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Voyages, pèlerinages

Les « saints voyages » du Père Beurrier, entre mission et pèlerinage

Isabelle Brian

Résumés

La bibliothèque Sainte-Geneviève conserve les mémoires du P. Paul Beurrier, chanoine régulier qui connut une longue carrière. Membre actif de la réforme au sein de son ordre, de la Réforme catholique et de la Contre-Réforme, il fut amené par ses fonctions à se déplacer fréquemment. En comparaison avec certains de ses contemporains, ce n’est pourtant ni un grand voyageur, ni véritablement un pèlerin. L’intérêt de ses écrits réside surtout dans le regard rétrospectif qu’il porte sur ses voyages. Ses mémoires nous renseignent sur l’ampleur, la fréquence et les conditions matérielles de ses déplacements qu’il effectue le plus souvent à cheval. Dans une forme de dramatisation, il relate aussi les dangers de la route et des étapes. Mais voyager est avant tout avant tout pour lui l’occasion de faire l’expérience de la protection divine à travers un monde empli de signes, transformant le récit en une forme d’action de grâce.

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Texte intégral

  • 1 L’ouvrage de Daniel Roche, Humeurs vagabondes. De la circulation des hommes et de l’utilité des voy (...)
  • 2 Daniel-Odon Hurel, « Les mauristes et le voyage savant aux xviie et xviiie siècles », Viatica, Cler (...)
  • 3 Pour une analyse précise de la réforme des chanoines réguliers, voir Joseph Bergin, Cardinal De La  (...)
  • 4 Pour juger de l’importance des publications génovéfaines, se rapporter à Nicolas Petit, Bibliograph (...)

1Depuis plusieurs années déjà, nul ne défend plus l’idée que l’époque moderne ait été un monde immobile1. Même si les connections à l’échelle globale restent le fait d’une étroite minorité, même si l’aventure atlantique ou les routes de l’Orient restent inconnues à la plupart des Européens, qu’ils soient ruraux ou citadins, les hommes et femmes du passé ont aussi succombé aux humeurs vagabondes. Même les hommes d’Église, et parmi eux ceux du cloître à qui la Réforme catholique a rappelé l’impérieuse nécessité de la clôture, empruntent des chemins, parfois incertains, pour se rendre d’un monastère à un autre. Daniel-Odon Hurel a récemment rappelé le rôle central de ces pérégrinations pour la collecte d’un savoir antiquaire dans le cadre de la congrégation bénédictine de Saint-Maur2. Ces voyages savants sont d’autant mieux connus qu’ils ont fait l’objet de comptes rendus manuscrits, parfois de publications. Il n’en est pas de même des récits de voyages effectués par les chanoines de la congrégation de France, plus souvent désignés, d’après l’abbaye chef d’ordre de Sainte-Geneviève, par le terme de génovéfains. Pourtant la structure même de la congrégation, réformée à partir des années 1620 sous l’égide du cardinal de La Rochefoucauld et du Père Charles Faure, implique des déplacements constants car la nouvelle entité remplace les congrégations régionales préexistantes3. Dès lors les chanoines sont appelés à se déplacer lorsqu’il s’agit de rallier de nouveaux monastères à la réforme, d’obtenir l’aval de Rome, ou encore lors des tournées de visites régulières destinées à contrôler la régularité de la vie canoniale des abbayes ou des prieurés. Les récits souvent fragmentaires de leurs voyages n’ont en leur temps jamais fait l’objet de publications, même si les génovéfains sont très largement des hommes du livre4.

  • 5 Voir la notice consacrée à Paul Beurrier dans Nicolas Petit, Prosopographie génovéfaine. Répertoire (...)
  • 6 Bibliothèque Sainte-Geneviève [désormais BSG], ms 1885-1888.
  • 7 Ernest Jovy, Pascal inédit, t. III, Les Contemporains de Pascal et leurs sentiments religieux, Vitr (...)
  • 8 Jeanne Ferté, Saint-Étienne du Mont à la mi-xviie siècle : mémoires d’un curé génovéfain/Paul Beurr (...)

