1Dans le cadre d’un master 1 recherche (Paris I Panthéon-Sorbonne) en archéologie précolombienne, j’ai entrepris une étude statistique de la céramique récoltée lors de la fouille du site des Sables à Beauséjour, commune de La Désirade.
2Ce site fouillé par P. Bodu en 1985 présente une couche archéologique assez homogène, datée à partir de la céramique par P. Bodu (Bodu 1985) et M. de Waal (de Waal 2006), du saladoïde moyen/récent au début du troumassoïde (350 apr. J.-C. ; 800 apr. J.-C.)
3Le but de cette étude est d’en préciser l’attribution culturelle. Pour ce faire, il a été réalisé une analyse quantitative des tessons, en prenant en compte leur morphologie et la nature de leurs décors. Cette approche s’inspire des travaux de C. Hofman (Hofman 1993) et de B. Bérard (Bérard 2004).
4Le nombre important de tessons (2 213) permet d’établir des données statistiques. Un décompte a été effectué après avoir déterminé les différentes unités morphologiques et leurs types, ainsi que les techniques décoratives employées. Les résultats ont été reportés sous forme de tableaux statistiques. Les types et les décors des céramiques du site des Sables ont pu être ainsi décrits avec précision.
5L’étude a porté sur la fréquence des différents types d’unités morphologiques présents dans le corpus. Hormis l’évidente majorité de tessons de panse, il a été relevé de nombreux types de lèvres, bases, préhensions ainsi que des bords de platines.
6La majorité des lèvres rencontrées sont de type arrondies, anguleuses, ou à l’épaississement externe. Le système de préhension le plus fréquent pour les poteries de la série sont les anses en D, ainsi que les oreilles. Les tenons sont quant à eux beaucoup moins fréquents.
7Les bases plates ou concaves sont majoritaires, les autres types sont beaucoup moins représentés. Pour les formes spécifiques, dites platines, les types de lèvres les plus représentés sont les lèvres droites et les lèvres en saillie. Les autres types de lèvres (non-épaissies, arrondies, et triangulaires) sont moins fréquents.
8En dépit de la faible proportion de tessons décorés (11,62 %), le comptage des techniques décoratives employées sur les différentes unités morphologiques a permis de mettre en évidence des éléments caractéristiques de la céramique du saladoïde moyen/récent.
9Si les modes décoratifs sont assez diversifiés, leur fréquence est néanmoins relativement faible, en effet seules quelques techniques sont utilisées de manière récurrente.
10La dominante décorative est la peinture, le plus souvent de couleur rouge ou rouge et blanche, associée ou non à l’incision.
11L’utilisation de la peinture noire et du modelage est modérée ; le bordeaux et l’orange sont très anecdotiques. La présence de trois tessons porteurs de décors au ZIC est ici très inhabituelle puisqu’il s’agit d’un décor le plus souvent rattaché aux cultures plus anciennes du saladoïde-huécan et saladoïde-cédrosan ancien. Leur présence pourrait-elle s’expliquer par la persistance de techniques décoratives anciennes par les potiers du saladoïde moyen/récent ? Par ailleurs, un adorno modelé peint et incisé représentant une tête de pélican laisserait supposer des influences du début du troumassoïde (de Waal 2006).
12Malgré le taux de fragmentation élevé et la quasi-absence de remontage, il a été possible d’identifier un certain nombre de formes. L’ensemble est largement dominé par les formes ouvertes de type bol ou écuelle (fig. 1). Pour les formes fermées (fig. 2), moins nombreuses, le type récurrent est le pot.
13Les caractéristiques de cet ensemble céramique viennent donc confirmer les premières datations de P. Bodu et M. de Waal. En effet, les techniques décoratives ainsi que la morphologie des poteries sont caractéristiques de la période saladoïde moyen/récent (350 apr. J.-C. ; 800 apr. J.-C.) avec peut-être des influences stylistiques des périodes antérieures (saladoïde ancien) et des premières préfigurations des caractères du troumassoïde.
Fig. 1 – Planche de céramiques de formes ouvertes
Fig. 2 – Planche de céramiques de formes fermées