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2011
Guadeloupe

Baie-Mahault – Moudong centre C

Opération préventive de diagnostic (2011)
Responsable d’opération : Nathalie Serrand

Entrées d’index

Année de l'opération :

2011

Numéro d’opération :

23762

Nature de l'opération :

opération de diagnostic
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Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : Inrap

Texte intégral

1Le diagnostic a concerné les parcelles AT 374, 378, 606 et 608 de la commune de Baie-Mahault à la suite d’une demande de permis de construire déposée par la SP HLM Gpe. Le terrain se situe sur la « Zac de Moudong centre », dans la zone industrielle de Jarry, au nord-est de la Basse-Terre. Il s’agit d’un léger promontoire qui domine, à environ 10 m d’altitude, la mangrove située entre les deux Cul-de-Sac Marins. Il est marqué par une ancienne surface d’érosion dont ne persistent que quelques topographies planes, entaillées par le réseau hydrographique. Du point de vue géologique, le terrain s’inscrit dans le complexe volcanique plio-pléistocène de la Basse-Terre dont les formations se sont altérées pour produire des couvertures d’argiles résiduelles rouges, ocre ou jaunâtres importantes (1 à 30 m d’épaisseur).

2Outre une hache en pierre précolombienne, découverte à 200 m à l’ouest, plusieurs diagnostics menés dans les environs larges ont révélé des occupations du xviiie et surtout du xixe s. Moudong Sud (Romon 2004), à environ 700 m au sud, a livré un mobilier rare, post xviiie s. et actuel, et les vestiges d’un bâtiment sur poteaux rattaché au xixe s. Jabrun (Martias 2006), à plus de 500 m au sud, a livré du mobilier assez rare, une étendue de structures en creux pouvant correspondre à une plantation de cacao du xxe s. et les éléments d’un cimetière historique peut-être en usage dès le xviiie s. et durant le xixe s. Enfin, Moudong centre (Mestre 2011), à moins de 150 m au sud-ouest, a livré des vestiges de maçonnerie et des structures fossoyées du xixe s., correspondant au plan incomplet d’un bâtiment de fonction inconnue.

3Les 17 500 m2 de terrain de « Moudong centre C » ont été explorés par 25 sondages (7,3 % de la superficie). Le substrat d’argiles d’altération bariolées et massives, à dominante rougeâtre, a été atteint dans tous les cas entre 10 et 160 cm de profondeur. Les séquences sédimentaires types montrent qu’elles sont recouvertes par un faciès d’argiles rouge brique avec quelques traces de bioturbation, puis par un niveau d’argile grumeleuse brun foncé et quelques centimètres de terre végétale brune.

4Cette séquence varie. Dans la portion nord du terrain, les argiles d’altération affleurent. Ailleurs, la séquence est modifiée par des épisodes de colluvionnements récents ou de remblais et, localement, par des aménagements anthropiques. Cette séquence montre que l’érosion, accentuée par la culture de la canne, a tronqué les altérites ; seuls les aménagements historiques fossoyés sont conservés, colmatés par des argiles colluviales grumeleuses brun rouge.

5Ces aménagements ont été observés dans 5 sondages (fig. 1). Ils appartiennent à une voie de chemin de fer traversant le terrain selon un axe sud-est – nord-ouest. Le mobilier archéologique correspond aux composants de l’infrastructure ferrée : rail, traverses en bois et en métal, tirefonds, chaîne, fragments de houille et de ciment. La portion la mieux conservée de l’aménagement (sondage 25) a permis une restitution de la voie ferrée (fig. 2). Elle comprend deux rails sectionnés, en fer, d’une longueur de 6,55 m, d’une largeur de 4,2 cm et d’une épaisseur de 8 cm. Ces rails sont fixés, par le patin, sur plusieurs traverses en bois et en métal, au moins 9 par longueur de rail, espacées en moyenne de 54 cm. Les traverses métalliques ont une longueur de 150 cm, une largeur de 17 cm et une épaisseur de 4 cm avec une section en U renversé. La fixation des rails sur les traverses se fait par des semelles métalliques maintenues par 2 tirefonds sur le patin du rail. Les traverses reposent sur un ballast de roches concassées andésitiques dans lequel elles sont enchâssées, sur une épaisseur d’environ 30 cm. Ce ballast était maintenu par des portions de rail fichées verticalement à intervalle, le champignon collé sur le côté externe du rail. Enfin, les bords longitudinaux de la voie étaient aménagés avec un revêtement en castine, toutefois très altéré, composé d’une simple épaisseur de moellons irréguliers, assez grossiers non jointoyés. L’écartement des rails est d’une quarantaine de centimètres ce qui semble adapté à de petits wagonnets tels que celui découvert lors de la fouille de Moulin à Eau à Capesterre-Belle-Eau (Etrich 2013).

