Roches gravées de Guadeloupe : élaboration d’un outils de gestion patrimoniale informatisé et mise à jour de l’inventaire documentaire
Plan
Haut de pageNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Centre national de la Préhistoire
Texte intégral
1Dans la perspective d’une inscription des roches gravées de la Caraïbe sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, un travail de recensement et de gestion documentaire adapté a été initié en 2007 à l’instigation de la Drac, du Conseil régional et du Conseil général de la Guadeloupe.
2L’objectif premier de ce projet était la conception d’un système de gestion patrimoniale informatisé des roches gravées de Guadeloupe, qui puisse être étendu par la suite aux autres îles de la Caraïbe. Il s’agissait aussi de répertorier les divers fonds documentaires existants et de mettre à jour l’inventaire des roches et des gravures connues.
3Dans cette optique, deux campagnes de deux mois chacune ont été organisées sur le sol guadeloupéen, entre décembre 2007 et février 2009.
Système informatisé de gestion documentaire
4Au terme de ce projet, un outil informatisé de gestion de la documentation est désormais opérationnel. Il se compose d’une part d’une base de données relationnelle (FileMaker) et d’autre part d’un SIG (Système d’Information Géographique ArcGIS), lesquels peuvent être couplés de façon à tirer parti des fonctionnalités spécifiques de l’un ou de l’autre.
5Cette mise en place a impliqué l’élaboration préalable d’un système de référence alphanumérique permettant de désigner les sites, les roches et les pétroglyphes. Inspiré de celui développé par Norbert Aujoulat (Centre national de la Préhistoire) pour l’art pariétal paléolithique, ce système permet d’attribuer un code de trois lettres à chaque site, auquel sont adjoints deux chiffres qui désignent chacun des blocs de ce site, et enfin deux autres chiffres pour chaque entité rupestre portée par ce bloc. Ainsi, le code GAL-06 correspond au bloc 6 du site des Galets, tandis que le code DER-75-01 désigne l’entité no 1 du bloc 75 du site de Derussy.
6La base de données proprement dite est structurée autour de trois tables distinctes qui permettent l’articulation d’unités descriptives à plusieurs niveaux : Sites/Roches/Entités Rupestres. Par ailleurs, d’autres tables annexes, liées aux précédentes, viennent les compléter : Bibliothèque, Photothèque, Iconothèque, Cadastre, Moulages, Opérations Archéologiques, etc. Quant au SIG, il superpose aux couches d’informations traditionnelles – telles que fonds cadastraux, rivières, etc. – des couches d’informations créées spécifiquement dans le cadre de ce projet et qui concernent la localisation individuelle des sites et des roches.
7Ce positionnement géographique a nécessité un important effort d’enregistrement GPS. Aujourd’hui, la majorité des roches gravées connues dans l’archipel (123 roches) disposent d’une localisation GPS différentiel, d’une précision de l’ordre de 0,5 m, et 44 autres blocs sont repéré avec un GPS usuel d’une précision d’environ 3 m. Le reste possède une localisation sur carte IGN.
Travail de terrain et de mise à jour de l’inventaire (déc. 2007-fév. 2008, et nov. 2008-déc. 2008)
8Les recherches se sont, pour l’essentiel, inscrites lors de deux sessions de travail principales en Guadeloupe proprement dite et sur les îles de l’archipel (Marie-Galante, Saint-Martin). Mais le travail s’est surtout déroulé dans le sud de la Basse-Terre, là où les roches gravées sont les plus nombreuses.
9La consultation de la documentation a été complétée par des déplacements systématiques sur le terrain, qui ont permis de recueillir bon nombre d’informations orales, de vérifier si les blocs étaient encore en place, d’évaluer leur état sanitaire, ainsi que de compléter et d’uniformiser l’enregistrement des données les concernant (mesures métriques des roches et des gravures, description, pendage, etc.).
10Dans tous les cas où les conditions d’éclairage le permettaient, des photographies des roches et des figures ont été réalisées, soit en lumière naturelle, soit à l’aide d’un flash externe, totalisant 718 clichés. En parallèle, 196 croquis à vue ont été réalisés. Le choix d’enregistrer en priorité les roches et les figures sous forme de croquis a été fait suite à une réflexion quant à la stratégie d’enregistrement. En effet, le temps imparti était insuffisant pour envisager de réaliser des relevés de toutes les roches. Néanmoins, un nombre conséquent de blocs n’avaient jamais fait l’objet du moindre dessin. Il était donc essentiel de les enregistrer sous une forme ou sous une autre, surtout lorsque l’éclairage ne se prêtait pas à un rendu photographique satisfaisant, de façon à ce qu’ils puissent aisément être à nouveau identifiés par la suite. Des campagnes de relevés extensifs seront à programmer dans les années à venir.
