L’ergonomie au prisme du développement durable : accompagner les transitions des organisations et les transformations de l’activité. Introduction au dossier

1Ce dossier a pour objectif de proposer des apports de connaissances sur la manière dont l’ergonomie peut traiter la question du développement durable dans différents contextes de travail et d’usage. Il s’appuie sur des travaux d’un collectif de chercheurs et chercheuses réuni dans la Commission Concevoir pour le Développement Durable (CCDD) de l’association ARPEGE (Association pour la Recherche en Psychologie Ergonomique et Ergonomie).

2La notion de développement durable émerge à la fin des années 1980 dans un rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’Organisation des Nations Unies (ONU), aussi nommé rapport Brundtland. La notion y est définie comme : « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs » (Brundtland, Khalid, Agnelli, Al-Athel, Chidzero, Fadika et al., 1987, p. 40). Trois piliers ont pu être définis : environnemental (le plus souvent spontanément évoqué quand il s’agit de développement durable), économique (le plus prégnant dans nos sociétés de consommation) et social (le plus souvent oublié). Le développement durable est un défi intergénérationnel qui vise des enjeux d’équité et de justice sociale. Depuis le rapport Brundtland en 1987, ce défi mondial a imprégné l’ensemble de la société dans ses sphères politiques, industrielles, commerciales et scientifiques (Haslam & Waterson, 2013). L’un des modèles le plus répandu est basé sur la « Triple Bottom Line » (Elkington, 1998) correspondant à la recherche d’un juste équilibre entre les trois piliers : social, économique et environnemental (Dyllick & Hockerts, 2002 ; Thatcher, 2012). Malgré cela, le concept de développement durable est sujet à de nombreux débats dans le monde de la recherche (Glavič & Lukman, 2007 ; Ruggerio, 2021) et génère des discussions autour de la définition même du développement durable, de ses objectifs, de sa temporalité et des moyens pour y parvenir (pour un examen complet, voir Ruggerio, 2021).

1 https://iea.cc/member/human-factors-and-sustainable-development/

3Les enjeux de durabilité écologique et de soutenabilité sociale ont pris une place grandissante dans les organisations de travail, les collectifs et les territoires. Ces enjeux sont explorés depuis de nombreuses années par l’ergonomie et se sont progressivement imposés dans la communauté. L’ergonomie tient ainsi toute sa place pour contribuer à concevoir un futur désirable et accompagner les acteurs à tracer un chemin de transition encore indéterminé. Dès les années 90, l’ergonomie et le courant des Human Factors se saisissent des enjeux du développement durable, en témoigne par exemple le discours de Moray (1994), au 12^e congrès de l’International Association of Ergonomics (IEA) pointant l’importance de la participation des Human Factors et de l’ergonomie dans les discussions qui touchent la durabilité à un niveau mondial/global : augmentation de la population, pollution, pénurie d’eau, etc. (voir également Moray, 1995). En 2005, la Société d’Ergonomie de Langue Française (SELF) avait fait du développement durable le thème central de son congrès annuel, sous l’angle du « travail humain comme facteur de développement durable et de cohésion sociale ». En 2008, l’IEA décide de créer une commission spécifique au développement durable « Human Factors and Sustainable Development »1 qui vise notamment à accroître la contribution de l’ergonomie aux concepts liés au développement durable, à la diffusion des connaissances (via des communautés universitaires, des spécialistes du domaine, etc.) et promouvoir le rôle de l’ergonomie dans un contexte de développement durable auprès de la population. Ce comité technique regroupe aujourd’hui environ 70 membres et est divisé en 6 sous-commissions thématiques. En parallèle, le comité technique « Activity Theories for Work Analysis and Design » (ATWAD) a également proposé des travaux s’appuyant sur une ergonomie de l’activité pour un développement durable. Ces deux comités techniques ont organisé des sessions communes lors du congrès de l’IEA en 2021 (voir par exemple : Thatcher, Bolis, Sigahi, Garcia-Acosta & Lange-Morales, 2022).

4Haslam et Waterson (2013) soulignent cependant une faible contribution de l’ergonomie et des Human Factors jusqu’en 2010. En 2018, Thatcher, Waterson, Todd et Moray (2018) dénoncent d’ailleurs le manque d’études ergonomiques empiriques sur ces mêmes préoccupations qui se jouent à un niveau macroscopique. Pour autant, des travaux ont déjà été engagés notamment par Steimle et Zink (2006) sur les facteurs humains et le développement durable (Human Factors and Sustainable Development, HFSD).

2. Genèse et développement des travaux de la Commission « Concevoir pour le développement durable » d’ARPEGE

2 Pour intégrer la commission CDD, il est nécessaire d’être adhérent et adhérente à ARPEGE. Il est to (...)
3 La commission a été créée et animée de 2015 à 2018 par Julien Guibourdenche, puis de 2018 à 2021 pa (...)

