Moissat – Moissat-Bas, monastère Saint-Lomer
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Année de l'opération :
2016Numéro d’opération :
038012Sujets :
architecture, édifice, édifice religieux, logement des religieux, monastère, architecture chrétienne, architecture romane, art chrétien, art roman, crypte, lieu de culte, église, partie d'église, choeur (architecture), nef, chevetNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Laboratoire Magmas et Volcans
Texte intégral
1Deux bourgs composent le village de Moissat : Moissat-Haut et Moissat-Bas. Cette petite localité, située à l’est de Clermont-Ferrand, conserve les vestiges du monastère Saint-Lomer. L’organisation du bourg, que nous pouvons lire sur le cadastre actuel de Moissat-Bas, témoigne encore de l’héritage de l’organisation monastique médiévale. Le site occupe un replat qu’il convient d’attribuer à un aménagement anthropique et, plus particulièrement, à l’occupation aristocratique carolingienne précédant l’installation des moines au xe s.
2La découverte de la crypte de l’église monastique Saint-Lomer a donné lieu à une première intervention archéologique en 2013. Un scanner 3D du bâti préservé, l’actuelle maison d’habitation, ainsi que des parcelles environnantes a été réalisé afin de mettre en relation l’ensemble des données collectées avec celles de la fouille de la crypte. Dans l’objectif de compléter ces premières observations, une prospection géophysique sur l’emprise du site monastique a été réalisée en 2016 par les étudiants du master « Géologie de l’aménagement », sous la direction de Franck Donnadieu et Philippe Labazuy, du laboratoire « Magmas et Volcans » de l’Université Clermont Auvergne.
3Les vestiges se situant à une profondeur de moins de 3 m, deux antennes à 400 et 200 MHz ont été utilisées afin d’optimiser la qualité des données. La résolution verticale (capacité à distinguer deux échos radars) est d’environ une douzaine de centimètres à 400 MHz pour une profondeur d’investigation d’environ 3 m, alors que la pénétration du signal s’avère meilleure à 200 MHz, mais avec une résolution verticale deux fois moindre.
4Des profils parallèles, intercalés de 50 cm, puis orthogonaux lorsque c’était possible, étaient acquis, de façon à interpoler les données en trois dimensions sur une surface de 1 240 m2. Les mesures radars sont calées en absolu grâce à des points de grille relevés au GPS différentiel conférant une précision centimétrique. Les plans issus du radar ont pu être associés au relevé du scanner 3D, et ainsi se superposer précisément aux données issues de la fouille, dont les vestiges étaient entièrement recouverts lors de la réalisation du radar.
5Le substrat local est au contact de deux entités géologiques renfermant, d’une part, des calcaires argileux et, d’autre part, des sables argileux quartzo-feldspathiques alternant avec des argiles vertes. Les premières perturbations des images géoradar apparaissent à 200 cm de profondeur. Ces perturbations correspondent au substrat local d’argile verte reconnu en fouille, à une profondeur moyenne de 203 cm sous le niveau de sol actuel.
6Dans cet espace de 200 cm, les images en plan à différentes profondeurs recalées sur le relevé archéologique permettent de mettre en évidence la présence de vestiges, aujourd’hui enfouis, l’église romane, mais également l’église du xe s. bâtie par les premiers moines. Le mur gouttereau sud de l’église romane apparaît très nettement à 100 cm sous le sol actuel et sur une profondeur assurée d’au moins 100 cm. Il se développe dans la continuité du mur sud de l’actuelle maison d’habitation. Si le plan de la nef pouvait aisément se restituer d’après l’ensemble des vestiges conservés, le chœur posait, quant à lui, plus de questions. Le vocabulaire architectural de la nef et la première lecture d’un texte rédigé par un frère Jésuite en 1734, Michel Sadourny, laissaient deviner un chevet à chapelles rayonnantes comparable au chevet de Notre-Dame du Port, de Saint-Austremoine d’Issoire, de Saint-Nectaire, de Notre-Dame d’Orcival. Les images livrées par le géoradar apportent une tout autre lecture de ce chevet, avec une simple abside à déambulatoire paraissant dépourvue de chapelles rayonnantes. L’église romane restituée se développe sur une longueur de 47 m hors œuvre, pour une largeur de la nef de 18 m. Au sein de la nef romane délimitée par les mesures du géoradar, deux structures sud-nord et ouest-est apparaissent à 150 cm sous le sol actuel. Le niveau d’apparition, comparable au niveau de l’abside du xe s., permet une interprétation de ces anomalies comme étant le mur gouttereau sud et la façade occidentale de l’église du xe s. Le plan restitué donne une longueur de 28 m pour une largeur de 12,90 m hors œuvre.
7Ces nouvelles données offrent une compréhension de l’ordre de construction de l’église romane, avec un début des travaux s’attachant à l’édification du nouveau chœur liturgique et de la crypte dans le dernier quart du xie s. Les anomalies du plan témoignent de l’édification de la nef d’ouest en est dans un deuxième temps, au cours du premier quart du xiie s.
Table des illustrations
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Titre | Fig. 1 – Plan radar à 150 cm de profondeur |
Crédits | Prospection géoradar : L. Fiocchi, F. Donnadieu (Laboratoire Magmas et Volcans). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/108319/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 636k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Laurent Fiocchi, Franck Donnadieu, « Moissat – Moissat-Bas, monastère Saint-Lomer » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Auvergne-Rhône-Alpes, mis en ligne le 01 mars 2021, consulté le 25 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/108319
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