2Parmi les figures les plus notables de la congrégation, Paul Beurrier (1608-1696) se distingue à la fois par sa carrière exemplaire et par le volume et la qualité de ses écrits5. S’il est auteur de sermons et de pièces de circonstances publiées, il a aussi laissé une autobiographie, constituée principalement de deux volumes manuscrits conservés à la Bibliothèque Sainte-Geneviève, auxquels on peut ajouter deux volumes qui comprennent des notes sur des événements et des ouvrages divers6. L’ensemble correspond au modèle des Confessions de saint Augustin. Beurrier s‘y dévoile, avoue ses faiblesses mais ne cesse aussi de se justifier, parfois maladroitement. Ce texte exceptionnel est connu depuis longtemps. Il s’agit de toute évidence, au moins pour le premier volume, d’une copie, probablement destinée à circuler à l’intérieur de l’ordre, voire à être publiée sous forme imprimée. Ce ne fut cependant le cas qu’au début du xxe siècle avec une publication partielle par Ernest Jovy7. La partie du manuscrit consacrée aux années pendant lesquelles Beurrier a été curé de Saint-Étienne du Mont a aussi fait l’objet d’une édition critique par Jeanne Ferté dans les années 1960 dans le cadre de sa thèse complémentaire8. Cette dernière a relevé d’assez nombreuses erreurs factuelles et une tendance du P. Beurrier à se donner systématiquement le beau rôle. Ce long récit, mémoire de l’enfance, puis rappel des grands événements ayant marqué sa vie d’adulte et de chanoine, permet de le suivre dans ses tribulations et pérégrinations. Ses premiers déplacements ont pour finalité de gagner à la réforme des établissements de chanoines réguliers en obtenant des religieux qu’ils acceptent de rallier la congrégation de France à laquelle il appartient. À d’autres moments, c’est en tant que visiteur ou assistant, on pourrait presque dire « inspecteur » qu’il se rend dans des monastères qu’il connaît déjà mais dont il a la charge de vérifier la régularité. Pourtant, si le Père Beurrier est une sorte de commis voyageur de la réforme, c’est aussi, à bien des égards, un pèlerin, tant le déplacement, le voyage, est pour lui à la fois épreuve pour le corps, moyen d’élever l’âme, et aussi occasion d’éprouver la « singulière protection » divine dont il ne doute pas d’être l’objet. Grâce à ce témoignage il est possible de retracer la mobilité d’un chanoine presqu’ordinaire, de relever les conditions matérielles du voyage, les épreuves dont il est jalonné et la lecture spirituelle qu’en fait l’auteur car même si Paul Beurrier n’est pas Gilles Caillotin, ses récits permettent de rendre compte d’une expérience du voyage qui n’est pas si éloignée de celle du pèlerinage en tant qu’épreuve du corps et de l’âme. Il s’agira donc de discerner, au-delà de bribes de récits de voyages aux finalités diverses, le sens commun qui les relie aux yeux du chanoine.

Le temps et l’espace du voyage

Les voyages d’une vie

  • 9 Sur le rattachement des maisons de la congrégation du Val-des-Écoliers à la congrégation de France, (...)

3Le premier voyage du P. Beurrier est étroitement lié à sa vocation religieuse, puisqu’en 1625 il quitte Chartres où il est né et où il a vécu jusqu’à seize ans pour aller effectuer son noviciat à Sainte-Geneviève de Paris. Le récit constitue la matière du chapitre 5 du premier volume : « De mon voiage à Paris pour prendre le saint habit de religion ». Il se déroule en plein hiver, le jeune-homme voyage à cheval, avec un religieux plus âgé. Son existence se déroule ensuite dans la capitale. Une dizaine d’années plus tard, il effectue un second voyage à Amiens et à Eu, entre Picardie et Normandie. Le but est de visiter les maisons de chanoines qui ont récemment rallié la congrégation. Alors qu’il n’a pas trente ans, Paul Beurrier voit la mer pour la première fois et en livre une évocation, plus qu’une description, émerveillée, sous forme d’un hymne à l’océan intitulé « Digression morale sur les merveilles de Dieu que j’ay veu durant mes visites sur les costes maritimes, que je consacre à sa divine Majesté comme un divin cantique à sa louange ». Ce premier long voyage est suivi d’une période de relative sédentarité pendant laquelle Beurrier est successivement prieur de Nanterre (de 1634 – en fait 1637 – à 1653), puis curé de Saint-Étienne du Mont à partir de 1653. Bien qu’il soit à la tête de cette cure, il effectue dès 1661 une visite des abbayes belges, puis y retourne en 1663 et 16809. Entre ces voyages à longue distance, Beurrier effectue des déplacements plus courts : par exemple, il se rend en 1676 à l’abbaye de Notre-Dame de la Celle en Poitou en passant par Thouars, en 1679 à Angers et Blois. Il est depuis 1675 abbé de Sainte-Geneviève et supérieur général. N’ayant pas été réélu à cette charge en 1681, il devient premier assistant puis visiteur de la province de France, ce qui lui donne l’occasion de repartir sur les routes. En 1682, il visite à nouveau les abbayes belges, en 1686, il se rend à Chartres et Beaugency. En 1687, il essuie une tempête près de Chartres, alors qu’il est à cheval, pour « faire mes visites dans nos maisons de Beausse, d’Orléans et de Gatinois ». C’est le dernier voyage mentionné dans sa biographie, il a alors 79 ans, le récit s’interrompt peu après, il ne semble plus guère quitter l’abbaye parisienne de Sainte-Geneviève jusqu’à son décès en 1696.

Un chanoine à cheval

  • 10 Archives départementales de la Somme, 22H37, registre non folioté, « Résolutions du chapitre généra (...)
  • 11 BSG, ms 1886, chap. 34, fol. 229r.
  • 12 BSG, ms 1886, chap. 35, fol. 315v.

