Navigation – Plan du site

AccueilRégionsEspace Caraïbes2000GuadeloupeGrand-Bourg (Marie-Galante) – Hab...

2000
Guadeloupe

Grand-Bourg (Marie-Galante) – Habitation Murat

Prospection géophysique (2000)
Responsable d’opération : Michel Dabas

Notes de la rédaction

Organisme porteur de l’opération :

Texte intégral

1L’objectif de cette étude était de tester la possibilité de détecter par des moyens non-destructifs les restes enfouis de bâtiments sur le domaine de l’habitation Murat à Grand-Bourg de Marie-Galante. Les possibilités de détection sont bien évidemment fonction du degré de conservation des soubassements, du matériau de construction employé ainsi que de la qualité de la fondation. Ainsi, les structures correspondant à des habitations sans fondation posée à même le sol, comme les cases à nègres, la case à bagasse ou les belvédères, sont presque impossibles à détecter. Par contre les deux parcs, la forge, l’hôpital possédant des murs en pierre ont plus de chance d’être détectés.

2Deux méthodes ont été utilisées pour cette recherche :

  • la première, électrique, mesure la résistivité électrique du sol par injection d’un courant alternatif de faible intensité au moyen d’électrodes déplacées le long d’un profil ;

  • la seconde, électrostatique, mesure aussi la résistivité électrique du sol mais de manière quasi continue au moyen de plaques (condensateur) posées sur un tapis isolant que l’on fait glisser sur le sol.

3Trois secteurs ont été prospectés : le nord de la mare, la maison de maître et la sucrerie.

Fig. 1 – Assemblage des prospections électriques autour des bâtiments

Fig. 1 – Assemblage des prospections électriques autour des bâtiments

Secteur de la mare

4La roche-mère calcaire étant très proche de la surface (quelques centimètres) et les fondations des cases à nègres très légères, il est apparu important d’adopter des profondeurs d’investigation très faibles (0,25 m et 0,50 m).

5Seule l’anomalie résistante au sud-est semble ressembler à un vestige de construction. Les dimensions sont de 6 m x 8 m dans le sens du plus grand allongement nord-est sud-ouest. Hormis cette anomalie, il ne semble y avoir aucune structuration de l’espace en rue, ni alignement de poteaux, arases de mur ou autre élément auquel l’emplacement des cases à nègres aurait pu être associé.

Secteur de la maison du maître

Zone à l’ouest du château (cocoteraie)

6Deux zones contiguës ont été prospectées au sud d’abord sous la plantation de cocotiers puis plus au nord, à l’est du jardin botanique à l’endroit de la rupture de pente.

7La carte fait nettement apparaître un ensemble d’anomalies résistantes qui s’orientent selon un schéma orthogonal de direction nord-ouest – sud-est et nord-est – sud-ouest. Elles permettent de déterminer un espace rectangulaire de 15 sur 20 m. Les structures résistantes continuent vers le sud dans une région que nous n’avons pas cartographiée faute de temps. La zone sous la plantation de cocotiers, malgré une érosion importante, semble montrer les restes d’un bâtiment de grande taille qui pourrait correspondre à l’hôpital, attesté par les textes mais jamais localisé.

Zone au sud du château (terrasse)

8Cette zone a été prospectée à la fois par la méthode électrique et électrostatique. Les résistivités sont ici plus basses, traduisant l’apport de terre pour la constitution du jardin de la terrasse.

9Les cartes électriques font apparaître clairement une anomalie résistante parfaitement linéaire. Cette anomalie se trouve dans l’axe de la bordure de la terrasse et est recoupée par l’escalier en pierres. Elle est associée à un mur de soutènement de la terrasse qui a servi de contrefort lors de la construction de celle-ci. On remarquera aussi le long du château d’autres anomalies résistantes parallèles à la direction du perron et en particulier dans l’axe de l’escalier du perron. Ces anomalies bien qu’alignées, ne sont pas continues. Elles ne traduisent donc pas la présence d’un mur, mais plutôt un aménagement qui devait fixer la limite entre le perron et la terrasse (piliers, socles etc….). On remarquera aussi des anomalies beaucoup plus faibles qui traduisent les aménagements même du jardin (détection des parterres). Toutes ces structures sont superficielles.

Secteur de la sucrerie

10Les quatre côtés de la sucrerie ont été prospectés. Seuls les côtés sud-est et sud-ouest ont été prospectés par les deux méthodes. Les cartes sont ici aussi très similaires, ce qui confirme que les deux méthodes donnent les résultats identiques dans ces conditions de terrain.

11Les résistivités s’étendent de 20 à 300 ohm.m. Les valeurs les plus élevées se rencontrent dans la partie supérieure du terrain, en contrebas du moulin à bêtes. Ce sont les zones où le calcaire est subaffleurant et on peut donc considérer que les anomalies visibles à l’est sont liées à la remontée du substrat. On remarque, par contre, une zone de 5 x 9 m de forme rectangulaire bien délimitée par des zones rectangulaires résistantes très sombres cernées de blanc à l’est et à l’ouest, cette dernière avec des contours bien orthogonaux. Nous sommes ici en présence probablement d’un aménagement en contrebas de l’aire du moulin à bêtes. Peut-être s’agit-il d’une petite case dont on verrait alors le « fantôme », c’est-à-dire le creusement dans le substrat. Par rapport à l’inventaire de 1839, les bâtiments possibles sont la case à bagasse, une forge, une rhumerie ou même une petite écurie. Une prospection magnétique permettrait probablement de lever le doute par rapport à l’hypothèse de la forge (réponse magnétique alors très forte).

12La zone au sud-ouest de la sucrerie a été prospectée en électrique sur une plus grande surface que par la méthode électrostatique, puisque nous avons pu nous approcher de la route au sud-ouest sous les arbres et à côté d’une ancienne cuve de chauffe. La zone semble relativement homogène (résistivités basses) à l’exception de celle longeant le mur de la sucrerie et d’une zone plus à l’ouest. La résistante longeant la sucrerie est à mettre en relation probablement avec la fondation même de ce bâtiment. La zone plus à l’ouest présente une direction préférentielle nord, nord-est – sud, sud-ouest. Nous ne pouvons dire s’il s’agit de la trace d’un bâtiment ou non. À l’extrémité sud-ouest à proximité du moulin à bêtes, une anomalie résistante bien marquée de par sa forme indique la présence probable d’une construction.

Conclusion

13Dans ce test à grande échelle sur l’habitation Murat et malgré des vestiges probablement assez tenus, la prospection géophysique a permis de mettre en évidence un certain nombre d’anomalies de résistivité électrique compatibles avec la présence de vestiges archéologiques enfouis. La prospection électrique et la prospection électrostatique ont donné des résultats concordants sur les mêmes zones. La faible épaisseur de terre au-dessus du substrat explique les meilleurs résultats obtenus avec un écartement d’électrodes de 50 cm. Un certain nombre d’anomalies remarquables ayant été trouvées, elles pourraient être sondées systématiquement.

Haut de page

Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Assemblage des prospections électriques autour des bâtiments
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/117816/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 203k
Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Michel Dabas, « Grand-Bourg (Marie-Galante) – Habitation Murat » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Espace Caraïbes, mis en ligne le 01 mars 2022, consulté le 18 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/117816

Haut de page

Auteur

Michel Dabas

Articles du même auteur

Haut de page

Responsable d’opération

Michel Dabas

Opération(s) dirigée(s) par cet archéologue

Haut de page

Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search