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Enquêtes, anciennes et nouvelles

Une histoire sociale des étudiants du Midi de la France (1560-1793)

Retour sur une expérience prosopographique de longue durée
Patrick Ferté

Texte intégral

1Je suis très heureux d’avoir l’occasion de remercier publiquement Dominique Julia parce que son œuvre en histoire de l’éducation a éclairé tout au long et dès le début mes propres recherches, étalées sur cinquante ans, sur le monde universitaire à l’époque moderne. Il faut dire que ces premières analyses étaient, si je puis dire, plutôt orphelines et pionnières en leurs débuts.

Un tournant historiographique

  • 1 Patrick Ferté, L’Université de Cahors au xviiie siècle. Le coma universitaire au siècle des Lumière (...)
  • 2 Simonne Guenée, Bibliographie de l’histoire des universités françaises des origines à la Révolution(...)
  • 3 Henri Barckhausen, « Statistique des étudiants de l’ancienne université de Bordeaux », Bulletin de (...)
  • 4 Jean Bergounioux, « Les gradués en médecine de l’Université de Cahors au xviie siècle », Bulletin d (...)
  • 5 Jacques Baudel, Jacques Malinowski, Histoire de l’Université de Cahors, Cahors, A. Laytou, 1876.

2Quand, en 1972, j’ai consacré mon mémoire de maîtrise à l’université de Cahors au xviiie siècle (mémoire publié en 19741), l’historiographie universitaire, marquée par l’histoire méthodique, en était encore à la célébration institutionnelle, à la publications des statuts et à l’érudition consacrée aux « étudiants illustres » et aux professeurs célèbres : les méthodes quantitatives de l’École des Annales, le choix du grand nombre, de la longue durée et d’une approche sociologique, n’avaient pas encore rajeuni l’histoire universitaire dans le sens de la prise en compte, enfin !, des usagers, les étudiants. Je me sentais bien seul alors avec ma première base de données étudiantes collectées à Cahors pour une première approche sociologique. Songez qu’à l’époque, le tome II du seul instrument de Bibliographie de l’Histoire des Universités françaises [hors Paris] des origines à la Révolution, publié en 1978 par Simonne Guenée2, ouvrage de référence qui recense plus de 5 000 titres jusqu’en 1974, ne comportait quasiment aucun livre ou article établissant la conjoncture ou une sociographie des étudiants d’Ancien Régime sur un campus français. À peine peut-on citer, au moins pour son titre qui a fait peu d’émules, le très vieil article (1891) d’H. Barckhausen, « Statistique des étudiants de l’ancienne université de Bordeaux3 » : encore n’est-il consacré qu’à une seule année, 1764, ne compte que 2 pages et qu’il est livré sans commentaire pertinent ! Ou encore un article de Jean Bergounioux sur « Les gradués en médecine de l’Université de Cahors au xviiie siècle4 » (1924) qui, fait rarissime, ose sacrifier au chiffre. Il a fallu encore un demi-siècle pour qu’une approche quantitative et sociale des facultés d’Ancien Régime trouve enfin grâce aux yeux de certains chercheurs et que les archives sérielles des anciennes universités commencent d’être dépouillées. Lorsque j’entamai mon premier travail sur l’université de Cahors, je fus stupéfait de constater que les « érudits locaux », J. Baudel et J. Malinowski, pour leur Histoire de l’université de Cahors5 (1876), avouaient en préambule ne pas avoir consulté le fonds des registres d’inscriptions et de graduations de cette université déposé à Toulouse, sans en avoir grand remords puisque l’époque restait alors focalisée sur l’histoire institutionnelle et sur le « livre d’or » des maîtres et étudiants.

  • 6 Mark H. Curtis, « The Alienated Intellectuals of Early Stuart England », Past and Present, 23, 1962 (...)
  • 7 Dominique Julia, Jacques Revel (dir.), Histoire sociale des populations étudiantes, Paris, EHESS, t (...)
  • 8 Lawrence Stone, « The Educational Revolution in England, 1560-1640 », Past and Present, 28, 1964, p (...)
  • 9 Lawrence Stone, « Prosopography », Daedalus, n° 100, 1971, p. 46-79.
  • 10 Jean-Philippe Genet, Günther Lottes (dir.), L’État moderne et les élites. xiiiexviiie siècles. Ap (...)
  • 11 Ibid., p. 363-372.
  • 12 Ibid., p. 373-380.

3Quand je décidai d’analyser ces archives sérielles apparemment encore inexplorées, je dus, avec le conservateur, descendre dans les sous-sols voûtés de la Bibliothèque universitaire (dans son ancien site de la rue du Taur, aujourd’hui siège de l’Institut d’Études Méridionales) et déambuler entre les malles entreposées sans ordre avant de les découvrir dans des caisses en bois encore scellées ! Ce fonds dormait là, oublié depuis l’époque de la suppression de l’Université de Cahors en 1751 et de son transfert dans les archives de l’Université de Toulouse, abandonnées elles aussi dans ces oubliettes de l’histoire. Ces matériaux richissimes rendus enfin communicables, je pus en faire mon miel pour bâtir en 1972 mon projet à long terme d’une histoire sociale des populations étudiantes. Modestement, je me sentais encouragé par les travaux fondateurs de Lawrence Stone qui, vers le même moment et outre-Manche, donnaient, après ceux de Mark K. Curtis6, la démonstration convaincante de l’intérêt d’une telle approche: en reconstituant et commentant les courbes des effectifs d’Oxbridge au xviie siècle, Stone et son équipe ont, selon Dominique Julia et Jacques Revel7, « permis de proposer un modèle d’interprétation clair et convaincant » de ce que Stone appelait une « révolution éducative » : une surproduction de gradués non accompagnée de débouchés aurait généré une masse croissante d’« intellectuels frustrés » (disatisfied, alienated, discontented) dans leurs ambitions de carrière, animés d’un ressentiment radical et prêts à la sédition et à la Révolution8. Toutefois, je comprenais mal pourquoi le même Lawrence Stone avait auparavant, en des termes fort provocateurs, voué les « collectors of biographical information9 » au sofa des psychanalystes et déniait toute pertinence aux prosopographies, manie stérile selon lui. Si sa critique semble aujourd’hui comme un mauvais combat d’arrière-garde, elle ne fut pas sans me décontenancer un temps. Mais, après avoir enclenché une telle base de données étudiante pour les campus cadurcien puis toulousain, j’y trouvais au contraire un outil salutaire et incontournable pour scruter la fonction du diplôme dans la société d’Ancien régime. Par la suite, le colloque international sur L’État moderne et les élites. xiiie-xviiie siècles discutant des Apports et limites de la méthode prosopographique10 me conforta dans mon projet, particulièrement les communications de Jacques Verger, « Prosopographie des élites et montée des gradués11 » et de Hilde de Ridder-Symoens, « Reconstruction du milieu universitaire au niveau régional : possibilités et limites12 ». Je m’y essayai donc avec L’université de Cahors au xviiie siècle (1700-1751), premier pas encore balbutiant, sinon pour la conjoncture, dûment restituée, du moins pour la sociographie. La méthode en revanche demandait à être mise au point.

