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2017
Guyane

Remire-Montjoly – Loyola : secteur ouest de la maison de maître

Fouille programmée (2017)
Responsable d’opération : Réginald Auger

Entrées d’index

Année de l'opération :

2017

Numéro d’opération :

673

Nature de l'opération :

fouille programmée
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Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Université Laval (Québec)/APPAAG

Texte intégral

1Les fouilles menées en 2017 par l’université Laval et l’APPAAG entraient dans le cadre d’un projet triennal de fouilles archéologiques programmées (2017-2019) dans le secteur de la première terrasse de Loyola.

2Les directions cardinales mentionnées ici sont les directions archéologiques, utilisées pour faciliter l’enregistrement des données. Sur les plans et les figures, le nord réel est indiqué aux côtés des directions archéologiques. Toutefois, les directions mentionnées dans le texte font exclusivement références à ces dernières.

Fig. 1 – Reconstitution de l’emprise des terres de Loyola

Fig. 1 – Reconstitution de l’emprise des terres de Loyola

DAO : A. Le Roux.

3La fouille du site de Loyola s’est déroulée du 24 juillet au 25 août 2017. L’équipe était composée de 4 étudiants de l’université Laval (de 1er et 2e cycles) et d’un étudiant de l’université Paris I (commençant cette année-là ses études de 3e cycle à l’université Laval), sous la direction scientifique de Réginald Auger et Yannick Le Roux. Les objectifs de cette campagne étaient de documenter les niveaux de circulation anciens (en localisant des chemins aménagés, si possible) et d’étudier les murs de soutènement nord et ouest de la terrasse de la maison des maîtres, menacés d’être endommagés suite à l’enlèvement inévitable d’une souche située au coin nord-ouest de celle-ci, et d’une éventuelle consolidation.

4Le choix des objectifs fut effectué d’après les résultats et les suggestions proposées dans le Plan de gestion, réalisé en 2016 par l’architecte Frédéric Ladonne de FL&CO Architecture (et publié en 2017).

5Dans la logique des besoins exprimés dans le Plan de gestion qui a été déposé, puis dans la vision des objectifs ainsi définis, ces fouilles permettraient également l’acquisition de données pour le mémoire de maîtrise de Raphaëlle Lussier-Piette, qui se propose d’analyser les liens entre les différentes zones ayant été l’objet de fouilles archéologiques et de rétablir une vision d’ensemble du site en étudiant les espaces de circulation et l’architecture à Loyola.

6Ce sont les objectifs suivants qui ont été définis pour la campagne 2017 et décrits dans le cahier des charges :

  • la reconnaissance des niveaux de sols et de circulation anciens autour de la maison de maître, dans l’idée de repenser le parcours de visite ;

  • la reconnaissance du probable chemin d’accès repéré grâce aux relevés LiDAR.

7Pour y parvenir, trois objectifs complémentaires ont été établis :

  • la réalisation de relevés pierre à pierre des murs en élévation afin de compléter la documentation archéologique disponible sur les modes de construction mis en œuvre sur le site, qui permettra de terminer la restauration de la maison de maître dans un avenir rapproché ;

  • la fouille de sondages sur la terrasse et autour de celle-ci, afin de comprendre la stratigraphie du secteur (qui sera vraisemblablement endommagé lorsqu’une souche problématique sera retirée), ainsi que de permettre la connaissance des niveaux de circulation anciens, si la trace de ceux-ci existe toujours ;

  • une opération de prospection pédestre et de nettoyage superficiel (défrichage) des vestiges du chemin central, repérés grâce au relevé LiDAR.

8Cinq zones d’intervention furent identifiées avant le début des fouilles archéologiques. En cours de fouilles, des ajustements ont été faits au niveau de l’emprise de certaines tranchées situées dans ces zones, et des agrandissements ont été effectués. Les découvertes réalisées nous ont fait repenser certaines méthodes de fouilles. Au cours de la fouille, les dénominations ont été conservées à des fins de rigueur et de constance de l’enregistrement. À l’avenir, de nouvelles méthodes d’enregistrement pourront être envisagées afin d’éviter une multiplication des données enregistrées, comme ce fut le cas ici.

