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Éditorial

Marianne Cerf, Justine Forrierre, Yvon Haradji, Nadia Heddad et Alexandre Morais

Texte intégral

1La revue s’est inscrite depuis plus de 20 ans dans un modèle reconnu aujourd’hui comme le modèle « diamant », gratuit pour les auteurs, gratuit pour les lecteurs. Elle participe ainsi à l’ouverture de la recherche vers la société dans un monde où les relations entre sciences et sociétés deviennent de plus en plus discutées et réévaluées pour le meilleur parfois, pour le pire trop souvent. Cette ouverture, nous souhaitons la maintenir, voire l’accroître, par exemple en partageant nos cadres et méthodes avec une large communauté de chercheurs et de praticiens à l’international, ce qui soulève la question de la place donnée dans la revue à des publications en anglais. Si cette possibilité existe depuis le début de la revue, elle est soumise à l’exigence d’une publication en parallèle, dans le même numéro, d’une version en français. Force est de constater que peu de collègues français nous adressent des publications en anglais et que peu de collègues non francophones publient dans la revue. Une réflexion et une expérimentation sont en cours au sein de la revue pour explorer et instruire cette ouverture. Signalons aussi que la journée « Placer l’activité au cœur de l’attractivité du travail » s’est déroulée le 1er octobre 2025 et donnera lieu à un dossier. Comme vous le savez, si les personnes qui interviennent dans la journée sont invitées à contribuer au dossier, d’autres personnes souhaitant présenter des travaux liés à la thématique de la journée peuvent aussi soumettre une proposition. N’hésitez donc pas à le faire en consultant le site de la revue pour en connaître les modalités.

2Vous trouverez dans ce numéro trois articles en varia. Le texte de Jérôme Visioli et Jérôme Guérin, intitulé « L’évolution du rapport au corps d’une championne olympique de planche à voile : une approche énactive du cours de vie », nous propose une lecture des bifurcations que connaît, dans son parcours, une athlète de haut niveau à travers les potentialités ouvertes, les activités réalisées et les virtualités, notions clés dans l’analyse du cours de vie, et les émotions. Il pointe le rôle que joue le corps dans les changements, en particulier lors de la bascule d’une logique de performance vers une logique de transmission. Le texte d’Isabelle Rioux et Frédéric Saussez, intitulé « Appropriation d’instruments culturels à l’âge adulte : le cas des écrits de métier en formation professionnelle du secondaire », s’attache à comprendre le processus d’appropriation d’outils culturels que sont les écrits de métier par des adultes non diplômés entre autres. Il pointe que l’utilisation de l’écrit de métier implique des normes d’usage pragmatiques, mais que s’ajoute à cela l’intériorisation de normes d’usages sémiotiques, qui relèvent du langage. Pour l’analyste, cela suppose de s’appuyer sur une théorie générale du langage. Les résultats montrent l’importance du dialogue intérieur pour dépasser certaines contradictions entre un vécu antérieur et ce que l’appropriation de ces écrits implique pour pouvoir les mobiliser en situation. Le texte d’Alexis Chambel et Valérie Pueyo, intitulé « Entre dispositif et monde professionnel : réflexion épistémologique sur le rapport entre savoir et action dans le domaine de la prévention des risques professionnels », mobilise et articule la notion d’épistémè développée par Foucault d’une part, de monde professionnel développée par Béguin d’autre part, pour interroger la manière dont le dispositif de prévention est utilisé par les personnes en charge de la prévention. En s’appuyant sur deux terrains dans le champ des activités de service, les auteurs soulignent en particulier, à partir de leurs analyses des activités et de leur propre intervention, que dans la rationalité de l’action, les savoirs scientifiques prennent le pas au détriment de « l’effectivité des savoirs profanes ». Ils nous invitent à nous questionner sur les connaissances que nous mobilisons dans le champ de la prévention, et sur leurs effets sur nos pratiques auprès des milieux de travail.

