1La fouille programmée de 1991 faisait suite à deux campagnes d’expertise et de sondage qui avaient mis en évidence un chargement relativement important de céramique provenant des ateliers de Fréjus dans le Var (Gallia Informations, 1992-1, p. 22-23) (fig. 1).
Fig. 1 – Échantillonnage des productions de Fréjus
Cliché : D. Metzger (Drassm).
2La fouille devait répondre au problème posé par l’écart constaté entre la datation proposée par Jean-Pierre Joncheray pour un chargement similaire, l’épave des Sardinaux datée de la fin du xviie s. (Joncheray 1989) et le contexte archéologique dans les fouilles terrestres qui se situe dans la première moitié du xvie s.
3Malheureusement, la dernière opération a montré que cette épave avait été totalement pillée ; la coque elle-même avait été bougée et des posidonies avaient poussé sur les vestiges de bois. Cette observation a été confirmée par des témoignages de plongeurs qui avaient vu le site vingt ans auparavant. Dans ces conditions si l’étude in situ a permis d’inventorier de nouvelles formes, en particulier dans la céramique culinaire (Amouric et al. 1999, p. 69), marmites et grands toupins (fig. 2), elle n’a, en revanche, pu apporter d’élément nouveau de datation.
Fig. 2 – La vaisselle culinaire de Fréjus
Dessins : M. Rodot.
4L’analyse dendrochronologique effectuée par Frédéric Guibal (CNRS) s’est révélée, elle aussi, décevante. En effet, tant les virures de pin sciées sur dosse que les membrures de chêne vert proviennent d’arbres qui ont poussé très rapidement et offrent donc peu de cernes. Aucune concordance n’a donc pu être établie.
5C’est finalement l’étude archéomagnétique, effectuée par le laboratoire d’Archéométrie de Rennes (Louis Goulpeau et Philippe Lanos), qui a donné les seuls résultats probants de la poursuite de cette opération. L’étude par aimantation rémanente, d’un lot de fonds d’écuelle et d’un lot de fonds de coupe sur piédouche, a permis de proposer comme date de fabrication de ces poteries : 1525 à vingt ans près. Tout à fait en accord avec les dernières fouilles de Fréjus conduites par Isabelle Béraud et Chérine Gébara, cette datation entraîne le vieillissement de plus d’un siècle et demi de l’épave des Sardinaux.