9En effet, les différences méthodologiques entre l’archéologie nord-américaine et française ont parfois posé problème lors des chantiers réalisés dans le passé à Loyola, et dans un effort d’uniformisation, nous avons opté pour adapter notre terminologie et nos méthodes. Nous avons ainsi tenté l’essai d’une nouvelle méthode hybride, qui s’est révélé partiellement efficace. Celle-ci permit tout de même de faire un pas dans la bonne direction, de comprendre nos erreurs et de préparer plus adéquatement une méthodologie appropriée pour d’éventuelles futures campagnes archéologiques répondant à des objectifs similaires.

Fig. 2 – Plan de localisation des opérations archéologiques

Fig. 2 – Plan de localisation des opérations archéologiques

Avec altitudes.

DAO : R. Auger (université Laval).

Fig. 3 – Plan général des zones d’intervention et des tranchées

Fig. 3 – Plan général des zones d’intervention et des tranchées

DAO : R. Auger (université Laval).

Phases d’occupation et chronologie

10Suite à l’identification des faits archéologiques, il a été possible de les intégrer dans une matrice événementielle. Sans être absolue, celle-ci permet de classer les horizons et les faits archéologiques identifiés dans une chronologie relative probable.

Interventions subcontemporaines (2010-2017)

11Situés sous l’horizon humifère, de nombreux niveaux ont été associés aux interventions modernes ayant eu lieu sur le site (fouilles archéologiques, opérations de restaurations), En effet, des traces de mortiers moderne ainsi que des fragments d’emballage plastique (certains portaient encore une date d’expiration, offrant un terminus ante quem relativement définitif) ont pu être découverts.

Post-occupation, abandon (1768-2010)

12Des horizons stratigraphiquement antérieurs aux interventions modernes ont pu être identifiés dans les différentes zones d’intervention. Ils contenaient notamment du matériel témoignant d’une activité de chasse (présence de douilles de fusils en plastique).

Occupation des jésuites et post-jésuites (1730-1768)

13Quelques faits archéologiques et horizons ont pu être associés directement à l’occupation du complexe résidentiel de l’habitation Loyola en raison de leur position stratigraphique et de la culture matérielle qu’ils contenaient.

14Principalement, la séquence des sols A et B furent les faits archéologiques témoignant le plus directement de la fréquentation du site au xviiie s.

15Outre ceux-ci, peu d’horizons ont pu être attribués directement à l’occupation du xviiie s. Toutefois, une grande proportion de la culture matérielle renseigne sur les différentes activités prenant place sur le site à cette époque. Notamment, l’identification par J. Soulat d’un cuilleron de fer servant probablement à une activité de fonte, différente de celle attribuée jusqu’ici à la forge de l’habitation, a permis d’intégrer un indice supplémentaire dans les questionnements en lien avec les différents états de la forge et du magasin.

Construction des terrasses et du complexe résidentiel (1725-1730)

16À Loyola, les imposantes terrasses sont un des aspects fondamentaux du paysage.

17La découverte des horizons liés à la construction des terrasses dans les zones d’intervention 1, 2 et 5 a permis de mieux définir la séquence et les étapes impliquées dans ce chantier. L’étude des vestiges des murs de maçonnerie ainsi que des niveaux de gravier latéritiques ont permis de comprendre l’élaboration des terrasses et les étapes de leur construction.

18La première étape de construction semble avoir été un effort de nivellement du terrain qu’on a égalisé à l’aide d’une épaisse couche de sol argileux brunâtre contenant une grande quantité de gravier latéritique, très compacte. Cette couche est visible à l’extérieur de la terrasse (zone 1 et 2), comme à l’intérieur (zone 5).