  • 13 Wilhem Frijhoff, Dominique Julia (dir.), École et société dans la France d’Ancien régime. Quatre ex (...)
  • 14 Patrick Ferté, L’Université de Toulouse aux 17e et 18e siècles. Étude quantitative de la population (...)
  • 15 Roger Chartier, Jacques Revel, « Université et société dans l’Europe moderne. Position des problème (...)
  • 16 Roger Chartier, Marie-Madeleine Compère, Dominique Julia, L’Éducation en France du xiiie au xviiie  (...)

4C’est peu après la publication de ce premier travail en 1974 qu’est paru l’ouvrage de Dominique Julia et de Wilhem Frijhoff, École et société dans la France d’Ancien régime13, consacré aux élèves de quatre collèges du royaume. Ce fut pour moi une révélation, en tout cas une confirmation que la méthodologie sociographique et ses problématiques pouvaient s’appliquer pareillement aux usagers de l’enseignement supérieur, singulièrement oubliés jusqu’ici par la recherche française. Cela a conforté mon désir de m’atteler dans le cadre d’une thèse à l’histoire de l’université de Toulouse, non pas à l’histoire de l’institution mais à une étude quantitative, voire quantitativiste, de la population étudiante de ses trois facultés supérieures de 1679 à 179314. In fine, ce projet s’avéra en phase avec l’observation de Roger Chartier et Jacques Revel qui soulignaient que « la conjoncture et la sociologie des populations étudiantes sont donc devenues des problèmes fondamentaux qui ont conduit au traitement sériel des matricules des universités et des registres d’admissions des collèges15 ». Les temps avaient heureusement changé dans l’historiographie de l’éducation : tandis que Dominique Julia, Marie-Madeleine Compère, Roger Chartier, Wilhem Frijhoff consacraient leurs travaux à l’éducation primaire et secondaire, non sans un court aperçu sur le chantier à peine ouvert des universités16, je me confrontai au domaine de l’éducation supérieure.

Comptes et mécomptes

  • 17 Patrick Ferté, L’Université de Toulouse, thèse citée, t. I, chap. I, p. 11-53.
  • 18 Ibid., t. I, p. 13-24.
  • 19 Richard L. Kagan, « Law Students and Legal Carreers in Eighteenth-Century France », Past and Presen (...)
  • 20 Richard L. Kagan, Students and Society in Early-Modern Spain, Baltimore, The Johns Hopkins Universi (...)
  • 21 Lawrence Stone, Comment de Fritz K. Ringer, « Problems in the History of Higher Education: a Review (...)

5Pour cela, il a été nécessaire de créer une méthodologie spécifique pour déjouer tous les pièges, car les sources universitaires de l’époque moderne sont souvent des sources empoisonnées17… J’ai ainsi pu voir les limites et les risques de comptages aveugles, c’est-à-dire anonymes18, ou le danger d’une insuffisante critique préalable des sources : le « secrétariat » universitaire modifiait parfois son mode d’enregistrement des immatriculations, d’où des écueils imperceptibles pour l’historien trop hâtif mais qui ont parfois invalidé les courbes de la conjoncture. Ainsi Richard Kagan a bien eu le mérite d’établir la conjoncture des immatriculations en droit à Toulouse de 1679 à 178919. Il ne s’est toutefois pas aperçu que, entre 1740 et 1770, les étudiants de droit canonique s’inscrivirent sur un registre distinct alors qu’auparavant et ensuite, leurs inscriptions étaient couchées sur le même registre que les étudiants utroquistes : par conséquent le graphique est faux pour les 30 années où les canonistes ont fait registre à part ; et pour établir la courbe des canonistes, il faut extraire ceux-ci, un par un, du registre commun avant 1740 et après 1770. Que dire alors des comparaisons prématurées entre les conjonctures espagnoles établies par le même chercheur20, la conjoncture toulousaine et celle d’Oxford et de Cambridge ? Roger Chartier a à bon droit averti : « On a en effet extrapolé trop vite de quelques exemples à un modèle européen, et les généralisations avancées sont sans doute plus vacillantes qu’il n’y pourrait paraître. La quête se doit donc d’être méthodique pour engranger des données nouvelles et, à partir de là, profiter des schémas explicatifs peut-être plus fragmentés que ceux maintenant proposés. » L’avenir lui donnera raison puisque la conjoncture étudiante française s’avère tout à fait contraire à celle d’Oxford et de Cambridge établies par Lawrence Stone. Malgré notre différend méthodologique avec L. Stone, nous lui empruntons une réflexion tout à fait pertinente à propos de la constitution de la conjoncture étudiante : « L’approche modeste, pas à pas, peut à la longue, se révéler la plus rémunératrice. Ce ne serait pas la première fois que la tortue dépasserait le lièvre21 » !

  • 22 Ainsi Michel Feuillas, « À la recherche des étudiants avignonnais d’autrefois : Note sur le recrute (...)