3Vous trouverez également dans ce numéro les premiers textes issus de la journée organisée en septembre 2024 sur la thématique « Nouveaux enjeux, nouvelles pratiques pour former au travail par la simulation ». Germain Poizat et Christine Vidal Gomel coordonnent le dossier issu de cette journée et précisent dans leur introduction comment ces quatre premiers textes (d’autres paraîtront au numéro d’avril 2026) s’inscrivent en continuité, mais aussi renouvellent les questions et les approches de l’activité en lien avec la conception et l’usage de la simulation en formation. Le premier texte de Marie Hoarau, Franck Mars et Camilo Charron proposent un texte intitulé « Effets d’un schème trompeur et de remédiations ». Le deuxième texte, intitulé « Mobilisation du Corps et simulation : comment susciter la transformation des pratiques professionnelles ? », est celui de Jeoffrey Beaujouan, Sophie Aubert, Fabien Coutarel et Michel Récopé. Un troisième, d’Élodie Ambrosetti, Emmanuel Bernaz et Simon Flandin est intitulé « Recherche centrée activité et orientée par la conception de formation : une étude en simulation médicale ». Enfin, Dieuwertje Bordat-Teeuwen et Guillaume Serres proposent un texte intitulé « Analyse didactique d’une séance de simulation : gérer l’activité simulée tout en anticipant le débriefing »,

4Vous trouverez également cinq recensions d’ouvrage. Pascal Étienne nous livre sa lecture de l’ouvrage « Petite histoire du RESACT-MP : un acteur incontournable de l’ergonomie toulousaine » écrit par Pierre Jansou, Jean-Claude Marquié, Pierre Richard et Corinne Chabaud. Muriel Prévot-Carpentier, Françoise Decortis et Anne Bationo-Tillon nous partagent leur approche de l’ouvrage d’Yves Clot intitulé « Découvrir Vygotski », dans lequel l’auteur met à disposition certains textes de Vygostki et les discute. Janine Rogalski nous expose de façon détaillée l’ouvrage « Quels types d’interaction requiert l’activité collective ? » coordonné par Patricia Schillings, Marie-Yvonne Merri et Isabelle Vinatier. Pascal Simonet présente et commente l’ouvrage « La régulation sociale du risque émotionnel au travail » de Thomas Bonnet. Enfin, Yannick Lemonie poursuit le partage d’ouvrages parus concernant la théorie culturelle et historique de l’activité et nous livre son analyse du livre de Clay Spinuzzi intitulé « Triangles and Tribulations. Translations, betrayals, and the making of cultural-historical activity theory ».

5Ce numéro inclut également quatre résumés de thèse. Damien Cromer évoque sa thèse intitulée « Les genèses instrumentales du dialogue sur la qualité du travail dans l’intervention : une contribution à la question des genèses organisationnelles ». Il présente la façon dont il a analysé, au sein d’une collectivité territoriale, les processus d’appropriation du dialogue professionnel sur la qualité du travail par les différents protagonistes et les collectifs de l’intervention jusqu’à transformer l’organisation. Camille Berrier présente sa thèse intitulée « Approche psychosociale clinique de l’engagement dans de nouvelles pratiques professionnelles. L’exemple d’éleveurs en contexte de transition agroécologique en France ». En mobilisant le modèle de la socialisation plurielle et active combiné à l’approche de la clinique de l’activité, le travail met en lumière, à partir d’entretiens semi-directifs individuels et collectifs, les dimensions psychosociales structurant l’engagement d’éleveurs en Occitanie dans de nouvelles pratiques plus durables. Hervé Dangoumau rend compte de sa thèse intitulée « Le théâtre-forum comme artefact en formation : accompagner le développement professionnel des enseignants au xxie siècle ». S’appuyant sur trois cas dans lesquels le théâtre forum est mobilisé au service de la formation pour apprendre des situations, il analyse les conditions pour que ce dernier se constitue en « instrument psychologique », dans un processus de « genèse instrumentale », et pointe les médiations qu’il est susceptible d’opérer. Enfin, Yann Le Chêne présente sa thèse intitulée « Le travail invisible des aides-soignantes en EHPAD : une lecture par l’analyse de l’activité de la dimension éthique de la charge de travail et des usages d’un système d’IA ». L’analyse de l’activité des aides-soignantes met en lumière les tensions éthiques que ces dernières gèrent dans un secteur sous-doté en moyens. De plus, elle pointe la façon dont une « IA faible » peut soutenir l’activité dès lors que son introduction prend en compte les dynamiques structurelles, organisationnelles et éthiques qui la traversent au quotidien.

6Nous vous remercions de votre intérêt et de vos contributions à la revue et nous vous souhaitons une bonne lecture !

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Pour citer cet article

Référence électronique

Marianne Cerf, Justine Forrierre, Yvon Haradji, Nadia Heddad et Alexandre Morais, « Éditorial »Activités [En ligne], 22-2 | 2025, mis en ligne le 15 octobre 2025, consulté le 10 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/activites/11700 ; DOI : https://doi.org/10.4000/14ybf

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