5C’est dans ce contexte général que la Commission Concevoir pour le Développement Durable (CCDD) de l’Association pour la Recherche en Psychologie Ergonomique et Ergonomie (ARPEGE) est créée en 2015, à l’initiative de Julien Guibourdenche faisant suite au constat de plusieurs chercheurs et chercheuses d’une absence de structure française centrée sur ces questions. Les objectifs initiaux, toujours actuels, sont de mettre en partage des travaux de chercheurs et chercheuses, enseignants et enseignantes, et praticiens et praticiennes en ergonomie et psychologie ergonomique ; de promouvoir des échanges collectifs (épistémologiques, conceptuels, méthodologiques, pragmatiques, etc.) sur le développement durable et les transitions multiples concernant le travail et la conception des espaces et équipements, directement liés à ses modalités de mise en œuvre à l’échelle des organisations et des territoires. La CCDD, qui se veut un espace de dialogue ouvert2, regroupe une trentaine de membres intéressés par ces questions. Animée collectivement3, elle propose environ trois événements par an, prenant la forme de séminaires, webinaires, ateliers, ou encore visites de structures. Les thèmes abordés lors de ces rencontres tentent d’apporter des connaissances sur des éléments structurants de l’ergonomie confrontée au développement durable, interrogeant ainsi les modèles théoriques et méthodologiques de la discipline ainsi que son éthique professionnelle (par exemple : Bourmaud, Zara-Meyla, Le Bail, Boudra, Masson, Retaux et al., 2019 ; Guibourdenche & Cahour, 2019).

6Les travaux menés par les membres de la CCDD prennent place dans différents domaines tels que la production et la consommation d’énergie (Fréjus, 2019 ; Guibourdenche, Vacherand-Revel, Fréjus & Haradji, 2015 ; Lasalle, Amelot, Chauvin & Boutet-Diéye, 2016), l’éco-conception (Martin, Gaultier & Colin, 2022), l’agriculture et la pêche durable (Chizallet, Prost & Barcellini, 2019 ; Slimi, Prost, Cerf & Prost, 2022 ; Thiébaut-Rizzoni, Guillet, Lassalle & Chauvin, 2022 ; Bourmaud & Munoz, 2023), la transition des systèmes alimentaires (Le Bail, Cerf & Yannou-Le Bris, 2021), la gestion et le recyclage des déchets (Boudra, 2016 ; Favreau, Bourmaud & Decortis, 2018), la mobilité durable (Cahour, Licoppe & Créno, 2018), la transformation du travail (nouvelles formes d’organisation du travail, travail décent) (Rattina, Romain, Cahour, Bourmaud & Prévot-Carpentier, 2022 ; Tran, Chassaing, Petit & Caroly, 2023), la transformation urbaine (par exemple : le déploiement d’écoquartiers, Le Bail, 2018), plus récemment les questions du corps (Casse & Masson, 2023) et du sport (Dugény, Bossard, Vacher & Kermarrec, 2023 ; Le Pape, Kérivel & Bernier, 2023).

7Intégrer les enjeux du développement durable dans nos recherches implique concrètement pour nos études d’opérer des changements d’échelle et d’unité d’analyses pour mieux appréhender l’activité humaine et les usages en situation réelle. L’approche systémique prend ici tout son sens et des collaborations ont à ce propos été engagées avec des chercheurs pionniers sur ces questions tels qu’Andrew Thatcher, donnant naissance à un article (Thatcher, Guibourdenche & Cahour, 2019). Cette approche est depuis prolongée par d’autres membres de la CCDD (par exemple : Le Bail et al., 2021 ; Thiébaut-Rizzoni et al., 2022 ; Chizallet, Barcellini & Prost, 2023 ; Kérivel, Guibourdenche, Bossard & Prost, à paraître).

8Les différents domaines cités plus haut sont discutés au travers de thèmes transversaux tels que : 1) celui de l’articulation des différentes échelles du temps, de l’espace et/ou de l’organisation ; 2) celui des territoires englobant la question de l’échelle d’action pour appréhender des problèmes globalisés, mais définis par des enjeux locaux spécifiques à un territoire donné (par exemple : Boudra, Béguin, Delecroix & Pueyo, 2019 ; Le Bail et al., 2021) ; 3) celui des transitions, avec notamment la transition professionnelle (Prost, Prost & Cerf, 2017), la transition des systèmes de travail (Chizallet, 2019) ou de vie quotidienne (Fréjus, 2019), la transition territoriale (Boudra, Le Bail, Prost, Chizallet, Masson et al., 2021), ou encore la transition des systèmes de valeurs (Le Bail, 2018) ; 4) celui des temporalités qui permet d’interroger le temps long et/ou les temps multiples de la transition (Guibourdenche, 2020 ; Zara-Meylan, 2016) ; 5) celui de la sobriété impliquant une réflexion sur un mode de consommation de produits, services et technologies plus raisonné (Créno, 2016 ; Fréjus, 2021 ; Martin, Gaultier & Colin, 2022), etc. Ces quelques exemples ne sauraient être exhaustifs, mais donnent à voir la diversité des thèmes couverts par la CCDD. Les journées de la commission sont aussi l’occasion d’inviter des collègues issus d’autres disciplines ce qui permet d’ouvrir de nouvelles perspectives et réflexions allant dans le sens de la nécessaire pluridisciplinarité qu’implique l’étude du développement durable. Ce fut par exemple le cas avec l’invitation de Yann Leroy du laboratoire de Génie Industriel de Centrale Supélec, dont la présentation portait sur l’éco‑conception.

