1Faisant suite à deux années de prospection dans le sud (Vaschalde et al. 2016) et sur la côte atlantique (Vaschalde et al. 2017), l’opération de 2018 avait pour but de terminer l’inventaire et la documentation des établissements chaufourniers de Martinique, en se concentrant sur 9 communes de la côte nord-caraïbe : Bellefontaine, Case-Pilote, Ducos, Fort-de-France, Le Carbet, Le Lamentin, Le Prêcheur, Saint-Pierre et Schœlcher. La prospection a permis d’inventorier 33 sites, dont 14 inédits. Peu de structures annexes ont été repérées. La majorité des fours est installée sur le littoral, et certains sont associés à d’anciennes habitations. Le littoral ayant subi une forte érosion marine entre Bellefontaine et le Prêcheur, beaucoup de sites ont disparu. Les vestiges des quelques fours conservés permettent d’établir que la variante la plus simple de la technique de cuisson intermittente à courte flamme (sans évent, sans couloir…) était largement utilisée.
2La répartition des sites prospectés montre une très forte concentration d’établissements autour de la Cohé du Lamentin, dans la baie de Fort-de France, et autour du Prêcheur, au nord de Saint-Pierre. Le secteur du Lamentin présente un potentiel de recherche particulièrement important. Plusieurs habitations-chauterie s’y installent dès le xviiie s. (Valminière, Lacajou-Maupertuis), et cette tradition de production, longtemps associée à la production céramique (Morne Cabrit, Poterie Duchaxel, Poterie de Mil), se prolonge jusqu’à aujourd’hui avec les chaufourniers du quartier de Californie dans le périmètre de l’habitation Lacajou-Maupertuis.
3La mission de 2018 a mis en lumière le potentiel de deux sites :
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Pointe des Grives/Étang Z’Abricots : ce site a été fouillé en 2001 par Serge Veuve, mais est resté non publié. Or, il s’agit de l’unique four double de Martinique, et la fouille a mis au jour un important dépotoir de verre et de céramique, dont le contenu, étudié par Laurence Serra (membre associée LA3M, UMR 7298), révèle une chronologie fine s’échelonnant entre le xviiie et le début du xxe s. Un dossier d’archives est également associé à ce site, qui renseigne de manière exceptionnelle la production mensuelle des fours pendant deux ans en 1770-1771, en lien avec les travaux du fort Saint-Louis. Une publication de l’ensemble est envisagée à l’issue de l’opération triennale, dans le but, notamment, de valoriser cette opération ancienne, et de mettre en lumière l’un des sites de production de chaux les plus importants et les plus anciens de la Cohé du Lamentin.
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Morne Cabrit : l’étude du bâti de cette poterie‑chauterie, réalisée par David Ollivier (2014-2015), montre que le four à chaux possède plusieurs états, dont le plus ancien pourrait être rattaché au xviiie s. Un dégagement de cette structure permettrait peut-être de récolter des éléments de chronologie et de mieux caractériser le fonctionnement du four.
4Enfin, plusieurs entretiens ont été réalisés avec les chaufourniers actuels du quartier de Californie au Lamentin, ou avec des descendants de chaufourniers (Pointe Lamare au Prêcheur). De nombreux éléments ont été récoltés sur les procédés de cuisson, les techniques d’acquisition des matières premières, et sur la mobilité des artisans au sein de l’île.
Fig. 1 – Four du quartier des Basses au Prêcheur
Cliché : C. Vaschalde (CNRS).