6Pour ce qui est du dépouillement des archives sérielles des universités, il est indéniable qu’il a fallu endosser le rôle de la tortue et tracer son sillon « pas à pas », « à la longue », car l’idéal, certes épuisant en temps et en énergie, c’est d’effectuer le tri nominatif, c’est-à-dire de compter étudiant par étudiant, de distinguer canonistes et utroquistes ainsi que bénéficiers d’âge, dispensés et inscrits à régime normal et, surtout, de faire le tri entre les nouveaux étudiants, inscrits pour la première fois à la faculté, et les « continuants ». Or un tel renseignement n’est pas donné dans les archives parisiennes : tous les étudiants, nouveaux arrivants et « continuants », ne sont pas différenciés et on reste donc dans l’impasse à cet égard. Pour Avignon, certains historiens22 sont tombés dans le piège car les étudiants s’inscrivaient « pour la première fois » à chaque fois qu’ils changeaient de docteur régent et, comme dans leur cursus ils visitaient plusieurs maîtres, les archives sont pleines de pseudo nouveaux qui, le plus souvent, n’étaient que des « continuants » : bref, en cumulant tous les pseudo nouveaux comptés chacun plusieurs fois, leur nombre est donc indûment gonflé, souvent triplé et, lorsqu’on rapporte ce nombre hypertrophié d’inscrits au nombre de gradués, on aboutit à un faible pourcentage de reçus et on en a déduit faussement que la faculté d’Avignon était très sévère alors que chacun connaît son laxisme d’« usine à parchemins ». En revanche, grâce à une base de données nominative qui sélectionne les vrais nouveaux, l’indulgence coupable apparaît.

Méthodologie

7Heureusement, les matricules toulousaines de 1679 à 1793 sont très précises à cet égard et inscrivent comme nouveaux (« pro prima vice ») les seuls commençants ou néo-arrivants. De plus, il ne suffit pas de se contenter d’un tel tri des commençants sur les effectifs de chaque rentrée universitaire (au trimestre d’octobre) car il faut compter avec des pratiques étudiantes plutôt désinvoltes. Certaines années, jusqu’à 15 ou 20 % des nouveaux étudiants s’inscrivaient non pas à la rentrée mais en cours d’année. Force est donc de faire le tri nominatif des nouveaux non seulement à la rentrée automnale mais encore pour chacun des trois trimestres (ou « quartiers ») suivants. Ceci alourdit d’autant le dépouillement, mais grâce à ce tri, il est vrai fastidieux, on peut démontrer que la conjoncture des nouveaux inscrits est seule pertinente pour juger des fluctuations de l’attraction réelle d’une faculté ou d’une université.

  • 23 Voir Patrick Ferté, « Docimologie et molinologie : laxisme universitaire et scrutins d’examens à la (...)

8Les archives toulousaines étant d’une précision extrême, leur dépouillement ne se limite pas à ce premier tri mécanique entre nouveaux et « continuants », mais produit une moisson richissime de renseignements de tous ordres : on trouve à chaque nouvelle inscription les nom, prénoms de l’étudiant, son diocèse et son lieu de naissance, son statut clérical ou non, le numéro de l’inscription trimestrielle dans son cursus (de 1 à 12 pour le droit). Pour les juristes, on précise s’il s’agit d’un cursus normal (licence en 2 ou 3 ans selon la période) ou d’un cursus par bénéfice d’âge (« pro beneficio aetatis ») pour les plus de 24 ans (2 trimestres seulement pour une licence), voire d’une dispense royale d’étude et interstices, agrémentée en ce cas de longs et précieux justificatifs. Le nom du professeur sous lequel on s’inscrit est précisé, de même que la spécialité (droit canon seul ou droit in utroque jure, c’est-à-dire droit français, canonique et civil). Pour les théologiens, on précise en outre l’âge de l’étudiant à sa première immatriculation. Quant aux registres de graduations, ils contiennent les sujets d’examens posés aux candidats, quelle que soit la discipline (droit, médecine, théologie, arts libéraux) et une série de registres parallèles permet même de connaître le score obtenu par chaque candidat (reçu à l’unanimité ou à combien de voix pour et de voix contre, voire le motif du renvoi comme « le candidat s’est troublé23 » !) Leur étude m’a permis de saisir que les seuls registres de graduations ne permettent pas de comptabiliser les échecs (il est vrai peu nombreux) puisqu’ils ne mentionnent que les seuls reçus… On voit donc la richesse des informations obtenues en les croisant.

9Pour aboutir à de tels résultats, redisons-le, on ne saurait faire l’économie d’un fichage à l’unité, reconstituant le cursus de chacun en croisant toutes les données collectées. Cette prosopographie, chronophage mais incontournable, a d’abord été inaugurée avec le vieux système des fiches, ensuite rénovée grâce à l’outil informatique : j’ai ainsi pu, pour le seul campus toulousain, dépouiller plus de 200 000 actes universitaires (4 inscriptions par an en droit, 12 inscriptions trimestrielles pour un baccalauréat de théologie, plus tous les actes de graduations des étudiants et ceci dans les 4 facultés entre 1560 et 1793).

10Pour analyser plus finement les pratiques étudiantes et la fonction sociale du diplôme sous l’Ancien Régime, il s’est avéré préférable de décomposer la masse totale des nouveaux effectifs selon les diocèses d’origine et selon les lieux ou districts religieux : la statistique géographique est en effet la clé qui permet de scruter les micro-conjonctures étudiantes de chaque diocèse pour mieux y déceler les ressorts sociologiques, économiques, voire confessionnels ou démographiques du recrutement étudiant, de même que l’attrait, variable d’un diocèse à l’autre, pour une discipline.

11Un tel traitement nominatif et géographique des nouveaux étudiants et des gradués devait s’accompagner d’une approche sociographique. Le cadre diocésain permet de réduire les cohortes à traiter en sous-ensembles plus accessibles, même si l’on ne pouvait esquiver la quête à l’unité dans les paroisses natales ; travail harassant, on s’en doute, mais indispensable. Si, bien entendu, il a été impossible d’appliquer cette recherche des professions et statuts paternels à tous les étudiants, j’ai choisi de sélectionner une série de lieux pour lesquels, pour une séquence quinquennale ou décennale, j’ai pu identifier la situation parentale souvent à près de 100 %, et jamais moins de 90 %. Ainsi s’est précisée la sociologie estudiantine d’environ 1 500 étudiants clercs ou laïcs sur plusieurs séquences, à la fin du xviie et au cours du xviiie siècle. La recherche complémentaire du devenir socioprofessionnel des étudiants, non moins difficultueuse, croisé au métier ou statut parental, couronne le tout en donnant des aperçus instructifs et inégalables sur la fonction du diplôme.

