1Les deux campagnes de prospection réalisées en 2015 et 2016 sur le site, propriété du département de la Dordogne, de la grotte ornée de Jovelle, avaient montré l’existence, à côté de la grotte ornée connue depuis 1983, d’un ensemble archéologique complexe comprenant un gisement aurignacien au pied des parois ornées, un espace sépulcral néolithique, plusieurs diaclases renfermant des vestiges paléontologiques pléistocènes de type tanière de hyène, une carrière de meules datée du xii^e s., enfin une carrière de pierres de taille, à ciel ouvert puis souterraine au xix^e s.

2En 2017, ces travaux de prospection ont été poursuivis et, en parallèle, une opération de fouille préventive a été conduite sur l’emprise des fondations de l’abri destiné à protéger des intempéries les parois ornées de la grotte ainsi que les blocs effondrés au sol de sa paroi sud.

La fouille préventive

3La fouille préventive a porté sur l’emplacement des fondations de l’abri. Le projet architectural ayant évolué, le projet de fouille a dû être adapté. Au sud, les poteaux métalliques sont passés de 4 à 2, réduisant de la même manière les fondations par micropieux de 4 à 2. Au nord, les fondations par micropieux, un moment envisagé, ont été remplacées par une poutre béton simplement posée sur la dalle calcaire ce qui permet d’enjamber les diaclases.

4Au sud, la position précise du socle calcaire à l’emplacement des fondations était donnée par les sondages géotechniques. Afin de caractériser les terrains qui le recouvrent, deux coupes ont été relevées, l’une à l’est, l’autre à l’ouest. À l’est, le calcaire est recouvert par des colluvions puis par des déblais de carrière xix^e s. À l’ouest, le calcaire est également recouvert de colluvions stériles mais ce sont des déblais de la carrière de meules (xii^e s.) puis ceux de la carrière de moellons (xv^e s. ?) qui les surmontent.

5La végétation et la terre végétale ont été retirées manuellement sur le tas de déblais qui s’étend entre la route et la grotte ainsi que sur la plate-forme entre le tas de déblais et la route. Les observations ainsi réalisées confirment les informations données par les coupes est et ouest. Elles ont permis en outre de comprendre comment les deux phases de déblais ont été générées. La première phase correspond à la production de meules. Il s’agit d’éboulis gravitaires formés de déchets de taille, de dimensions centimétriques, recoupés d’aplanissements liés aux chemins de circulation et rythmés par des dépôts de colluvions indiquant des phases d’abandon. La seconde phase correspond au dépôt de blocs de dimensions pluri-décimétriques à métriques portant, d’une part, les reliefs laissés dans le calcaire par les fosses d’extraction des meules et, d’autre part, des perforations circulaires d’une quarantaine de cm de longueur et de 7 à 8 cm de diamètre. Ces perforations, systématiquement ouvertes, sont placées sur les surfaces et les angles d’éclatement des blocs. Elles traduisent l’utilisation d’explosif. Des perforations analogues, ouvertes également, ont été observées au sommet du front de taille de la carrière de moellons. Ainsi, dans un premier temps (xii^e s.), l’affleurement calcaire est exploité de façon discontinue pour la production de meules de moulin, ennoyant le pied de l’escarpement sous plus d’un mètre de déchets de taille. L’extraction de meules en fosses, chaque fosse pouvant fournir jusqu’à trois à quatre meules superposées, a laissé la surface de l’affleurement très irrégulière. C’est vraisemblablement afin de supprimer ces irrégularités que l’explosif a été utilisé avant de commencer l’extraction des moellons. Ce sont ces blocs éclatés qui forment la deuxième phase de la constitution du tas de déblais. À l’issue de ces explorations archéologiques, une plate-forme a été aménagée, entre la route et le tas de déblais, pour permettre l’accès, sans risque, des engins de terrassement qui réaliseront les forages des micropieux. Le terrassement a consisté à araser la surface, les tas de déblais meubles liés à l’ouverture des bouches de cavage de la carrière souterraine (xix^e s.) et à combler, avec des matériaux issus de l’exploitation de la carrière souterraine, les dépressions aux abords des blocs volumineux issus de la régularisation de la surface perturbée par l’extraction des meules. Ces derniers ont été recouverts par un géotextile avant que les vides ne soient comblés.

6Au nord, à l’emplacement qui sera occupé par la poutre en béton, la végétation et la terre végétale qui recouvraient la dalle calcaire ont été retirées manuellement. Vers l’ouest, nous avons découvert de nouvelles fosses d’extraction de meules, en prolongement de celle qui avait été découverte en 2015 et qui avait fourni les ossements, restes culinaires, qui nous avaient permis d’obtenir des datations ¹⁴C cohérentes. Vers l’est, la dalle calcaire n’a pas été exploitée pour les meules et la majeure partie de la surface est parcourue par les sillons laissés, dans deux directions orthogonales préférentielles, par le soc de l’araire, révélant la mise en culture de parcelles de très faible étendue.

La prospection

7Une troisième campagne de prospection thématique a été réalisée en 2017 avec deux objectifs : dans la carrière souterraine, préciser l’occupation des diaclases qui ont livré du mobilier archéologique et/ou des restes fauniques ; à l’extérieur, rechercher des éléments de datation des épisodes successifs d’exploitation du calcaire.

8Sur les diaclases, l’accent a été mis sur l’étude géomorphologique sous la direction d’Hubert Camus (Cabinet Protée). Le tamisage des sédiments de remplissage des diaclases tombés au sol a été poursuivi. L’inventaire et l’étude de ce mobilier ont été confiés aux différents spécialistes (anthropologie, lithique, faune, microfaune).

9Sur les carrières aériennes, des éléments ont été envoyés pour datation.

10La couverture photogrammétrique du site par drone a été poursuivie.

Fig. – Vue aérienne du site de Jovelle

Agrandir Original (jpeg, 1,6M)

Cliché : E. Rallion.