4Tous ces déplacements ou presque s’effectuent à cheval, ce qui n’est pas exceptionnel pour ces religieux revêtus d’une fonction d’autorité dans une congrégation à l’échelle nationale. Dans le registre des visites de l’abbaye Saint-Acheul d’Amiens, les Résolutions du chapitre général de 1678 ont été soigneusement recopiées. Elles concernent l’habit des chanoines, celui qu’ils doivent revêtir dans le monastère et en ville, mais aussi « l’habit de campagne à cheval » qui consiste en un manteau court de drap noir à collet carré, chapeau, camail et bottes ; mais l’allure doit rester celle d’un homme d’Église et il est prévu qu’« on ne portera point de cullotte ny ce qu’on appelle demy pantalon de toille ou de chamois10 ». Les étapes à cheval peuvent être particulièrement longues. Lors de son voyage de 1661 en Flandre, après avoir été reçu à l’abbaye de Géronsart près de Namur, Paul Beurrier se rend à Huy où il passe la nuit et d’où il repart tôt le matin car, pour rejoindre Liège, « l’on compte dix heures de chemin, ou selon nostre manière de compter douze bonnes lieües. Nous y arrivasmes a six heures du soir11 ». De telles étapes nécessitent une bonne monture. En homme prévoyant, il signale qu’il s’est procuré des chevaux adéquats avant son départ : « J’avois achepté deux forts bons chevaux par un marchant de ma paroisse, qui ne m’avoient cousté que quarante escus piece et valloient asseurement quarante pistolles les deux, mais il ne voulut rien gagner sur moy, parce qu’il etoit mon intime amy, et que je confessois toute sa famille, il se nommoit M[onsieu]r de la Brune, à mon retour j’en fis present à notre père procureur general12 ». La mention de la fonction de confesseur exercée auprès de cette famille par le chanoine pour justifier le prix modique ne laisse pas d’interroger : s’agit-il d’une marque de respect envers le dispensateur du sacrement ou d’un moyen de s’attirer ses bonnes grâces ? Rien ne permet de trancher véritablement.

  • 13 BSG, ms 1886, chap. 33, fol. 296, r. et v.

5Les seuls moments où Beurrier descend de sa monture sont quand il est plus facile et plus sûr de continuer le chemin par voie d’eau, ce qu’il fait lors de ce voyage de 1661 au cours duquel « l’on nous donna un fort bon advis de nous mettre sur l’eau avec nos chevaux pour aller à Namur et de là à Geronsart, qui est une des maisons du Val, à cause qu’il y avoit tres grand peril dans la forest de Namur par où il nous auroit fallu passer par terre ». Une fois arrivés, « nous fismes arrester la barque devant le chemin qui conduisoit a notre maison de Geronsard pour le suivre comme nous fismes ayant remonté sur nos chevaux13 ». Il lui arrive aussi parfois de rouler carrosse, soit parce que le groupe des chanoines est trop nombreux, soit à l’invitation de ses hôtes. En 1663, alors qu’il accompagne le supérieur général et d’autres génovéfains pour entériner l’accord scellé avec les maisons de la congrégation du Val des Écoliers, il rapporte qu’ils font halte à l’abbaye de Prémontré où ils sont forts bien reçus, mais cette halte est brève et les chanoines repartent assez vite :

  • 14 BSG, ms 1886, chap. 37, fol. 329-330r.

« Nous fismes seulement la collation, et prismes le chemin de Mons, et fusmes surpris, quand au milieu du chemin de Valentiennes a Mons, nous eusmes a la rencontre monsieur l’Abbé de Mons avec plusieurs de ses amis en carosse, et touts les gardes a cheval de mr le duc d’Arscot, et d’Aremberg grand bailly, et gouverneur du hainaux, qui avoit aussy envoié au R[évérendissi]me un de ses plus beaux carosses pour ly faire monter a cette rencontre. Les uns et les autres ayant mis pied a terre apres les complimens reciproques, le Rme, mr l’Abbé de mons, le père L’Allement et moy montasmes dans le caroce de son excellence, et accompagné de plusieurs autres prelats et des principaux seigneurs de cet estat, qui l’etoient venu ioindre sur le chemin, il entra dans la ville parmy les applaudissemens du peuple averty de son arrivee14. »

Compagnons de voyage

6Un tel cérémonial demeure cependant exceptionnel et s’explique par la solennité du voyage. Beaucoup plus fréquemment, le voyageur n’est accompagné que d’un autre chanoine et, exceptionnellement d’un domestique. C’est le cas lors du premier voyage de Flandre, la présence du domestique donné à Beurrier se justifie par le rôle d’interprète, mais aussi de garde du corps que ce dernier peut remplir auprès de Beurrier et du compagnon de voyage de ce dernier :

  • 15 BSG, ms 1886, chap. 33, fol. 294r.

« Je partis dès le lendemain à cheval avec un de nos domestiques nommé Palentru, qui est son nom de guerre y ayant autrefois eté en qualité d’officier avec honneur, il etoit de la ville de Polentruy [Porrentruy] en Alsace, et scavoit la langue allemande, c’est pour cela que je le pris, et le fis bien equiper avec des pistolets et un mousqueton a cause du grand peril de notre voiage au defilé des deux armées, et devant passer par les bois des ardennes ; je donné ordre par lettres au pere Lambert Robionnois procureur du grand val, et natif de ces païs, ou nous devions aller, qui m’avoit eté donné pour compagnon de me venir ioindre à Reims, ou nous arrivasmes en trois jours15.

7Deux ans plus tard, le même domestique est à nouveau du voyage. Alors que Beurrier et les autres chanoines partent de Paris en carrosse, le procureur général de l’ordre « voulut aller à cheval avec Palantru, qui portoir la valize ». Même s’il est mentionné ici uniquement comme porteur, il est cependant probable que sa présence ait été rassurante aux yeux du groupe des religieux, tant l’insécurité des chemins est un thème récurrent sous la plume de Paul Beurrier.

Les épreuves du voyage

L’insécurité

  • 16 BSG, ms 1885, fol. 304v.

