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Année de l'opération :
2019Numéro d’opération :
164247Nature de l'opération :
fouille préventiveNotes de la rédaction
Organisme porteur de l’opération : Inrap
Texte intégral
1Dans le cadre des travaux en lien avec la restructuration de la place du Château par la Ville de Valognes, plusieurs opérations d’archéologie préventive ont été prescrites par le SRA de Normandie : en 2011 un diagnostic (responsable d’op. : B. Guillot) ; en 2016 une surveillance de travaux à l’ouest le long du boulevard F. Buhot (responsable d’op. : J. Deshayes, Pays d’art et d’histoire du Clos du Cotentin) suivie d’une fouille (resp. d’op. : F. Bonhomme) et en 2019 une nouvelle campagne de fouille qui a permis de préciser l’état de l’édifice et a mis au jour des structures appartenant à l’entrée du château depuis la ville à l’est.
2Un pan de maçonnerie basculé dans la tranchée ouest (TR1) confirme la démolition massive des fortifications et l’arasement du terrain en dessous des niveaux de circulations. À l’intérieur de la forteresse ne subsistent que les fondations des différents bâtiments et les espaces qui étaient enterrés. Sinon, le terrain naturel apparaît immédiatement sous le niveau de la place actuelle.
3Dans la tranchée est (TR2), la partie à l’ouest (zone D) se trouve à l’intérieur du château et les seuls vestiges mis au jour sont les fondations d’une maçonnerie (plot ou angle, les conditions climatiques n’ont pas permis de les étudier plus en détail) et une fosse.
4Au centre de la tranchée se trouve un bâtiment encavé (C), dont les maçonneries ont été dégagées sur plus de 2,20 m de hauteur, dont 1,90 m d’élévation. Le bâtiment est installé à l’ouest dans le terrain naturel et il limite à l’est le fossé qui couvre le reste de la tranchée (zones A et B). Le mur oriental est taluté sur ses deux faces, passant de 1,90 m de large en partie supérieure à 2,40 m au niveau de ses fondations.
5La nature de ce bâtiment reste quelque peu en suspend par le fait que l’on n’ait pas pu observer sa limite sud et, en particulier, sa relation à cet endroit avec le fossé, et également par l’absence de niveaux de sol extérieur conservés. Quoiqu’il en soit, les données recueillies permettent de savoir que le bâtiment mesure 2,40 m de large pour une longueur minimum de 4,40 m. Il était enterré au moins sur 2 m de profondeur, avec un accès non déterminé. La nature de son sol, constitué de matériaux de construction grossièrement aplanis, l’absence de tout niveau d’occupation au-dessus, et le moindre soin apporté aux parements internes des murs (blocs calcaires de toutes tailles, plus ou moins assisés et liés à l’aide d’un mortier sableux jaune), semblent plutôt pencher pour un lieu de stockage qu’une pièce à vivre.
6Une autre maçonnerie semble former l’angle d’un autre édifice au nord-est du bâtiment C mais seul son parement externe sud a été dégagé. Il est jointif avec le mur oriental du bâtiment C et présente comme lui un talus et un mode de construction alliant petit et moyen appareil assisés lié au mortier sableux jaune. Cet édifice limite au nord le fossé.
7Si la date de construction de ces deux bâtiments reste difficile à déterminer (les quelques tessons recueillis dans le niveau de sol de C remontent au bas Moyen Âge au sens large), leur évolution est mieux connue. En effet, au cours du xvie s., ce secteur du château est restructuré, ce qui s’accompagne de l’arasement du mur nord du bâtiment C et d’une nouvelle fermeture de la pièce, 1 m plus au nord avec la construction d’une maçonnerie liée à l’argile. La pièce sert alors de dépotoir et se comble peu à peu. Il semble que le parement oriental du mur limitant le fossé est récupéré avant le comblement de ce dernier au moyen de gravats entrecoupés de limons bruns. Le bâtiment C et l’édifice au nord deviennent alors intra muros.
8La troisième grande phase mise en évidence dans la tranchée TR2 est la seconde moitié du xviie s., c’est-à-dire la démolition du château. Ceci se traduit par le comblement définitif de la cave C, mais pas l’abandon du bâtiment au-dessus. Au contraire, il semble qu’il reste en fonction encore quelque temps, comme le montre la reprise de son mur oriental avec la construction d’un nouveau parement à l’est et la mise en place d’un caniveau en pierre le longeant.
