Savignac-de-Miremont – Grotte de La Ferrassie
Entrées d’index
Année de l'opération :
2017Numéro d’opération :
026973Nature de l'opération :
fouille programméeNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Muséum national d’histoire naturelle
Texte intégral
1Le projet de recherche sur la grotte de La Ferrassie se concentre sur la partie la plus à l’ouest, la terrasse en avant de la grotte, où des dépôts aurignaciens non affectés par les anciennes fouilles ont été repérés lors des travaux précédents (fouille A. Turq, 2010-2015). L’intervention réalisée en 2017 (deuxième année d’autorisation triennale) s’est déroulée en deux temps : du 1er au 12 mai et du 11 septembre au 13 octobre.
2En 2016, les dépôts avaient été fouillés sur une surface de 4 à 5 m2 le long de la paroi sud, et jusqu’au sommet de la coupe ouest du grand abri, soit sur le secteur mis au jour lors des travaux précédents.
3La première intervention, au mois de mai 2017 a consisté à ouvrir plus largement le secteur de fouille, de façon à avoir une surface d’analyse plus étendue pour l’interprétation des dépôts. Pour cela, il était nécessaire d’éliminer les déblais des anciennes fouilles sur une surface d’environ 2 m2 (fig. 1). Ces déblais étant très riches en matériel archéologique, ils ont été tamisés à sec et une colonne de sédiments de 50 cm de côté a été tamisée à l’eau, de façon à évaluer leur contenu en fraction fine. Sur une grande partie de cette extension, les niveaux recherchés n’étaient malheureusement pas présents, les déblais recouvrant directement sur le substrat rocheux.
4Lors de la deuxième intervention, au mois de septembre 2017, la fouille a eu lieu sur l’ensemble de la surface mise au jour (tranchée fouillée en 2016 et extension de mai 2017). Les principales unités stratigraphiques constituant le remplissage sont du haut vers le bas : US 8, US 100/116, US 107 et US 105.
5L’US 8, située à l’extrémité sud-ouest de la terrasse, immédiatement au-dessus de la coupe ouest du grand abri (fouille 2010-2015) n’a pas été touchée. Pour rappel, cette unité constitue le raccord stratigraphique entre la terrasse de la grotte et le grand abri. L’hypothèse formulée pour cette couche 8 serait celle d’un mélange d’Aurignacien récent et de Gravettien drainé dans un chenal, et qui viendrait recouvrir (et partiellement éroder) l’Aurignacien ancien de la couche 7 de la fouille 2010-2015.
6L’US 100/116 est l’unité actuellement la plus fouillée, et qui a livré la plus grande quantité de mobilier archéologique. Elle correspond à la partie supérieure des dépôts conservés et était présente sur la majeure partie de la zone de préservation, de sa limite est jusqu’à la jonction avec la couche 8 au sud-ouest. Cette unité, très riche en matériel archéologique lithique et osseux, a subi une remobilisation post-dépositionnelle importante. Elle semble s’épaissir assez fortement dans la pente (vers le sud-ouest) où sa base n’a à l’heure actuelle pas été atteinte. Le mobilier archéologique est emballé dans un sédiment limono-sableux brun/noir, devenant brun à jaune, et très induré à mesure que l’on s’approche de la base.
7Le mobilier lithique de cette US, riche de 1 636 artefacts permet d’affirmer que nous sommes en présence d’une série culturellement homogène, qu’il est possible d’attribuer à l’Aurignacien récent. Malgré sa rareté, l’industrie en matières dures d’origine animale est compatible avec cette attribution, avec la présence d’une pointe à base pleine, de forme losangique et à section ovale.
