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2002
Guadeloupe

Terre-de-Bas (Les Saintes) – Poterie de Grande-Baie

Fouille programmée (2002)
Responsable d’opération : Isabelle Gabriel

Texte intégral

1La première campagne de fouilles de la poterie Fidelin à Terre-de-Bas s’est déroulée entre le 28 octobre et le 22 novembre 2002 avec le concours du personnel du service technique de la Mairie de Terre-de-Bas, la participation de bénévoles et de l’assistance de Xavier Rousseau, ingénieur au Service régional de l’archéologie. Une journée porte ouverte pendant laquelle des scolaires et le public de l’île ont pu découvrir les différents sondages a également été organisée.

2Treize sondages ont été réalisés : huit au sud du site dans la zone d’habitat et quatre près des installations industrielles dans la partie nord.

Fig. 1 – Plan d’implantation des sondages

Fig. 1 – Plan d’implantation des sondages

3Dans la zone d’habitat, les angles de 3 maisons ont été découverts.

4La maison 1 mesure 7,20 m x 4,80 m. Elle est orientée nord-est – sud-ouest. Les murs épais de 46 cm environ sont composés de pierres volcaniques, face plane sur parement extérieur, et d’un blocage de moellons de pierres, de briques, de fragments de céramique liées par un mortier à la chaux. Les parements externes et internes sont enduits.

5L’extrémité sud-ouest présente une annexe de 1,95 m x 1,25 m dont le sol est composé de roches planes volcaniques, de carreaux en terre cuite et de pierres équarries. Un petit muret semble le séparer de la maison. Des carreaux sont placés debout en diagonale pour former une plinthe le long du muret de séparation. À l’intérieur de la maison, derrière cette annexe, un seuil formé de grosses pierres et de fragments de poterie pourrait correspondre à l’entrée. Il est placé au sud-est du sondage. Les angles nord-est et sud-est sont mal conservés, écrasés par les grosses roches volcaniques qui bordent le littoral.

6La maison 2 présente des murs mieux conservés. Elle mesure 7,10 m x 5 m. Elle est orientée nord-ouest – sud-est. Une entrée se trouve au nord-est, matérialisée par un seuil fait de carreaux en terre cuite. Il est large de 50 cm. Le montant de l’encadrement du mur d’entrée est construit en biseau. Cette construction en biseau est également employée pour les encadrements de portes de l’atelier de potier. Les murs sont enduits sur les parements interne et externe. L’enduit avait été appliqué après la pose d’un dallage de briques dont un exemplaire a été retrouvé in situ dans l’angle nord-est de la maison. La technique de construction des murs est la même que celle employée pour la maison 1. Néanmoins on peut noter que l’angle du mur nord-est a été renforcé par des briques. Placée à l’extérieur de la maison, une grosse roche ronde devait servir à protéger l’angle de la maison des roues des charrettes.

7Un sondage témoigne de la présence d’une troisième maison à l’extrême sud du site. Le mur découvert est en fait un double mur de 30 cm d’épaisseur pour le mur extérieur et de 20 cm pour le mur interne. Ils sont espacés d’un vide d’environ 10 cm. Peut-être servait-il à recevoir une paroi en bois ou un conduit ? La fouille complète de toute la maison pourra certainement aider à répondre à cette interrogation.

8Dans le secteur des installations industrielles, un sondage (S1) a concerné la zone de travail qui servait au potier à monter ses pots. Celle-ci était dallée de carreaux et aménagée d’un caniveau fait de carreaux coupés et posés en biais. Les carreaux qui mesurent 24 cm x 24 cm sont posés sur une couche de mortier de chaux de 6 cm d’épaisseur. Les murs de cette « stalle » de travail sont faits de moellons et de céramiques liés au mortier dont l’enduit extérieur et intérieur est lissé à la chaux. La trace d’un carré de fer au centre d’un carreau représente l’emplacement du tour. Un second niveau composé d’une couche compacte de terre argileuse noire homogène a ensuite recouvert le dallage. Il s’agit d’un sol postérieur qui a été réalisé pour aplanir la zone de travail amputée de nombreux carreaux. Deux autres « stalles » sont identifiables dans l’atelier grâce à la présence de murs de séparations. L’absence de muret sur la façade ouest de l’atelier peut faire penser qu’il n’y avait pas de stalle mais un sondage complémentaire serait nécessaire à cet endroit.

9Le sondage 2 montre un niveau de circulation qui passe sous les fondations de l’actuel atelier puis une couche de nivellement composé de petits galets de 3 à 5 cm et un niveau épais de 40 à 26 cm environ composé de très nombreux tessons disposés majoritairement à plat.

