1L’abri sous-roche du Poisson est un site d’habitat paléolithique orné, situé en rive droite de la Vézère, à moins d’un kilomètre en amont des Eyzies-de-Tayac. Classé au titre des Monuments historiques depuis 1913, son décor pariétal, constitué d’un poisson sculpté, d’anneaux percés, de gravures et de peintures (dont une main négative), est traditionnellement attribué à son deuxième niveau d’occupation, gravettien, les niveaux sous-jacents étant issus de la desquamation du plafond de l’abri (Peyrony 1932, 1952). Un bilan du site a été dressé en 2013 dans le cadre du PCR « Archéologie des sites ornés de Dordogne : cadre conceptuel, potentiels et réalité » et en 2016, un examen au microscope de L. V. Zotkina établissait le bon potentiel d’information techno-tracéologique du plafond.
2L’opération de prospection avec relevé d’art rupestre de 2017 visait à réaliser un inventaire des entités graphiques et une analyse tracéologique. Ces travaux sont couplés à un certain nombre d’enregistrements contextuels (lithologie des faciès calcaires, volumétrie de l’abri, géomorphologie des parois). L’opération, annuelle, est la première de l’étude intégrée de l’abri : une reprise de l’étude des remplissages et des mobiliers archéologiques, une reprise de l’étude des couleurs sont envisagés pour 2018.
3Cette opération a permis de restituer les volumes internes de l’abri du Poisson en les modélisant, de topographier et géoréférencer l’extérieur (registre inférieur de l’affleurement, réunissant les abris Lartet et du Poisson ; fig. 1). Un inventaire des traces observées sur le poisson a été réalisé par L. V. Zotkina et servira de référentiel pour l’ensemble du site. Enfin, un inventaire global des entités graphiques de l’ensemble du plafond fait état de onze entités graphiques, sept sur le plafond et quatre sur des blocs conservés in situ et de huit anneaux percés. Il y a donc six nouveaux éléments par rapport à ce qui était connu (Roussot 1984 ; Delluc, Delluc 1978). D’autres anneaux, d’autres plages de gravures, de dégagement de relief ou de couleur seront également à prendre en compte.
Fig. 1 – Acquisition tridimensionnelle et géoréférencement de l’escarpement de l’abri du poisson et de l’abri Lartet
Travaux : C. Beauval, F. Lacrampe-Cubauyère, X. Muth.
4En matière d’étude de l’art rupestre de l’abri du Poisson, beaucoup reste à faire, qu’il s’agisse d’inventaire ou d’analyse, des œuvres in situ ou conservées au Musée national de Préhistoire. Mais, dès à présent, notre perception de son décor sur paroi et sur bloc s’est considérablement enrichie. En matière d’analyse des figures, les nouvelles technologies s’avèrent particulièrement utiles, qu’il s’agisse de modélisation 3D (étude des volumes et des tracés gravés), de décorrélation colorimétrique (cartographie des aplats de couleur ou des phénomènes d’accumulation ; fig. 2). L’évolution taphonomique est également prise en compte. L’approche techno-tracéologique permet de proposer un référentiel réduisant les incertitudes liées aux tracés et volumes altérés et, ainsi, de discriminer le naturel de l’anthropique.
Fig. 2 – Relevé de la main négative et des tâches de couleur rouge
Cliché : E. Robert ; relevé : C. Crétin (MCC).
