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2016
07 – Ardèche

Chalencon – Château, vieux village et église Saint-Pierre

Prospection thématique (2016)
Responsable d’opération : Émilie Comes-Trinidad

Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Université Côte d’Azur

Comes-Trinidad É. 2016 : Chalencon, 2016 Châteaux, village et église Saint-Pierre, prospection thématique et étude de bâti.

Texte intégral

1L’opération menée en 2016 dans le village de Chalencon, installé sur le rebord sud du plateau de Vernoux, en surplomb de la vallée de l’Eyrieux, s’inscrit dans le cadre d’une thèse d’archéologie menée actuellement au sein du laboratoire du Cepam et portant sur l’évolution des dynamiques de peuplement à la fin du Moyen Âge en relation notamment avec l’abandon des pôles castraux. Les travaux de terrain ont permis de dresser un premier panorama de l’occupation humaine médiévale et moderne de Chalencon, en mettant en évidence deux pôles d’habitat groupé à la force d’attraction inégale.

2Le château de Chalencon, possédé et administré par les comtes de Valentinois succède, au xie s., au Châteauvieux, situé sur un à-pic rocheux à l’ouest du village culminant à 690 m d’altitude. Le site du château, installé sur un promontoire de 2,5 ha au nord du village actuel, a livré un ensemble de 80 maçonneries, réparties du sommet jusqu’en bas de pente sur des terrasses aménagées. Les vestiges se concentrent notamment sur les faces nord, sud et sud-est, bien que l’installation de terrasses agricoles postérieures ait détruit une partie de l’information archéologique. Le plan d’ensemble livré par les observations de terrains montre tout d’abord une plate-forme sommitale portant un ou plusieurs bâtiments castraux dont on ne peut saisir le plan en raison du fort taux d’éboulement et la présence d’arbres. L’enceinte entourant les structures castrales pourrait avoir connu deux phases de développement : la première enceinte aurait adopté un plan quadrangulaire portant une maçonnerie semi-circulaire au sud-est, avant d’être agrandie par l’adjonction à l’ouest d’un système de murs reliant les bâtiments castraux aux terrasses inférieures sud, avant de rejoindre, peut-être, la première enceinte sur sa face orientale. La première enceinte castrale est reliée au nord-ouest à un système de murs formant une deuxième muraille ceinturant la plate-forme sur ses faces nord, est et sud et se trouve flanquée d’au moins deux petites tours semi-circulaire au nord-est et au sud-est, ainsi qu’une tour semi-circulaire de plus grandes dimensions au nord. Un habitat semble se développer à l’abri de la deuxième enceinte : deux bâtiments ont été repérés au nord, dont l’un possède au moins deux pièces et devaient être couverts de tuiles ; à l’est, un bâtiment est accolé au revers de la muraille. L’habitat aurait alors été desservi par un chemin montant du bourg et longeant l’enceinte basse, jusqu’au nord, où se trouve une entrée avec emmarchement aménagée dans la muraille, tandis que la plate-forme castrale aurait été accessible par l’ouest. L’habitat du castrum semble avoir été assez important pour devoir déborder en dehors de l’enceinte castrale : au sud-est, trois habitations abandonnées dans les années 1950, témoignent de cette occupation longue de la zone reliant le château au bourg. Par ailleurs, l’occupation est attestée par le mobilier entre le xiie et le xve s., mais on observe une déprise potentiellement amorcée dès le xve s., au vu de la faible quantité de céramique glaçurée trouvée sur le site.