  • 24 Patrick Ferté, « La population étudiante du Rouergue aux 17e et 18e siècles », in Dominique Julia, (...)

12J’en ai donné un premier aperçu, certes encore insuffisant, dans ma thèse en 1979 puis, grâce à l’invitation de Dominique Julia et de Jacques Revel, dans leur ouvrage de référence, Histoire sociale des populations étudiantes24 (1989) : j’ai pu m’y livrer à l’étude d’un cas exemplaire, celui des étudiants rouergats, scrutés sous tous les angles, dans toutes les facultés et, pour la première fois, dans toutes les universités documentées du royaume. On y voit tout le parti à tirer de la reconstitution d’une population étudiante diocésaine totale, c’est-à-dire saisie sur tous les campus fréquentés et non dans une seule université. Cette première me laissait toutefois une sorte de remord, car la base de données étudiantes globale, construite pour ma thèse, avait beau être exhaustive, elle était uniquement constituée des étudiants retrouvés sur le seul site de Toulouse. Ainsi elle n’illustrait que l’attraction des facultés toulousaines et ne pouvait telle quelle donner une parfaite connaissance de la fonction sociale du diplôme. Se focaliser sur la clientèle diocésaine d’une seule faculté, voire d’une seule université, fait en effet oublier le nombre de compatriotes éventuellement partis simultanément s’inscrire dans d’autres universités. Cela hypothèque aussi le commentaire de la conjoncture, car tout fléchissement des effectifs sur le site étudié peut s’expliquer par un détournement momentané du flux d’étudiants d’un site vers un autre.

  • 25 Dominique Julia, Jacques Revel (dir.), op. cit., t. 2, p. 159.

13Je me suis donc proposé de quitter la population étudiante regroupée autour d’une seule structure d’accueil (en l’occurrence Toulouse) pour analyser, en amont, l’ensemble des étudiants d’un diocèse avant leur dispersion vers différents sites. Dominique Julia et Jacques Revel, évoquant ma thèse sur l’université de Toulouse, concluaient dans le même sens : « Pour être vraiment exacte, la mesure devrait donc être fondée sur des dépouillements nominatifs et menés simultanément sur plusieurs sites universitaires dans une aire géographique assez vaste. Il s’agirait là d’une entreprise extraordinairement lourde et que le caractère lacunaire des sources rend, à l’avance, illusoire. Contentons-nous donc de la première approximation proposée par P. Ferté25 ».

  • 26 Dominique Julia, préface à Patrick Ferté, Répertoire géographique des étudiants du Midi de la Franc (...)

14Loin de me « contenter », cette considération, à la fois gratifiante et résignée, a été motrice. Avec toute l’inconscience et l’enthousiasme que peut provoquer un pari un peu fou – j’avais 40 ans de moins et, libéré du doctorat, je n’avais plus d’échéance contraignante –, je ne sais si je dois dire « grâce à » ou « à cause de » D. Julia, je me suis lancé des années durant dans un dépouillement pluri-universitaire, celui des archives sérielles de toutes les universités documentées, du nord, du sud et du sud-est, Toulouse, Cahors, Montpellier, Avignon, Aix-en-Provence, Valence, Orange, Poitiers, Caen et Paris (en partie) : « malgré l’immensité du travail nécessaire », au terme de ce « travail de bénédictin mené solitairement pendant plus d’un quart de siècle » (dixit Dominique Julia26), il en est résulté un recensement d’environ 50 000 étudiants français ou étrangers, publié dans les 7 volumes du Répertoire des étudiants du Midi de la France de 1561 à 1793 publiés entre 2002 et 2012. Il s’agit là des étudiants d’une quinzaine de diocèses méridionaux, dont je dois expliquer le choix.

Un recensement pluri-universitaire

15Dans une optique d’exhaustivité des effectifs étudiants, au moins durant certaines périodes, il fallait s’intéresser a priori à des diocèses situés à la croisée des bassins de recrutement d’universités dont on conserve aujourd’hui, massivement sinon totalement, au moins les registres de graduations, ceux d’immatriculations depuis 1679. Voilà pourquoi j’ai choisi les diocèses du haut Languedoc et de haute Guyenne : ils subissent à plus de 95 % et souvent 98 % l’attraction des universités voisines de Toulouse et de Cahors qui offrent aujourd’hui les séries françaises les plus complètes et continues depuis 1617/1620 et ce pour leurs quatre facultés (au moins pour certaines périodes assez étendues) ! L’Université de Montpellier, elle, n’attirait pratiquement que des médecins, qu’on peut retrouver en très grande partie, tandis que Paris séduisait une infime proportion de juristes et de théologiens privilégiés que j’ai pu recenser pour plusieurs séquences décennales. Quant à Avignon, son université, notoirement laxiste mais bien documentée depuis le xvie siècle, attirait un petit lot d’étudiants pressés aux motivations peu glorieuses. Tous les autres campus ne révèlent que de rarissimes étudiants des diocèses que j’avais retenus. Au total, pour une bonne dizaine de diocèses situés à la croisée des rayons d’attraction de Toulouse, Cahors, Montpellier et Avignon, l’enquête a pu recenser nominativement plus de 95 % des effectifs étudiants, au moins pour les gradués de 1620 à 1793 et des inscrits, gradués ou non, de 1679 à 1793. Ont toutefois pu échapper une partie des étudiants des diocèses gascons et agenais qui ont été attirés par Bordeaux dont les archives universitaires sont perdues : aussi ai-je dû les exclure de mes analyses statistiques faute de pouvoir évaluer leur pertinence. Pour les autres diocèses, les résultats sont extrêmement fiables.