19On a ensuite construit les murs de maçonneries. Considérant la nature du sol dans cette zone et de la qualité de chacun des murs, on déduit que le mur nord a probablement été construit en premier. En effet, il semble avoir été l’objet d’une plus grande attention structurelle, alors que le mur ouest consiste plutôt en un assemblage efficace mais opportuniste, de qualité assez médiocre. Il est difficile d’établir, hors de tout doute un ordre de construction, puisque la zone où les deux murs se rejoignent est la plus endommagés par les racines. L’escalier central a dû être construit au même moment, mais une étude de comparaison des unités stratigraphiques devra être envisagée pour comprendre les liens entre les deux structures.

20Le mur de soutènement nord s’est révélé très massif, et de façon générale, en bon état. Le nombre d’assises et sa hauteur suggère que la reconstruction, effectuée à l’est de l’escalier central, avait ajouté une assise de trop. Quant au mur de soutènement ouest, celui-ci s’est révélé beaucoup moins important que ce qu’on avait pu envisager avant la fouille. Il n’y a donc vraisemblablement pas eu de travaux de nivellement très importants de ce côté du site, l’effort d’aplanissement se limitant au plain-pied des terrasses.

21Une dernière couche de sédiment a pu être transportée sur place pour réaliser la finition du plain-pied de la terrasse, mais un tel horizon n’a pas été identifié.

Antérieur à la présence européenne (avant 1652)

22Si certains horizons ont été présumés antérieurs à la présence européenne, ceux-ci n’ont pu être associés à une occupation humaine précolombienne, car ils ne contenaient pas de culture matérielle ou de trace anthropique.

23On retrouve près de Loyola des sites précolombiens ou à pétroglyphes. Toutefois, sur les lieux mêmes du complexe résidentiel, il n’y a pas été possible jusqu’à présent d’attester une occupation précolombienne. Une présence humaine à proximité du site est incontestable, puisse qu’au fil des campagnes de fouille, une culture matérielle préhistorique sporadique a pu être identifiée. Toutefois, celle-ci était généralement hors contexte, présente dans des niveaux de remblai ou dans des horizons associés au xviiie s. et à l’occupation jésuite.

24Bien qu’il soit possible que des populations autochtones aient fréquenté Loyola pendant la période moderne, l’abondance du matériel retrouvé, notamment la céramique, porte à croire que nous serions en présence d’une occupation plus importante et qui, inévitablement, précéderait l’arrivée des Européens sur les lieux. Ainsi, la quantité non négligeable de ce matériel permettrait de renforcer l’hypothèse, soulevée lors des fouilles précédentes, selon laquelle l’habitation Loyola aurait été construite sur, ou à proximité d’un site amérindien.

25En effet, une quantité impressionnante de céramiques amérindiennes a été découverte dans les différents contextes. Quelques objets lithiques ont également été retrouvés, comme une tête de hache fragmentée ou des pierres polies servant probablement à travailler la céramique. S’il y avait peu de matériel amérindien dans le contexte 5, soit le dessus de la terrasse, il y en avait en grande quantité dans tous les autres contextes.

26Cela peut être expliqué par la nature du secteur à l’étude cette année, soit la terrasse et ses niveaux de construction. En effet, ce chantier de nivellement devait mobiliser beaucoup de moyens et de main d’œuvre, et il est très probable qu’une quantité importante de sédiments ait été déplacée sur le site ou transportée au moment de ces travaux d’envergures. Cela suggère que, lors de construction des terrasses, la terre déplacée contenait de nombreux tessons amérindiens, qui ont été transportés avec celle-ci. Toutefois, au vu des difficultés associées à un tel transport de matériau, il est probable que cette terre provienne du site ou de ses environs immédiats.