8Voyager est en effet une entreprise qui n’est pas sans risques, le plus important étant celui des mauvaises rencontres. Beurrier en a fait l’expérience alors qu’il était prieur à Nanterre : « Deux voleurs qui m’avoient attaqué et démonté en m’en retournant de Paris à Nanterre, furent pris et arrestez trois mois après dans Paris. Je n’avois pas voulu les mettre en justice pour un cheval, ni me joindre à Monsieur de Saucourt, qu’ils avoient attaqué pour le voler, mais qui s’estoit bien defendu16 ». Si cette délinquance familière est finalement bien supportée par Beurrier, il n’en est pas de même des dangers encourus aux Pays-Bas, d’une part parce que le chanoine est alors loin de son univers familier, dans un pays dont il ne connaît pas la langue, mais aussi parce que les menaces proviennent essentiellement de soldats démobilisés. En effet le voyage de 1661 a lieu au lendemain de la paix des Pyrénées (1659) qui a mis fin à trente ans d’affrontements entre la France et l’Espagne, essentiellement de part et d’autre de la frontière nord du royaume. On a vu que Beurrier avait choisi un domestique ancien soldat qu’il a armé et qui est capable de comprendre la langue du pays. La suite du voyage lui montre qu’il a eu raison de se montrer précautionneux :

  • 17 BSG, ms 1886, chap. 35, fol. 315v.

« Nous ne fusmes que 4 semaines dans notre voyage qui fut assez rude pour les mauvais chemins, que nous trouvasmes à cause des pluyes fréquentes ; et assez dangereux, parce que les soldats des deux armées nouvellement congediez, remplissoient les chemins, assemblez par douzaine, demandant l’aumosne, et ne faisant pas beaucoup de scrupule d’attendre dans les bois par ou nous devions passer nécessairement, ceux qui ne seroient pas sur leur deffence pour les voler. Neantmoins dieu nous préserva des mauvais accidens ; il est vray que j’avois tousjours plusieurs pièces de monoie du pais que je leur jettois en les prévenant, et notre homme bien armé, qui marchoit devant nous, pouvoit leur faire peur, parce qu’ils estoient fort mal vestus, et fort mal armez17 ».

  • 18 Givet est situé sur la Meuse, dans les Ardennes.

9Quelque temps auparavant, quelques espèces sonnantes et trébuchantes lui avaient déjà permis d’échapper aux tracasseries des soldats d’une garnison : alors qu’ils venaient de franchir la ville de Charleville-Mézières, ils arrivèrent à Givet18, « où l’on nous voulut arrester parce que cette ville estoit de la dependance d’Espagne, mais moiennant quelque argent que je donné aux soldats nous pasames outre ».

Les intempéries

10Les dangers du chemin sont aussi liés aux intempéries, même si la plupart des déplacements du Père Beurrier ont lieu au printemps afin d’éviter et le trop grand froid et les trop grandes chaleurs. Ce n’est pas le cas du tout premier voyage, celui du jeune postulant de Chartres à Paris, le 2 mars 1625. Les rigueurs de l’hiver et les conditions difficiles du chemin ont frappé le futur chanoine à tel point qu’il insiste sur ces circonstances quelque trente ans plus tard :

  • 19 BSG, m 1885, fol. 94r.

« Nous partimes donc de Chartres le Père Remy et moy, avec le R. P. Faure pour Paris à cheval ; et comme je ne pouvois pas bien encore me tenir seul à cheval, je montay en croupe derriere le Pere Remy, qui venoit aussi pour prendre la Reforme à Ste Geneviève. Il faisoit pour lors très froid, il neigeoit, et la terre estoit toute couverte de neige. Il nous arriva un malheur qui est, que comme l’abondance de neige avoit rempli les fosses qu’on ne discernoit pas, nostre cheval tomba dans une grande fosse pleine de neige, et le Père Remy pareillement. Mais Monseigneur, vous aviez asseurement donné ordre à nos bons Anges de nous soutenir doucement, car nous ne receume l’un et l’autre aucune incommodité de cette cheute.19 »

11Bien des années plus tard, lors de l’un des derniers voyages entrepris par le chanoine, il doit à nouveau affronter les intempéries, cette fois un orage d’une rare violence :

  • 20 BSG, ms 1887, fol. 80r et v.

« Cette année (1687) le 3e juin estant en chemin pour y faire mes visites dans nos maisons de Beausse, d’Orleans et de Gatinois à une lieue et demye de Chartres, nous fusmes attaqué d’une horrible tempeste, et de tonnerres si effroyables, qu’ils fesoient trembler la terre dessous les pieds de nos chevaux qu’ils ne vouloient plus avancer, il arriva en méme temps qu’il tomba une greille si grosse, et si dure que les grains tombant a terre avec une violence extreme rebondissoient plus d’un pied de haut, elle fut ensuitte meslé d’une pluye, qui la faisoit fondre, et qui inonda toute la campagne, qui ruina tous les bleds, et toutes les vignes, et les autres biens de la terre cette année dans tous ces pays-là, ce qui nous obligea de faire tourner nos chevaux de l’autre costé de la tempeste, où nous demeurasmes près d’un quart d’heure, baissant la teste et les epaules en attendant l’issue du mauvais temps […] et apres avoir resté dans cet estat prés d’un gros quart d’heure, scachant qu’à un quart de lieu où nous estions il falloit passer un torrent d’eau, qui ne seroit plus geable à cause de cette inondation, je pressé nos compagnons de faire diligence et d’avancer nos chevaux à coups d’eperons que nous n’eusmmes pas plustost fait que le tonnere tomba auprès de nous avec un carreau ambrasé, et Dieu nous fit la grace de nous preserver de l’eau et du feu parce que nous passames encore ce torrent a gay, nous arrivasmes à St Cheron dans nostre maison estant tout trempé jusqu’à la chemise, le tonnere tomba en mesme temps en divers endroits sur plusieurs personnes. Il y eut des chevaux noyés et d’autres assomés par la greille20 ».