Fig. 1 – Plan

Fig. 1 – Plan

Levé topographique : Cabinet Axo ; DAO : N. Serrand (Inrap).

Fig. 2 – Reconstitution d’un tronçon de voie d’après les éléments archéologiques

Fig. 2 – Reconstitution d’un tronçon de voie d’après les éléments archéologiques

DAO : F. Casagrande (Inrap).

6Une structure isolée est également apparue (sondage 18). Elle est composée de galets d’andésite posés à plat, sans jointoyage, sur une seule couche. La surface aménagée, endommagée, couvre une petite zone de 5 m par 3,5 m. La stratigraphie suggère que ce niveau aménagé n’est pas associé à la voie ferrée qui passe au-dessus. Néanmoins, aucun élément de datation n’en complète l’appréciation.

7Le diagnostic a donc surtout révélé l’existence d’une voie ferrée traversant le terrain du sud-est vers le nord-ouest. Son point de départ à l’ouest reste inconnu mais son tracé, à l’est du terrain, est connu par des documents du xxe s. (cartes et photographies aériennes IGN post-1950, Plans Directeurs au 1/25 000e des années 1950 ; fig. 3 et 4) jusqu’à la Pointe Jarry, zone actuelle du port moderne datant de 1965. La Pointe Jarry, située en face de Pointe-à-Pitre, de l’autre côté du Petit Cul-de-Sac Marin, était certainement équipée, dès le xviiie s., d’un embarcadère et d’une gabarre (ensuite transférés au niveau de la Pointe Savon), puis, au xixe s., d’un « quai » et d’une habitation.

Fig. 3 – Tracé de la voie

Fig. 3 – Tracé de la voie

Cliché : IGN.

Fig. 4 – Extrait de la carte « Guadeloupe, Pointe-à-Pitre et environs

Fig. 4 – Extrait de la carte « Guadeloupe, Pointe-à-Pitre et environs

1/10 000e. Agrandissement des Plans Directeurs au 1/25 000e. Autorisation exceptionnelle de l’IGN », 1950 (?) ; communication B. Kissoun.

8Une voie ferrée ralliait la Pointe Jarry aux bassins canniers de cette région centrale de la Basse-Terre. Elle servait à l’acheminement de la canne à un terminal permettant son transport par barges vers la centrale sucrière de Darboussier, construite en 1869 sur l’autre rive de la rade de Pointe-à-Pitre, et peut-être, vers l’ouest, vers l’usine de la Retraite, à Baie-Mahault sur laquelle nous ne disposons pas de données.

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Bibliographie

Etrich C. 2013 : Moulin à eau à Capesterre-Belle-Eau, Guadeloupe (971). De l’ichali au chemin de fer, rapport de fouille préventive, Bègles, Inrap GSO, 328 p.

Martias R. 2006 : Baie-Mahault : « Jabrun » (Guadeloupe), rapport de diagnostic archéologique, Pessac, Inrap GSO, 38 p.

Mestre M. 2011 : Moudong centre, rapport de diagnostic archéologique, Bègles, Inrap GSO, 52 p.

Romon T. 2004 : Moudong Sud (Baie-Mahault, Guadeloupe), rapport de diagnostic archéologique, Pessac, Inrap GSO, 21 p.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Plan
Crédits Levé topographique : Cabinet Axo ; DAO : N. Serrand (Inrap).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/116581/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 655k
Titre Fig. 2 – Reconstitution d’un tronçon de voie d’après les éléments archéologiques
Crédits DAO : F. Casagrande (Inrap).
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/116581/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 258k
Titre Fig. 3 – Tracé de la voie
Crédits Cliché : IGN.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/116581/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 487k
Titre Fig. 4 – Extrait de la carte « Guadeloupe, Pointe-à-Pitre et environs
Légende 1/10 000e. Agrandissement des Plans Directeurs au 1/25 000e. Autorisation exceptionnelle de l’IGN », 1950 (?) ; communication B. Kissoun.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/116581/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 1,2M
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Pour citer cet article

Référence électronique

Nathalie Serrand, « Baie-Mahault – Moudong centre C » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Espace Caraïbes, mis en ligne le 24 février 2022, consulté le 11 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/116581

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Auteur

Nathalie Serrand

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