27Une étude approfondie pourrait être envisagée afin de déterminer si cette culture matérielle abondante témoigne d’une présence amérindienne pendant la période coloniale, d’une seule occupation précolombienne ou d’une occupation prolongée sur plusieurs siècles.

La circulation dans le complexe résidentiel

28Une première observation réalisée suite à la fouille de 2017 fut que le niveau de circulation ancien était assez semblable à celui que l’on retrouve sur le site actuellement. En effet, les aires de circulation présumées, dans le secteur général des terrasses, se trouvaient à quelques centimètres sous l’horizon humifère. On peut partiellement expliquer ceci par le fort lessivage subi par le site pendant la saison des pluies, que la pente naturelle du site encourage. Il est donc possible que l’accumulation des sols soit minimale.

29La tranchée réalisée dans la zone d’intervention 4 a permis d’observer deux états d’un probable chemin d’importance secondaire, commençant dans la cour avant et longeant la terrasse par l’ouest.

30On a d’abord localisé ce qui semblait être un sol de circulation ancien, datant probablement de la deuxième moitié du xviiie s. Ce sol, qu’on a nommé « Sol A », aurait pu être utilisé par les habitants de Loyola entre 1750 et 1768, par les jésuites ou les nouveaux propriétaires du site suivant le départ de ceux-ci. Vu l’entretien minimal dont il semble avoir été l’objet, il pourrait constituer un état avancé ou une réutilisation opportuniste d’un chemin plus structuré situé en dessous et présentant un tracé similaire.

Fig. 4 – Relevé en plan du sol A

Fig. 4 – Relevé en plan du sol A

DAO : R. Auger (université Laval).

31En effet, directement sous cet aménagement fut retrouvé un deuxième sol de circulation, dont le tracé était cette fois plus défini. Identifié comme le « Sol B », il a été aménagé par le positionnement, relativement soigné, de nombreux fragments de céramique sucrière et architecturale. Le chemin est ainsi bien délimité. Il ne semble pas assez large pour le passage des charrettes, et il serait plutôt destiné à une circulation à pied. Il est intéressant de noter qu’il correspond de façon assez cohérente à un chemin représenté dans le cartouche de Hébert de 1730 représentant Loyola.

Fig. 5 – Relevé en plan du sol B

Fig. 5 – Relevé en plan du sol B

DAO : R. Auger (université Laval).

32Il est probable que ce chemin servait à rejoindre le magasin ou le jardin en passant devant la cuisine, ou encore qu’il permît l’accès au sud du complexe résidentiel en contournant les bâtiments par l’ouest. Il est intéressant de noter que les fouilles du magasin en 2010 ont permis d’identifier deux éléments qui pourraient correspondre au Sol B. Il avait à l’époque été mis en relation avec le chemin menant de l’habitation à Remire. La même année, une possible voie pavée fut découverte près du magasin et l’hypothèse était qu’il s’agissait d’une allée servant à la circulation entre le magasin et les autres bâtiments de l’habitation Loyola, notamment la maison de maître qui se trouve à proximité. La dimension réduite des fenêtres d’opération permettait difficilement de caractériser le mode de construction de ces chemins ou leur tracé hypothétique. Même après la campagne de fouille 2017, le lien entre ces structures étant très ténu, il nécessiterait des fouilles supplémentaires pour être attesté.

Fig. 6 – Le possible chemin pavé découvert en contrebas de la terrasse

Fig. 6 – Le possible chemin pavé découvert en contrebas de la terrasse

Cliché : Y. Le Roux.

L’accès central à l’habitation

33L’identification d’un accès central à la terrasse sur laquelle a été érigée la maison de maître, tel un chemin ou une aire de circulation délimitée, était un des objectifs de la campagne de fouille de cette année. Il était notamment motivé par le plan de gestion publié en 2017, qui insistait sur le fait que la réappropriation d’un tracé ancien faciliterait la compréhension du site en général pour les visiteurs, tout en permettant de mieux appréhender l’organisation spatiale du complexe résidentiel. La présence d’un chemin sur des cartes anciennes renforçait l’hypothèse de l’existence d’un tel élément.