3L’abandon de l’habitat castral et du château pourrait donc avoir été amorcé plus tôt que les sources ne le laissaient entrevoir, au profit du bourg comtal qui s’est développé en contrebas. Le développement morphologique du bourg est pour l’heure toujours à l’étude mais les premiers travaux réalisés sur le terrain laissent entrevoir la formation d’un premier habitat groupé autour de l’église et ceint d’une muraille, qui s’est ensuite étalé au sud-ouest autour de la rue jusqu’à adopter le plan de « village-rue » qui caractérise le centre du village actuel. La concentration progressive des habitations autour des rues traversant le village est à mettre en relation avec l’action des comtes de Valentinois, qui ont tout mis en œuvre pour développer l’habitat et ériger la baronnie en place comtale centrale au centre du Vivarais. Doté d’un péage et d’une cour de justice, Chalencon se présente durant le Moyen Âge central comme une place importante du centre du Vivarais, accessible par la route de la vallée de l’Eyrieux au sud et la route de Valence au Puy passant le plateau de Vernoux. Au centre de ce pôle d’habitat, l’église Saint-Pierre pourrait avoir connu plusieurs phases de construction, dont la datation reste difficile à établir avec certitude. Une grande phase de reprise du transept et de construction de chapelles, antérieure à l’agrandissement de la fin du xviiie s., pourrait être mise en relation avec les destructions engendrées par les conflits religieux des xvie et xviie s. Dans le cadre de cette hypothèse, la première phase d’érection du transept sur les bases d’une maçonnerie plus ancienne, pourrait donc intervenir avant le xve s. et correspondrait à l’église citée dans les sources au xive s., installée au cœur du bourg.

4Cette opération menée en 2016 a donc livré un premier panorama de l’occupation et des dynamiques de peuplement à Chalencon au cours du Moyen Âge et de l’époque moderne. La problématique de l’abandon de l’habitat castral trouve ici un exemple concret unique à l’échelle de la vallée de l’Eyrieux : le pôle castral semble déserté, à l’exception de l’habitat ayant débordé les enceintes, concurrencé par l’attraction forte du bourg comtal qui bénéficie de l’action des comtes de Valentinois. Toutefois, les informations issues des prospections, si elles fournissent un aperçu convenable de l’occupation du site, ne permettent pas d’appréhender réellement les phases d’évolution du site et les modalités d’abandon de l’habitat castral. Dans le but de pallier ces lacunes, deux sondages sont envisagés pour 2017, qui pourraient ensuite ouvrir la voie à la mise en place d’une opération de fouilles programmées pluriannuelles, soutenue par le propriétaire du terrain, dans le but d’appréhender les structures du château et, surtout, son habitat et les modalités de son développement et de sa désertion.

Fig. 1 – Plan du site de château de Chalencon d’après le résultat des prospections

Fig. 1 – Plan du site de château de Chalencon d’après le résultat des prospections

DAO : É. Comes-Trinidad (université Côte-d’Azur).

Fig. 2 – Plan de l’église Saint-Pierre

Fig. 2 – Plan de l’église Saint-Pierre

DAO : É. Comes-Trinidad (université Côte-d’Azur).

Fig. 3 – Parcellaire du bourg de Chalencon, extrait du cadastre napoléonien de 1824

Fig. 3 – Parcellaire du bourg de Chalencon, extrait du cadastre napoléonien de 1824

Archives départementales de l’Ardèche, AD 07 3 P 2768.

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Bibliographie

Cornes É. 2016 : L’occupation religieuse du bassin-versant de l’Eyrieux d’après les sources historiques (1re partie : xie-xive s.), Boutières en Histoire, 9, p. 51-68.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Plan du site de château de Chalencon d’après le résultat des prospections
Crédits DAO : É. Comes-Trinidad (université Côte-d’Azur).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/108889/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 247k
Titre Fig. 2 – Plan de l’église Saint-Pierre
Crédits DAO : É. Comes-Trinidad (université Côte-d’Azur).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/108889/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 96k
Titre Fig. 3 – Parcellaire du bourg de Chalencon, extrait du cadastre napoléonien de 1824
Crédits Archives départementales de l’Ardèche, AD 07 3 P 2768.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/108889/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 544k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Émilie Comes-Trinidad, « Chalencon – Château, vieux village et église Saint-Pierre » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Auvergne-Rhône-Alpes, mis en ligne le 01 mars 2021, consulté le 08 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/108889

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Auteur

Émilie Comes-Trinidad

Université Côte d’Azur

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Responsable d’opération

Émilie Comes-Trinidad

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