  • 27 Toulouse, Presses de l’Université des Sciences Sociales de Toulouse, mai 2004. Préface de Dominique (...)
  • 28  Albi, Centre universitaire Jean-François Champollion, 2006. Préface d’Emmanuel Le Roy Ladurie.
  • 29 Albi, Presses du Centre universitaire Champollion, 2008.
  • 30 Toulouse, Presses de l’Université de Toulouse 1 Capitole, 2011.
  • 31 Toulouse, Presses de l’Université de Toulouse 1 Capitole, 2013.
  • 32 Toulouse, Presses de l’Université de Toulouse 1 Capitole, 2015.

16Le tome I de la série des Répertoires est consacré aux diocèses d’Albi, de Castres, de Lavaur et de Montauban (2002) et recense près de 5 800 étudiants27 ; le tome 2 concerne les 6 000 étudiants du diocèse de Cahors28 (2004), le tome 3 (2006) les 6 000 étudiants du Rouergue (diocèses de Rodez et de Vabre) ; le tome 4 (2008) recense les 8 000 étudiants des diocèses pyrénéens (Bayonne, Comminges, Couserans, Lescar, Mirepoix, Oloron, Pamiers, Rieux et Tarbes29). Le tome 5 (2011) est consacré aux Bas-Languedoc et au Roussillon (anciens diocèses des départements de l’Aude, de l’Hérault et des Pyrénées-Orientales) avec 6 600 étudiants30. Le tome 6 (2013) embrasse la Gascogne gersoise et l’Agenais, soit les anciens diocèses d’Agen, d’Auch, de Condom, de Lectoure et de Lombez (près de 7 000 étudiants31). Enfin le tome 7 (2015) est consacré au diocèse de Toulouse (environ 6 400 étudiants), avec un corpus complémentaire des 6 précédents volumes fort d’un gros millier d’étudiants32.

  • 33 Dominique Julia, in ibid., t. I et II, p. 8.

17Dominique Julia a bien voulu m’honorer d’une préface publiée au début des tomes I et II de cette série. Il y souligne qu’il s’agit bien d’un « outil d’un autre type » puisque « le monument » édifié « n’est pas à la gloire d’une université particulière, même s’il s’agit bien ici d’un répertoire d’étudiants. En réalité [P. Ferté] a choisi d’inverser complètement la perspective traditionnelle. Il ne nous présente pas, comme ses prédécesseurs, les listes d’inscrits et de gradués qu’il a recueillis par université et par ordre chronologique. En revanche, il choisit délibérément de saisir combien d’étudiants et de gradués ont pu produire chaque diocèse du Midi de la France, et, à l’intérieur de ceux-ci, chaque localité. Ce déplacement déporte l’attention du site universitaire où l’étudiant s’est déplacé vers la région dont il est originaire : à travers ce filtre particulier qu’est le passage par une université, c’est bien une première étape vers la prosopographie des élites de toute une région à l’époque moderne qui nous est proposée33 ». En effet, comme l’université était un carrefour où se côtoyaient les « héritiers » et la petite et moyenne bourgeoisie « montante », ce sont donc toutes les élites locales, actuelles ou en devenir, qui sont ainsi capturées dans les filets de l’alma mater et dont on peut scruter, sur deux siècles et demi, les ressorts de l’ascension et de la reproduction.

  • 34 Hélène Berlan, Faire sa médecine au xviiie siècle (1707-1789). Recrutement et devenir professionnel (...)
  • 35 Roger Chartier et Jacques Revel, « Université et société dans l’Europe moderne : position des probl (...)

18Dresser un tel dictionnaire des étudiants serait difficilement réalisable à l’identique dans les diocèses du nord de la France où trop d’universités ont perdu ou négligé leurs archives et où celles-ci ne permettent plus de reconstituer des groupes d’étudiants complets, fût-ce à un moment donné. Songez que les archives sérielles de l’Université de Paris, quand elles sont conservées, sont souvent inutilisables pour la géographie statistique : les secrétaires ne précisent que rarement le diocèse d’origine de l’étudiant et ne le font plus du tout après 1720. La seule exception concerne l’Université de Caen, remarquablement documentée et pour laquelle j’ai pu établir la conjoncture des effectifs juridiques gradués ou non (1679-1793) et commencer un vaste Répertoire qui concerne actuellement 17 000 étudiants : l’opération toutefois retrouve le cadre, déjà critiqué, de la monographie d’université puisqu’on ignore le nombre de Bas-Normands ayant pérégriné dans les facultés de Paris, de Reims, d’Angers, de Bourges, de Dijon, de Poitiers, de Rennes ou de Nantes, sauf pour quelques années, qui diffèrent cependant d’un campus à un autre : ainsi ne peut-on espérer regrouper, ne serait-ce que pour quelques années, la totalité des étudiants normands dispersés sur la carte universitaire du royaume. Il est vrai que les juristes semblent s’être massivement contentés de leur offre locale, mais les philiâtres normands descendaient en assez grand nombre au xviiie siècle jusqu’à la très attractive faculté de médecine de Montpellier34… Pour l’instant donc, force est bien de se contenter de notre base de données privilégiée centrée sur le haut Languedoc et la haute Guyenne. Grâce à sa quasi complétude et à sa continuité sur près de deux siècles, un tel Répertoire nominatif étudiant offre un matériau richissime et utile à plus d’un titre ; il autorise toute une série d’analyses quantitatives, conjoncturelle, interdisciplinaire et socioculturelle et permet d’exaucer en grande partie le vœu de Roger Chartier et de Jacques Revel, celui d’élucider les « relations tissées entre l’institution universitaire et les mouvements tant démographiques et économiques que religieux ou culturels qui traversent une société35 ».

Au cœur du monde étudiant

  • 36 Patrick Ferté, Histoire de l’Université de Toulouse : L’époque moderne, xvie-xviiie siècle, tome 2 (...)
  • 37 Ibid., IIIe partie, p. 324-444 et tableaux chiffrés en annexes, p. 578-594.