11La reprise de l’inventaire a aussi été l’occasion de faire un bilan des connaissances actuelles sur l’art rupestre de Guadeloupe. Malheureusement, force est de constater que ce patrimoine est un patrimoine en péril, puisque pas moins de 35 roches gravées ont d’ores et déjà disparu depuis leur découverte, tandis que 50 autres n’ont pas pu être retrouvées, malgré nos investigations. Des phénomènes climatiques (ouragans, crues, etc.) sont responsables de la disparition de certaines, mais le facteur humain reste le plus préoccupant (constructions sauvages, vol, méconnaissance des sites, etc.).
12Au cours des recherches, 12 nouvelles roches gravées ont été découvertes sur des sites déjà connus, ce qui démontre le potentiel de ce patrimoine. Parmi ces nouveaux blocs, un ensemble de roches à polissoirs le long de la Rivière de la Ramée présente un intérêt tout particulier, puisqu’il s’agit du premier bloc orné découvert dans le nord de la Basse-Terre.
13Ces outils informatiques permettront à l’avenir de mieux gérer ce patrimoine, mais aussi d’enrichir les connaissances sur l’art rupestre de la région. En effet, leur usage ne se restreint pas à la seule gestion patrimoniale des roches gravées. Ils constituent aussi un fabuleux support de recherche scientifique, comme le démontre la mise en évidence d’une orientation préférentielle vers l’ouest des parois rocheuses gravées du Parc archéologique de Trois-Rivières.
Fig. 2 – Répartition des pétroglyphes sur le territoire de la Guadeloupe, Marie-Galante et Saint-Martin

Résumé en chiffres
Mise à jour complète de l’inventaire des roches gravées :
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visite de 31 sites ornés, soit la totalité des sites connus de Guadeloupe, comportant 314 roches ou parois ornées, 1 137 entités rupestres dont 851 figures identifiées et 217 polissoirs.
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observation, description et mesure de 244 roches et parois gravées.
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observation de 953 gravures et polissoirs et enregistrement de leurs caractéristiques.
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réalisation de 196 croquis de lecture afin de faciliter la réidentification des roches et des gravures.
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réalisation de 718 clichés photographiques. Rédaction de plus de 320 pages de notes. Enregistrement GPS différentiel d’une précision de l’ordre de 0,5 m de la position de la majorité des roches gravées connues de l’archipel (123 roches). Enregistrement GPS normal d’une précision d’environ 3 m de la position de 44 roches gravées.
Découverte de 12 nouvelles roches gravées comptabilisant 18 figures, avec notamment la découverte de la première roche gravée du nord de la Basse-Terre parmi un ensemble de roches à polissoirs le long de la Rivière de la Ramée. Par ailleurs, 6 autres roches qui étaient probablement déjà connues mais qui n’avaient jamais été intégrées dans les inventaires précédents, ont été reconnues.
Découverte d’une quantité importante, mais difficilement évaluable, de nouvelles figures sur les roches déjà répertoriées.
Création d’une base de données relationnelle (FileMaker).
Création d’un SIG (ArcGIS) Enregistrements dans la base de données :
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31 fiches de site
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329 fiches de roche
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1 135 fiches d’entité rupestre 144 fiches bibliographiques 627 fiches de relevé
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1 196 fiches de photographie
Numérisation :
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80 articles, rapports
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627 relevés, croquis, dessins
Recherches dans les fonds documentaires :
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fonds locaux (Drac, archives départementales, musée Edgar-Clerc, musée d’archéologie de Saint-Martin).
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archives du gouverneur Bouge au musée des Beaux-Arts de Chartres.
Table des illustrations
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Titre | Fig. 1 – Trois-Rivières : roche gravée de Bord-de-Mer |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/117160/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,0M |
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Titre | Fig. 2 – Répartition des pétroglyphes sur le territoire de la Guadeloupe, Marie-Galante et Saint-Martin |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/117160/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 172k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Julien Monney, « Roches gravées de Guadeloupe : élaboration d’un outils de gestion patrimoniale informatisé et mise à jour de l’inventaire documentaire » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Espace Caraïbes, mis en ligne le 25 février 2022, consulté le 25 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/117160
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