9Enfin, la dernière période d’occupation du site est l’immédiate après-guerre, avec la construction d’une église provisoire à l’est de la place, dont on a retrouvé des maçonneries en béton, composant l’angle nord-ouest de l’église et les murs nord et ouest de son appentis.
10Ces nouvelles découvertes, ajoutées aux structures mises au jour depuis 2011, permettent de proposer un recalage du seul plan antérieur à la démolition et daté de 1688 (cote GR 1 VH 2208, anciennement fonds du Génie, sous-série article 8) sur le cadastre actuel, en tenant compte des données archéologiques, de la largeur du bâtiment C (seulement 2,40 m), d’un terreplein ayant pu être remblayé au xvie s., de limites de creusement du fossé, de l’emplacement du Logis du Gouverneur encore visible sur un plan de 1773, etc.
Fig. 2 – Recalage du plan de 1688 sur le cadastre actuel avec les sondages archéologiques depuis 2011
DAO : B. Guillot (Inrap).
11Le recalage proposé montre que le bâtiment C serait la portion encavée de l’accès principal du château. Ce dernier se compose de deux portes, espacées par un vestibule de 5,60 m de long. Il n’existe pas de coupe de ce bâtiment, ce qui empêche de savoir si le vestibule comprenait plusieurs étages mais la largeur du mur ouest (de 1,20 à 1,30 m) laisse penser que c’était le cas. On aurait également dégagé une partie de l’angle sud-ouest de la tour maîtresse. Jusqu’au xvie s., le fossé venait jusqu’à cette dernière. Le secteur au sud, formé par une cour carrée et une avancée en triangle aurait été aménagé au cours du xvie s., comme les demi-lunes extérieures, peut-être par Catherine de Médicis à l’époque où elle était suzeraine directe de Valognes (hypothèse proposée par N. Faucherre dans un courrier de 1990).
12On pourrait restituer un pont-levis à la sortie de la porte afin d’enjamber les fausses-braies, puis une passerelle pour rejoindre la ville (comme c’est le cas pour la dernière partie du chemin sur une copie réalisée immédiatement après la démolition en 1689).
13Ce recalage implique également que le bâtiment semi-enterré à contreforts plats découvert en 2011 se trouverait adossé dans sa longueur à une courtine (ouest), ce qui rentre dans un schéma classique pour les grandes salles médiévales : on peut citer par exemple le château de Courcy (14), de Beaumont-le-Richard à Englesqueville-la-Percée (14), de Lillebonne (76), du Guildo (22), de Dourdan (91) ou de Fougères (35). Sans que cela puisse être certain, on peut signaler que le bâtiment se situe, en 1688, sous un jardin surélevé d’environ 3,50 m par rapport au centre du château, peut-être à cause des vestiges de ce bâtiment ?
14Si on compare nos résultats avec les deux profils joints au plan de 1688, on se rend compte que l’arasement de l’intérieur du château a été très important, allant au-delà des fondations des bâtiments et des tours. En effet, le recalage montre que les tranchées sud (2011), ouest (2011) et nord (2016) sont situées en partie sur les tours alors que seuls des pans de maçonneries basculés ont été mis en évidence dans les sondages. De même, l’extrémité ouest de la tranchée TR2 de 2019 est sur un long bâtiment situé le long de la courtine sud. À l’exception d’une base de maçonnerie (un des plots soutenant le bâtiment ?) il ne reste plus rien de l’édifice, ce qui voudrait dire que les destructions sont allées sous les niveaux de sol soit, d’après le profil, en dessous de l’élévation de la courtine.
Table des illustrations
Titre | Fig. 1 – Vue générale du bâtiment C prise depuis le sud |
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Crédits | Cliché : B. Guillot (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/119523/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,5M |
Titre | Fig. 2 – Recalage du plan de 1688 sur le cadastre actuel avec les sondages archéologiques depuis 2011 |
Crédits | DAO : B. Guillot (Inrap). |
URL | http://journals.openedition.org/adlfi/docannexe/image/119523/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 625k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Bénédicte Guillot, « Valognes – Place du Château » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Normandie, mis en ligne le 14 mars 2022, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/119523
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