estorbos. Algunos profesionales de la historia, bien entrenados para percibir la variabilidad atmosférica, anticiparon la readaptación ». Carlos Astarita, « La historia de la transición del feudalismo al capitalismo en el marxismo occidental », Anales de historia antigua, medieval y moderna, vol. 41, 2009 [en ligne].

115 « It is also important to recognize that it would not be all that controversial among non-Marxist historians; the controversies, as is often the case, occur on the edges, over questions concerning the beginning and the end of this picture, or else the degree to which the picture excludes other elements. This lack of controversiality is in itself a demonstration of what Marxism has contributed to the period: it has contributed the main economic elements of the big picture, the leading paradigm. In part, of course, this is because one does not really have to be very Left-wing to recognize the oppressive elements of feudal economies; this has been common ground since 1789 or so among liberal writers, and by now one has to search in the wilds of Peterhouse or the 1980s Ecole des chartes or the Pontifical Institute at Toronto to find people who think differently ». Chris Wickham, « Memories of Underdevelopment: What Has Marxism Done for Medieval History, and What Can It Still Do? », Chris Wickham (ed.), Marxist history-writing for the Twenty-first century, Oxford, Oxford University Press, 2007, p. 32-48 (p. 40).

116 « Exorciser non pas pour chasser les fantômes, mais cette fois pour leur faire droit, si cela revient à les faire revenir vivants, comme des revenants qui ne seraient plus des revenants, mais comme ces autres arrivants auxquels une mémoire ou une promesse hospitalière doit donner accueil – sans la certitude, jamais, qu’ils se présentent comme tels. Non pour leur faire droit en ce sens mais par souci de justice […] Pour veiller à l’avenir, il faudrait tout re-commencer. Mais en mémoire, cette fois, de cette impure ‘impure impure histoire de fantômes’ […] Peut-on s’adresser en général si quelque fantôme déjà ne revient pas ? Si du moins il aime la justice, le ‘savant’ de l’avenir, l’‘intellectuel’ de demain devrait l’apprendre, et de lui. Il devrait apprendre à vivre en apprenant non pas à faire la conversation avec le fantôme mais à s’entretenir avec lui, avec elle à lui laisser ou à lui rendre la parole, fût-ce en soi, en l’autre à l’autre en soi : ils sont toujours là, les spectres, même s’ils n’existent pas, même s’ils ne sont plus, même s’ils ne sont pas encore ». Jacques Derrida, Spectres de Marx. L’État de la dette, le travail du deuil et la nouvelle Internationale, Paris, Galilée, 1993, p. 278-279.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Blaise Dufal, « Spectres marxistes du féodalisme : le passé d’une interprétation ? - 3^ème partie », L’Atelier du Centre de recherches historiques [En ligne], 27 | 2023, mis en ligne le 19 mars 2023, consulté le 04 octobre 2024. URL : http://journals.openedition.org/acrh/28284 ; DOI : https://doi.org/10.4000/acrh.28284

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