19J’ai récemment rassemblé toutes les données de cette prosopographie géante dans la troisième partie du tome 2 de l’Histoire de l’Université de Toulouse36 que j’ai dirigée avec Caroline Barrera. L’espace me manque pour illustrer la moisson d’enseignements qu’on peut en retirer sur le monde étudiant (clercs ou laïcs) à l’époque moderne37. Citons notamment la conjoncture longue de chaque discipline, les statistiques géographiques, les tropismes universitaires et leur évolution, l’essor du bénéfice d’âge dans les pratiques étudiantes, l’abandon des cursus longs de théologie par les clercs qui optent de plus en plus pour les grades mineurs (maîtrise ès arts) et, pour la filière juridique, grâce à l’astuce du bénéfice d’âge (voir le graphique 3), la sociologie des étudiants selon les filières choisies et la confirmation de la triple fonction de l’université : reproduction des élites certes, mais indéniable fonction d’ascenseur social du diplôme pour les offices subalternes et les professions libérales inférieures ou, dans les filières cléricales, pour les étudiants issus de la boutique et de l’atelier, voire de la paysannerie. Enfin un troisième rôle jusqu’ici plutôt négligé, est apparu, l’habitus socioculturel pour la bourgeoisie rurale au xviiie siècle de faire un tour en faculté sans finalité professionnalisante, voire d’arborer un baccalauréat en droit juste pour la montre, etc.

  • 38 Roger Chartier, Les Origines culturelles de la Révolution française, Paris, Édition du Seuil, 1990, (...)
  • 39 Patrick Ferté, « Les « intellectuels frustrés » et la Révolution française : une théorie révisée pa (...)

20L’exploitation de ces bases de données pluri-universitaires a permis également de réviser certaines hypothèses de travail sans doute prématurées, telle l’application par Roger Chartier de la théorie anglo-saxonne des « intellectuels frustrés » aux origines culturelles de la Révolution française38, reprise de l’interprétation de la conjoncture étudiante pléthorique d’Oxbridge au xviie siècle par Lawrence Stone. L’argument majeur étant basé sur la hausse apparente des effectifs juridiques français au cours du xviiie siècle et sur la seule envolée des bacheliers de droit, j’ai pu démontrer qu’il ne s’agissait là que d’un trompe-l’œil39. S’il est vrai qu’on peut constater une hausse des inscriptions et des baccalauréats en droit, il s’en faut que cette « inflation » produise un réel encombrement du marché de l’emploi juridique : en effet, la magistrature et le barreau exigeaient depuis longtemps (depuis 1625-1629) la licence en droit. Or, avant d’en déduire la thèse de l’« überfüllung », la surproduction de gradués, il convient de purger ces effectifs juridiques en hausse vertigineuse de tous ceux qui ne postuleront pas dans la magistrature et ne plaideront jamais : ainsi doit-on déflater et éliminer de la courbe tous les bacheliers qui ne pousseront pas jusqu’à la licence, de même que tous les inscrits sans suite, de plus en plus nombreux au siècle des Lumières ; retirer encore de la courbe tous les clercs et prêtres qui désertent la faculté de théologie au cursus trop long pour s’inscrire en droit par bénéfice d’âge et prétendre ainsi plus rapidement à l’« expectative des gradués » qui leur promettait une meilleure carrière. Enfin, il faudrait élaguer tous les fils de bourgeois qui, même reçus à la licence, ne feront pas vraiment carrière. Après ces écrémages successifs, on constate, du moins dans les diocèses méridionaux dûment reconstitués, une stagnation des licences entre la Régence et les années 1780 (voir graphiques 1 et 2). Bref le marché de l’emploi juridique pour les laïcs n’était pas vraiment « frustrant » puisque de plus en plus de fils de bourgeois sans aucune ambition professionnelle se satisfaisaient amplement d’exhiber leur titre comme un signe extérieur de richesse, une simple « certification sociale à valeur générale » comme l’écrit Dominique Julia.

  • 40 Outre le vol. 2 de l’Histoire de l’Université de Toulouse, L’époque moderne, Patrick Ferté, Carolin (...)
  • 41 Dominique Julia, « Le clergé paroissial dans le diocèse de Reims à la fin du xviie siècle », Revue (...)

21En revanche, j’ai pu montrer que les vrais « intellectuels frustrés », s’il en fut, parmi les étudiants, étaient en fait les prêtres gradués : de plus en plus nombreux, ils constataient à leur dépens que l’« expectative des gradués » était totalement saturée et que leur espérance méritocratique était le plus souvent déçue. À la fin du xviiie siècle, les prêtres gradués, surdiplômés, bacheliers ou même docteurs en théologie, se sont multipliés ; ils sont de plus en plus nombreux à se contenter de diplômes bas de gamme comme la maîtrise ès arts ou même de quelque baccalauréat en droit par bénéfice d’âge conquis en un seul trimestre, et végètent malgré tout comme vicaires dans une cure de campagne à la portion congrue40. Ils se rappellent périodiquement au bon souvenir de l’évêque, mais en vain. C’est dans ce bas-clergé surdiplômé et laissé pour compte malgré le « privilège des gradués » qu’on trouve, à mon sens, les véritables « intellectuels frustrés » qui rongeaient leur frein au fond d’une paroisse misérable, versant parfois dans le richérisme, optant pour les idées de 1789, voire pour la Constitution civile du Clergé… Par ce biais, on rejoint d’autres problématiques explorées par Dominique Julia dans ses travaux de sociologie religieuse, notamment dans son étude sur les clercs du diocèse de Reims41.

  • 42 Patrick Ferté, « Extranei, CAT et CaEN de pool.corpus : bases de données des étudiants étrangers et (...)
  • 43 Patrick Ferté, « Extranei, Les étudiants étrangers diplômés dans les universités françaises de la R (...)

22Avant de finir, j’aimerais ajouter que, à court terme, j’ambitionne de rendre cette base de données de près de 50 000 étudiants accessible en ligne, ainsi que celle des étudiants de droit normands à l’université de Caen. Je participe en effet depuis ses débuts au groupe Héloïse qui cherche à fédérer toutes les bases de données universitaires européennes mises en ligne et à rendre possible leur interopérabilité42. Ces prosopographies étudiantes sont heureusement devenues fréquentes aujourd’hui mais chacune a été réalisée unilatéralement avec un système différent. Pour l’instant, on peut d’ores et déjà consulter en ligne une base de données de tous les étudiants étrangers inscrits ou gradués dans toutes les universités françaises documentés aux xviie et xviiie siècles : on la trouve sur le site poolcorpus de l’Institut National Universitaire Champollion d’Albi, sous le titre d’Extranei43.