Les incertitudes de la halte

12Les haltes prévues au cours du voyage ne sont enfin pas toujours synonymes d’arrivée à bon port. Outre l’inconfort ou le prix prohibitif exigé des aubergistes quand il n’est pas possible de rejoindre une maison de la congrégation, c’est aussi la nécessité de se plier aux us et coutumes du pays que l’on traverse qui participent, du moins dans l’esprit de Beurrier, des fatigues du voyage.

13À la sortie de la ville de Huy, dans la principauté de Liège, le voyageur se montre particulièrement ulcéré par les exigences d’une hôtesse qui lui a pourtant été recommandée :

  • 21 BSG, ms 1886, chap. 33, fol. 295r. et v.

« L’on nous conseilla d’aller loger au soleil d’Or, hors la ville du costé de Namur chez une bonne veuve devotte des Reverends pères Jesuistes, à ce qu’on nous dit ; sa devotion pourtant etoit mal reglée parce qu’elle vouloit nous faire payer trois pistolles d’or pour nostre coucher après un traittement ordinaire, et très frugal, mais comme je voulus envoier faire des pleintes au bourgmaistre, elle se contenta de la moitié, et encor c’estoit trop21 ».

  • 22 Saint-Trond se situe dans la province de Limbourg, en territoire néerlandophone.
  • 23 BSG, ms 1886, chap. 35, fol. 309r.

Même lorsque lui et ses compagnons sont bien reçus, les usages du lieu heurtent parfois le Chartrain qui tolère difficilement l’usage de la bière. Dans la ville de Saint-Trond22, après avoir visité l’abbaye bénédictine de la ville, il se rend à l’hôtellerie où « ayant gousté d’une sorte de bierre qui avoit le goust, la couleur, et la force du vin d’Espagne, je cessé mon admiration 23». À ses yeux, tous ceux qui sortent des estaminets où ils viennent d’en boire sont en proie à l’ivresse. Et l’on devine sa gêne lorsqu’on lui sert de la bière à l’abbaye du Val des Écoliers à Liège :

  • 24 Id., chap. 34, fol. 300 r.

« Il fallut nous conformer à la mode du païs selon la prudence, aussi il me souvenois de saint Paul qui se faisoit tout à tous pour gagner tout le monde à Jésus Christ, et de saint Charles Borromée qui voulut vivre et boire a la mode des Suisses pour les convertir. Il fallut donc commencer à boire de la bierre et puis du vin en mangeant un petit morceau de pain, qui estoit des meilleurs de toute la ville en attendant le souper.24 »

14Il ne s’agit là cependant que de désagréments, mais il arrive que ceux-ci se transforment en accidents et que Paul Beurrier craigne pour sa vie. Le voyage devient alors à ses yeux l’occasion d’éprouver la bonté et la grandeur divines, et acquiert une dimension spirituelle qui l’apparente au pèlerinage.

Le voyage comme épreuve et preuve de Dieu

Les chemins du sacré

15Lorsque ses pérégrinations ont pour but le rattachement d’une nouvelle maison à la congrégation, Beurrier se montre particulièrement attentif aux questions matérielles : état des constructions, estimation du revenu. Mais pour lui abbayes et prieurés ne se réduisent pas à cette seule dimension : il signale également la présence de reliques ou d’images miraculeuses, en évaluant en quelque sorte le capital sacral. C’est le cas notamment à l’abbaye du Val des Escoliers de Liège où

  • 25 Id., chap. 34, fol. 305v.

« il y a sur le grand autel à la contre table qui est de meme ordre et matiere que le jubé, une image de la sainte vierge, qui a fait et continue à faire des miracles, de sorte que tous les lundis de l’année il y a grande affluence de peuple25 ».

Il se montre aussi attentif à Saint-Acheul d’Amiens qui apparaît comme un réservoir de reliques :

  • 26 BSG, ms 1887, chap. 12, fol. 62r.

« L’eglise est le pelerinage de toute la ville, soit à cause de la quantité de martyrs qui ont arrousez cette terre de leur sang, dont elle a mesme porté le nom, soit à raison du tombeau de st Firmin, qui est sur le grand autel : La figure de ce saint, qui s’y voit est revestue des ornements pontificaux avec la crosse qu’on croit avoir plus de mil ans, est considerable [… ] on decouvre assez souvent a l’entour de cette eglise de St Achoeul, et de la maison, des tombeaux des anciens chrestiens26 ».

  • 27 Isabelle Brian, « Paul Beurrier et les reliques à Saint-Étienne du Mont », in Stéphane Baciocchi et (...)
  • 28 L’expérience de Paul Beurrier s’inscrit ainsi dans l’expérience du pèlerinage ; cf. Dominique Julia(...)