9Outre ces journées internes à ARPEGE, la CCDD diffuse les connaissances produites par le biais d’articles scientifiques et de communications dans des conférences. Le numéro spécial de Psychologie Française (2019) a jeté les bases de ce que pourraient être les nouvelles perspectives en psychologie ergonomique et ergonomie. Les membres de la CCDD participent régulièrement à des congrès pour mettre en valeur les travaux et réflexions menées. Les thèmes traités lors de ces manifestations concernent les évolutions et contributions de l’ergonomie aux questions du développement durable (congrès de la SELF, 2016) ainsi que les apports pour aller au-delà de la soutenabilité (congrès de la SELF, 2017) ; la question des valeurs, éthique et enjeux pour la formation et la pratique de l’ergonomie (congrès de la SELF, 2019) ; la relation entre appropriation des technologies et la transformation de pratiques dans les recherches liées au développement durable en ergonomie et psychologie ergonomique (colloque Epique 2017) ; la construction des approches multi-scalaires du temps, de l’espace et de l’organisation pour aborder les transitions vers un développement durable (colloque Epique, 2021) ; le corps au travail et les enjeux de durabilité (colloque Epique 2023). Un rapprochement avec des réseaux internationaux a été amorcé lors de l’IEA 2018 (Guibourdenche, Bourmaud, Prost & Retaux, 2019) donnant naissance à un article commun (Thatcher et al., 2019).

3. Objectif du dossier : accompagner les transitions et les transformations de l’activité

10Ce dossier est pour nous, actuelles coordinatrices de la CCDD, l’occasion de mettre en avant des travaux menés au sein de la commission. Il s’agit de soutenir l’objectif d’engager nos recherches et interventions vers des transformations des systèmes déjà à l’œuvre, en adoptant un regard critique sur les dimensions sociales et sociétales dans nos recherches et interventions (Nascimento, 2020).

11Le développement durable est à l’origine de transitions multiples et interdépendantes dans les organisations de travail (transitions écologiques, organisationnelles, instrumentales, professionnelles, territoriales, sociales, etc.). Ces transitions peuvent avoir été amorcées par nécessité (par exemple : se mettre en conformité par rapport à une nouvelle règlementation), et/ou par volonté éthique (valeurs personnelles, citoyennes). En effet, le développement durable ne peut se résumer à des injonctions extérieures ou des contraintes supplémentaires. Il est plutôt à étudier comme une modalité de la transformation et comme une ressource potentielle pour (transformer) l’activité. Mais même si le processus de transition(s) est bien souvent déjà engagé dans les projets de recherche et d’interventions qui ont été réalisés par les membres de la CCDD, le chemin reste en partie indéterminé, voire parfois impensé. L’enjeu du côté de la production de connaissances pour la transformation des situations et systèmes de travail est de développer une approche systémique pour accompagner une réorganisation qualitative du système. Cette approche systémique apparaît particulièrement utile pour éviter les écueils d’une production de ces transitions (écologiques, professionnelles et organisationnelles, etc.) : 1) en silo, c’est-à-dire de façon séparée, sans lien, sans dialogue, ou 2) en cascade, c’est-à-dire de manière successive les unes à la suite des autres, sans anticipation, une fois que les problèmes ont déjà produit leurs effets.

12Ce dossier propose des ressources pour accompagner les transitions écologiques, productives, organisationnelles, etc., en s’appuyant sur une analyse de l’activité. Les articles qui composent ce dossier s’appuient sur des projets de recherche et d’intervention conduits dans différents secteurs : l’agriculture, la recherche et l’enseignement, la production d’énergie et l’emploi des séniors. Ils témoignent de différentes façons de produire des connaissances sur l’activité et d’intervenir de façon transformative pour contribuer au développement durable, appréhendé dans sa conception tripolaire (défi environnemental, défi économique, défi social).

