Navigation – Plan du site

AccueilRégionsEspace Caraïbes2011GuadeloupeTerre-de-Bas (Les Saintes) – Gran...

2011
Guadeloupe

Terre-de-Bas (Les Saintes) – Grande Baie, Poterie Fidelin

Fouille programmée (2011)
Responsable d’opération : Jacques Thiriot

Entrées d’index

Année de l'opération :

2011

Numéro d’opération :

23744

Nature de l'opération :

fouille programmée
Haut de page

Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération : CNRS

Texte intégral

1La fouille archéologique programmée qui s’est déroulée, du 17 janvier au 8 février 2011 à la poterie Fidelin de l’île de Terre-de-Bas, avait pour objectif d’observer de façon précise l’agencement de la tournerie conservée à l’intérieur de l’atelier-magasin et de confirmer si possible l’extension du côté nord de cet édifice, apparue lors de l’étude du bâti menée au cours de deux campagnes en 2008 et 2009. Un sondage géomorphologique a été réalisé dans la « savane » entre le grand bâtiment et les fours. Pour les données historiques concernant ce site, le lecteur se reportera aux notices des interventions précédentes (Amouric 2008 ; Thiriot 2009).

2Le sondage 101, sur environ 4 m2 et 2,20 m de profondeur, cherchait à analyser en premier lieu la genèse et l’aménagement de la terrasse où est implanté l’atelier, et, en second lieu, une possible occurrence de phénomènes cycloniques durant le fonctionnement de la poterie et de leur impact sur le site. Il fut donc volontairement implanté dans une zone non bâtie jugée moins sensible en matière d’impact archéologique. Ce sondage a permis de mettre en évidence que le sous-sol de la plate-forme naturelle où est installé l’atelier est constituée d’un cordon littoral à blocs de grande dimension (jusqu’à 80 cm de diamètre), correspondant à des dépôts cycloniques ou de tsunamis bien antérieurs à l’implantation de la poterie. La morphologie de la plate-forme, d’allure arasée, diffère complètement de celle d’un dépôt littoral similaire observé à l’Anse du Petit-Étang à 700 m au sud qui apparaît comme un bourrelet proéminent de 5 m de hauteur. À Petite Poterie le terrain paraît donc avoir été volontairement nivelé afin d’implanter les installations, et d’élargir par un remblaiement sur la mer la plate-forme qui devait être à l’origine beaucoup plus étroite. Cette hypothèse est confortée par la découverte de 3 trous de mine du côté versant, sans doute là aussi pour gagner du terrain sur le relief. Le sondage n’a pas permis de retrouver des dépôts cycloniques contemporains du fonctionnement de la poterie, qui sont plutôt à rechercher dans d’éventuelles perturbations sédimentaires au niveau de la façade maritime de l’atelier. Le fond du sondage a atteint une nappe d’eau très légèrement saumâtre (1,3 g/l) et donc utilisable pour les besoins de la poterie, ceci confirmant donc que les deux puits présents sur le site ont bien été construits en vue de récupérer l’eau douce du sous-sol. Enfin la présence d’une couche riche en coquilles perforées de lambis entre 140 et 170 cm de profondeur, nous a conduit à soupçonner une présence amérindienne. Une datation radiocarbone sur l’une de ces coquilles a permis d’établir que cette occupation se situe autour de 780 apr. J.-C. soit vers la fin de la phase cédrosan-saladoïde (tabl. I).

Tabl. I – Datation radiométrique amas de lambis, poterie Fidelin Terre-de-Bas

no laboratoire Échantillon Matériel Date BP δ13C instrumental Date calibrée 2 sigma
Ly-15864 S101-cote 170 Strombus gigas 1620 ± 30 BP 1,64 Cal AD 689 to 857

3Après les interventions d’I. Gabriel de 2002 à 2007 (Gabriel 2004 ; 2005a ; 2005b ; 2007), l’ensemble de la tournerie a été exploré au nord, le long du mur est du grand bâtiment (Secteur 1, soit 20 m2). Les trois stalles conservées ont été analysées (fig. 1). Chaque stalle dallée, séparée de la suivante par un muret, correspond à l’emplacement de deux tours portés par un bloc taillé d’andésite où est aménagé le logement de la crapaudine en métal supportant l’axe du tour (fig. 2). L’état de conservation exceptionnel de la première stalle 1A a permis de reconstituer tout le déroulement de la pose sur mortier du carrelage (fig. 3) après mise en place des blocs d’andésite avec du mortier sur des niveaux antérieurs terreux et argileux recouvrant un amas de gros galets ronds volcaniques, coraux et lambis dans une terre plus sableuse et un peu plus foncée avec tessons. Les observations recueillies dans cette zone sur les vestiges de six tours devraient permettre de proposer une restitution de ces tours très probablement à manivelle, datant de la dernière période d’activité.

Fig. 1 – Les stalles de tournage vues du sud-est

Fig. 1 – Les stalles de tournage vues du sud-est

Au premier plan, la stalle 1A avec son carrelage au-dessus d’un amas de gros blocs.

Fig. 2 – Bloc d’andésite avec scellement de la crapaudine support du tour no 2

Fig. 2 – Bloc d’andésite avec scellement de la crapaudine support du tour no 2

À droite, le mortier inférieur sur lequel prend appui la base du tour. Vue vers le nord-est.

Fig. 3 – Schéma de pose du carrelage SL10102

Fig. 3 – Schéma de pose du carrelage SL10102

DAO : Maggiori.