8Située sous l’US 100/116, et au contact du substrat rocheux, l’US 105 constitue le second niveau important de cette séquence. Même si elle a été plus largement abordée en 2017, elle reste assez peu fouillée. Il s’agit très certainement de l’unité stratigraphique la mieux conservée et la mieux représentée, que nous considérions jusqu’à présent comme un probable Aurignacien ancien. Malgré la relative faible surface sur laquelle elle a été fouillée, elle a livré plus de 1 000 pièces lithiques qui ont permis de réviser son attribution, le matériel mis au jour en 2017 allant plutôt dans le sens d’un Aurignacien récent. L’industrie en matières dures d’origine animale va également dans ce sens, avec la présence d’une partie mésiale de pointe de section quadrangulaire et de contour losangique attribuable sans ambiguïté à l’Aurignacien récent sensu lato.
9À l’interface entre les US 100/116 et 105, se trouve un niveau très induré constitué de petits blocs calcaires et sable provenant de l’érosion des calcaires, ne contenant que très peu de matériel archéologique. Cet encroûtement fouillé sous le nom d’US 107 est en connexion avec une grande dalle calcaire mise au jour lors de l’extension de mai 2017. Il sera abordé plus largement lors des prochaines campagnes, afin de déterminer son origine.
10Lors de la fouille du remplissage deux possibles structures de combustion ont été identifiées : une première lors de l’ouverture de la tranchée en 2014 diagnostiquée en 2016 (US 106) et la deuxième mise au jour lors de l’extension de mai 2017 (St 110)
11La poursuite de la fouille de l’unité 106 (possible structure de combustion) dégagée en 2016, nous a permis de mieux appréhender sa position stratigraphique et sa composition. Elle est composée de blocs calcaires brûlés, de gros éléments de silex bruts brûlés et d’un gros bloc d’hématite, emballés dans un sédiment noir fin et meuble contenant une fraction fine anthropique (inférieure à 2 cm) très importante. Sa position stratigraphique a pu être clarifiée : elle est intrusive dans l’encroûtement de l’US 107 et se trouve au-dessus de l’US 105.
12Cette unité n’est pas au contact du substrat et son épaisseur sédimentaire est très variable. La question de savoir s’il s’agit bien d’une structure de combustion n’est toujours pas résolue.
13La structure de combustion (St 110) est installée directement sur le substrat rocheux (fig. 2). Elle était recouverte par les déblais des anciennes fouilles. Cette structure est constituée à l’ouest, par une couche noire mêlant des pièces lithiques emballées dans un sédiment fin et meuble au contact du substrat. À l’est, elle est bordée par un sédiment très fin blanchâtre cendreux également au contact du substrat, correspondant à de la cendre indurée. Le cœur de la structure est comblé de nombreux blocs de calcaire et de gros matériel (silex brûlés) qui semblent être la matrice principale du foyer. Le sédiment gris associé, extrêmement fin et meuble, est constitué de cendre mélangée avec des limons et des blocs calcaires. Le substrat sous et autour de la structure est très désagrégé par une chauffe intense, c’est d’ailleurs le cas sur une très grande partie de la terrasse rocheuse dégagée.
14Les deux premières années de fouille confirment donc la présence de deux niveaux distincts au sein des quelques mètres carrés de dépôts conservés sur la partie avant (ouest) de la terrasse de la grotte de La Ferrassie. Il semblerait que tous deux soient attribuables à l’Aurignacien récent, même si, pour l’US 105, cela demande à être confirmé par la poursuite de la fouille. La présence d’une, voire deux structures de combustion dont le remplissage (gros blocs de silex brûlés) est atypique, de très grandes quantités de matériel brûlé (en particulier des silex) et d’une forte altération des sédiments et du substrat rocheux par une chauffe intense posent question sur les activités qui ont eu lieu sur cette plateforme, ainsi que sur l’époque à laquelle elles ont eu lieu.
Table des illustrations
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Titre | Fig. 1 – Plan des objets coordonnés en 2016 et 2017 dans les principales unités stratigraphiques |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/101728/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 313k |
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Titre | Fig. 2 – Structure 110 en cours de fouille |
Crédits | Cliché : R. Mensan. |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/101728/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 783k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Laurent Chiotti, Romain Mensan et Élise Tartar, « Savignac-de-Miremont – Grotte de La Ferrassie » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Nouvelle-Aquitaine, mis en ligne le 27 août 2021, consulté le 19 avril 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/101728
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