10Le sondage 3 a montré un niveau de sol fait de briques. Il peut s’agit d’un espace de travail où les pots façonnés étaient entreposés avant d’être enfournés.

11Le site présente de nombreux tessons en surface. Ces tessons pouvaient parfois avoir été rassemblés en tas autour de troncs d’arbres ou contenus dans des dépressions formées par des roches d’origine volcanique près du rivage. Dans le premier cas, le personnel communal en était à l’origine afin de « décorer » le site. Dans le second cas, il pourrait s’agir du comblement de dépressions qui auraient été dangereuses car le site est fréquenté par de nombreux îliens ou touristes.

12Deux indices majeurs nous ont conduit à supposer que la tessonnière se trouvait à l’ouest et au sud des fours :

  • la grande quantité de tessons visibles en surface à l’arrière des fours où se faisait le chargement ;
  • la topographie de l’endroit, en forme de monticule par rapport à la base des fours.

13Ce monticule s’étend derrière les fours sur environ 4, 50 m et se termine derrière le bâtiment circulaire de décantation.

14L’emplacement d’un sondage (S13) entre les fours et le bassin de décantation a été choisi pour deux raisons. La première est qu’il devait être assez loin de la base des fours qui sont en très mauvais état, et la seconde est qu’il devait se situer à un emplacement où aucune roche de très grande dimension visible en surface à l’ouest des fours n’aurait pu entraver la fouille. Il semble cependant que des éboulements se sont produits car la base d’une des roches qui forme la façade ouest du site derrière les fours a été stabilisée et maintenue par la construction d’un support fait de briques et de mortiers.

15Le sondage d’abord de 2 x 2 m a été réduit dans son angle sud-est à 1 m2 à partir de 28 cm de profondeur en raison du nombre très important de tessons qui risquait d’empêcher d’atteindre les deux objectifs de ce sondage, à savoir recueillir un échantillon céramique en contexte stratigraphique et définir l’épaisseur de la tessonnière.

16Le ramassage de la céramique a été fait par unités stratigraphiques. La matrice se compose de très peu de terre très friable et meuble et de très nombreuses racines qui permettaient le maintien des tessons.

17Deux couches ont pu être observées. Elles ont été identifiées plus par un changement du type de céramique que par un changement d’aspect de la matrice, peu significative. Ce changement a été observé à environ 50 cm de profondeur. Les tessons ne correspondent plus alors qu’à un seul type de poterie. Cette stratigraphie devra être plus précisément réexaminée lors de prochaines fouilles. Les tessons reposaient à plat. Ils sont pour la plupart de grande taille. Tous les fragments ont été ramassés et triés pendant la fouille par forme (anse, épaule, bord, panse, fond, fragments de carreaux ou de briques) et classés par couches. L’épaisseur maximale de dépôt varie entre 90 cm et 1 m.

18Les deux couches de la tessonnière peuvent être datées grâce à une modification de la production au cours du xixe s. qui a pu être observée lors de la fouille. Les types de céramiques recueillis dans les deux couches montrent plusieurs différences. Dans la première, des anses, des bords avec un petit bec verseur et col, des bords de formes à sucre ont été retrouvés, alors que dans la seconde ne figuraient que des bords de formes à sucre ou de pots à mélasse sans aucune anse ou bords de jarre. Les différents textes qui décrivent la production de la poterie Fidelin tout au long du xixe s. apportent quelques précisions sur les types de poterie qui y étaient fabriqués (pots à fleur et jarres dites « bombées »).

19Plusieurs éléments nouveaux ressortent de cette première campagne de fouilles. Elle a permis de découvrir la zone d’habitat et de constater que le site est beaucoup plus étendu. Il semble que de la céramique ait été utilisée pour remblayer le site après une première phase de construction. L’étude du mobilier composé essentiellement de fragments de poterie permettra d’apporter enfin une nomenclature du matériel produit à la fin du xviiie et au xixe s. sur un site potier colonial en Guadeloupe et du matériel importé.

Fig. 2 – Marques de potiers

Fig. 2 – Marques de potiers
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Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Plan d’implantation des sondages
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/118800/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 109k
Titre Fig. 2 – Marques de potiers
URL http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/118800/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 149k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Isabelle Gabriel, « Terre-de-Bas (Les Saintes) – Poterie de Grande-Baie » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Espace Caraïbes, mis en ligne le 04 mars 2022, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/118800

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Isabelle Gabriel

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Isabelle Gabriel

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