34La zone d’intervention 3, située en contrebas de l’escalier central de la terrasse de la maison de maître, a été délimitée à cet effet. Trois tranchées furent implantées dans l’axe de l’escalier. Il n’a toutefois pas été possible d’identifier formellement le mode de construction ni le tracé du chemin dans l’aire présumée de l’allée centrale.

35Le seul indice, peu probant par lui-même, fut l’apparition de deux types de sols à la même altitude, pouvant être observée facilement à l’œil en raison des différences chromatiques entre les sédiments. Ces deux sols se côtoyaient sur un axe nord-sud. Il est difficile d’expliquer de façon définitive l’absence de trace d’aménagement anthropique dans cette zone. Soit un tel aménagement n’a jamais existé, soit l’activité humaine (pillage, interventions modernes) l’a endommagé. Des interventions archéologiques supplémentaires seraient nécessaires pour mieux comprendre l’aménagement du paysage dans cette zone.

36Des indices supplémentaires sur l’emplacement d’un accès central à l’habitation ont été révélés lors de cette campagne de fouille. Dans un secteur non défriché du site, il a été possible de repérer des concentrations de blocs taillés, présentant des traces d’usure sur leur surface. L’alignement de ceux-ci suggère très fortement la présence d’une allée pavée qui pourrait correspondre à un ancien chemin d’accès au complexe résidentiel de Loyola. Il n’est toutefois pas possible d’affirmer qu’il rejoindrait une hypothétique allée centrale.

Louche de coulée

37L’analyse et la restauration d’une louche de coulée, trouvée lors de la campagne 2017, par Jean Soulat, Inocencia Queixalós, Luc Robbiola et Florian Tereygeol. Cet ustensile d’importance a été découvert dans le secteur A4. Il s’agit d’un cuilleron en fer de forme circulaire à bord haut et à bec verseur. De plus, on remarque que le bord du bec verseur est craquelé sur le fond du cuilleron, probablement en lien avec une fragilisation antérieure lié à une utilisation récurrente. Cette partie est associée à un manche rectangulaire à bord travaillé. Cet objet particulier peut être interprété comme une louche de coulée, sorte de creuset, qui sert à faire chauffer le métal en fusion. Le manche devait servir à être maintenu par une pince de forgeron, créant ainsi de la distance avec le foyer. La radiographie de l’objet a permis de mettre en évidence des paillettes de métal en fusion au fond, de nature indéterminée mais qui ont été identifié suite à des analyses. Ce traitement du métal dit « précieux » diffère de la métallurgie du fer localisé dans la forge de Loyola qui a permis de produire de nombreux outils notamment pour l’activité agricole. Avec cette louche de coulée, il apparaît donc clair qu’un second atelier métallurgique destiné au travail des métaux non ferreux était présent sur le site.

Fig. 7 – Louche de coulée avant restauration et radiographie de l’objet

Fig. 7 – Louche de coulée avant restauration et radiographie de l’objet

Clichés : Laboratoire Landarc.

38La restauration de l’objet a été effectuée en juin 2018 par Inocencia Queixalós au sein du laboratoire LandArc. L’état de conservation général est assez mauvais chimiquement par la présence de corrosion active sévère (chlorures). Le nettoyage mécanique s’est déroulé sous loupe binoculaire, à l’aide de coton imbibé d’éthanol, de scalpel, et de micro sableuse et meule diamantée. La meule caoutchouc et la brossette en métal polissent l’époxy tandis qu’un léger sablage vient finaliser le travail. La louche subit depuis sa restauration un traitement de déchloruration au sulfite alcalin pour une durée d’un an au sein du laboratoire de conservation/restauration de Compiègne sous la direction de par Pascale Gardin. Après cela un vernis au Paraloïd B72 à 5 % dans l’acétone, suivi de cire microcristalline seront passés.