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23Si la réalisation d’une si massive expérience prosopographique a été à l’évidence fastidieuse, il me semble que, au bout du compte ou plutôt des comptages, le jeu en valait la chandelle. Il est vrai que ce n’est pas à moi d’en juger. Tout ce que je puis en dire, c’est qu’en beaucoup d’occasions, cette chandelle a été allumée par les étincelles venues de travaux de Dominique Julia. Je ne peux que lui dire merci.

Graph. 1 : Décomposition des effectifs de droit et évolution des juristes licenciés laïques (natifs du diocèse de Rodez en toute université documentée)

Graph. 1 : Décomposition des effectifs de droit et évolution des juristes licenciés laïques (natifs du diocèse de Rodez en toute université documentée)

Graph. 2 : Évolution comparée des effectifs de droit non triés natifs du diocèse de Toulouse et des seuls licenciés laïques (en toute université documentée)

Graph. 2 : Évolution comparée des effectifs de droit non triés natifs du diocèse de Toulouse et des seuls licenciés laïques (en toute université documentée)

Graph. 3 : Évolution comparée des effectifs de droit non triés (8200 étudiants) et des seuls licenciés de droit laïques (6 diocèses cumulés*)

Graph. 3 : Évolution comparée des effectifs de droit non triés (8200 étudiants) et des seuls licenciés de droit laïques (6 diocèses cumulés*)

*Diocèses de Cahors, Rodez, Montauban, Toulouse, Comminges et Tarbes

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Notes

1 Patrick Ferté, L’Université de Cahors au xviiie siècle. Le coma universitaire au siècle des Lumières, Toulouse, Fournié, 1974.

2 Simonne Guenée, Bibliographie de l’histoire des universités françaises des origines à la Révolution, t. II : D’Aix-en-Provence à Valence et Académies protestantes, Paris, E. et J. Picard, 1978.

3 Henri Barckhausen, « Statistique des étudiants de l’ancienne université de Bordeaux », Bulletin de la Société des Amis de l’Université de Bordeaux, n° 1, 1891, p. 21-23.

4 Jean Bergounioux, « Les gradués en médecine de l’Université de Cahors au xviie siècle », Bulletin de la Société française d’histoire de la médecine, t. 18 (1861), p. 40-67.

5 Jacques Baudel, Jacques Malinowski, Histoire de l’Université de Cahors, Cahors, A. Laytou, 1876.

6 Mark H. Curtis, « The Alienated Intellectuals of Early Stuart England », Past and Present, 23, 1962, p. 25-43.

7 Dominique Julia, Jacques Revel (dir.), Histoire sociale des populations étudiantes, Paris, EHESS, t. II, 1989, p. 527-575.

8 Lawrence Stone, « The Educational Revolution in England, 1560-1640 », Past and Present, 28, 1964, p. 41-80 ; du même auteur, The University in Society, vol. 1, Princeton, Princeton University Press, 1974, p. 3-110, et The Causes of the English Revolution 1529-1642 [1972], Londres, Ark Paperback, 1986, p. 13-114.

9 Lawrence Stone, « Prosopography », Daedalus, n° 100, 1971, p. 46-79.

10 Jean-Philippe Genet, Günther Lottes (dir.), L’État moderne et les élites. xiiiexviiie siècles. Apports et limites de la méthode prosopographique, Colloque CNRS-Paris I, Paris, Publications de la Sorbonne, 1996.

11 Ibid., p. 363-372.

12 Ibid., p. 373-380.

13 Wilhem Frijhoff, Dominique Julia (dir.), École et société dans la France d’Ancien régime. Quatre exemples : Auch, Avallon, Condom et Gisors, Paris, A. Colin, Cahiers des Annales, 1975.

14 Patrick Ferté, L’Université de Toulouse aux 17e et 18e siècles. Étude quantitative de la population étudiante de ses trois facultés supérieures, thèse d’histoire, Université de Toulouse-Le Mirail, 1979, 2 vol. dactyl., 480 p.

15 Roger Chartier, Jacques Revel, « Université et société dans l’Europe moderne. Position des problèmes », Revue d’histoire moderne et contemporaine [désormais RHMC], 25, 1978, p. 353-374.

16 Roger Chartier, Marie-Madeleine Compère, Dominique Julia, L’Éducation en France du xiiie au xviiie siècle, Paris, SEDES/CDU, 1976. Le chapitre IX, rédigé par M.-M. Compère, est intitulé « Les universités : d’une cléricature à une autre », p. 249-292.

17 Patrick Ferté, L’Université de Toulouse, thèse citée, t. I, chap. I, p. 11-53.

18 Ibid., t. I, p. 13-24.

19 Richard L. Kagan, « Law Students and Legal Carreers in Eighteenth-Century France », Past and Present, 68, 1975, p. 38-75.

20 Richard L. Kagan, Students and Society in Early-Modern Spain, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 1974.

21 Lawrence Stone, Comment de Fritz K. Ringer, « Problems in the History of Higher Education: a Review Article », Comparative Studies in Society and History, vol. XIX, 1977, p. 256-257.

22 Ainsi Michel Feuillas, « À la recherche des étudiants avignonnais d’autrefois : Note sur le recrutement de l’Université d’Avignon au xviiie siècle », Études vauclusiennes, n° XXXII, juillet-décembre1984, p. 16. J’explique sa méprise statistique dans Patrick Ferté, « Catalans et Lumières : Les étudiants de Minorque à l’Université d’Avignon au xviiie siècle », Provence historique, t. XLVIII, fasc. 192, 1998, p. 180.

23 Voir Patrick Ferté, « Docimologie et molinologie : laxisme universitaire et scrutins d’examens à la faculté de droit de Toulouse (1679-1789) », Colloque international de Sorèze (26-27 octobre 2006), dans Marie-Odile Munier (dir.), De l’Antiquité à nos jours : Histoire et méthodes de l’enseignement, Albi, Centre universitaire Champollion, 2007, p. 87-101.