Cette attention à la présence des reliques n’est pas exceptionnelle dans les mémoires du chanoine qui se montre, tout au long de son existence, soucieux de la conservation et de la vénération des corps saints dans le cadre de la famille, de la congrégation ou de la paroisse dont il a la charge. Prieur-curé de Saint-Étienne du Mont, il n’a pas hésité à faire venir de Rome un corps entier tiré des catacombes et baptisé saint Épiphane. Il en relate la réception et l’examen, puis la translation et l’installation dans l’église, accompagnée de la constitution d’une confrérie et du récit des miracles qui lui sont attribués27. Les voyages du P. Beurrier, même lorsqu’ils sont commandés par des impératifs administratifs comme à Saint-Acheul se doublent ainsi d’un pèlerinage aux saints28.

Les voies de la providence

  • 29 Charles Faure (1594-1615), artisan des débuts de la réforme à l’abbaye Saint-Vincent de Senlis, fut (...)

16Le voyage est aussi, peut- être surtout, aux yeux de Beurrier l’occasion de faire l’expérience de la providence. Les dangers écartés, les obstacles surmontés sont autant de preuves à ses yeux de la particulière protection dont il bénéficie, aussi tout voyage achevé est-il célébré par une action de grâce. La première chevauchée, de Chartres à Paris, dans la neige et le froid revêt un caractère quasi initiatique. Le chanoine Rémy étant un trop mauvais cavalier, Charles Faure, père spirituel de la congrégation réformée, préfère le faire monter à cheval avec lui29. Rappeler cet épisode est aussi pour Beurrier l’occasion de signifier une filiation spirituelle qui renforce et légitime la place du chanoine parmi ses confrères.

17Le dernier, ou l’un des tous derniers voyages de Beurrier est à l’origine de trois mésaventures. La première est à vrai dire assez cocasse : alors qu’il est de passage à l’abbaye de Beaugency, le chanoine, pris d’une envie pressante en pleine nuit, se hasarde dehors parmi les pierres qui servent aux travaux de réfection de l’église mais il tombe dans un trou rempli de chaux que des ouvriers ont préparée. Il parvient néanmoins à s’en extraire, mais doit dépêcher son compagnon avec qui il partage une cellule pour aller quérir des habits propres. Alors que tout le monde dort, il doit attendre longtemps, nu dans son lit, bénissant cependant la providence qui lui a permis de se tirer de ce mauvais pas. La tempête essuyée près de Chartres a déjà été mentionnée. Un dernier épisode voit Paul Beurrier manquer d’être écrasé sous son cheval ; là encore, sa survie ne peut s’expliquer à ses yeux que par une intervention divine :

  • 30 BSG, ms 1887, fol. 75v.

« Le second accident, qui m’arriva dans le mesme voyage, c’est qu’en revenant à Chartres, pour y faire mes visittes mon compagnon et le garçon qui me devoit suivre ou m’accompagner estant bien devant moy, mon cheval s’abbatit sur moy en s’entrelassant les deux jambes de devant l’un dans l’autre, je me trouvé fort embarassé, ne pouvant me retirer de dessous le cheval, et je fus fort longtemps en cet estat, tachant tousjours de me debarasser, mas je ne pouvois, neantmoins Dieu voulut que remuant la bride du cheval, que je teniois encore pour tacher de le remettre sur ses jambes, ce qu’il fit, de sorte que en se relevant, je demeuré tousjours sur le cheval30 ».

Que la « particulière protection », dont Beurrier ne doute pas de bénéficier, se manifeste à l’occasion d’une chute de cheval n’est certainement pas anodin pour celui qui, ainsi qu’il le fait remarquer à d’autres moments de ses mémoires, porte le nom de Paul.

18Mais si le voyage est une expérience sans cesse renouvelée de la protection divine, il est aussi pour Beurrier, lorsqu’il s’aventure sur les rivages maritimes, l’occasion d’une contemplation et d’une méditation qui nourrissent la prière. Le texte du chanoine est éloquent et mérite d’être cité un peu longuement. L’épisode se situe à la fin des années 1630 :

  • 31 BSG, ms 1885, fol. 212r et v.

« Nous fusmes au Treport voir la mer, où j’admiray ce grand ouvrage de Dieu, qui nous y fait paroistre toutes ses divines perfections, particulierement son Immensité, sa sagesse, sa providence, sa toute puissance, sa bonté, sa fecondité, etc. Ce fut la premiere fois que je vis la mer, dont je fus si ravi de considerer ce beau tableau visible des grandeurs de Dieu, que je ne pouvois me rassasier de les contempler comme un des beaux ouvrages de la divine Majesté ; et durant vint ans et plus, que j’ay esté depuis ce temps-là visiteur des maisons que nous avons sur les costes de l’ocean normanique et britannique, une de mes plus grande satisfactions estoit de considerer cet admirable element31 ».

  • 32 Pour une analyse de ce passage des mémoires, Isabelle Brian, « Le Ciel dans la mer : quand les pois (...)