Fig. 8 – Louche de coulée après restauration

Fig. 8 – Louche de coulée après restauration

Clichés : Laboratoire Landarc.

39Comme évoqué plus haut, le fond du cuilleron a livré des paillons en métal blanc de nature indéterminée. Un petit échantillon a été prélevé et envoyé pour analyse au laboratoire Traces (UMR 5608 du CNRS) de l’université Toulouse Jean-Jaurès. Cette expertise a été menée par le Dr. Luc Robbiola le 2 octobre 2018. Le but était de déterminer s’il s’agissait d’argent ou d’étain voire de plomb. L’analyse EDS permet d’affirmer que le fragment est bien de l’argent non allié. Cependant, du fait du très petit volume de l’échantillon, la mesure obtenue ici est à la limite de la résolution de la méthode.

40L’examen de ce résultat chimique et l’interprétation de la radiographie ont été effectués par le Dr. Florian Tereygeol (Iramat-CNRS), spécialiste des questions métallurgiques sur les alliages blancs. Pour lui, l’analyse EDS a été faite avec une tension d’accélération trop faible (choisie pour bien faire sortir l’argent à basse énergie). On ne voit donc pas si le pic du mercure (Hg) pousse vers 10 kev. Cependant, il semble que l’objet soit un réemploi pour préparer une argenture. Le choix d’un objet en fer (Fe) apparaît pertinent car ce matériau réagit faiblement avec le mercure.

41Ainsi, on peut se poser la question de la mise en place d’un foyer pour préparer des argentures au sein même de l’aire de la plantation de Loyola. Les futures fouilles permettront peut-être de le localiser sauf si la forge découverte en 1999 aurait également été utilisée pour cette activité. Ce type d’argenture pourrait être employé pour orner des objets, pourquoi pas du mobilier religieux de la chapelle et qui est sous l’égide des Jésuites. Les recherches permettront sûrement de mettre au jour d’autres témoins de cette activité si singulière.

42Finalement, les résultats archéologiques de la campagne de fouille 2017 se sont révélés riches et variés et les objectifs ont été en partie atteints. La culture matérielle découverte pendant la fouille a également permis d’attester de certaines activités sur le site à l’époque coloniale (tels que le « canard de malade » et les outils métalliques).

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Reconstitution de l’emprise des terres de Loyola
Crédits DAO : A. Le Roux.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/114421/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 718k
Titre Fig. 2 – Plan de localisation des opérations archéologiques
Légende Avec altitudes.
Crédits DAO : R. Auger (université Laval).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/114421/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 175k
Titre Fig. 3 – Plan général des zones d’intervention et des tranchées
Crédits DAO : R. Auger (université Laval).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/114421/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 54k
Titre Fig. 4 – Relevé en plan du sol A
Crédits DAO : R. Auger (université Laval).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/114421/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 132k
Titre Fig. 5 – Relevé en plan du sol B
Crédits DAO : R. Auger (université Laval).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/114421/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 137k
Titre Fig. 6 – Le possible chemin pavé découvert en contrebas de la terrasse
Crédits Cliché : Y. Le Roux.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/114421/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 1,2M
Titre Fig. 7 – Louche de coulée avant restauration et radiographie de l’objet
Crédits Clichés : Laboratoire Landarc.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/114421/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 91k
Titre Fig. 8 – Louche de coulée après restauration
Crédits Clichés : Laboratoire Landarc.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/114421/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 299k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Réginald Auger, « Remire-Montjoly – Loyola : secteur ouest de la maison de maître » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Espace Caraïbes, mis en ligne le 03 février 2022, consulté le 18 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/114421

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Auteur

Réginald Auger

Université Laval

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Responsable d’opération

Réginald Auger

Université Laval

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Droits d’auteur

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