4. Présentation des articles

13L’article proposé par Julie Lassalle et Adelaïde Amelot se situe dans le contexte de la transition énergétique et s’intéresse à l’appropriation des technologies de réseaux électriques « intelligents » (smart-grids) envisagés pour améliorer la sécurité de l’approvisionnement et réduire les consommations d’énergie. Les systèmes smart-grids émanent directement des directives des politiques européennes et nationales dans un objectif de modification des comportements individuels pour une augmentation de l’efficacité énergétique. Les autrices proposent d’étudier le processus d’appropriation de ces technologies sous le prisme de l’approche instrumentale, à travers une étude longitudinale (3 ans) conduite dans le cadre du smart-grid expérimental SOLENN (SOLidarité Energie iNnovation) auprès d’un échantillon de 36 foyers. Leurs résultats pointent les empêchements de l’appropriation d’interfaces smart-grids et permettent de formuler des pistes de conception pour l’amélioration du dispositif et pour favoriser les genèses instrumentales. En perspective, les autrices questionnent le rôle de l’ergonomie et l’apport des démarches participatives dans la définition des réglementations pour la transition énergétique, afin que les choix de conception s’orientent davantage vers le développement du pouvoir d’agir des individus et des organisations pour répondre aux enjeux de transition écologique.

14Toujours dans le domaine de la transition énergétique, l’article de Julien Guibourdenche et Myriam Fréjus vise à renseigner l’instrumentation de l’activité de travail des responsables et contributeurs d’un Plan Climat-Air-Énergie Territorial (PCAET) d’une grande métropole. Leur recherche-intervention, réalisée auprès d’acteurs d’un établissement public de coopération intercommunale (EPCI), met en évidence cinq classes d’activités (concevoir, communiquer, rechercher, analyser et suivre) interdépendantes ayant de fortes implications pour la conception de l’interaction humain-machine (ici, une plateforme énergie-climat), mais aussi pour la compréhension de l’activité de travail de ces acteurs, activité jusqu’alors peu étudiée en ergonomie. À travers leurs résultats, l’auteur et l’autrice proposent une discussion des différences entre instrument d’action publique et instrument dans l’activité de travail, ainsi que des complémentarités et divergences entre cette activité de travail (orientée vers l’action publique) et les notions de travail politique, travail de territorialisation et travail d’intermédiation. Cet article montre que l’ergonomie a toute sa place dans l’analyse et l’accompagnement de l’activité de travail orientée vers l’action publique.

15À travers une autre recherche-intervention, cette fois dans le domaine de l’agriculture, l’article de Yann Poley, Chloé Le Bail et Vincent Boccara vise à contribuer aux réflexions sur la prévention durable des risques professionnels, à partir de l’analyse du travail des conseillers en prévention des services Santé Sécurité au Travail (SST) de la Mutualité Sociale Agricole (MSA). Les auteurs et autrices proposent notamment une grille de lecture originale pour caractériser la prévention durable, à partir de trois champs de littérature en ergonomie : 1) les travaux sur la prévention durable des TMS, 2) les travaux sur les notions de travail durable, travail soutenable et travail décent, et 3) les travaux sur le concept de développement durable. Les résultats de l’étude montrent que la qualité de la relation de service est une condition préalable à la durabilité de la prévention. Les conseillers en prévention cherchent à construire des relations singulières et pérennes avec les affiliés, sur un temps long, dans le but de co-construire avec les affiliés des actions qui promeuvent une prévention collective et primaire. Ces résultats ouvrent des perspectives pour repenser le métier de préventeur et renouveler les ambitions de la prévention des risques professionnels pour tendre à davantage de durabilité.

16L’article d’Annie Jolivet et Valérie Zara-Meylan traite lui aussi de la soutenabilité du travail, en lien avec l’amélioration des conditions de travail des seniors. L’étude se centre sur l’analyse de l’activité de travail de coopérations pluri-acteurs, avec un focus sur les coopérations élaborées par des chargés de mission qui interviennent sur des questions d’amélioration des conditions de travail auprès de TPE et PME dans différentes régions. Au travers d’expérimentations territoriales partenariales, les autrices montrent ainsi le travail des chargés et chargées de mission du réseau Anact-Aract pour faire vivre des dynamiques territoriales et aident à une meilleure compréhension des problématiques territoriales liées à la qualité du travail et à l’inclusion en matière d’emploi. Les autrices apportent des éléments de compréhension des coopérations multi-acteurs en vue de favoriser un développement du travail soutenable, et plus généralement un développement durable.

17Enfin, l’article de Chloé Le Bail, Magali Prost et Marie Chizallet propose un dispositif original pour soutenir la conception collaborative de nouveaux objets de travail qui participent au développement durable. Ce dispositif repose notamment sur un jeu de onze cartes Caractéristiques du Développement Durable (CDD) que les autrices ont construites à partir de la littérature en ergonomie sur le développement durable. Les autrices présentent la mise à l’épreuve du dispositif lors d’une journée d’accompagnement auprès d’un collectif d’enseignants-chercheurs en Sciences du Sport et analysent l’activité de conception collaborative que deux ateliers du dispositif ont permis de générer. Les résultats montrent que les onze CDD (et plus largement, les deux ateliers) aident à la mise en réflexion des enjeux du développement durable et favorisent un débat constructif autour d’actions futures qui intégreraient ces enjeux.