24 Patrick Ferté, « La population étudiante du Rouergue aux 17e et 18e siècles », in Dominique Julia, Jacques Revel (dir.), op. cit., t. 2, p. 527-575.

25 Dominique Julia, Jacques Revel (dir.), op. cit., t. 2, p. 159.

26 Dominique Julia, préface à Patrick Ferté, Répertoire géographique des étudiants du Midi de la France (1561-1793). Pour une prosopographie des élites, tome 1 (2002) et tome 2 (2004), p. 8.

27 Toulouse, Presses de l’Université des Sciences Sociales de Toulouse, mai 2004. Préface de Dominique Julia.

28  Albi, Centre universitaire Jean-François Champollion, 2006. Préface d’Emmanuel Le Roy Ladurie.

29 Albi, Presses du Centre universitaire Champollion, 2008.

30 Toulouse, Presses de l’Université de Toulouse 1 Capitole, 2011.

31 Toulouse, Presses de l’Université de Toulouse 1 Capitole, 2013.

32 Toulouse, Presses de l’Université de Toulouse 1 Capitole, 2015.

33 Dominique Julia, in ibid., t. I et II, p. 8.

34 Hélène Berlan, Faire sa médecine au xviiie siècle (1707-1789). Recrutement et devenir professionnels des étudiants montpelliérains, thèse de doctorat, Université de Montpellier III-Paul Valéry, 2000, dactyl.

35 Roger Chartier et Jacques Revel, « Université et société dans l’Europe moderne : position des problèmes », RHMC, XXV, juil.-sept. 1978, p. 355-356.

36 Patrick Ferté, Histoire de l’Université de Toulouse : L’époque moderne, xvie-xviiie siècle, tome 2 de l’Histoire de l’Université de Toulouse, Caroline Barrera, Patrick Ferté (dir.), Portet-sur-Garonne, Éditions Midi-pyrénéennes, Université Fédérale Toulouse Midi-Pyrénées, 2020.

37 Ibid., IIIe partie, p. 324-444 et tableaux chiffrés en annexes, p. 578-594.

38 Roger Chartier, Les Origines culturelles de la Révolution française, Paris, Édition du Seuil, 1990, p. 266 sq.

39 Patrick Ferté, « Les « intellectuels frustrés » et la Révolution française : une théorie révisée par les statistiques universitaires », in Les Universités en Europe (1450-1814), Paris, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, « Bulletin de l’AHMUF », 2013, p. 153-190.

40 Outre le vol. 2 de l’Histoire de l’Université de Toulouse, L’époque moderne, Patrick Ferté, Caroline Barrera (dir.), voir mes études concernant les cas quercynois, rouergats et commingeois dans les tomes II, III et IV du Répertoire géographique des étudiants…, op. cit.

41 Dominique Julia, « Le clergé paroissial dans le diocèse de Reims à la fin du xviie siècle », Revue d’histoire moderne et contemporaine, t. XIII, 1966, p. 194-216.

42 Patrick Ferté, « Extranei, CAT et CaEN de pool.corpus : bases de données des étudiants étrangers et provinciaux dans les anciennes universités françaises », in Gian Paolo Brizzi et Willem Frijhoff (dir.), Digital Academic History. Studi sulle popolazioni accademiche in Europa, Bologne, il Mulino, 2018, p. 41-47.

43 Patrick Ferté, « Extranei, Les étudiants étrangers diplômés dans les universités françaises de la Renaissance à la Révolution » (en ligne, https://poolcorpus.univ-jfc.fr) et « Les étudiants étrangers à Toulouse à l’époque moderne » (en ligne sur le même site).

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Table des illustrations

Titre Graph. 1 : Décomposition des effectifs de droit et évolution des juristes licenciés laïques (natifs du diocèse de Rodez en toute université documentée)
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Titre Graph. 2 : Évolution comparée des effectifs de droit non triés natifs du diocèse de Toulouse et des seuls licenciés laïques (en toute université documentée)
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Titre Graph. 3 : Évolution comparée des effectifs de droit non triés (8200 étudiants) et des seuls licenciés de droit laïques (6 diocèses cumulés*)
Légende *Diocèses de Cahors, Rodez, Montauban, Toulouse, Comminges et Tarbes
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Pour citer cet article

Référence électronique

Patrick Ferté, « Une histoire sociale des étudiants du Midi de la France (1560-1793) »L’Atelier du Centre de recherches historiques [En ligne], 28 Bis | 2024, mis en ligne le 10 janvier 2024, consulté le 28 avril 2025. URL : http://journals.openedition.org/acrh/28875 ; DOI : https://doi.org/10.4000/acrh.28875

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Auteur

Patrick Ferté

Maître de conférences émérite de l’université de Toulouse-Jean Jaurès, Patrick Ferté est membre du laboratoire Framespa (UMR 5136 – UT2J-CNRS). Spécialiste de l’histoire des anciennes universités, il a consacré un premier livre à L’université de Cahors au siècle des Lumières (1974), puis une thèse pionnière aux populations étudiantes de celle de Toulouse (1679-1793). Depuis, il est l’auteur d’une centaine de livres et articles de fond sur ce thème, notamment un Répertoire prosopographique des Étudiants du Midi de la France en 7 volumes regroupant près de 50 000 inscrits et diplômés en toutes facultés (P.U. Toulouse 1 Capitole, 2002-2015). Co-directeur avec C. Barrera de l’Histoire de l’université de Toulouse en 3 tomes (Éditions Midi-Pyrénéennes, 2020) dont il a écrit le volume sur l’époque moderne, ainsi que d’un recueil international sur Les Étudiants de l’exil (PUM, « Tempus », 2009), il est aussi membre du comité scientifique du groupe Héloïse qui vise à fédérer les bases de données universitaires mises en lignes par divers laboratoires européens : dans ce cadre, il a édité sur le site de l’INU Champollion d’Albi un corpus de tous les étudiants étrangers dans les anciennes universités françaises documentées (1561-1793), intitulé Extranei (https://poolcorpus.univ-jfc/ ).Université de Toulouse Jean Jaurès/Framespa CNRS

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