4Le sondage 100 a été implanté à l’aplomb du parement interne du mur ouest de l’atelier-magasin afin de rechercher l’existence d’un mur pignon, à hauteur de la porte nord-ouest, correspondant à un possible coup de sabre associé à l’interruption du rythme des prises d’air situées au bas de ce mur, correspondant au premier état de l’atelier, identifié en 2009. Sur un contexte de chaos de gros galets ronds volcaniques reposant sur une couche de limon argileux noirâtre contenant encore du mobilier, un pavement en briques sur mortier pourrait correspondre au sol de circulation initial du grand atelier dans son premier état, probablement celui précédant le cyclone de 1825. Il est à environ 1,50 m au-dessous des prises d’air reconnues au bas de l’élévation extérieure d’un premier atelier à toiture basse et baies présupposées en « chien-assis ». L’association sol de briques et élévation basse proposerait alors une hauteur de 1,70 m minimum sous la pente du toit le long des murs goutterots. Ce premier sol est recouvert par une épaisse couche de destruction (blocs d’andésite, moellons retouchés et fragments de briques portant des résidus de mortier). La fondation du mur ouest a été observée sur une superficie trop réduite pour apporter des certitudes quant à sa chronologie.

5La poursuite de notre réflexion sur l’ensemble des vestiges a permis de proposer une nouvelle interprétation du bâtiment circulaire (fig. 4) comme support d’un malaxeur à traction animale pour la confection des briques et carreaux de pavements. Cette hypothèse a été confortée par un réexamen des vestiges et leur confrontation avec un catalogue de machines dédiées de la fabrique de la Veuve Dubois à Blois, vers 1900 (fig. 5).

Fig. 4 – Bâtiment rond au sud des fours avec, au premier plan, la trace du deuxième mur circulaire

Fig. 4 – Bâtiment rond au sud des fours avec, au premier plan, la trace du deuxième mur circulaire

Vue vers le sud – sud-est.

Fig. 5 – Malaxeur à cheval du Catalogue de la Vve Dubois p. 7b

Fig. 5 – Malaxeur à cheval du Catalogue de la Vve Dubois p. 7b

6Le traitement de la céramique collectée, par fragments et NMI a mis en évidence les différentes catégories de vaisselles importées, mais comme il est de coutume sur un atelier 87 % de la céramique étudiée provient de la production (moules à sucre et pots estampillés F ou PF et vaisselle domestique en pâte plus épurée et polie ; carafes, petites marmites, couvercles, cassoles, écuelles et jattes dont une partie imite les formes des fabrications de Vallauris, de la Vallée de l’Huveaune, mais aussi celles des culs noirs de Rouen). Les 13 % de céramiques importées se partagent en faïence de Provence et Normandie et faïences fines anglaises ; pipes blanches ; terres vernissées de Ligurie, de Provence et de Saintonge ; culinaires de Vallauris).

Haut de page

Bibliographie

Amouric H. 2008 : Projet collectif de recherche interrégional poteries des îles françaises d’Amérique : productions locales et importées, xviie-xxe s., Bilan scientifique de la région Guadeloupe 2006-2010, p. 129-133.

Gabriel I. 2004 : Rapport de la première campagne de fouilles programmées de l’habitation-poterie Fidélin à Terre de Bas, rapport de fouilles programmées, 73 p.

Gabriel I. 2005a : Rapport de la 2e campagne de fouilles programmées de l’habitation-poterie Fidélin à Terre de Bas (archipel des Saintes), rapport de fouilles programmées, 61 p.

Gabriel I. 2005b : Rapport sur le mobilier de l’habitation-poterie Fidélin (archipel des Saintes) provenant de la 1re campagne de fouilles programmées 2002, rapport complémentaire, 107 p.

Gabriel I. 2007 : Rapport de la 3e campagne de fouilles programmées de l’habitation-poterie Fidélin, Grande-Anse, Terre de Bas (archipel des Saintes), rapport de fouilles programmées, 67 p.

Thiriot J. 2012 : Thiriot J. : PCR Céramique coloniale : analyse du bâti à la poterie Fidélin de Terre-de-Bas, Bilan scientifique de la région Guadeloupe 2009, p. 54-57.

Haut de page

Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Les stalles de tournage vues du sud-est
Légende Au premier plan, la stalle 1A avec son carrelage au-dessus d’un amas de gros blocs.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/116701/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 1,6M
Titre Fig. 2 – Bloc d’andésite avec scellement de la crapaudine support du tour no 2
Légende À droite, le mortier inférieur sur lequel prend appui la base du tour. Vue vers le nord-est.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/116701/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 1,7M
Titre Fig. 3 – Schéma de pose du carrelage SL10102
Crédits DAO : Maggiori.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/116701/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 73k
Titre Fig. 4 – Bâtiment rond au sud des fours avec, au premier plan, la trace du deuxième mur circulaire
Légende Vue vers le sud – sud-est.
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/116701/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 2,1M
Titre Fig. 5 – Malaxeur à cheval du Catalogue de la Vve Dubois p. 7b
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/116701/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 318k
Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Jacques Thiriot, « Terre-de-Bas (Les Saintes) – Grande Baie, Poterie Fidelin » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Espace Caraïbes, mis en ligne le 24 février 2022, consulté le 14 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/116701

Haut de page

Auteur

Jacques Thiriot

CNRS

Articles du même auteur

Haut de page

Responsable d’opération

Jacques Thiriot

CNRS

Opération(s) dirigée(s) par cet archéologue

Haut de page

Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search