5. Ouverture sur de nouvelles thématiques à traiter

18Les articles de ce dossier proposent des cadres théoriques, méthodologiques et épistémologiques différents qui illustrent la richesse dont dispose l’ergonomie pour se saisir des questions du développement durable. Les connaissances produites dans ces recherches-interventions apportent une contribution située au développement durable, saisi dans sa conception tripolaire. En effet, l’intervention ergonomique engagée dans le développement durable soutient des objectifs de transformations systémiques qui visent à mettre en synergie les trois pôles du développement durable (économique, environnemental et social). Si la question économique peut apparaître plus modestement abordée, elle n’est pas exclue de ces travaux. D’une part, le double objectif de l’ergonomie de performance des systèmes et de santé des individus intègre cette dimension. D’autre part, le pôle environnemental et le pôle économique apparaissent le plus souvent étroitement liés. Concrètement, les projets de transformations à visée écologique soutenues par les organisations de travail émergent le plus souvent lorsque des finalités économiques ont été anticipées par les réseaux d’acteurs.

19Cette diversité d’approches vise toutefois à répondre à des questions communes : 1) comment le développement durable s’inscrit dans l’activité et contribue à la transformer ? Et 2) quelles formes d’appropriation, de coordination, de coopération, etc. par les sujets et les collectifs viennent enrichir voire reconfigurer les projets eux‑mêmes ?

20Dans ce contexte, l’ergonomie propose, à travers ses modalités d’analyse et de transformation, de rendre tangibles des projections nouvelles vers un futur durable, possible, désirable et réalisable. Pour reprendre les travaux de la Commission Brundtland (op.cit.), engager des projets de développement durable suppose de répondre aux enjeux actuels (par exemple : faire face à l’urgence écologique) et simultanément produire des ressources pour les générations futures pour répondre aux besoins de demain. En conclusion, une ergonomie au prisme du développement durable a pour originalité d’accompagner les transitions écologiques, productives, organisationnelles, instrumentales ou territoriales en y intégrant les transitions sociales à l’œuvre.

21De plus, elles ouvrent des questionnements autour de la conduite de projet de transitions durables pour lesquels peuvent être identifiés des parallèles avec la conduite de projet dans le cadre de processus de conception. Divers travaux ont considéré la conception comme un processus collectif marqué par une interdépendance de ses acteurs (Béguin, 2003 ; Midler, 1996). Ces interdépendances entre concepteurs des instruments et concepteurs des situations de travail ou d’usage et leurs contraintes mutuelles encadrent, orientent et délimitent les processus décisionnels de chacun des acteurs. Cette approche du processus de conception marque les liens entre conception, organisation et usages en situation. Elle soutient une articulation à construire entre les dimensions techniques, organisationnelles et de l’activité, pour une mise en cohérence des systèmes de travail et d’usage. En effet, moins le système de travail est cohérent, plus la situation sera difficile pour les travailleurs et les utilisateurs (Béguin, 2011). Toutefois, comme le soulignent Engeström et Sannino (2020), ces interconnexions sont d’autant plus complexes lorsqu’il s’agit d’appréhender des problèmes sociétaux à l’exemple du développement durable. Cela ouvre à de nouveaux champs d’investigation pour l’ergonomie.

22Les contributions de ce dossier invitent à poursuivre les réflexions autour des questions de justice sociale (inégalités de genre, inégalités économiques, etc.) et de développement (développement durable, mais aussi développement des sujets, de leur activité et de leur santé). La contribution de l’ergonomie à la construction du « travail décent » est de notre point de vue un apport central en ergonomie. Les contributions au dossier encouragent également à poursuivre les travaux déjà engagés en ergonomie pour tenir compte simultanément de dimensions multiples à la fois temporelles (diachronicité, synchronicité), systémiques et multiscalaires (individuel, collectif, organisationnel, territorial). Les articles de ce dossier mettent tous en évidence les dimensions multiples qui doivent être articulées dans le cadre de projets visant un développement durable.

Haut de page

Bibliographie

Béguin, P. (2003). Design as a mutual learning process between users and designers. Interacting with computers, 15(5), 709‑730. https://doi.org/10.1016/S0953-5438(03)00060-2

Béguin, P. (2011). Acting within the boundaries of work systems development. Human factors and ergonomics in manufacturing and services industries, 21(6), 543‑554. https://doi.org/10.1002/hfm.20258

Boudra, L. (2016). Durabilité du travail et prévention en adhérence : le cas de la dimension territoriale des déchets dans l’activité de tri des emballages ménagers. Thèse de doctorat, Université de Lyon.

