1Dans le cadre d’un projet de construction d’hôtel au 4 rue basse de la Comédie, un diagnostic archéologique a été prescrit. Cette intervention était susceptible d’apporter des renseignements sur l’occupation de ce quartier situé aujourd’hui en hyper-centre urbain et à peu de distance de l’ancienne abbaye Saint-Martial. L’exiguïté de l’emprise n’a autorisé la réalisation que de deux sondages. Les résultats archéologiques, bien que limités, n’en sont pas moins très positifs. Ainsi, il semble que le fossé défensif du x^e s. ait été observé, tout comme des fondations de constructions et une cave sans doute médiévales.

2La première constatation est l’absence totale de vestiges de la période antique. Le substrat qui semblait avoir été décapé et ne supportait aucun horizon « naturel », marquait un pendage vers le nord. L’inclinaison suivie par la plupart des couches observées en stratigraphie dans le premier sondage pourrait témoigner d’un tassement des remplissages d’un fossé pouvant mesurer plus d’une dizaine de mètres de large. Il pourrait s’agir du fossé défensif cernant « le Château », creusé entre le x^e et le xii^e s. et dont le tracé est soupçonné à cet endroit. Cependant, aucune maçonnerie ne s’apparente à une muraille et le pendage du substrat, bien que réel, n’est pas très prononcé pour une paroi de fossé défensif.

3L’abandon de la structure identifiée comme possible fossé est comblée au moins au xiv^e s., date apportée par le mobilier céramique extrait d’une fosse qui recoupe nettement ses remplissages. Un possible silo, dégagé dans le second sondage, pourrait appartenir à la même période.

4Ce n’est vraisemblablement que tardivement que les premiers édifices maçonnés prennent place dans ce secteur. Les constructions semblent essentiellement représentées par des plots de maçonnerie ancrés profondément dans les épais remblais sous-jacents et supportant vraisemblablement à l’origine les arcs de décharge des fondations. Très vite, ces édifices vont se doter de sous-sols, rapidement agrandis ou approfondis, souvent sur deux niveaux superposés. Un accès de cave avec l’amorce d’un emmarchement de pierre se développant vers le sud a d’ailleurs été mis au jour. Si sa période de construction reste à déterminer (dans doute à la fin du Moyen Âge), le mobilier contenu dans son comblement témoigne d’un abandon très récent.

5La période de construction de la maison qui occupait cette parcelle et qui surplombait la cave, reste difficile à établir. Visiblement antérieure à 1775, elle était accolée jusqu’à la fin du xix^e s. contre l’église du couvent des Récollets de Saint-François édifiée en 1616. Tous les bâtiments conventuels furent détruits en 1896 pour permettre l’édification d’une nouvelle bibliothèque communale, bâtiment toujours en élévation qui jouera ce rôle jusqu’en 1998.

6La faible profondeur d’apparition des vestiges de caves et d’aménagements médiévaux rend ces vestiges vulnérables dans tout projet d’aménagement portant atteinte au sous-sol. Les deux sondages ouverts témoignent du fait que cette petite parcelle conserve encore des vestiges archéologiques intéressants pour la compréhension de l’histoire de ce quartier situé au cœur de l’un des pôles urbains médiévaux de Limoges.