19Ce dernier aveu est d’autant plus révélateur que Beurrier affirme plus loin ne jamais s‘attarder en chemin, et ne jamais s’écarter de sa route, mais toujours filer droit au but. Le spectacle des étendues maritimes serait donc le seul motif qui le pousserait à faire des écarts. La mer est en effet à ses yeux une sorte d’apologie naturelle, un reflet de l’immensité divine puisqu’on n’en aperçoit pas tous les rivages. Mais elle est aussi un reflet de la pureté des cieux : les poissons y naissent des coquillages et Beurrier, persuadé d’avoir observé un embryon de dauphin dans une coquille Saint-Jacques, de s’émerveiller de la « virginale fécondité des eaux ». C’est aussi un réservoir d’abondance : toute pêche est à ses yeux miraculeuse, et, bien sûr, la mer est un instrument de la providence : alors qu’il s’avance dans l’océan pour y faire baigner les pattes de son cheval fourbu, Paul Beurrier est submergé par une vague, mais celle-ci se retire sans l’emporter32.

  • 33 Ce verset est d’abord cité en latin : « Egredere de terra tua, et de cognatione tua, et de domo pat (...)

20Les voyages ne sont qu’une petite partie des Mémoires de Paul Beurrier, mais ils occupent une place bien plus importante que ne le laisserait penser la simple prise en compte du nombre des pages qui leur sont explicitement dédiées. Ils sont pour lui à la fois une expérience concrète et une métaphore de son existence terrestre, puisque le premier voyage évoqué prélude à son entrée en religion et a une valeur initiatique tout en étant annonciateur des voyages à venir. Le chapitre qui lui est consacré s’ouvre d’ailleurs sur cette citation de la Genèse : : « Sors de ton païs, de la maison paternelle et de toute ta parenté, et viens dans une terre nouvelle que je te montreray 33». En ce sens les voyages du P. Beurrier sont autant de pèlerinages.

21Il faudrait aussi ajouter les voyages rêvés, désirés et jamais réalisés. Le quatrième volume des mémoires de Beurrier comporte des extraits des voyages de Jean-Baptiste Tavernier en Turquie et en Perse. Surtout, évoquant l’un de ses confrères voué aux missions, il ajoute :

« volontiers j’aurois quitté la cure de st Estienne pour aller porter le flambeau de l’evangile dans les Indes et a la Chyne sy mes superieurs m’eussent donné la mission pour cela et en ayant faict la proposition au Rme pere Blanchard abbé de saincte geneviesve general, et aussy au R. P. Boulard son premier assistant, et prieur de ste Geneviesve, ils donnerent tres volontiers leur consentement ».

  • 34 BSG, ms 1886, fol. 140. Cette remarque est insérée dans un chapitre intitulé « de trois missions qu (...)
  • 35 Titre du dernier chapitre de Dominique Julia, Le Voyage aux saints…, op. cit.

22Mais pour Paul Beurrier comme pour bien d’autres, il fallut se contenter d’Indes moins lointaines et plus familières. Une note marginale précise : « à cette mission de Vanves, mais non pas à celle de la Chine.34 » Ainsi entre voyage rêvé et réel, relaté ou fantasmé, les pérégrinations du P. Beurrier furent l’occasion de l’épreuve de soi, de l’autre et du divin. Et si le récit de ses déplacements n’occupe finalement que peu de pages dans l’ensemble de ses mémoires, leur mention récurrente et les digressions, réflexions, méditations auxquelles il donne lieu, témoigne d’un constant « grand désir du saint voyage35 ».

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Notes

1 L’ouvrage de Daniel Roche, Humeurs vagabondes. De la circulation des hommes et de l’utilité des voyages, Paris, Fayard, 2003, a rappelé les diverses formes de mobilité et les motivations variées qui poussent les individus à se déplacer et à conserver et publier le récit de leurs voyages.

2 Daniel-Odon Hurel, « Les mauristes et le voyage savant aux xviie et xviiie siècles », Viatica, Clermont-Ferrand, POLEN, 2023, 10 [https://revues-msh.uca.fr viatica].

3 Pour une analyse précise de la réforme des chanoines réguliers, voir Joseph Bergin, Cardinal De La Rochefoucauld: Leadership and Reform in the French Church, New-Haven - Londres, Yale University Press, 1987 ; Isabelle Brian, Messieurs de Sainte-Geneviève. Religieux et curés, de la Contre-Réforme à la Révolution, Paris, Cerf, 2001.

4 Pour juger de l’importance des publications génovéfaines, se rapporter à Nicolas Petit, Bibliographie génovéfaine. Ouvrages publiés par les chanoines réguliers de saint Augustin de la Congrégation de France (1624-1800), Paris, École nationale des Chartes, 2017.

5 Voir la notice consacrée à Paul Beurrier dans Nicolas Petit, Prosopographie génovéfaine. Répertoire biographique des chanoines réguliers de saint Augustin de la Congrégation de France (1624-1789), Paris, École nationale des Chartes, 2008, p. 58, n°455. Prieur-curé de Nanterre de 1634 à 1653, il fut curé de Saint-Étienne du Mont de 1653 à 1675, abbé de Sainte-Geneviève et supérieur général de la Congrégation de 1675 à 1681, premier assistant de 1681 à 1684, enfin prieur de Sainte-Geneviève et visiteur de la province de France de 1684 à 1688. Il est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages d’importance variable, parmi lesquels on retiendra principalement un recueil d’homélies.