Boudra, L., Béguin, P., Delecroix, B. & Pueyo, V. (2019). Prendre en compte le territoire dans la prévention des risques professionnels. Le cas du travail de tri des emballages ménagers. Le travail humain, 82(2), 99‑128. https://doi.org/10.3917/th.822.0099

Boudra, L., Le Bail, C., Prost, M., Chizallet, M., Masson, A., Bourmaud, G. & Guibourdenche, J. (2021). Double symposium : Construire des approches multi-scalaires du temps, de l’espace et de l’organisation pour aborder les transitions vers un développement durable. In Actes du 11^ème colloque de Psychologie Ergonomique (EPIQUE). Lille, 6‑9 juillet

Bourmaud, G. & Munoz, G. (2023). Situations de substitution de ressources et formation : Travailler avec le vivant en permaculture. TransFormations - Recherches en Éducation et Formation des Adultes, 1(25), 53‑71.

Bourmaud, G., Zara-Meylan, V., Le Bail, C., Boudra, L., Masson, A., Retaux, X., Nascimento, A. & Lacomblez, M. (2019). Table ronde : L’ergonomie au prisme du développement durable : valeurs, éthique et enjeux pour la formation et la pratique. In Actes du 54^e congrès de la Société d’Ergonomie de Langue Française (SELF). Tours, 25‑27 Septembre.

Brundtland, G., Khalid, M., Agnelli, S., Al-Athel, S., Chidzero, B., Fadika, L., Hauff, V., Lang, I., Shijun, M., Morino de Botero, M., Singh, M., Okita, S. & Others, A. (1987). Our Common Future (Brundtland report). Oxford University Press, USA.

Cahour, B., Licoppe, C. & Créno, L. (2018). Articulation fine des données vidéo et des entretiens d’auto-confrontation explicitante : Étude de cas d’interactions en covoiturage. Le Travail Humain, 81(4), 269‑305. https://doi.org/10.3917/th.814.0269

Casse, C. & Masson, A. (2023). Le corps en mouvement pour transformer le travail ? In Actes du 12^e colloque de Psychologie Ergonomique (EPIQUE). Paris, 5‑7 juillet

Chizallet, M. (2019). Comprendre le processus de conception d’un système de travail dans l’indivisibilité du temps : le cas d’agriculteurs en transition agroécologique. Thèse de doctorat, Conservatoire National des Arts et Métiers.

Chizallet, M., Barcellini, F. & Prost, L. (2023). Sustainable system of systems at work: Unravelling (some of) the complexity of farmers’ transition to sustainability. Ergonomics. https://doi.org/10.1080/00140139.2022.2163687

Chizallet, M., Prost, L. & Barcellini, F. (2019). Comprendre l’activité de conception d’agriculteurs en transition agroécologique : vers un modèle trilogique de la conception. Psychologie Française, 64(2), 119‑139. https://doi.org/10.1016/j.psfr.2019.03.001

Créno, L. (2016). Covoiturer entre inconnus : des risques perçus à la construction de la confiance, panorama des expériences vécues des usagers. Thèse de doctorat, Télécom ParisTech.

Dugény, S., Bossard, C. Vacher, P. & Kermarrec, G. (2023). Développer les compétences émotionnelles des athlètes pour améliorer la durabilité de la carrière sportive professionnelle. In Actes du 12^e colloque de Psychologie Ergonomique (EPIQUE). Paris, 5‑7 juillet.

Dyllick, T. & Hockerts, K. (2002). Beyond the business case for corporate sustainability. Business strategy and the environment, 11(2), 130‑141. https://doi.org/10.1002/bse.323

Elkington, J. (1998). Accounting for the triple bottom line. Measuring business excellence, 2(3), 18‑22. https://doi.org/10.1108/eb025539

Engeström, Y. & Sannino, A. (2020). From mediated actions to heterogenous coalitions: four generations of activity-theoretical studies of work and learning. Mind, Culture, and Activity, 28(1), 4‑23. https://doi.org/10.1080/10749039.2020.1806328

Favreau, A., Bourmaud, G. & Decortis, F. (2018). Activity Resources, Resources for Sustainable Development: The Case of Waste Management in a Zoological Park in France. In Proceedings of the 20^th Triennial Congress of the International Ergonomics Association (pp. 997‑1002). Florence, 26‑30 August. https://doi.org/10.1007/978-3-319-96068-5_109

Fréjus, M. (2019). Élargissement et renouvellement des questions traitées par l’ergonomie dans le domaine du développement durable : retour sur 12 ans de travaux sur les activités domestiques et la maîtrise des consommations énergétiques. Psychologie Française, 64(2), 179‑196. https://doi.org/10.1016/j.psfr.2018.07.002

Fréjus, M. (2021). Designing Sustainable Situations. In Proceedings of the 21^st Triennial Congress of the International Ergonomics Association (pp. 521‑529). Online, 13‑18 June.

Glavič, P. & Lukman, R. (2007). Review of sustainability terms and their definitions. Journal of cleaner production, 15(18), 1875‑1885. https://doi.org/10.1016/j.jclepro.2006.12.006

Guibourdenche, J. (2020). Modélisation synthétique quantitative de plusieurs années d’activité. Quelle articulation entre signification en situation et complexité longitudinale ? Activités, 17(2). https://doi.org/10.4000/activites.5522

Guibourdenche, J., Bourmaud, G., Prost, M. & Retaux, X. (2019). Sustainable Development and Ergonomics: A Reflection Stemming from the Commission “Concevoir pour le Développement Durable”. In Proceedings of the 20^th Congress of the International Ergonomics Association (IEA 2018) Volume VIII: Ergonomics and Human Factors in Manufacturing, Agriculture, Building and Construction, Sustainable Development and Mining 20 (pp. 932‑939). Springer International Publishing.

Guibourdenche, J. & Cahour, B. (2019). Développement durable : nouvelles perspectives en psychologie ergonomique et ergonomie. Psychologie Française, 64(2), 115‑118. https://doi.org/10.1016/j.psfr.2019.04.001

Guibourdenche, J., Vacherand-Revel, J., Fréjus, M. & Haradji, Y. (2015). Analyse de contextes d’activité domestique pour la conception de systèmes diffus énergétiquement efficients. Activités, 12(1). https://doi.org/10.4000/activites.994

Haslam, R. & Waterson, P. (2013). Ergonomics and sustainability. Ergonomics, 56(3), 343‑347. https://doi.org/10.1080/00140139.2013.786555

Kérivel, T., Guibourdenche, J., Bossard, C. & Prost, M. (à paraître). Analyse multiniveaux et longitudinale du partage cognitif en situation : le cas de jeunes footballeurs de haut-niveau en centre de formation. Revue d’Anthropologie des Connaissances.

Lassalle, J., Amelot, A., Chauvin, C. & Boutet-Diéye, A. (2016). De l’artefact à la naissance de l’instrument pour la maîtrise de la consommation d’électricité : approche ergo-sociologique de la genèse instrumentale des smart-grids. Activités, 13(2). https://doi.org/10.4000/activites.2875

Le Bail, C. (2018). La dimension idéologique en conception collaborative : anticiper un système sociotechnique citoyen innovant pour une gestion durable et partagée des ressources. Thèse de doctorat, Télécom ParisTech.

Le Bail, C., Cerf, M. & Yannou-Le Bris, G. (2021). La relocalisation des systèmes alimentaires dans les territoires : quel cadre d’analyse en ergonomie. Une étude de cas sur le plateau de Saclay. Activités, 18(2). https://doi.org/10.4000/activites.6980

Le Pape, S., Kérivel, T. & Bernier, M. (2023). Questionner la durabilité des systèmes par une approche multiniveaux : illustration dans la promotion de l’activité physique. In Actes du 12^e colloque de Psychologie Ergonomique (EPIQUE). Paris, 5‑7 juillet.

Martin, A., Gaultier, A. & Colin, C. (2022). Cartographie du concept low-tech : guider la conception vers des techniques soutenables. In Actes du 56^e Congrès de la SELF : Vulnérabilités et risques émergents : penser et agir ensemble pour transformer durablement (pp. 144‑150). Genève, 6‑8 juillet.

Midler, C. (1996). Modèles gestionnaires et régulations économiques. In G. de Terssac & E. Friedberg (Eds.), Coopération et conception (pp. 63‑86). Toulouse: Octarès Editions.

Moray, N. (1994). “De maximis non curat lex” or how context reduces science to art in the practice of human factors. In Proceedings of the Human Factors and Ergonomics Society Annual Meeting (Vol. 38, No. 9, pp. 526‑530). Sage CA: Los Angeles, CA: SAGE Publications.

Moray, (1995). Ergonomics and the Global Problems of the Twenty-First Century. Ergonomics, 38(8), 1691‑1707. https://doi.org/10.1080/00140139508925220

Nascimento, A. (2020). Changement organisationnel, changement culturel ? Repères pour l’intervention ergonomique. Le Travail Humain, 83(2), 161‑177. https://doi.org/10.3917/th.832.0161

Prost, M., Prost, L. & Cerf, M. (2017). Les échanges virtuels entre agriculteurs : un soutien à leurs transitions professionnelles ? Raisons éducatives, 21, 129‑154. https://doi.org/10.3917/raised.021.0129

Rattina, M., Romain, A., Cahour, B., Bourmaud, G. & Prévot-Carpentier, M. (2022). Activité et vécu des livreurs en deux-roues : précarité, pression temporelle et risques. In Actes du 56^e congrès de la Société d’Ergonomie de Langue Française (SELF). Genève, 6‑8 juillet

Ruggerio, C. A. (2021). Sustainability and sustainable development: A review of principles and definitions. Science of the Total Environment, 786, 147481. https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2021.147481

Slimi, C., Prost, M., Cerf, M. & Prost, L. (2022). Les échanges entre agriculteurs dans un contexte de transition agroécologique : Une analyse à partir de l’étayage de l’enquête sur les situations de travail. Revue d’anthropologie des connaissances, 16(2). https://doi.org/10.4000/rac.26704

Steimle, U. & Zink, K. J. (2006). Sustainable development and human factors. In W. Karwowski (Ed.), International encyclopedia of ergonomics and human factors (pp. 2258‑2263). CRC Press.