6 Bibliothèque Sainte-Geneviève [désormais BSG], ms 1885-1888.

7 Ernest Jovy, Pascal inédit, t. III, Les Contemporains de Pascal et leurs sentiments religieux, Vitry-le-François, É. Jovy, 1910.

8 Jeanne Ferté, Saint-Étienne du Mont à la mi-xviie siècle : mémoires d’un curé génovéfain/Paul Beurrier, étude critique de texte, 1964. Cette étude en deux volumes dactylographiés est consultable à la réserve de la Bibliothèque de la Sorbonne.

9 Sur le rattachement des maisons de la congrégation du Val-des-Écoliers à la congrégation de France, voir Françoise Mottard, Contribution à l’histoire de l’abbaye du Val des Écoliers de Liège aux xviie et xviiie siècles, Université de Liège, mémoire de licence en histoire, inédit, 1972.

10 Archives départementales de la Somme, 22H37, registre non folioté, « Résolutions du chapitre général de l’année 1678 que les RR PP visiteurs publieront et feront enregistrer en toutes les maisons. »

11 BSG, ms 1886, chap. 34, fol. 229r.

12 BSG, ms 1886, chap. 35, fol. 315v.

13 BSG, ms 1886, chap. 33, fol. 296, r. et v.

14 BSG, ms 1886, chap. 37, fol. 329-330r.

15 BSG, ms 1886, chap. 33, fol. 294r.

16 BSG, ms 1885, fol. 304v.

17 BSG, ms 1886, chap. 35, fol. 315v.

18 Givet est situé sur la Meuse, dans les Ardennes.

19 BSG, m 1885, fol. 94r.

20 BSG, ms 1887, fol. 80r et v.

21 BSG, ms 1886, chap. 33, fol. 295r. et v.

22 Saint-Trond se situe dans la province de Limbourg, en territoire néerlandophone.

23 BSG, ms 1886, chap. 35, fol. 309r.

24 Id., chap. 34, fol. 300 r.

25 Id., chap. 34, fol. 305v.

26 BSG, ms 1887, chap. 12, fol. 62r.

27 Isabelle Brian, « Paul Beurrier et les reliques à Saint-Étienne du Mont », in Stéphane Baciocchi et Christophe Duhamelle (dir.), Reliques romaines. Invention et circulation des corps saints des catacombes à l’époque moderne, Rome, Publications de l’École française de Rome, 2016, p.  485-500.

28 L’expérience de Paul Beurrier s’inscrit ainsi dans l’expérience du pèlerinage ; cf. Dominique Julia, Le Voyage aux saints. Les pèlerinages dans l’Occident moderne (xve-xviiie siècle), Paris, EHESS, Gallimard/Seuil, 2016.

29 Charles Faure (1594-1615), artisan des débuts de la réforme à l’abbaye Saint-Vincent de Senlis, fut maître des novices dans cette même abbaye, puis nommé vicaire général avant de devenir commissaire général de la réforme. Il fut également supérieur général à deux reprises, il est co-fondateur de la congrégation de France avec le cardinal La Rochefoucauld et ses œuvres sont régulièrement rééditées par les génovéfains. Voir Nicolas Petit, Prosopographie génovéfaine, op. cit., p. 150, n°1850.

30 BSG, ms 1887, fol. 75v.

31 BSG, ms 1885, fol. 212r et v.

32 Pour une analyse de ce passage des mémoires, Isabelle Brian, « Le Ciel dans la mer : quand les poissons naissent des coquillages », in Isabelle Brian (dir.), Le Lieu et le moment. Mélanges en l’honneur d’Alain Cabantous, Paris, Publications de la Sorbonne, 2015, p. 137-151.

33 Ce verset est d’abord cité en latin : « Egredere de terra tua, et de cognatione tua, et de domo patris tui, et veni in terram quam monstrabo tibi. Gen. XII, 1 », BSG, ms. 1885, fol. 92v.

34 BSG, ms 1886, fol. 140. Cette remarque est insérée dans un chapitre intitulé « de trois missions que j’ay faict à Vanve et à Rosny avec nos religieux et quelques-uns de nos seminaristes et autres ecclesiastiques ».

35 Titre du dernier chapitre de Dominique Julia, Le Voyage aux saints…, op. cit.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Isabelle Brian, « Les « saints voyages » du Père Beurrier, entre mission et pèlerinage »L’Atelier du Centre de recherches historiques [En ligne], 28 Bis | 2024, mis en ligne le 10 janvier 2024, consulté le 12 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/acrh/28847 ; DOI : https://doi.org/10.4000/acrh.28847

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Auteur

Isabelle Brian

Isabelle Brian est actuellement Professeure d’Histoire moderne à l’université de Lorraine (Nancy). Ses publications portent principalement sur l’histoire religieuse, sociale et culturelle de la France d’Ancien Régime. On peut citer notamment : Messieurs de Sainte-Geneviève. Religieux et curés, de la Contre-Réforme à la Révolution, Paris, éditions du Cerf, 2001 (préface de Dominique Julia) ; Prêcher à Paris sous l'Ancien Régime, xviie-xviiie siècles, Paris, Classiques Garnier, 2014 ; (dir.), Le Lieu et le Moment, Mélanges en l'honneur d'Alain Cabantous, Paris, Publications de la Sorbonne, 2015 ; avec Stefano Simiz (dir.), Les Habits de la foi. Vêtements, costumes et religions du Moyen Âge à nos jour, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2022. 

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