Thatcher, A. (2012). Early variability in the conceptualisation of “sustainable development and human factors”. Work, 41(Supplement 1), 3892‑3899. https://doi.org/10.3233/WOR-2012-0058-3892

Thatcher, A., Bolis, I., Sigahi TFAC, Garcia-Acosta, G. & Lange-Morales K. (2022). Past, present, and future of E/HF for sustainability: A perspective from the HFSD Technical Committee. Work, 73(1), 153‑167. https://doi.org/10.3233/WOR-211121

Thatcher, A., Guibourdenche, J. & Cahour, B. (2019). Sustainable system-of-systems and francophone activity-centered approaches in ergonomics: Converging and diverging lines of dialogue. Psychologie Française, 64. https://doi.org/10.1016/j.psfr.2018.07.001

Thatcher, A., Waterson, P., Todd, A. & Moray, N. (2018). State of Science: Ergonomics and global issues. Ergonomics, 61(2), 197‑213. https://doi.org/10.1080/00140139.2017.1398845

Thiébaut-Rizzoni, T., Guillet, L., Lassalle, J. & Chauvin, C. (2022). L’analyse de l’activité de démaillage : intérêts pour et dans la conception d’un filet de pêche biodégradable. Activités, 19(2). https://doi.org/10.4000/activites.7653

Tran, J., Chassaing, K., Petit, J. & Caroly, S. (2023). The ecological transition in local government, a service relationship for gardeners and their team leaders. In Proceedings of the 14^th Organizational Design and Management Conference, July 11‑13, 2023, Bordeaux, France.

Zara-Meylan, V. (2016). Quelles conceptions temporelles pour analyser l’activité ? Une proposition issue de recherches en ergonomie dans l’horticulture. Activités, 13(1). https://doi.org/10.4000/activites.2732

Haut de page

Notes

1 https://iea.cc/member/human-factors-and-sustainable-development/

2 Pour intégrer la commission CDD, il est nécessaire d’être adhérent et adhérente à ARPEGE. Il est toutefois possible d’assister à une journée sans être affilié à ARPEGE. Pour plus d’informations, prendre contact avec l’équipe en charge de la coordination : https://arpege-recherche.org/activites/commissions/concevoir-pour-le-developpement-durable

3 La commission a été créée et animée de 2015 à 2018 par Julien Guibourdenche, puis de 2018 à 2021 par Julien Guibourdenche, Gaëtan Bourmaud, Magali Prost et Xavier Rétaux et depuis 2021 par Magali Prost, Leïla Boudra, Marie Chizallet et Chloé Le Bail (Julie Lassalle a rejoint l’équipe en 2023).

Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Chloé Le Bail, Marie Chizallet, Magali Prost et Leïla Boudra, « L’ergonomie au prisme du développement durable : accompagner les transitions des organisations et les transformations de l’activité », Activités [En ligne], 20-2 | 2023, mis en ligne le 15 octobre 2023, consulté le 15 janvier 2025. URL : http://journals.openedition.org/activites/8789 ; DOI : https://doi.org/10.4000/activites.8789

Haut de page

Auteurs

Chloé Le Bail

Université Paris-Saclay, CNRS, UMR LISN, 91400 Orsay
chloe.le-bail@universite-paris-saclay.fr

Articles du même auteur

Soutenir la conception collaborative de nouveaux objets de travail qui participent au développement durable : le cas d’un collectif d’enseignants‑chercheurs en Sciences du Sport [Texte intégral]

Supporting the collaborative design of new work objects relating to sustainable development: to the case of a group of teacher-researchers in Sports Science

Paru dans Activités, 20-2 | 2023
La prévention durable des risques professionnels au prisme du travail des préventeurs [Texte intégral]

Le cas de conseillers en prévention de la Mutualité Sociale Agricole (MSA)

The sustainable prevention of occupational risks through the lens of the work of occupational safety and health experts. The case of prevention advisors at the Mutualité Sociale Agricole (MSA)

Paru dans Activités, 20-2 | 2023
La relocalisation des systèmes alimentaires dans les territoires : quel cadre d’analyse en ergonomie ? [Texte intégral]

Une étude de cas sur le plateau de Saclay

Relocation of food systems within territories: which framework of analysis in ergonomics? A case study in the Saclay plateau

Paru dans Activités, 18-2 | 2021